La chute de Fort Adams

344 Words
La chute de Fort AdamsTrois jours ! Trois jours harassants pour les hommes du général Marck Douglas, commandant le cinquième régiment de cavalerie de l’armée des États-Unis à Fort Adams dans le Wyoming. Trois jours que les Cheyennes assaillaient sans relâche la garnison. À part de brèves trêves la journée, ils revenaient chaque fois plus nombreux, semblait-il, résolus à les exterminer tous. Le fort étant complètement encerclé, leurs effroyables cris de guerre, leurs « sassakoués », résonnaient douloureusement aux oreilles des derniers soldats qui tenaient encore. Les nuits s’avérant être les seuls réels moments d’arrêt à leurs impitoyables assauts. Héroïquement le fort résistait. Partout où le regard se portait, c’était une vision de cauchemar. Des cadavres ensanglantés, criblés de balles, percés de flèches, gisaient sur le sol de la cour du fort comme des pantins disloqués. Sur le chemin de ronde, ils s’entassaient les uns contre les autres. Les blessés restaient sans soins, baignant dans leur sang. Le temps manquait pour s’occuper convenablement d’eux. Leurs cris épouvantables mêlés aux râles des agonisants se fondaient dans la fusillade sans discontinuer. L’odeur de sang et de mort prenait à la gorge. La chaleur était accablante, et les vautours, attirés par le charnier, tournoyaient en grands vols noirs au-dessus. Les attaques violentes des Indiens et leurs replis soudains pour incessamment revenir, mettaient les nerfs des hommes à rude épreuve. En haut du mirador, le corps de la sentinelle renversé sur la balustrade, menaçait de s’écraser au sol d’une minute à l’autre. Les militaires vivaient isolés, en nombre restreint, Fort Adams étant situé au cœur d’une verte contrée parsemée de lacs, de forêts, de prairies, paradis pour les animaux mais désertée de toute vie humaine à des miles à la ronde. Casper City, ville la plus proche se trouvant à quatre jours de cheval, ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. Mais en ce matin de juillet, le fort rendit les armes, la mitraille se tut, et c’est dans une immense clameur que les sauvages se ruèrent à l’intérieur, escaladant les murs d’enceinte en rondins, défonçant le portail en bois de l’entrée. Bientôt, tel un flot tumultueux, ce fut un déferlement de barbares emplumés, féroces, couverts de peintures de guerre.
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD