L'Alpha Silencieux

***Natalia*** Il y a quatre ans… Jusqu’à ce matin, ma vie était assez simple. J’étais la compagne humaine de l’Alpha. J’étais sa Luna. J’étais sa femme. Et puis, en un clin d’œil, je n’étais rien… . . . Une vague de douleur se propage dans mon abdomen alors que j’attends le retour du médecin avec les résultats de mes examens. Ces derniers temps, je ressens souvent ces douleurs et elles commencent à me faire peur. Docteur Lila m’a dit que c’était dans ma tête, que je me mettais trop de pression pour tomber enceinte. Elle n’aurait pas pu se tromper davantage. Je m’agrippe au bord de la table, gémissant tout bas en laissant la douleur se répandre d’elle-même. Les murs semblent se refermer sur moi à l’idée de recevoir un autre résultat négatif. Christian et moi essayions depuis plusieurs mois et je pouvais sentir que cela créait un fossé entre nous. Il est devenu plus froid, distant. Je savais à quel point il voulait un fils et ça me faisait mal de savoir que j’échouais lamentablement à le rendre heureux. La porte s’ouvre et je manque de tomber de la table à cause du bruit effrayant. Docteur Lila m’offre un sourire chaleureux et se frotte les mains avec du désinfectant en s’installant sur sa chaise. Je pouvais entendre mon cœur battre à un rythme anormal dans ma cage thoracique en attendant qu’elle parle. "Respirez, Luna", sourit-elle en inspirant lentement avec moi et en me tendant les mains. Mes mains tremblaient, mais je parviens à me calmer. Le sourire du Docteur Lila s’accentue. "Félicitations, Luna", dit-elle en posant sa main sur mon ventre. "Tu portes notre petit Alpha là-dedans". Mon cœur s’emballe à l’annonce de la nouvelle. Je suis enceinte ! Oh, mon Dieu, je suis enceinte ! "À quel stade ?", ai-je chuchoté à peine, ayant du mal à aligner une phrase en retenant les sanglots dans ma gorge. "Eh bien, découvrons-le, d’accord ?" sourit-elle, sortant l’appareil d’échographie et appliquant du gel froid sur mon ventre.   Des papillons dansent dans mon estomac pendant que je regardais l’écran, incapable de lire les images, mais espérant que quelque part dans ce chaos en noir et blanc, mon petit Alpha apparaîtra. "Eh bien, d’après ce que j’ai vu, d’environ quatre semaines, ce qui signifiait que nous devons immédiatement commencer votre préparation, Luna", dit-elle d’un ton sévère, me tendant des documents. "Une grossesse de loup-garou est très dangereuse pour une humaine. Nous devrons prendre des précautions supplémentaires." Elle essuie le gel sur mon ventre et me donne un cours accéléré sur ce qui m’attend et me prescrit un régime complet de soins prénataux. J’ai caressé mon ventre pendant tout le trajet du retour, encore sur un petit nuage à cause de cette nouvelle. J’ai hâte de le dire à Christian. Il sera tellement heureux de cette nouvelle. Alors que je garais ma voiture devant la maison de la meute, la douleur est revenue une fois de plus et je suis restée immobile dans la voiture pendant une minute pour la laisser passer, serrant les dents pour ne pas crier. Doucement, je me suis traînée hors de la voiture et je suis passée par la porte d’entrée de la maison. D’habitude, plusieurs omégas se précipitent pour prendre mes affaires, mais la maison était étrangement calme et vide. Je n’ai pas le temps de me poser de questions quand une sensation de brûlure se propage sur ma poitrine, rendant chaque respiration insupportable. Je ne pouvais même pas crier, mes poumons étaient en feu. Je monte les escaliers jusqu’au deuxième étage, impatiente de m’allonger et de me reposer. Chaque pas était plus difficile que le précédent à mesure que la douleur s’intensifie, une multitude de petites aiguilles me transperçant l’estomac. Depuis l’endroit où je me suis trouvée en haut des escaliers, je pouvais voir la porte de ma chambre légèrement entrouverte, un étrange bruit étouffé venant de l’intérieur. Au fur et à mesure que je m’approche, une scène sans équivoque se déroule devant moi, et mon sang se met à bouillir à cette vue. Jetant un coup d’œil par