Le rendez-vous

1305 Words
Bristol. Conoration Curry House. Dix-neuf heures dix minutes. J’ai choisi une table un peu à l’abris des regards. Nous devons parler calmement. Je jette un énième coup d’œil à ma montre. Je balaie la salle du regard. C’est bondé de monde par ici. Des amis, des couples, des familles qui discutent joyeusement autour d’une table. L’atmosphère est conviviale et agréable. Ça me fait du bien. Ça me rappelle le bon vieux temps. Daphné, la petite et les garçons. -Monsieur BROWN Arthur. Me sort subitement une voix de ma mélancolie. Je pivote vivement la tête vers la provenance de ce son puis je tombe tout d’abord sur des escarpins rouge verni. Mon regard remonte ensuite le long de ce corps puis je tombe sur de belles jambes fines et bronzées, une mini jupe crayon de couleur noir. Mes yeux continuent leur voyage pour découvrir une veste rouge en dessous de laquelle, je peux apercevoir un chemisier noir. Mes yeux finissent leur ascension sur un visage: un visage lumineux. Des yeux en amande qui ne me quittent pas une seconde. Une mâchoire légèrement carrée au niveau des contours. Des lèvres pulpeuses recouvertes par une matière brillante et rouge: du rouge à lèvres. Un nez. p****n qu’il est parfait! Il est fin et moyen. Et enfin une coupe carrée qui arrive au dessus des épaules. J’ai l’impression que sa peau est légèrement bronzée, dans le genre d’une Brésilienne. -Désolé du retard et vous inquiétez pas, je pourrai vous filer des photos de moi à la fin de ce dîner. Me sort-elle de mon analyse. -Euh..désolé si je vous ai mis mal à l’aise..je-, balbutiais-je. -C’est rien, j’ai déjà l’habitude. Alors Monsieur Arthur, je me permets de prendre place. Annonce-t-elle en s’asseyant sur la chaise en face de moi. -Oui tout à fait. Allez-y et soyez la bienvenue. Avançais-je. -Merci. Bien, commence-t-elle en ouvrant le carnet qu’elle avait en main, elle muni ses doigts fins d’un stylo et note quelque chose avant de relever la tête vers moi: JOHN Camille. Trente deux ans, divorcée et mère d’une magnifique petite fille de cinq ans. J’ai sept ans d’expérience dans ce métier. Enchantée de faire votre connaissance, finît-elle en tendant sa main que je m’empresse de serrer. Et j’ai tout de suite aimé ça. J’ai même eu envi de recommencer encore et encore. -Je suis..enchanté également, commençais-je à mon tour. Arthur BROWN, quarante deux ans, divorcé également. Père de trois enfants. Une fille et deux garçons. Mais j’ai malheureusement perdu ma fille lors d’un accident. -Toutes mes condoléances Monsieur Arthur. Elle doit être fier de vous depuis là haut. Je laisse un sourire ironique s’échapper d’entre mes lèvres. -Fier, vous dites?! On dirait que vous ne savez encore rien de mon parcours- -Je sais tout. C’est la première chose que nous faisons. Alors je sais pour le succès que vous avez eu ainsi que cette chute drastique. Vous marquez deux premiers points. D’abord pour avoir été à l’heure et ensuite pour votre franchise. M’informe-t-elle en notant dans son carnet. -C’est tout à mon honneur. Alors..ce dîner.. commençais-je un peu confus. -Au téléphone, nous n’aurions pas pu dire toutes ces choses. Et la connaissance physique est très primordiale. Depuis le début de notre conversation, mes yeux ne l’ont pas lâché une seconde. Et elle non plus. -Vous avez raison. Je me permets de vous dire que vous êtes magnifique. La complimentais-je. -Merci. Vous n’êtes pas mal non plus. Répondit-elle. -Merci à vous. Nos regards se perdent un petit moment l’un dans l’autre. Cette femme m’a littéralement sauvé la vie hier soir parce que je l’aurais fait. Je n’avais plus aucun espoir. C’est mon sauveur je dirai. Mais est-ce nécessaire de le lui avouer. Non. Elle me prendrait pour un imbécile. -Bonsoir Monsieur et Madame, avez-vous déjà choisi?! Lance une voix qui vient interrompre ce eyes contact. Je pivote la tête vers la provenance de la voix. C’est une