Chapitre 3

1627 Mots
«On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.» Antoine de Saint-Exupéry Il faisait une chaleur insupportable. Les embouteillages n'arrangeaient rien à cela. Salimata était en train de se faire une place à travers les bus, cars rapides et marchands ambulants. Dakar était vraiment une ville mouvementée. Elle regretta instantanément de ne pas avoir fait appel à son chauffeur. Elle augmenta la climatisation de la voiture et se gara une fois arriver en ville. Elle avait quelques courses à faire avant d'aller passer voir sa mère. Quelques tètes se retournèrent pour l'admirer. Elle sortit et rentra dans un magasin de bijou. Elle devait sortir ce soir et cherchait quelque chose à porter. Clair de peau et grande de taille, Sally était très belle. Elle paraissait surtout très sophistiquée. Elle avait cette élégance naturelle des grandes dames. Sally la belle, comme aimait la surnommer son père avait cependant ce regard froid et calculateur. Elle pouvait paraitre intimidante et hautaine pour ceux qui ne la connaissaient pas. Les seules personnes qui trouvaient grâce à ses yeux étaient sa famille et son mari. Adama représentait pour elle tout ce qu'elle avait toujours cherché chez un homme. Beau, riche et intelligent. Il y'avait aussi cette entente physique entre eux qu'elle n'avait connu avec personne d'autre auparavant. Sally était une femme forte mais surtout ambitieuse. Elle prit ses paquets et se dirigea chez ses parents, heureusement qu'ils habitaient eu aussi  en ville se dit-elle. Elle n'avait pas le courage d' affronté la chaleur pour plus longtemps. Elle avait besoin d'allé parler à sa mère. Sally et sa mère Ramata ne restaient jamais plus de vingt-quatre heures sans se parler ou se voir. Elles étaient très proches et comme le disait le dicton dans ce cas : « telle mère, telle fille ». Lorsque le gardien ouvrit enfin la porte, elle lui dit bonjour rapidement et monta directement dans le salon d'en haut. Elle savait où trouver sa mère. Elle trouva cette dernière allongé sur le tapis, un coussin à l'appui en train de se faire faire des cauris par une amie.  Ramata était habillée d'un boubou en coton multicolore accompagné d'un foulard attaché à la mode des grandes dames. Elle avait les poignets couverts de bijoux en or. Elle posa son regard sur sa fille. -Bonjour mère, bonjour Astou ! -Comment ça va ma fille? - Ça pourrait aller mieux répondit cette dernière. Elle se laissa tomber sur un fauteuil à côté de sa maman. -Astou! Dit automatiquement Ramata fait les cauris ( Petits coquillages blancs qui servent à lire l'avenir ) pour Sally comme elle est là. Sally, refusa net. -Non, maman ça ira. Tu sais bien que je n'aimes pas les cauris. C'est plein de mensonges et de préoccupations. Je préfère me baser sur des faits réels et du concret pour gérer mes problèmes et mon futur. Astou qui continua quand même à lancer ses cauris ; s'arrêta un moment. Elle garda le silence. -Qu'est ce qui ne va pas ? lui dit Ramata. Tu as vue quelque chose ? Cette dernière garda un air pensif. -Ah ! Sally, je sais que tu ne crois pas en mes cauris mais je te recommande de faire sortir de la charité des que tu peux. Sally qui ne parut pas inquiète du tout lui répondit négligemment. - Oui, je le ferais Inchallah. Elle jeta un coup d'œil à sa montre. -Mais Astou, laisse-moi discuter avec ma mère. Je n'ai pas beaucoup de temps et j'ai encore des courses à faire. Adama et moi sommes invités ce soir. La mère et la fille attendirent un moment pour laisser à Astou le temps de s'éclipser. -Maman, commença Sally. Adama m'inquiète. En ce moment, il est très stressé. Apparemment Baba ne va pas bien. J'ai même peur qu'il me demande d'aller habiter là-bas. Hier nuit, il est rentré à presque trois heures du matin pour se réveiller à six heure. Tu t'imagines ? Sa mère se releva et fit clignoter ses bijoux. -Pourquoi tu t'inquiètes ? Connaissant Adama il a surement une bonne raison. Laisse-lui du temps. -Oui mais c'est juste que son humeur est changeante. Je ne sais pas trop sur quel pied danser avec lui en ce moment. Il est calme et ne me dit rien. -Tu connais ton mari mieux que quiconque. Pour un petit changement d'humeur, tu t'inquiètes comme cela toi aussi. Supporte ma chérie et soit patiente. Sally insista quand même. -Il communique à peine avec moi. Maman, je connais Adama et je sais qu'il y'a quelque chose qui le tracasse mais c'est la première fois qu'il agit de cette façon avec moi. Sally et Adama s'étaient connus en France il y'a quelque années de cela. Pendant que l'un y était pour les études et l'autre pour les vacances.   