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2703 Words
1 Emma. Emma est une petite sœur sombre, rachitique et tordue, qui grandit avec nous. Emma est un tueur invisible qu’on apprend à craindre. Un monstre à éviter, qui pose sur nous ses milliers d’yeux. Dans toutes les maisons, on trouve le même dépliant plastifié accroché bien en évidence sur un mur ou une porte. Très vieux papier. Il a appartenu à mon arrière-grand-père et a toujours ce même aspect froid et sérieux. EMMA : VIRUS À CAPSIDE HÉLICOÏDALE Très longue et régulière : il s’écoule cinq ans et quelques mois entre la contagion et l’expression des premiers symptômes. Pas de transmission possible par voie aérienne lors de l’incubation. Risques modérés par voie sexuelle ou sanguine. ZOONOSE L’animal ne peut pas contracter le virus. Néanmoins, l’élément pathogène peut survivre dans un organisme non humain. Il ne dépassera pas l’incubation. Les prédateurs et charognards sont les plus à risque : ils peuvent accueillir l’agent pathogène en dévorant un cadavre humain contaminé ou en attaquant une personne atteinte. Prendre garde aux moustiques. Une dose de répulsif par foyer est distribuée de manière hebdomadaire aux communes de plus de mille habitants. Renseignez-vous auprès de votre mairie. Le cas échéant, prenez connaissance des moyens de lutte efficaces et naturels contre les insectes à risque (voir verso : « Que puis-je faire pour protéger ma santé et ma famille ? ») SYMPTÔMES ALARMANTS (ORDRE DE PROGRESSION DE LA MALADIE) APPARITION DU STADE 1 – Nausées et crampes d’estomac – Fourmillements au niveau de la gorge et de l’arrière de la mâchoire – Bouffées de fièvre et vomissements – Conjonctivite – Syndrome méningé (maux de tête, raideur de la nuque, hypersensibilité à la lumière) ENTRÉE EN STADE 2 DÉBUT DE L’ATTEINTE NEUROLOGIQUE – Troubles importants du comportement – Hyperacousie – Bleuissement de la sclère de l’œil – Trouble de phonation puis disparition du langage PASSAGE EN STADE 3 – Actes violents – Gestes désaccordés – Paranoïa, automutilation – Atrophie musculaire graduelle – Insuffisance respiratoire – Décès IMPORTANT À NOTER L’agent pathogène est transmissible dès le stade 1. Isolement impératif dès l’apparition des premiers symptômes. La transmission est impossible lors de la période d’incubation sauf en cas de rapport sexuel ou de transfusion sanguine. Le laps de temps entre les premiers symptômes et le stade 2 peut être extrêmement variable, parfois de plusieurs années, en fonction du métabolisme de l’individu. Beaucoup de ces mots m’échappaient quand j’étais plus jeune. Enfant, j’imaginais Emma pareille à une meute de loups microscopiques prêts à venir me dévorer de l’intérieur. L’image me faisait frissonner, mais j’étais à mille lieues de la vérité. Le temps est froid, mais la météo clémente de l’année précédente a bien garni notre garde-manger. Maman, Papa et tous les adultes de la maison commune nous ont convoqués, Basile et moi. Du temps de nos arrière-grands-parents, nous dit-on d’un ton grave, le monde avait un tout autre visage. Plus clair, plus vaste, plus ouvert et joyeux. Un visage que nous devinons dans les livres auxquels nous avons accès à la bibliothèque, mais auquel nous ne croyons pas réellement. On nous parle d’un monde où la population était telle qu’on devait parfois jouer du coude pour progresser dans les rues. Un univers parallèle où les maisons aux toits d’ardoise étaient remplacées par des bâtiments immenses et droits. Où des dizaines de familles s’empilaient pour dormir. Une époque préhistorique sans chevaux pour se déplacer, ni d’élevage ou de champs au pas de sa porte pour se nourrir. Où tout le monde pouvait se payer le luxe d’avoir une radio. Puis… Emma. L’Emma du dépliant plastifié est arrivée. Nos grands-parents n’étaient même pas encore nés. Comme la foudre, elle a frappé sans distinction. Une vie cueillie ici. Une histoire coupée par là. Un éternuement mal placé, une respiration au mauvais moment et c’était un avenir qui s’effondrait. Neuf milliards d’humains foulaient le sol de cette planète jusqu’à ce qu’Emma s’installe. Avant ce que les survivants ont appelé plus tard la Grande Moisson. On évalue la population mondiale restante à moins de cent quinze millions. C’est la donnée la plus précise que nous possédons. Nous avons divisé la densité de notre fourmilière par environ quatre-vingts. Je sais depuis longtemps qu’une sale maladie traîne dans les parages et qu’il nous faut l’éviter. De cela découlent nos principales règles d’hygiène et de