serveuse. Alors sans plus tarder, Madame Camille et moi lançons nos commandes. Après quoi, la serveuse nous tourne le dos et s’en va. Je rapporte toute mon attention vers elle. -Alors Monsieur Arthur, d’après mes recherches, j’ai constaté que vous n’avez pas de genre particulier. -C’est exact. -Mais, notons que le genre vers lequel vous vous penchez plus est la romance. -Oui, c’est bien ça. -Alors ma question serait de connaître votre motivation. -Euh..mon ex femme tout d’abord. C’était elle ma première motivation. Elle et moi sommes passés par plusieurs épreuves. Elle me disait à quel point j’avais du talent. Et je voulais transcrire par mes livres, la force et l’influence que peut avoir l’amour dans nos vies. Et quand je dis l’amour, ce n’est pas seulement envers une femme ou un homme. Non, je parle aussi d’un amour fraternel, maternel ou paternel. Et la deuxième chose qui m’inspire, c’est ma passion pour la lecture. Vous voyez quand vous lisez un livre qui vous emporte, qui vous fait vivre l’histoire au lieu de la lire, il y a cette sensation de joie et d’excitation qui vous anime. Alors je dirai que j’écris pour être l’auteur de cette sensation auprès de tous mes lecteurs. -WoW! Je crois que vous avez été très précis. Ça saute aux yeux que vous aimez encore votre femme. -C’était..une femme exceptionnelle. Affirmais-je, le regard perdu dans le vide. -Je ne suis pas sure qu’employer l’imparfait serait l’idéal pour parler d’elle, non?! Elle est pas morte, rassurez moi?! -Euh..non..non..pas du tout. Elle s’est juste remariée. -Ah! Bien. Je crois que nos commandes sont là. Je me retourne pour tomber sur la serveuse avançant vers nous, un grand plateau en main. Elle nous sert rapidement avant de partir à nouveau. -Bon appétit Monsieur Arthur. -Merci. Bon appétit Madame Camille. Répond-t-elle en hochant positivement de la tête, le sourire aux lèvres. Quinze minutes plus tard. -C’était bon. Affirme-t-elle en buvant une gorgée de son Mojito. -Je confirme. Ce café restau n’est pas loin de chez moi, vous savez. Mais je n’y avais jamais mis les pieds. -Et bien dites moi merci alors. Vous feriez plus souvent un tour par ici. -Merci. Et oui, je viendrai plus souvent ici désormais. -C’est moi. Je crois qu’il est temps de parler du plus important. -Je vous écoute. -Pan Macmillan fait partie des meilleures maisons d’édition en Angleterre. -Je suis au courant. -Il faudrait donc que vous nous proposiez une œuvre digne du nom! Sans quoi, pas de signature de contrat. -Ce qui est tout à fait normal! -Euh..vous avez un travail en cours ou déjà terminé?! Oui mais est-ce que ce livre sera à la hauteur de Pan Macmillan. J’hésite. Je ne supporterai pas de subir un autre échec alors qu’est-ce-que je fais merde! -Monsieur Arthur?! Me sort-elle de ma réflexion. -Désolé..désolé. Pour votre question, oui. Oui, j’ai un livre déjà terminé mais je doute- -Très bien! Je peux l’avoir?! Me coupe-t-elle. -Oui, un instant. Vous me permettez?! Le livre est dans la voiture. -Allez-y donc! Je m’empresse de quitter la table et en quelques secondes je me retrouve devant ma voiture que je ne tarde pas à débloquer. J’ouvre la portière avant de me hisser à moitié à l’intérieur puis je saisis rapidement l’objet de ma quête avant de me redresser. Je referme la portière, verrouille la voiture et me dirige de nouveau à grand pas vers le café restau. -Vous l’avez?! Me demande Madame Camille lorsque je ne suis plus qu’à cinq mètres de notre table. -Oui, je l’ai. Répondis-je en agitant le livre dans ma main avant de m’asseoir. -C’est génial! Il parle de quoi?! -De mon histoire. -Ooh!! Intéressant. -Tenez donc. Je lui tend le livre qu’elle prend émerveillée. -Je vais donc le lire. Ensuite, je ferai un rapport à l’éditeur puis je vous ferai un retour. En moyenne, la phase d’examen de l’œuvre proposée prend deux semaines environ. -Ça me va.
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