Le coup de foudre avait été instantané. Sally avait eu d'autre copains mais aucun n'avait été à la mesure d'Adama. L'attraction physique entre eux avait été innée. Elle connaissait la famille d'Adama de réputation et après l'avoir connu s'était jurée un jour d'y faire partie. Les choses s'étaient passées très vite ensuite. Ils avaient eu des hauts et des bas comme tous les couples et s'étaient même séparés à un moment. Adama trouvait Sally trop capricieuse et cherchait à se concentrer sur ses études. Réalisant qu'elle était enceinte, Sally était allée le voir dans l'idée de trouver une solution. Adama paniqué au début avait finalement décidé de prendre ses responsabilités et de l'épouser malgré le refus de sa famille. Baba avait refusé net, lui faisant savoir qu'il ne pouvait en aucun cas épouser une femme enceinte selon les préceptes de l'islam.   Devant l'insistance de son petit-fils , il avait essayé de le persuader d'attendre un peu au moins avant de s'engager. Adama s'était finalement résigné à attendre mais Sally avait malheureusement perdu l'enfant à quelque mois de grossesse. Adama malgré cela et en digne chevalier avait refusé de l'abandonner et quand même insisté pour l'épouser après sa fausse couche et contre l'avis de tous. Cinq ans plus tard, ils étaient toujours ensemble et elle lui en était pour cela infiniment reconnaissante. Salimata n'était pas perdante et avait savouré sa victoire avec délice par rapport à la famille d'Adama. Après que le mariage fut célébrer et malgré ses réticences au début , elle avait fini par accepter de s'installer chez sa belle-famille. Sally malgré tous ses efforts pour se faire intégrer dans la famille n'avait jamais réussie à percer le cœur de Baba. Ce dernier ne lui avait jamais montré son empathie directement mais pendant tout son séjour à la maison, l'ignorait complètement. Yaye Racky par contre avait essayé de faire des efforts et de supporter sa belle-fille mais il n'y avait juste pas de connexion. Depuis lors, il s'en suivait une relation paisible mais froide. Sally qui était habituée à être le centre d'intérêt avait eu du mal à accepter cette situation mais elle gardait au moins l'affection de son mari. Les grands parents d'Adama n'avaient tout simplement pas aimés la pression que Sally et sa famille avaient fait subir à leur petit fils. Coumba quant à elle n'avait jamais accepté de prendre un parti. Elle aurait aimé que tout le monde puisse s'entendre et vivre paisiblement mais malheureusement aucuns des partis n'étaient prêt à négocier. Elle voyait juste à quel point la situation pesait sur son frère. Adama qui ne voulait pas abimer sa relation avec ses grands-parents plus longtemps décida de déménager pour plus de tranquillité. Il commençait juste à diriger l'entreprise familiale après que son oncle Birane n'ai rejeté le poste. Il avait alors besoin de concentration. Birane marié à une américaine et installé là-bas avait décidé de laisser l'entreprise aux mains de son neveu. Adama avait pris son rôle très au sérieux. Déjà tout petit Baba l'emmenait partout avec lui. C'est comme cela qu'il avait été familier avec les travaux de chantiers dès son plus jeune âge. Baba lui avait transmis l'amour de l'immobilier et de la construction. Adama s'était battu dur pour mériter son poste et aujourd'hui la compagnie lui devait presque tout. -Sally! Tu devrais rentrer chez toi et attendre ton mari. Je ne vois vraiment pas pourquoi tu t'inquiètes. C'est normal qu'une personne se sente stressée des fois. Mounial rek yow tam ( Supporte juste toi aussi). Depuis quand tu t'inquiètes comme cela pour un rien? Sally soupira de lassitude. -Oui, je crois que tu as raison. D'ailleurs on est invité chez Néné ce soir même si je ne pense pas qu'il voudra y aller. J'irais surement seule dans ce cas. Cela fait plus d'une semaine que Néné insiste pour que je passe la voir. -Oui, prend ton mal en patience. Depuis quand tu as des doutes sur ton mari? Reprend toi! -Tu as raison Yaye, peut être que j'exagère. Je vais suivre ton conseil et être patiente. Je rentre alors. Dit à Papa que je le salue. Elle sourit alors à sa mère. -D'accord ma fille! Salue moi Néné et arrête de stresser. Dit à Astou de monter, je l'attends. -Oui! À plus tard alors. Elle se dirigea vers la sortie mais n'était toujours pas rassurée. Je ne suis pourtant pas folle, se dit-elle. Elle avait un pressentiment. Elle n'arrivait pas à se l'expliquer mais elle savait que quelque chose tracassait son mari. Vêtue d'une belle robe en bazin ( Tissu lourd africain) blanc garnie de fils dorés et accompagnée d'un beau sac de marque, elle se regarda dans le miroir du salon et admira sa silhouette. Cela lui remonta un peu le moral. A défaut de ne pas pouvoir cerner les pensées de son mari en ce moment, elle savait quelles autre astuces utilisées pour le ramener à elle. Confiante, elle sortit.
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