la porte, je vois ma sœur, Vanessa, chevaucher mon mari, un air de pure extase déformant les traits contorsionnés de son visage. "Ah ! Ah ! Ah ! Christian !" gémit-elle, bondissant avidement sur son sexe. Il n’a rien dit, se contentant de palper ses seins nus de sa main pendant qu’il la faisait aller et venir sur sa bite. "p****n !", gémit-elle en rebondissant frénétiquement. "S’il te plaît !", supplie-t-elle. "Je te donnerai le petit que tu mérites. Je serai ta Luna." Des larmes me brûlent les yeux alors que je le regarde la retourner, la forçant à se mettre à genoux pour exhiber son cul. Il lui a donné une bonne claque sur les fesses avant de la prendre par derrière. Mon cœur se brise en entendant la réponse de Christian. "Donne. Moi. Un. Petit.", dit-il entre ses coups de reins, les gémissements de Vanessa devenant de plus en plus forts alors qu’elle atteint l’o*****e. Ma douleur atteint son paroxysme en le voyant déverser son sperme en elle et je place ma main sur ma bouche pour me taire. "Et je ferai de toi ma Luna", chuchote-t-il. Je n’ai pas besoin de voir davantage cette rencontre grotesque et je m’éloigne lentement de la chambre, descendant les escaliers sur la pointe des pieds, leur o*****e résonnant dans mes oreilles. Je sors presque en courant de la maison, tenant encore le test de grossesse dans mes mains en montant dans ma voiture. Je ne savais pas où j’allais, mais j’ai mis ma voiture en marche et je suis partie à toute vitesse dans l’allée. Tout cela avait tellement plus de sens maintenant. Toute la douleur, toute l’angoisse que je ressentais… c’était parce que Christian trahissait notre lien, notre amour. Tout le monde, mon compagnon, mon gamma, le docteur, les autres louves et les omégas, tous m’avaient dit que c’était dans ma tête. Que j’étais juste stressée et que j’avais besoin de me détendre. Ce n’était qu’un mensonge. Ils savaient. Ils savaient que ce que je ressentais était la trahison de mon compagnon, et pourtant ils me l’ont caché pour se moquer de moi de ne pas m’en être rendu compte. J’ai été si stupide de croire qu’ils se souciaient de moi. Les loups ne se soucient que des loups et peu importe mon titre, je suis toujours une simple humaine pour eux, une étrangère. Et pour aggraver les choses, cette trahison est venue de ma propre sœur, de mon propre sang. J’ai amené Vanessa dans notre meute après m’être accouplée avec Christian. Elle connaissait Christian avant moi et c’est elle qui nous a présentés l’un à l’autre. Christian n’avait aucune objection à ce qu’elle rejoigne la meute et avec nos parents partis, je voulais la garder près de moi. Elle était la seule famille qui me restait. C’était. Après aujourd’hui, nous ne sommes plus rien. J’ai conduit pendant des kilomètres à travers la forêt, la douleur recommençant une fois de plus. À un moment donné, une horrible sensation a brûlé tout mon corps et je me suis arrêté sur le côté de la route, sortant de la voiture pour vider le contenu de mon estomac. J’étais vraiment pitoyable et j’étais soudainement reconnaissante que Jordan, mon gamma, soit occupé par une séance d’entraînement aujourd’hui. J’avais besoin d’être seule et je savais que s’il me voyait dans cet état, il serait collé à moi. Les gammas étaient extrêmement protecteurs, Jordan ne faisait pas exception. Seule, en colère, humiliée et enceinte, je suis remontée dans ma voiture, essuyant les larmes sur mon visage avec ma manche. J’étais Luna depuis plus de deux ans et même si j’étais humaine, j’ai fait tout ce qu’on me demandait. J’étais calme face à la colère de Christian. J’étais la mère vers laquelle tout le monde se tournait en cas de crise. J’étais la femme qui maintenait cette meute unie lorsque Christian et son bêta, Derek, étaient absents. J’ai été une bonne Luna… et je ne méritais pas cette douleur. "Allons, Tali", me suis-je réprimandée en tapotant le volant. "Plus de larmes. Pas pour eux." Je m’apprêtais à redémarrer la voiture lorsque j’apercevais mon test de grossesse que j’avais jeté sur le siège passager. J’ai