comportements de vie. RÈGLE NUMÉRO 1 • Ne jamais quitter l’enceinte clôturée du Village sans la présence d’au moins deux adultes. RÈGLE NUMÉRO 2 • Avant une sortie, toujours se frotter la peau avec un citron, du basilic, de l’ail ou de la saponaire pour éviter tout risque de transmission par les moustiques. … RÈGLE NUMÉRO 12 • Toujours faire bouillir l’eau avant de la boire et ne pas oublier la pastille de chlore dans les grands réservoirs. … RÈGLE NUMÉRO 26 • Ne jamais manger de carnivore, par crainte qu’il ait lui-même dévoré un humain et soit contaminé à son tour. … RÈGLE NUMÉRO 42 • Être méfiant envers tout individu dont on ne connaît pas le prénom, ne jamais le toucher ni s’approcher de lui. … RÈGLE NUMÉRO 58 • Prévenir Papa ou Maman dès le moindre mal de ventre. J’ai toujours pris ces règles au sérieux. Mais jamais je n’ai imaginé quelle histoire horrible se cachait derrière leur origine. Pourquoi nous a-t-on caché ça ? Pourquoi avoir fait passer tous les auteurs réalistes de notre bibliothèque pour de brillants écrivains de fiction ? On me répond avec franchise, pour ne pas nous faire grandir dans l’angoisse et ne pas nous donner l’idée qu’ailleurs était différent d’ici. Pour préserver la plus grosse partie de notre innocence jusqu’à ce que vienne l’heure de remplir nos obligations envers notre société post-Moisson. Plus simplement, pour notre sécurité. Emma n’est pas qu’une grippe carabinée qui plombe ses victimes jusqu’à les faire mourir dans leur lit. Ce n’est pas un mal brutal qui nous fusille, comme mon petit lapin dans son clapier. C’est un monstre qui se prélasse longtemps dans nos entrailles avant de nous grimper à la tête, de s’accrocher à l’arrière de notre cerveau et de nous arracher ce que nous avons de plus cher : notre humanité. C’est là, toute l’horreur du monstre. Le parasite invisible s**e notre conscience jusqu’à sa substantifique moelle. Emma attaque les neurones, précisément là où se jouent les connexions les plus humaines. L’empathie, l’amour, l’abstraction, le désir, l’humour. Le moissonné – ainsi nomme-t-on une personne contaminée – n’est plus mu que par son cerveau le plus profond. Coquille vide, sans capacité à chérir, haïr, ironiser, anticiper. L’intelligence demeure, semble-t-il, mais elle est plate, froide, simpliste. Et une douleur physique intense et permanente. Une bête intelligente dans un corps d’humain. Voilà ce qu’il reste après le fameux stade 3. L’homme abattu par mon père, il y a quelques années, n’était plus vraiment un homme. Tonton Dorian ne l’était plus non plus le soir où ma tante avait frappé à notre porte. C’est exactement ce que les adultes tentent de nous inculquer : l’humanité n’est plus un acquis. Il suffit d’un postillon mal placé pour qu’elle vole en éclats. J’ai quatorze ans quand on me le révèle. Mon anniversaire est en mai. J’observe ces adultes crispés, fermés et menteurs puis me redresse. D’une tape sur la cuisse, j’appelle notre vieux chien. Le bâtard aux longs poils trottine vers moi et me lèche le genou gauche. Sans rien dire, je disparais avec lui par la porte de la maison commune. Je veux être seule. J’ai besoin d’un air vif, pas de la moiteur étouffante d’une pièce où bouillonne l’angoisse. J’erre quelques minutes dans notre immense jardin flanquée de mon chien. Le ciel est gris et lourd. La vallée entière sent la neige, les flocons ne vont pas tarder à tomber. Je m’assieds sur une vieille souche à quelques dizaines de mètres de la grange. Aristote appuie sa truffe contre ma cuisse. Je caresse sa tête. Ses oreilles pointues battent avant de se détendre. J’ai toujours vécu ici. Un village, cinquante maisons espacées en périphérie, plus agglutinées au centre. Trois cents habitants se partagent ces habitations aux murs de granit et au toit noir. Un complexe fermier géant. La maison commune jouxte la grange où toute la population locale entrepose les vivres et le produit des récoltes. Nous nous occupons des poules, des lapins et de l’écurie. Mon père cultive un petit verger. Les arbres fruitiers s’y alignent proprement, recouverts lors des grands froids d’un voile d’hivernage qui les protège du gel. Plus bas dans la colline, des prés où paissent des vaches en été, et des étables pour les laisser engraisser l’hiver. Quelques moutons, une dizaine de chèvres, une vingtaine de porcs. La nourriture provient de partout autour de moi. Je n’ai jamais rien connu d’autre. Le Village, tout simplement. Pourquoi nommer quelque chose qu’on pense être unique ? Parfois, Tatie Sarah rentre au bercail et nous offre des