L'enquête du chérif

3077 Words
                                                                                        Chap. 7 La vie avait repris son cour normal pour tout le monde après la célébration, mais pas pour Oboun. Les capacités qu’il s’était découvert, le lendemain de l’ouverture de la fête, ne le laissaient pas en paix. Il lui arrivait maintenant de percevoir cette drôle de lueur, dans la rue lorsqu’il passait près d’une auto connectée. Il ne faisait pas d’intervention dans la rue, cependant il en avait parlé avec le chérif. Et chaque fois que l’une des autos, sur lesquelles il avait vu cette étrange lueur appartenait à une personne qu’il connaissait, ou à un agent de la police, il se rapprochait d’elle et lui demandait si elle voulait bien qu’il révise son auto. Au début, ce n’était pas la joie, il avait l’impression que ces boitiers émettaient des ondes si nocives qu’il ne pouvait pas en retirer plus de deux à chaque fois, ensuite comme la première fois, il s’écroulait. Il n’était pourtant pas fâché du boulot qu’il faisait, parce que tous ceux à qui il avait rendu ce service, même sans savoir exactement ce qu’il avait fait disaient leurs autos se conduisaient mieux. Et pour cause. Pour ne pas attirer l’attention sur lui, il dépannait ces autos là, chez lui durant le week-end. Il trouvait des excuses aux proprios du genre « j’aimerais pouvoir travailler sur ce type d’auto aussi, alors il faut bien que je m’exerce », son patron était au courant alors tout allait bien. Mais comme partout où il y a des gens qui vous en veulent, Oboun commença à avoir des problèmes avec les autres mécanos au garage. Certains, pensant que l’homme se faisait payer les services qu’il offrait aux proprios des voitures qu’il débarrassait de ce boitier de contrôle à distance, s’étaient donnés pour mission de lui faire perdre son boulot au garage, en suggérant au patron qu’il était en train de lui voler ses clients et qu’il avait monté un garage clandestin chez lui. Et comme la rumeur a ce pouvoir de vous mettre sous le microscope de tous ceux qui n’avaient rien de mieux à faire. Il arrivait souvent que l’homme sorte de chez lui, et se trouve face à une personne qu’il n’attendait pas et qui lui demande combien il prenait pour réviser son véhicule. Depuis le temps qu’il vivait dans le coin, Oboun avait appris une chose sur les gens du coin, lorsqu’ils avaient eu vent de quelque chose, ce n’était pas facile de le leur sortir de la tête. Alors au lieu de simplement les renvoyer chez eux avec une fin de non-recevoir, il leur demandait de passer au garage et de prendre rendez-vous avec la secrétaire du garage pour lequel il travaillait, et lorsqu’il avait terminé de bosser sur leurs voitures, il les envoyait payer au garage. Au final, les gens du coin se dire que c’était certainement parce qu’il avait fait une crise au garage, pendant la fête de la ville, que son patron l’autorisait à travailler de chez lui. Ce revirement de situation ne plut guère à ses détracteurs. Oboun cependant en fut satisfait, il savait que son patron ne le soupçonnait pas de vouloir lui faire une concurrence déloyale, mais l’homme était pourtant inquiet au sujet de cette aptitude qu’il avait acquis on ne savait trop comment. Il en avait discuté avec le chérif, qui lui aussi commençait à trouver tout ça bien étrange, le pire pour l’enquêteur qu’il était c’était le nombre et la diversité de ses boitiers. Ils allaient du plus simple au plus perfectionné. Ce n’était pas possible qu’une entreprise fabrique et pose ces boitiers et les monte sur les voitures sans que les constructeurs ne s’en doutent. Il se demandait aussi quel pouvait bien être le but de tout ceci, quel objectif visaient ceux qui étaient derrière tout ça ? C’était incompréhensible. Après les festivités, le chérif avait noté une recrudescence des accidents et incidents dans lesquelles