baissé les yeux vers mon ventre plat et je réalisais que personne, à part Docteur Lila et moi, ne sait que je suis enceinte… Et ça va rester ainsi. Compagnon ou pas, je ne tolérerai jamais l’infidélité. Jamais. Mais je sais que Christian ne me laissera jamais partir s’il sait que je porte son enfant. Il a besoin de son héritier. Avec une nouvelle détermination, j’ai démarré la voiture et je me suis dirigée vers la bibliothèque de la ville où je passe les deux heures suivantes à élaborer mon plan. J’ai fouillé le web à la recherche de tests de fertilité, recréant ma propre version pour tromper Christian. S’il pensait que je ne pouvais pas lui donner d’enfant, il chercherait facilement à rompre notre lien et c’est exactement ce que je voulais. Les liens entre compagnon, une fois formés par un marquage, sont difficiles à rompre, mais pas impossibles. Il y a deux façons de les rompre : (1) Demander à un sorcier spirituel de diviser nos âmes unies ou (2) Obtenir l’approbation des anciens de la meute et organiser une cérémonie de rejet. Ce serait humiliant de me faire ôter mon titre, mais ce serait mieux que de rester aux côtés de mon mari infidèle en tant que sa Luna. Satisfaite de mon travail, je détruis le test de grossesse, ne voulant pas laisser de preuves derrière moi. Je savais que Docteur Lila pouvait me dénoncer à tout moment, je devais donc agir rapidement et faire en sorte que Christian me rejette immédiatement. En m’arrêtant dans l’allée, je sens les larmes couler à nouveau dans mes yeux et je prends un moment pour me ressaisir avant d’entrer dans la maison de la meute. Les omégas sont de retour, plusieurs se précipitant pour prendre mes affaires. Je me suis retenue de leur crier dessus pour leur trahison et je forçais plutôt un sourire, serrant mon sac à main contre moi alors que je me dirigeais vers la salle à manger. Ma sœur et mon mari sont déjà assis à table discutant entre eux alors que les omégas se dépêchent de leur servir leur repas. Perdus dans leur conversation, ils ne remarquent même pas mon arrivée et je les regarde, complètement déconcertée par ce que je vois. Vanessa s’amuse à poser sa main sur le bras de Christian, riant de ce qu’il lui a dit. Je ne pouvais m’empêcher de me demander comment je n’ai jamais remarqué leur liaison. Jordan et Derek me remarquent tous les deux, et tous les deux se lèvent pour me saluer. Je leur offre un petit sourire, cachant le dégoût que m’inspirent ma sœur et mon mari. Jordan tire une chaise pour moi, un regard plein de préoccupation dans ses yeux bleu cristal. "Tout va bien ?", murmure-t-il alors que je m’asseyais sur ma chaise. Je me rappelle que c’est notre lien qui le préoccupait. Il ne se souciait pas réellement de mon bien-être. En fait, il connaissait probablement la trahison de Christian et même s’il a juré de me protéger, sa loyauté appartenait à son Alpha. Qui sait combien de fois il a couvert Christian ? "Je vais bien", je lui souris innocemment et je lui fais signe de s’asseoir et de me laisser tranquille. Je vois bien qu’il n’est pas convaincu, mais je m’en fiche et me concentre plutôt sur mon assiette. Christian et Vanessa s’aperçoivent enfin de ma présence et Christian me tend la main pour la b****r. Je sursaute à son contact et il me jette un regard perplexe. "Ça va, mon cœur ?" demande-t-il, penchant la tête sur le côté avec une légère curiosité. "C’est juste la douleur", je souris en trifouillant ma nourriture. "C’était pire aujourd’hui." "Encore ça ?" soupire-t-il avec dégoût, ses couverts s’entrechoquant avec son assiette. "Déesse Nat, tu te plains toujours. Combien de fois devrons-nous te dire que tout est dans ta tête ? Prends de l’aspirine et arrête de te plaindre. Ça m’énerve." Sa réaction ne me surprend pas. Il n’a jamais été du genre à se montrer attentionné et il trouvait, réconforter les gens être une tâche inutile. Je jouais avec ma fourchette et lui forçais un sourire, cachant la tristesse dans mon cœur qui n’a cessé de grandir. "D’accord", ai-je murmuré continuant à grignoter