Remonter dans le temps

1333 Words
J’émerge doucement de mon sommeil avec la gueule de bois. Comme tous les matins en fait. S’enchaîne immédiatement une grosse migraine qui me cisaille déjà le cerveau. Je regarde autour de moi. Cette demeure est devenue un vrai bordel. Je me redresse tout doucement et lorsque je vois cette corde épaisse suspendue au plafond, les souvenirs de la nuit dernière me reviennent en tête. J’ai bu plusieurs verres de whisky. Ensuite,..l’œuvre. L’œuvre. Je détourne vivement mes yeux qui se posent maintenant sur la petite table. Je me précipite pour récupérer l’objet de ma réflexion: le livre. Alors que s’est-il passé après que j’ai ramené le livre?! Je me concentre un moment et tout me revient rapidement en tête. Il y a eu ce coup de file..de..cette femme..mademoiselle..Camille?? Oui c’est bien ça. JOHN Camille. C’était ça. Le manager de Pan Macmillan, la maison d’édition. Je ne perds pas de temps avant de tapoter le canapé à la recherche de mon cellulaire. Lorsque je le trouve enfin, rapidement je l’allume. J’ai une notification. C’est forcément elle. Je déverrouille avant de me retrouver dans la messagerie. Un numéro inconnu, pareil à celui d’hier m’a laissé un message. Je souffle de soulagement. Ce n’était pas un rêve, c’est bien réel. « Monsieur BROWN Arthur, j’espère que vous passez une agréable nuit. Nous nous verrons demain soir à dix-neuf heures pile au café: Conoration Curry House. Et sûrement pas de retard s’il vous plaît. ». Je fronce les sourcils un moment surpris. Ce café est pas très loin de chez-moi. Mais bon, peu importe, elle n’aurait pas fait exprès. Je me laisse lourdement retomber sur le canapé avant d’attarder mon regard un moment sur ce petit livre. Et me vient à l’esprit une idée: je pourrai bien le lui proposer, qui sait?! Ça pourrait leur plaire et je pourrai peut-être avoir la chance de signer un contrat avec eux?! Sans m’en rendre compte, un sourire illumine mon visage. Mais ça serait trop facile. Calme toi Arthur. T’es trop débile. Tu dois juste la rencontrer d’abord avant de t’emballer. Si ça s’trouve, ils veulent juste attirer l’attention sur leur maison d’édition. Avec tout ce scandale dont j’avais été victime. Ou..pas. Calme toi Arthur. p****n, faut’que t’arrête. Cette nouvelle a tout de même eu le mérite de t’avoir redonner le sourire après tous ces mois passés à picoler et à te détruire. Mes idées fusent soudain vers eux. Daphné, ma magnifique épouse. Si seulement elle était là. Si seulement tu pouvais me voir sourire en ce moment. Dommage, le rêve serait trop beau pour être réalité. Tu as choisis. Tu as choisi de m’abandonner plutôt que de m’aider à surmonter tout ça. Mais d’un autre côté, je me sens très ingrat d’affirmer de tel propos parce que tu as essayé. J’ai vu que t’as essayé. Le problème viendrait de moi?! J’aimerais juste remonter dans le temps. Les avoir tous près de moi. Si seulement ils étaient là, je suis sûre qu’après cette nouvelle, nous aurions fait un bon petit déjeuner ce matin. Nous aurions rit et j’aurais été comblé de joie. Malheureusement, tu n’es plus là. Tu dois sûrement être dans les bras d’un autre. Et toi Cathy, ma petite chérie, toi aussi tu m’as été enlever. Le seigneur t’a rappelé à lui dans son royaume malgré que t’étais encore qu’un bébé. Et tout ça je ne peux rien y faire. Je n’ai plus que Aron et Carl. Même si je n’ai pas la possibilité de les voir, les savoir tous les deux vivants me réchauffe le cœur. J’aimerais les voir..mais..ce n’est pas si simple. Cependant, je peux au moins leur parler?! Alors sans tarder, avec mon cellulaire en main, je lance l’appel. Une seconde après, ça sonne..ça sonne..