Deux jours s’étaient écoulées, devant la voiture qui devait emmener Abdoulaye vers une nouvelle vie, Amina se tenait immobile, les bras serrés autour d’elle comme pour se protéger du froid de l’abandon.
Abdoulaye (lui tendant un téléphone) :
— Prends ça. Ce sera notre lien, notre moyen de communication.
Amina prit l’appareil sans un mot, les larmes coulant sur ses joues.
Abdoulaye :
— Promets-moi de m’attendre, Amina. Je ne serai pas parti longtemps.
Elle hocha la tête, incapable de parler.
Abdoulaye (l’embrassant sur le front) :
— Je t’aime, Amina. Même loin, sache que mon cœur reste avec toi.
Amina (dans un murmure) :
— Je t’aime aussi.
Il la serra une dernière fois contre lui avant de monter dans la voiture. Tandis que le véhicule s’éloignait, Amina resta immobile, le regard fixé sur l’horizon, une douleur sourde envahissant son être.
---Dans un appartement modeste à Genève, Abdoulaye passait ses soirées à tenter de joindre Amina. Au début, ils parlaient tous les jours. Ses messages étaient remplis d’amour, de promesses et de rêves. Mais depuis deux semaines, elle restait silencieuse.
Il composa une fois de plus son numéro, le cœur lourd.
Encore la messagerie vocale. Une angoisse sourde s’empara de lui.
Ce soir-là, après une énième tentative infructueuse, Abdoulaye appela son grand-père.
Abdoulaye :
— Papi, dis-moi la vérité. Est-ce qu’il est arrivé quelque chose à Amina ?
Un long silence répondit de l’autre côté du fil. Puis la voix fatiguée de son grand-père se fit entendre.
Grand-père :
— Mon fils, je ne voulais pas que tu l’apprennes de cette façon… Amina s’est mariée hier.
Abdoulaye éclata d’un rire nerveux.
Abdoulaye :
— Mariée ? Avec moi ? Vous avez décidé de tout organiser sans me prévenir ?
Grand-père (d’une voix grave) :
— Non, Abdoulaye. Elle s’est mariée avec Samba, le vieux agriculteur riche du village voisin.
Le combiné glissa des mains d’Abdoulaye et tomba au sol dans un bruit sourd. Son cœur se serra comme s’il venait de recevoir un coup en pleine poitrine.
Abdoulaye (hurlant dans le téléphone) :
— Non ! Ce n’est pas possible ! Papi, dis-moi que ce n’est pas vrai !
Grand-père :
— Je suis désolé, mon fils.
Les mots tournaient en boucle dans la tête d’Abdoulaye.
Amina, son Amina, s’était mariée.
Il raccrocha sans un mot de plus et passa les heures suivantes à appeler d’autres membres du village, espérant une version différente. Mais tous confirmèrent la terrible nouvelle :
Amina était désormais la femme de Samba.
Abdoulaye passa la nuit à errer dans les rues de Genève, incapable de trouver la paix.
Abdoulaye (murmurant pour lui-même) :
— Pourquoi, Amina ? Pourquoi m’as-tu fait ça ?
---*****Sept ans plus tard***** Le village était en deuil. La maison d’Amina était remplie de parents, d’amis et de voisins venus présenter leurs condoléances.
Assise dans un coin de la pièce, Amina portait un voile noir.
Ses yeux rougis par les larmes fixaient le sol. Son mari venait de mourir dans un accident tragique, et son monde s’écroulait une fois de plus.
Sa fille, Yama, âgée de six ans, s’approcha doucement d’elle.
Yama (d’une voix innocente) :
— Maman, où est papa ?
Amina éclata en sanglots, incapable de répondre. La petite, confuse, resta près d’elle, cherchant du réconfort dans un monde qu’elle ne comprenait pas encore.
Pendant ce temps, dans un avion en direction du Sénégal, Abdoulaye contemplait les nuages. Après sept longues années, il revenait enfin dans son pays natal.
En Europe, il avait accompli tout ce qu’il s’était promis.
Aujourd’hui, il était un homme prospère et respecté. Mais il ne rentrait pas pour célébrer son succès.
Il revenait pour affronter son passé.
***
Arrivé au village, Abdoulaye retrouva son grand-père, désormais affaibli par l’âge, mais toujours lucide.
Grand-père (étonné) :
— Tu es rentré, mon fils.
Abdoulaye :
— Oui, papi. J’avais besoin de revenir… régler certaines choses.
Le vieil homme le regarda longuement, comme s’il percevait la tempête qui grondait en lui.
Grand-père :
— La vengeance est une arme dangereuse, Abdoulaye.
Mais Abdoulaye resta silencieux. Son cœur était trop endurci pour écouter les sages paroles de son aïeul.
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