étaient impliquées des voitures connectées. Puis, peu après le début des interventions d’Oboun sur plusieurs des autos, le nombre avait chuté de façon radicale. C’était aussi le chérif qui en premier prit attache avec quelques constructeur automobiles du royaume afin d’en savoir un peu plus sur les boitiers de contrôle. Il fut surprit de découvrir que personne ne semblait savoir de quoi il parlait. Il se garda bien de leur en envoyer un ou tout simplement de leur en montrer un, il appela comme un curieux qui se demandait comment les autos étaient raccordées aux satellites :   _ Ecoutez monsieur, lui dit un employé d’un des constructeurs, le wifi vous connaissez ? _ Oui, comme tout le monde en surface, je sais que ce sont des ondes non ?? _ C’est ça, des antennes placées dans tout le pays servent de relais qui relient les autos aux satellites, _ Je comprends bien, mais est-ce qu’il y a dans les voitures connectées, un genre de boitier qui sert à recevoir le signal du wifi ? _ Oh père éternel, c’est compliqué de parler à un néophyte, écoutez les autos connectées sont conçues pour pouvoir capter le signal wifi, comme les téléphones portables vous voyez ??? _ Alors il n’y a pas de boitier de prise de contrôle de ces autos à distance, un system qui permettrait à une tierce personne de prendre le contrôle de l’auto à l’insu du conducteur ? _ Non monsieur, si une personne mettait un tel system dans les autos ce serait dangereux, et quel serait le but poursuivi par un tel mécanisme ? Le seul qui aurait quelques intérêts à mettre un tel dispositif en place ce serait un gouvernement qui voudrait contrôler les gens, ou alors des gens qui voudraient faire un coup d’état, vous connaissez des gens comme ça ??? _ Non, _ Alors ne vous inquiétez pas, ce genre de chose n’existe pas et n’existera jamais d’accord monsieur ??? _ Personne, je suis monsieur personne, hé bien jeune homme je suis rassuré par vos paroles, je m’inquiétais un peu parce que ma petite-fille viens de s’acheter une de ses voitures connectées alors je m’en faisais un peu pour elle, je suis un vieil homme de la vieille école vous savez _ Ah, je comprends mieux, fit l’employé sur un ton plus diplomate, je pensais que vous nous accusiez de quelque chose, depuis quelque temps il y a beaucoup d’accidents qui mettent en cause des autos connectées, mais en fait ces autos sont récentes sur le marché alors les gens ne les maitrisent pas encore c’est tout, _ Bien, je dirais à ma petite-fille d’être prudente, encore merci jeune homme _  Je vous en prie, et s’il le faut appelez-moi pour des conseils je serais ravi de vous envoyer quelques brochures, elles pourront aider votre petite-fille à être plus à l’aise au volant de son auto connectée _ Je garde ça en mémoire, bonne journée   En raccrochant le chérif était encore moins rassuré qu’en appelant, le gamin avait raison, seule une organisation désireuse de déstabiliser le royaume ou contrôler les gens pouvait avoir conçu ce truc. Et ce n’était pas rassurant de savoir ça, car maintenant son enquête ne concernait plus que sa petite ville, qui à elle seule ne pouvait pas justifier que des gens, mettent en place le genre de moyens que nécessitait une telle entreprise. Il lui fallait contacter des gens qu’il connaissait dans l’entourage du roi, des personnalités puissantes qui pourraient le mettre en relation avec des chercheurs ou des électromécaniciens afin que ceux-ci l’aident à trouver ce qu’étaient ces boitiers et qui avait assez de ressources, personne ou organisation, pour mettre un truc pareil sur pied sans que les constructeurs ne s’en aperçoivent. Et ignorent même jusqu’à l’existence de ce dispositif qui était maintenant il en était persuadé sur chacune des autos connectée qui sortait de toutes les usines du royaume. Avant de commencer à passer tous ces coups de fils, il avait besoin de faire le vide