cadeaux exotiques. Des bonbons, de l’alcool fort, des médicaments, des armes, du poivre, des gousses de vanille, des mangues, des raviolis en conserve, de nouvelles graines à faire pousser. Jusque-là, je ne me suis pas posé de question sur l’origine de toutes ces attentions. Village coupé du monde. Construit il y a très long­temps, bien avant la Moisson, par des bergers sur leur point de transhumance. Lorsque ma famille et toutes les autres ont investi les lieux, du temps de mes grands-parents, ils ont détruit les routes qui y donnaient accès. Les larges b****s bétonnées ont été condamnées. La forêt a repris ses droits et les routes se sont retrouvées impraticables. Le seul moyen de se rendre au Village est à pied ou à cheval, en suivant de minuscules sentiers qui serpentent entre les cols. Impossible de tomber chez nous par hasard. C’est pourtant ce qui était arrivé au moissonné abattu par mon père il y a cinq ans. Le malade a déboulé par le taillis du versant nord. Un pur hasard. Je n’ai pas cherché à savoir ce qu’il y avait au-delà des éboulis qui barraient les chaussées. Plus jeune, il suffisait que je manifeste un brin de curiosité vis-à-vis du monde extérieur et mes parents m’embarquaient dans de longues randonnées en montagne. Je me promenais près des lacs, des rivières, je visitais des grottes et pistais des animaux. Ils savaient que je tournerais en rond dans un périmètre délimité dans l’illusion de découvrir l’univers. Ma plus grande folie a été de m’écarter du Village d’une dizaine de kilomètres vers le nord… Là où mes parents savaient qu’il n’y aurait personne pour briser mon fantasme de pionnière ou d’exploratrice. Je me sens stupide de n’avoir jamais compris ce qui se tramait autour de nous. Je soupire en grattant le poitrail d’Aristote. Je regarde les montagnes. Leurs dos arqués s’étirent vers le ciel. L’herbe fraîche sous mes pieds, le bois humide sous mes fesses, la ramure ronde des arbres qui ont gardé leurs feuilles, le moutonnement gris des nuages au-dessus de ma tête… Une douceur incroyable. Je me demande à quoi ressemble l’extérieur. Cet extérieur si dangereux et si fantasmé. Je veux savoir à quoi ressemble Emma. Je frictionne la tête pelucheuse de mon chien avant de me relever et de me diriger vers la maison commune. Je n’ai plus qu’une envie, retrouver Basile et rire avec lui à la lumière d’une bougie, comme lorsque nous étions enfants. L’humanité n’est pas une nature. C’est un cadeau qu’il faut garder contre soi et qu’il ne faut jamais perdre. Cette phrase est sortie de la bouche de ma mère le soir suivant ces révélations. C’est quoi, être humain ? Comment peut-on ne plus être humain ? Comment peut-on perdre cette étincelle alors qu’elle nous semble aussi évidente et naturelle que l’intelligence ou la conscience ? Dès que je pose la question, je tombe sur le même nom : Emma. Comment peut-on avoir la certitude d’être encore humain ? Comment savoir si on n’a pas fait une erreur dans les règles d’hygiène et qu’on ne couve pas cette saleté de parasite ? La réponse à ces questions est d’une simplicité à la fois rassurante et abstraite : en passant des tests. Passer des tests d’humanité constitue notre principal devoir en tant qu’adultes. Quel genre de tests ? On me répond : des tests intellectuels, psychomoteurs, de sensibilité. Des épreuves d’une simplicité enfantine, que tout humain en mesure de parler est capable de surmonter. Le but est de dépister des symptômes d’Emma avant de procéder à un test sanguin. « Un test sanguin ? » je répète, la bouche pleine de topinambours, tandis que nous prenons notre repas en commun. Un test sanguin. Les tests précédents sont préliminaires et ne servent qu’à éviter un gâchis de matériel médical pour une personne de toute évidence atteinte par le virus. « C’est douloureux ? » s’inquiète Basile. Non. Ce n’est pas douloureux. Il suffit d’une petite quantité de sang pour juger de l’humanité d’un individu. Si tout va bien, l’humain certifié reçoit une preuve de sa réussite aux tests. Une sorte de certificat nécessaire pour évoluer à l’extérieur. Si on ne le possède pas, n’importe qui a l’autorisation de mettre fin à notre séjour. J’avale de travers et m’étouffe. Je ne suis pas sûre d’avoir bien saisi. Oui. Les personnes sans certificat d’humanité sont susceptibles d’être abattues à vue. C’est pour cette raison que le certificat se doit d’être visible et ne doit jamais être caché. « Et… quelle forme ça a, ce certificat ? » je demande. Mon père me répond d’un geste. Il pointe son front de son index. Là, je