Chapitre Trois

1329 Words
Regina s’est réveillée et s'est sentie étrangement raide. Tout semblait lourd et douloureux comme si elle venait de courir un marathon. Sa tête battait et sa bouche avait l'impression d'être pleine de coton. Était-ce une gueule de bois ? Des souvenirs ont commencé à lui revenir. Elle se souvenait de l'audition, d'être arrivée en retard pour aider au service de traiteur de sa sœur, du vin, et… Regina s’est brusquement redressée, serrant la couverture contre sa poitrine. À côté d'elle, une autre forme a murmuré. Retenant son souffle, elle s'est tournée, s'attendant au pire. C'était pire qu'elle ne l'aurait jamais imaginé. À côté d'elle se trouvait Marcus Avery, le plus grand playboy de New York. À peine une semaine passait sans qu'il ne soit en couverture d'un magazine people avec une nouvelle femme, parfois deux, à son bras. Et tout cela alors qu'il était pratiquement fiancé depuis sa naissance. Elizabeth Quenn était la fille d'un ami de la famille proche et depuis qu'ils étaient petits, ils avaient été préparés avec l'intention qu'un jour ils se marieraient. Il était également bien connu qu'Elizabeth était férocement jalouse et bien qu'elle ne puisse pas empêcher son prétendu fiancé de poursuivre ses affaires illicites, elle pouvait rendre la vie de ces femmes un véritable enfer par la suite. De nombreuses jeunes papillons de la société avaient chuté à cause des machinations d'Elizabeth. Ni Marcus ni Elizabeth n’ont montré de remords pour les vies ruinées par leur triangle amoureux impossible. Et maintenant, Regina était leur prochaine cible. Non, non, non, non… Elle ne se laisserait pas traiter comme leur jouet. En sortant du lit en trébuchant, elle a attrapé ses vêtements seulement pour se figer alors qu'une humidité collante recouvrait ses cuisses intérieures. Rouge de honte, elle a saisi ses vêtements et s’est précipitée vers la salle de bain. Se nettoyant rapidement, elle s'est habillée et s’est mouillée le visage pour découvrir que ses mains tremblaient. Si elle était découverte, ce serait la fin. Elizabeth publierait son visage dans les colonnes de potins. Non seulement ses rêves seraient anéantis, mais sa famille serait entraînée là-dedans. Elizabeth ne se contenterait pas de ruiner sa réputation. Non, toute la famille de Regina serait ciblée. Ils n'avaient aucun pouvoir ni prestige pour contrecarrer les machinations d'Elizabeth. Ce serait presque trop facile. L'entreprise de traiteur de sa sœur était encore en train de se mettre en place, sa mère serait tellement embarrassée et son père… Si elle était découverte. Il était encore tard. Le foyer dormait. Peut-être qu'elle n'avait pas épuisé toute sa chance après tout. Respirant profondément, Regina est sortie de la salle de bain et s’est de nouveau glissée dans la chambre sombre. Marcus ronflait bruyamment depuis le lit. S'approchant de la porte, elle a mentalement vérifié si elle avait tout. Elle était à nouveau en uniforme. Ses clés étaient dans la poche de sa jupe. Son téléphone était en sécurité verrouillé dans sa voiture. Elle ne voulait certainement pas voir une autre bouteille de vin. Sa veste ! Regina s'est arrêtée, son regard peinant à scruter la pièce sombre. Où l'avait-elle laissée ? Se mordant la lèvre, elle s'est tournée pour partir à sa recherche juste au moment où Marcus a bougé. Elle s'est figée alors qu'il se retournait en marmonnant pour retomber dans le sommeil. La pièce est de nouveau tombée dans le silence. Expirant lentement, Regina s’est retournée vers la porte. Sa sœur ne serait pas contente qu'elle ait perdu une partie de son uniforme, mais le remplacer coûterait beaucoup moins cher que si elle était découverte maintenant. Sortant de la chambre, Regina s'est arrêtée en regardant le couloir. Comme elle s'y attendait, il était désert. Elle a hésité, ne sachant pas dans quelle direction aller avant de revenir vers l'endroit où elle espérait que se trouvait la cuisine. Se retournant une fois et heurtant un vieux serviteur plutôt confus, elle a réussi à atteindre son objectif. De là, elle