dans sa tête et aussi, et surtout de discuter avec le patron du garage pour lequel travaillait Oboun, ils étaient les seuls à savoir. Et il avait besoin de discutait avec une personne qui savait exactement de quoi il parlait. Il passa un coup de fil à l’homme, et il tomba sur lui directement :   _ Bonsoir Adang, Tu n’as plus de secrétaire ? _ Si mais elle est allée à l’hôpital avec Oboun, il a encore fait une crise, ça devient dangereux pour lui, il va falloir qu’on arrête de le laisser approcher ces boitiers je pense _ Je serais d’accord avec toi si je n’avais pas eu au téléphone l’employé d’un de ces constructeurs _ Et alors ?? _ Il faut qu’on en discute de vive voix, et devant Oboun, _ C’est si grave ?? _ Encore plus que ce que tu penses _ D’accord écoute, on le retrouve à l’hôpital, _ Bien,   Au moment où le chérif allait raccrocher, il entendit comme un déclic au bout du fil, alors que le patron d’Oboun avait lui déjà raccroché. Il en eut froid dans le dos. Ce bruit somme toute anodin pour un ignorant était le signe que sa ligne était sur écoute. Quelqu’un l’espionnait. Il n’avait jamais été dans la ligne de mire de personne, c’était donc tout naturellement qu’il se dit que tout ceci avait certainement à voir avec les boitiers et le system de piratage des autos connectées. Celui ou ceux qui étaient derrière tout ça, étaient désormais au courant qu’il savait. Oboun n’était plus le seul à être en danger. Il fallait être prudent dorénavant, peut-être « qu’ils » savaient pour lui, mais pas encore pour le mécano, alors il valait mieux garder son aptitude si particulière sous silence. Durant tout le trajet en direction de l’hôpital, le chérif ne se fit pas de souci pour sa sécurité, il avait confiance en son auto. Malgré l’engouement du grand public pour les autos connectées, il avait préféré continuer à acheter pour ses hommes et lui, des anciens modèles de voitures, avec de bons vieux moteurs. Au moins à bord de son auto, il était en sécurité, il n’y avait que lui au volant. Il repensa tout de même à sa conversation avec le jeune employé qu’il avait eu au téléphone, et il se posait maintenant une question, et elle le taraudait. Comment cette organisation arrivait-elle à placer les boitiers dans les moteurs des autos, à travers tout le royaume, sans que personne ne soit au courant ? Sans que les constructeurs ne se doutent de rien, même pas de la possibilité de l’existence d’un tel dispositif. Il avait eu l’impression que le jeune au téléphone l’avait pris pour un « théoricien du complot », ou quelque chose comme ça. Pour l’une de ces personnes qui passent leur temps à voir le mal partout, et surtout où personne d’autre ne le voit. Il s’était sentit un peu ridicule. Mais ce n’était pas grave parce qu’en l’occurrence, et dans ce cas précis, lui avait des infos que le jeune n’avait pas. Et il ne lui en voulait pas. Il s’agissait maintenant de découvrir qui se cachait derrière tout ça. Ce n’était pas évident, même pour lui, car s’il s’agissait d’une organisation secrète, hé bien ceux qui savaient, avaient des chances d’en faire partie. Et dans ce cas, seraient plus disposés à le mettre hors d’état de nuire, plutôt qu’à l’aider. Il en avait la certitude, mais il fallait tout de même faire quelque chose. Il se posait dorénavant une autre question, par où commencer ? Il arriva à l’hôpital, un peu après le patron d’Oboun, et trouva les deux hommes en grande conversation :   _ Ce n’est pas que je sous-estime ton endurance Oboun, mais là il s’agit d’ondes nocives, elles te mettent K.O à chaque fois, _ Vous pensez que si quelqu’un d’autre pouvait le faire je m’en plaindrais ? _ Il a raison, fit le chérif en entrant, bonjour Oboun, _ Et toi tu l’encourage, fit le patron en s’adressant au chérif _ Je voudrais bien qu’il y ait une autre solution, je t’ai dit que j’avais eu au téléphone un type qui bosse pour un