ça sonne puis le fil s’active et j’entends un: « Allô » et cette voix, cette voix, je peux expliquer ce qu’elle me fait là maintenant. « Allô fils » répondis-je le sourire aux lèvres. « Papa, c’est toi?! ». « Oui c’est bien moi Carl. Comment te portes tu?! » demandais-je à mon aîné. « Je vais bien papa. Et toi?! » « Je vais bien également mon fils. Et ton frère?! » « Il est encore endormi. Mamie et papi aussi. » « D’accord, c’est bien mon fils. Et toi pourquoi tu t’es réveillé si tôt ?!» « Euh..j’ai été réveillé par une petite migraine » « Je vois mais t’as pris des calmants au moins?! » « Oui déjà et je crois que le mal passera d’ici là » « C’est bien mon fils. Oui ta migraine va passer. » Deux secondes de silence s’installent ensuite. C’est comme ça avec Carl. Il n’est pas très bavard. Et faut dire aussi que mes enfants m’en veulent. « C’est quand tu reviens nous voir?! » « Euh..j..bientôt Carl. Très bientôt. J..j’ai deux trois petits trucs à faire. Après ça, je viendrai. » « Toutes les façons, t’as toujours deux trois p’t**s trucs à faire.. », lance Carl très ironiquement. « CARL! », entendis-je une voix l’appeler de l’autre côté du combiné. C’est ma mère. « Oui mamie », répond mon fils sans pour autant raccrocher. « Je peux savoir à qui tu parle mon chéri?! », questionne ma mère qui est maintenant très proche de lui je crois. « Papa ». La seconde d’après, des sifflements me font comprendre que Carl vient de remettre le combiné à ma mère. « Arthur comment tu vas?! », me demande-t-elle immédiatement. « Je vais bien maman. Et toi?! » « Tu pourrais mentir à tout le monde sauf à moi Arthur. Je sais que tu ne vas pas bien. », affirme-t-elle et je comprends déjà où veut-elle en venir. « Et papa?! », la questionnais-je afin d’esquiver ce qu’elle vient de dire. « Ton père va bien. Il dort encore. Aron aussi. J’espère que tu prends toujours tes comprimés? » « Oui maman, t’inquiète pas pour ça. Bien, j..je vais rappeler plus tard pour savoir si Aron est réveillé. Je voudrais lui parler aussi. » « Tu pourrais simplement venir les voir. » « Je le ferai maman. » « Quand?! », réplique-t-elle sèchement. « Bientôt. » « Bientôt mais quand?! » « p****n, ME CASSES PAS LES COUILLES! J’AI DIS BIENTÔT! », perdais-je contrôle. Un silence pesant s’installe. Et lorsque je me rends compte que je venais de hurler sur elle: « Désolé, désolé maman. Je voulais pas..suis désolé. Je rappellerai plus tard pour parler à Aron. Merci à papa et toi de vous occuper d’eux. Prenez soin de vous.» Puis je raccroche. Merde! Fait chier! Je passe nerveusement ma main dans mes cheveux que je tire en arrière. Je ne contrôle plus maintenant mes tremblements. Je respire de grosses bouffées d’air. Je sens ma poitrine se compresser. Je me bouche les oreilles de mes mains à cause du bourdonnement que j’entends. Toujours le même scénario. Et à chaque fois, il me faut supporter toutes ces sensations jusqu’à ce que je me calme. Il aurait suffît que je prenne mes comprimés et ça serait rapidement passer. Mais cela fait maintenant six ans que je ne les prend plus. Personne n’en sait rien. Pour eux c’est que je continue d’ingurgiter ces drogues. Sauf qu’ils n’ont pas idée. Personne n’a idée de ce que ça me fait de les avaler. Je me sens vulnérable, dépendant d’un t’as de pilules pour aller mieux. Alors que non. NON! Je peux très bien me contrôler sans tout ça. Et je m’en sors très bien d’ailleurs. J’ai dormi pendant six ou sept heures de temps. J’en sais rien. Le plus important, c’est que j’ai retrouvé un semblant de calme. J’ai terriblement chaud. Je jette un œil à l’horloge: dix-sept heures trente-trois minutes. Ça va. J’ai encore une heure et plus pour me préparer afin d’arriver à temps pour le rendez-vous. Elle a dit pas de retard. Mon respect ou pas de l’heure pourrait refléter ce que je suis concernant mon travail. Alors mes jambes s’activent machinalement vers ma chambre.
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