3.

1025 Words
Elle      Qu'est-ce qu'il peut être impoli !      C'est maladroit de fixer quelqu'un de la sorte. Soit il a reçu une mauvaise éducation, soit il ne m'apprécie pas du tout, ce qui reste le plus probable.      Je me libère de son regard qui masque peu ses intentions meurtrières.      Les cours défilent jusqu’à la pause-déjeuner. Je m'empresse de questionner Addison. - Il est beau hein ? Me charrie-t-elle. - Oui, avouais-je. Mais là n'est pas la question. Tu le connais ? - Oui, qui ne le connais pas ?      Moi, idiote ! - Ryan Crawford...reprit-elle, son père dirige l'une des plus grosses entreprises immobilières du pays, c'est un génie en herbe et il a déjà été l'égérie d'une célèbre marque de parfums new-yorkaise, finit-elle par dire en conciliant sa coupe.      La vie de rêve quoi…      C’était l’heure d’éducation physique ; tout mon corps était focalisé sur lui, ce fameux Ryan. J'admirais ses mouvements, toutes les tractions qu'il effectuait, si bien que de sales pensées m’envahissaient l’esprit. Une bombe comme lui ne pouvait laisser aucune fille indifférente. Plus tard, quand il rentra enfin en classe, j'ai pu remarquer une belle fille aux cheveux châtains clairs et très belle, loger sa tête dans son cou tout en le longeant de petits baisers. Je trouvais ça très dégueulasse car son cou transpirait la sueur et l'effort, mais ça ne semblait pas tant la gêner. Selon la théorie qui veut que ceux qui se ressemblent s'assemblent, je pouvais deviner que ladite fille était issue du gratin de Manhattan, ce qui se concrétisait plus, au regard de ses cheveux souples et lisses qui se baladaient au gré du vent, alors que les miens devraient d’abord subir l'ouragan Katrina pour bouger d'un centimètre…qui entretient aussi bien ses cheveux ? Son maquillage tenait parfaitement…très sportproof ! Un maquillage aussi compétitif que celle qui le porte. Ses longues jambes étaient mises en valeur grâce au short court qui dessinaient ses fesses et ses chaussures Nike de la dernière collection. Je regarde instantanément mes pieds, découvrant d'affreuses tennis usées d’une marque anonyme.      Je reprends mes esprits quand je me rappelle que je dois travailler ce soir au Brooklyn Cats Café. J'y suis serveuse le soir. Malheureusement, Alan mon patron souffre d'une dépendance à la d****e et je dois gérer un jour à l’autre avant de remettre mo tablier. J’espère qu'il s'en sortira un jour.      Je ne prends pas la peine d'attendre Addison et me précipite vers la sortie de la salle de classe sans manquer de bousculer une armoire.      Qu’est-ce qu’une armoire fait dev… - Tu ne regardes pas où tu marches, petite ? Grogne l’armoire qui s’avère être un être humain. Quel corps ferme !      Quand je lève mes yeux vers Ryan, il me dévisage et me fusille du regard avec mépris et arrogance, si bien que j'ai envie de lui coller une baffle, mais je retiens d’envoyer ma main aux urgences. Ne laissant pas planer son regard sur moi, son attention retourne vers la jolie blonde que je devine maintenant être sa petite amie. Ils s’embrassent et cette image me serre le cœur. Je m'empresse de sortir.      Je prends un taxi pour Brooklyn. Le trajet est long, mais c'est un mal nécessaire. Je rentre prendre un bain et mes affaires, puis je partirais au café. Le véhicule jaune me laisse sur le trottoir d’un grand immeuble, vieux mais toujours habitable. Je monte les escaliers jusqu'à l'étage qui nous abrite, ma famille et moi. J'ai les pieds écorchés et épuisés chaque fois que je dois monter les marches, et la principale cause de mon malheur ce sont les ascenseurs endommagés. C'est à se demander s'ils seront réparés un jour, ça fait quand même trois mois qu'ils dans cet état.      On a le même décor depuis 17 ans : quelques fauteuils on ne peut moins confortables, un parquet grinçant, un large sofa devant lequel se trouve une magnifique table basse en bois, et juste en face, se dresse notre télévision à écran cathodique, vous savez, les télés avant l’avènement des écrans plats…nous on l'a ! Vive les temps modernes ! À la gauche de tout ça, s'impose un magnifique bar, derrière lequel se cache notre cuisine, digne d'un restaurant sans étoiles. Je prends le chemin du couloir quand la porte s'ouvre sur une femme brune, peu âgée, dont les quelques rides n'abîment point son visage.      Ma mère.      Vêtue d'un t-shirt rouge foncé, d'un pantalon patte éléphant brun, et de ballerines sombres, elle arbore un grand sourire en me voyant. - Chérie ! - Maman, alors comment s'est passée ta journée ? - Tu ne devineras jamais, j’ai eu un entretien d'embauche aujourd'hui, je pense enfin que mes compétences vont servir dans ce bas monde.      Ma mère a arrêté ses études prématurément, à l'université de Princeton, je précise, à cause d'un gothique dont elle est tombée amoureuse. Il lui avait promis qu'avec l'argent que son groupe de rock allait encaisser, leur vie allait changer. Malheureusement pour elle, il fut mis en taule après avoir agressé un policier à l’arme blanche, et c'est là que le rêve pris fin. - Où ça ? demandais-je en cherchant une pomme dans le frigo. - Je pourrais être la secrétaire d'un des meilleurs écrivains de New York, Éric Braxton!      Je recrache le morceau du fruit que je venais à peine de croquer. - ÉRIC BRAXTON !? T'es sérieuse man', criai-je aux bords de la joie - Oui, ma chérie, monsieur Braxton en personne !      Heureuse de la nouvelle, je l'embrassais étroitement, espérant que ce monsieur veuille bien d'elle comme secrétaire. Je suis content, mon Dieu ! Éric Braxton est un grand auteur, je n'ai particulièrement pas pu résister à son œuvre " Un jour, demain" et si cet homme engage ma mère, notre vie peut littéralement changer, je frissonne à cette idée.      Je fais une bise et vais me changer. J’opte pour un short en jean et un petit pull pourpre. Je fais une queue de cheval étant donné que mon peigne n'arrive pas à dompter ma chevelure que j'aurais adoré laisser au vent.      Direction, le Brooklyn Cats Café.  
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD