A Me Rollinet

237 Words
À Me RollinetAvocat à la Cour royale. « Puisque, à la première nouvelle de mon arrestation, sans vous demander ce qu’il y a de vrai et de faux dans les bruits contradictoires qui courent sur mon compte, vous vous êtes souvenu de nos amicales relations et que vous m’avez décidé à vivre le plus longtemps possible, au nom de mon enfant et de mon honneur, je commence aujourd’hui, je ne dirai pas seulement le mémoire des faits dont la connaissance exacte est indispensable à l’avocat qui veut bien se charger de ma cause, mais le récit confidentiel, scrupuleux, inexorable des évènements, des circonstances, des pensées qui ont amené la catastrophe du mois dernier. L’affaire ne viendra pas avant cinq ou six semaines ; j’aurai donc le temps de me recueillir. Je vous dirai la vérité comme je la dirais à Dieu s’il m’interrogeait et voulait, lui qui sait tout, faire dépendre son arrêt du plus ou moins de sincérité de mes aveux. Vous prendrez dans cette relation tout ce que vous croirez utile à ma défense. J’y mettrai, d’ailleurs, autant d’ordre et de clarté que me le permettra l’état de mon esprit, moins troublé que je ne l’aurais cru. Votre talent et votre amitié feront le reste. Quelle que soit la décision du jury, je n’oublierai jamais vos deux bras tendus vers moi lorsqu’on vous a ouvert la porte de ma prison, et ma dernière pensée, que je sois condamné ou non, sera partagée entre mon fils et vous. PIERRE CLÉMENCEAU. 8 mai 18… »
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