s’est dirigée vers la sortie et à travers la pelouse jusqu'à l'arrière du domaine où on leur avait dit de se garer dans la zone de stationnement des serviteurs. Sa petite Geo Metro turquoise était intacte et stationnée, et elle s'y est rapidement glissée dans le siège du conducteur, osant enfin laisser échapper un soupir de soulagement. Elle y était parvenue. Elle était sortie et personne ne savait qu'elle avait été là. Alors que Regina reprenait lentement son souffle et calmait son cœur qui battait la chamade, un bruit soudain s’est fait entendre sur sa fenêtre. Sursautant, elle a failli crier en jetant un coup d'œil par la fenêtre pour voir un agent de sécurité à côté de sa voiture. Tremblante, elle a baissé la vitre alors qu'il pointait sa lampe dans son visage. “Madame, vous ne pouvez pas vous garer ici. C'est une propriété privée.” “…Ah oui…désolée. Je viens de…je me suis perdue et…je devais m'arrêter et reprendre mes repères…mais ça va maintenant,” Regina a rapidement fait une excuse. Il semblait dubitatif, l'étudiant. Avec un froncement de sourcils, il a examiné son véhicule et jeté un coup d'œil au sien avant de revenir à elle et de dire, “Eh bien, partez.” “Oui, monsieur. Bien sûr. Merci,” Regina a hoché la tête en faisant tinter ses clés avant de démarrer son véhicule. Nerveusement, elle a attaché sa ceinture de sécurité tandis qu'il retournait à sa voiture. Elle a vérifié ses rétroviseurs, apercevant une autre silhouette à côté de la voiture de patrouille, probablement le partenaire du policier qui surveillait pour s'assurer qu'elle ne tente rien. Essayant de ne pas paraître suspicieuse, elle est sortie de sa place de stationnement et s’est dirigée vers la route. La voiture de patrouille la suivait de près alors qu'elle atteignait la rue transversale. Hésitant au panneau stop, elle a tourné en direction de chez elle. Jetant un coup d'œil dans son rétroviseur, elle l’a vu tourner dans la direction opposée. Ce n'est qu'alors qu'elle a pu respirer, mais ses mains continuaient de trembler tout le long du chemin. * * * Arrivant chez ses parents, elle est entrée le plus discrètement possible. Enlevant ses chaussures, elle est montée à l'étage où se trouvaient les chambres d'enfance de sa sœur et elle. S'arrêtant en haut des escaliers, elle s’est tournée vers la chambre à sa droite. Ouvrant la porte, elle a jeté un coup d'œil à l'intérieur. Savannah dormait profondément, repliée dans ce qui était autrefois le lit de Renata. La plupart de la chambre était encore la même qu'avant, cependant, quelques ajustements avaient été faits. Pour commencer, il n'y avait pas beaucoup de jouets si ce n'est des modèles et des kits scientifiques. Savannah n'avait guère d'utilité pour les poupées et les poneys, mais elle était fascinée par la croissance des cristaux et d'autres expériences. Prudente de ne pas la réveiller, Regina a ajusté les couvertures de la fillette avant de se retirer dans sa propre chambre. Cette chambre était la même qu'elle avait depuis qu'elle était enfant, bien que beaucoup de meubles aient changé maintenant qu'elle était adulte. La plupart de ses jouets d'enfance avaient été emballés et donnés à un endroit ou à un autre. Elle avait acheté de nouveaux rideaux et une housse de couette, rendant la chambre plus adaptée à une femme adulte. Avec un soupir, elle s'est effondrée sur son lit. Elle l'avait fait. Elle était chez elle et personne n'était au courant. Compte tenu de l'ivresse de Marcus, elle doutait qu'il se souvienne même d'elle, certainement pas parmi toutes ses autres conquêtes, et personne d'autre ne l'avait vue. Elle avait laissé son manteau, mais il n'y avait aucune trace, rien pour la relier au service traiteur de Renata, encore moins à Regina spécifiquement. Si Marcus se souvenait de quelque chose, il supposerait probablement qu'elle était une sorte de servante et l'oublierait rapidement. Elle était en sécurité. Sa famille était en sécurité. Tant qu'elle ne parlait jamais de cette nuit, personne ne le saurait.
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