de ces constructeurs _ Oui tu m’as dit avoir appris quelque chose qui t’as effrayé, et que nous devions en discuter avec Oboun, alors on t’écoute _ En réalité c’est l’absence d’information qui m’as terrifiée, c’est types sont persuadés que ces boitiers c’est de la science-fiction pure   En entendant ces mots sortir de la bouche du chérif les deux hommes échangèrent un regard. Ce n’était pas possible que ces types ne sachent pas que quelqu’un implantait tous ces dispositifs dans les moteurs de leurs autos. Le patron comprenait mieux pourquoi le chérif s’obstinait à laisser Oboun intervenir sur toutes ces autos aux ondes nocives. Mais simplement intervenir sur quelques voitures dans leur petite ville n’allait s’apparenter qu’à verser quelques l****s d’eau sur le sable du désert. Ils se devaient de faire quelque chose, et à une plus grande échelle. Le patron d’Oboun se tourna alors vers le chérif, il lui proposa de commencer leurs investigations en essayant d’attirer le moins possible l’attention sur eux :   _ Si j’avais eu cette conversation plus tôt, je n’aurais certainement pas posé des questions aussi directes à ce jeune homme _ De quoi tu parles mon ami ? Interrogea Monsieur Adang, le patron du garage _ Après mon coup de fil à ce type, je t’ai appelé, tu te souviens ? _ Oui, et ?? _ Lorsque j’ai raccroché, j’ai entendu comme un clic   L’homme comprit ce qu’insinuait le chérif et l’expliqua à Oboun, en essayant de s’attarder sur le fait qu’il y avait des chances pour que le garage soit lui aussi désormais sur écoute, et que le fait qu’il travaillait très souvent chez lui depuis quelques temps allait être un atout non négligeable pour eux. Ils décidèrent de garder pour eux l’aptitude d’Oboun, pour tous les clients il était juste en train de se former sur les autos connectées. La petite grandissait, et les frais que cela lui occasionnaient n’étaient un secret pour personne. En tout cas, pas pour ceux de ses clients qui avaient des enfants. L’excuse était bien trouvée. Vu que durant la semaine il s’occupait de ses clients habituels, durant le week-end il prendrait soin des autos connectées qu’on lui confierait. Le patron du garage garda tout de même à l’esprit que ces ondes étaient nocives pour le mécano, et qu’il fallait donc, dans la mesure du possible, le ménager. Le doc entra dans la chambre d’Oboun et se réjouit d’y trouver son patron et le chérif. Ces deux hommes étaient ce qui s’apparentait le plus à des amis pour l’homme, c’était donc une bonne chose qu’il puisse compter sur eux, surtout au vu de ce qu’il traversait :   _ Bonjour messieurs ! _ Doc ! Fit Oboun _ J’ai de bonnes nouvelles pour toi, tes analyses n’ont rien montrés d’alarmant, je pense que c’est effectivement juste de la fatigue due à l’exposition prolongée aux ondes, donc la seule recommandation que je peux faire pour le moment c’est de t’y exposé un minimum et de continuer ton régime, on verra comment ça évolue _ C’est une bonne nouvelle doc, merci, dit Oboun rassuré _ Je t’en prie mais en cas de nouveau symptômes fais le moi savoir, tu sais je suis confiant mais certaines maladies sont sournoises, et si on n’a pas connaissance de tous les symptômes on peut facilement passer à côté, alors pour le moment je n’ai rien noté mais fais attention à toi   Oboun rassura le praticien. Les résultats le rassuraient et il se dit qu’au moins il pourrait aussi rassurer, les gens de son entourage. Il raconta aussi au patron que le jeune mécano était plutôt doué en électronique et que peut-être pourrait-il les aider à découvrir depuis quel endroit on écoutait le chérif. Ce serait un point de départ pour son enquête :   _ Pourquoi pas ! _ Je le pense aussi, acquiesça le patron, il nous faut commencer quelque part et ça ce serait un bon début, je vais voir avec lui s’il a ce genre de compétences
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