Chapitre 2

781 Mots
Chapitre 2Elle s’étonna : — Pourquoi dommage ? Il éluda : — Bof… pour rien. Elle le regarda avec curiosité, si bien qu’il se crut obligé d’en dire un peu plus : — Quelqu’un que j’aime bien risque d’avoir de sérieux ennuis… Mary répéta : — Il risque d’avoir de sérieux ennuis ? Perrin rectifia : — Elle risque d’avoir de sérieux ennuis ! — J’aurais dû me douter qu’il y avait une nana là-dessous ! s’exclama Mary. Il se redressa, à demi vexé : — Ce n’est pas ce que tu crois. Elle brandit ses mains ouvertes devant elle : — Je ne te demande rien. — C’est la femme d’un copain qui les a, les ennuis. Lui n’en sait rien encore, mais quand ça va lui tomber sur la tête, gare ! Surtout que Chasségnac l’a dans le nez. Mary ironisa : — Chasségnac a quelqu’un dans le nez ? Ce n’est pas son genre. — Disons que c’est plutôt son successeur présumé, le commandant Ponchon. Il a senti un rival potentiel en la personne d’un autre flic du commissariat, le commandant Borrigneau. — Borrigneau, c’est le mari de ta nana ? — Ouais ! Mais ce n’est pas ma nana. Ponchon a sur lui l’avantage de l’ancienneté et n’entend pas lui faciliter les choses. — Rien que de très classique, nota Mary, querelle de pouvoir… Reste à savoir lequel mangera l’autre. Perrin fit son pronostic : — Pour le moment c’est Ponchon qui a pris l’avantage. Il paraissait le déplorer. Mary demanda : — Qu’a donc fait la femme de ce Borrigneau ? — Une connerie ! Elle a piqué un manteau de fourrure dans un magasin. Mary le regarda, intriguée : — Tu me charries ? — Hélas non. Un vison à cinq plaques… Elle écarquilla les yeux : — Cinq mille euros ? — Comme je te le dis. — Ben dis donc, elle ne se mouche pas du coude, ta nana ! Perrin dégagea sa responsabilité vite fait et répéta : — Ce n’est pas ma nana, je te dis. — Et elle s’est fait gauler ? — Même pas ! Elle a agi à un moment opportun, quand les agents de sécurité opèrent leur rotation. — C’est donc dans un grand magasin que le vol a eu lieu ? — Oui, chez Spark & Menser. Mary connaissait cette chaîne spécialisée dans les produits Old England, surtout fréquentée par une clientèle aisée. — On peut donc piquer un manteau de fourrure chez Spark & Menser ? ironisa-t-elle. Ils doivent pourtant disposer de moyens de contrôle sophistiqués… — En effet, confirma Perrin. — C’est ton agence qui s’en occupe ? Perrin hocha la tête. — Ouais… — Peux-tu m’expliquer comment ça se passe ? — Tu veux dire comment est organisée la surveillance ? — Oui… — C’est tout ce qu’il y a de plus classique : après vingt heures, à la fermeture, un veilleur de nuit prend la garde et effectue des rondes dans les locaux. Il est relevé à six heures par deux agents de sécurité qui décrochent à treize heures, relevés à leur tour par deux autres agents qui sont sur le site jusqu’à vingt heures et qui ne quittent pas l’établissement tant que le veilleur de nuit n’est pas sur place. — Donc la surveillance est assurée vingt-quatre heures sur vingt-quatre… — Tout à fait. J’ajoute qu’il y a également des caméras qui surveillent les rayons. Mary s’étonna : — Et personne n’a rien vu ? — Non, c’est le chef de rayon qui nous a prévenus de la disparition de ce manteau le lendemain matin. Mary réfléchit : — Pour autant que je sache, dans ce genre de magasin les vêtements portent une sorte de gros badge impossible à enlever sans un outil spécial, non ? Perrin acquiesça : — Tu as tout à fait raison. Et si ce vêtement badgé passe à une caisse, une alarme se déclenche. — Donc, a priori, ce manteau n’aurait jamais dû pouvoir sortir sans que la surveillance s’en aperçoive. Perrin acquiesça une nouvelle fois : — Et pourtant il est sorti. Elle sourit : — Voilà qui est bien mystérieux. Comment expliques-tu cela ? — Entre la relève des agents, soupira Perrin, il y a toujours quelques minutes de battement. Les gars de l’équipe montante et ceux de l’équipe descendante se connaissent. Ils se retrouvent au vestiaire pour changer de tenue et, c’est humain, ils restent quelquefois discuter. — Il y a donc un court laps de temps pendant lequel il n’y a plus aucune surveillance. — Hors celle du personnel des caisses, évidemment. — Il y a donc une complicité à l’intérieur de l’entreprise… — C’est la conclusion à laquelle je suis arrivé, approuva Perrin car c’est vraiment étroit comme créneau. Il paraît difficile de s’y faufiler en se fiant au hasard. Il leva les épaules : — Cependant, il y a près de trois cents employés… Dénicher le coupable c’est chercher l’aiguille dans la botte de foin. Pour ta gouverne, nous avons retrouvé le badge dans une cabine d’essayage. — Il était endommagé ? — Non. Pourquoi ? — Parce qu’il aurait pu être forcé à l’aide d’une pince coupante par exemple. S’il était intact, cela indique que le ou la voleuse disposait de l’outil spécifique utilisé par les caissières pour le retirer. — Probablement. — Où sont planqués ces outils ? — Il y en a un à chaque caisse. — Ils y sont toujours ? Le front de Perrin se plissa : — Comment… — Tu as vérifié s’il n’en manquait pas ? — Non… Mary remarqua : — C’était la première chose à faire ! Perrin n’avait pas l’air convaincu de l’utilité de cette démarche. Mary le regardait, intriguée. — Qu’est-ce que tu ne m’as pas dit, Frank ? Perrin eut un sourire contraint : — Je ne t’ai pas dit que j’avais retrouvé le manteau.
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