ma nourriture. Un silence gênant s’est installé dans la pièce alors que nous essayions tous de manger. Je me suis concentrée sur les légumes de mon assiette et me forçait à manger, sachant maintenant que j’allais devoir m’inquiéter de la vie qui grandit en moi. "Alors, qu’a dit le docteur ?" Vanessa sourit, interrompant le silence. "Une chance d’avoir un bébé ?" demande-t-elle en penchant innocemment la tête sur le côté. J’ai serré la fourchette dans ma main et compté jusqu’à dix pour me calmer. "À en juger par ton expression, je prends ça comme un non", s’est-elle moquée en riant. "Pas étonnant". J’ai serré les dents et fixé mon assiette pour ne pas sauter de l’autre côté de la table et la poignarder dans le cou. Posant délicatement ma fourchette, je me lève et souris. "Je pense que je vais me coucher maintenant. Bonne nuit." "Nat, ne fais pas ça", grogne Christian. "Ne sois pas une reine du drame." "Je ne le suis pas", dis-je en haussant les épaules, tout en gardant mon sourire. "Je suis simplement fatiguée. Bonne nuit." Je ne peux tout simplement pas supporter votre présence, c’est ce que j’aurais dû dire, mais j’ai gardé le silence. Je n’ai pas besoin qu’il libère sa colère. Il y aura bien assez de temps pour cela plus tard. Je m’excuse et monte dans ma chambre, la colère s’installant au fond de mon estomac lorsque je regardais notre lit. Aucune trace de sa trahison n’a été laissée derrière, les draps ont été changés et parfumés à la lavande qui me procurait autrefois une paix pendant mon sommeil. Nous avions partagé tellement de moments intimes sur ce lit, tant de beaux matins et de belles soirées. Il a gâché ces souvenirs, les ternissant tous avec Vanessa. Maintenant, tout ce que je voyais était un lit de promesses brisées. Je me dirige vers l’armoire, fouillant dans mes vêtements jusqu’à ce que je trouve les articles avec lesquels je suis arrivée ici et je les fourre dans un petit sac. Je n’emporterai rien de ce que Christian m’avait offert lorsque je partirai. Un coup à la porte fait presque sortir mon cœur de ma gorge et je range rapidement le sac dans le placard avant de me précipiter pour répondre. Jordan se tient dans le couloir me souriant timidement. "Qu’est-ce qu’il y a ?" Je demande en me cachant derrière la porte. "Tu m’as surpris en train de me changer." Il rougit légèrement et se tourne pour faire face au couloir. "Oh désolé", marmonne-t-il. "Je suis juste venu voir comment tu allais, Luna. Tu avais l’air distraite au dîner", dit-il en haussant les épaules et en regardant ses pieds. "Est-ce que tout va bien ?" J’ai envie de crier la vérité, mais je me contente de forcer un sourire crispé et de secouer la tête. "Ça va, je te promets", je soupire. "J’ai juste mal à la tête à cause de toute la douleur que je ressens." Il s’est retourné, inquiet dans les yeux. "As-tu pris ton aspirine aujourd’hui ?" demande-t-il. "Ça va atténuer la douleur." Une partie de moi s’accroche à l’espoir qu’il dise la vérité sur la douleur, mais bien sûr, il ne le fait pas. Je me contente donc de sourire et de hocher la tête. "Oui, je l’ai fait. Maintenant, si tu veux bien m’excuser. J’aimerais me préparer à aller me coucher", dis-je en souriant en agitant la main pour le congédier. Il me regarde avec méfiance, mais ne me pose pas plus de questions et s’en va. Je ferme la porte et manque de fondre en larmes, attristée de voir que même mon ami le plus proche n’a jamais vraiment été un ami. C’était un menteur comme les autres. Je n’ai pas le temps de pleurer, me dis-je. Vas-y, Tali. Nous avons du travail à faire. Je cache mes affaires dans la chambre d’amis avant de retourner dans la chambre à coucher et de sortir le test de fertilité. Refusant de toucher le lit, je m’installe sur une chaise et fixe le faux document, repassant mon plan. Mon cœur s’arrête presque lorsque j’entends la porte s’ouvrir et que mon compagnon entre dans la pièce, un profond froncement de sourcils sur le visage. Je prends une grande inspiration et redresse mes épaules. Il n’y a rien à faire.