comprends. Le principal « on t’expliquera » vient d’être démystifié. Au Village et partout ailleurs, chaque individu adulte porte un tatouage sur le front. Un symbole en forme d’étoile, constitué de barres disposées autour d’un centre telle une horloge aux nombreuses aiguilles. Une étoile colorée, dont l’allure change avec la personne. Plus l’étoile possède de branches, plus son porteur est âgé. Mon père, ma mère, les parents de Basile, Paul, Marie, tous sont tatoués. La majorité des gens arborent deux symboles sur leur front : l’étoile et un second, noir, qui change d’un front à l’autre. L’étoile est la manifestation visible de l’humanité d’un individu. Elle est située juste au-dessus des deux yeux. Un examen passé, une branche ajoutée, une nouvelle couleur. Il est très important de ne jamais cacher ce sauf-conduit. Pas de cagoule, pas de frange tombante, pas de bandeau. — Ce que vous êtes en train de nous dire, c’est que si on ne présente pas ce… cette étoile, une fois à l’extérieur, on risque de se faire descendre par le premier venu ? dit alors Basile, qui se balance nerveusement au-dessus de son assiette. Vous… vous n’avez pas jugé bon de nous le signaler plus tôt ? C’était… un détail, c’est ça ? — Ça n’aurait pas été utile, rétorque son père. On ne marque les enfants qu’à partir de quinze ans. — Donc… ces tests… ils sont imposés ? Pas moyen de s’y soustraire ? — Pas le moindre, confirme Paul. C’est ça, devenir adulte, mon petit. Se plier à des obligations et des règles. — Je vois… et… à quelle fréquence on est censés passer ces tests ? Mon père a un drôle de sourire. Il s’appuie sur le dossier de sa chaise et étire ses bras. Sa bouche s’ouvre en un long bâillement. — Au début, à l’époque de mon père, on l’imposait tous les six mois. C’était une énorme marge de sécurité vis-à-vis de la période d’incubation d’Emma qui est de cinq ans. Six mois d’intervalle entre les examens suffisaient pour mettre ceux qui rataient le test à l’écart sans risquer la contagion. Du moins la plupart du temps. Plus les années passaient, plus ça grignotait nos ressources qui étaient loin d’être inépuisables. L’intervalle entre les tests a donc été reporté à cinq ans. À partir du moment où les quinze ans sont révolus, bien entendu. Un test réussi, une branche. Cinq ans sans s’en soucier. Nouvel examen réussi. Nouvelle branche sur ton front. Chaque année a sa couleur, l’an dernier, c’était le gris clair. Au début de l’année, on décide d’une nouvelle couleur. En même temps qu’il nous détaille le processus, mon père masse son propre tatouage. Une branche tous les cinq ans… On peut donc estimer l’âge des gens d’un simple coup d’œil. Quinze ans plus cinq ans pour chaque bras de l’étoile. Celle de Papa en avait cinq. Tout comme celles de Paul et Anna. Le flocon de ma mère avait six bras, de même que celui de Florian et Marie. — Et on est censé retenir les couleurs associées à leurs années respectives pour être sûr que la personne qu’on a en face de nous est… dans les clous ? je fais, avec une certaine inquiétude. — Ne t’en fais pas, ma grande. On le retient facilement. Une fréquence radio diffuse sans cesse la couleur de l’année. C’est la principale longueur d’onde qu’on garde en service à échelle internationale. Elle répète la couleur en boucle, sans jamais s’arrêter. — Je ne comprends toujours pas pourquoi ne pas nous l’avoir dit plus tôt, grogne Basile. Vous vous êtes passé le mot dans le Village ? Les autres jeunes de nos âges sont aussi soumis à ça ? — Oui. C’est un accord plus ou moins officiel, répond Anna. Quinze ans, c’est l’âge où l’on devient adulte. C’est aussi celui où l’on devient humain. Ici, nous avons fait le choix de ne parler des marques-passeports qu’aux jeunes qui approchent de leur quinzième anniversaire et, en tant qu’habitante du Village, tu dois t’y plier. J’arrache un lambeau de viande à son os et j’écrase la chair contre mon palais, avant de dire : — Donc, si je vous suis bien… dans le monde extérieur, ni Basile ni moi ne sommes considérés comme humains, une fois les limites du Village franchies ? On est pareils à de gros faisans déplumés tendant leurs fesses aux balles des chasseurs, c’est ça ? Un rire secoue l’assemblée. On m’ébouriffe le crâne et le repas s’achève rapidement, sur un ton plus léger. Basile et moi avons le droit de goûter à un fond d’alcool fort, que les adultes se réservent en général après le dessert. Je tousse en faisant la grimace. Nous remontons dans notre chambre un peu plus tard.
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