***VOIX EXTERNE
En ce moment de la journée à marché Castor, Mamy la grande vendeuse d'arsenal de séduction et d'accessoires pour femme, est soigneusement assise sur sa natte entrain de filer ses perles de reins.
Malgré l'extrême chaleur qui régnait dans les lieux, elle restait concentrer et écoutait religieusement en même temps l'émission incontournable dénommé Xalass. À un instant donné, la voix d'une femme s'éleva.
-As'Salam'Waleykum. Dit la femme.
-Wa'Aleykum'Salam. Répondit-elle en levant les yeux vers la personne.
La femme en question, portait un grand boubou palmane qui était en parfaite osmose avec ses bijoux.
-Iow la Mamy Dieng ? (Est-ce vous Mamy Dieng ?) Demanda-t-elle en jetant un regard furtif dans la pièce.
-Waw mane la kay.(Oui elle-même). Asseyez-vous.
Mamy lui indique la chaise qui était en face d'elle.
-Et vous ? Questionna-t-elle.
-Une connaissance m'a dit qu'il y'avait quelqu'un qui vend de très bons pots encens, des pagnes, parfums entre autres et elle m'a indiqué ici. Elle s'appelle Arame Seck.
-Ah Arame c'est vrai kay. Bon comme elle vous l'a déjà dit tout est dans la boutique. Damay diay lépp lou djiguéne rék di sokhla si biir négou seuyam. (Je vends tout ce qu'une femme a besoin pour son ménage).
-Bien. J'aurai besoin d'un énorme panier de doxx dadié très bien préparé pour un mariage avec des pagnes troués, parfums de chambres, perles de reins, tout tout tout et ça dans trois semaines insha'Allah.
-Ça tombe bien car j'ai un arrivage qui arrive dans onze jours.
- Ok alors. Ça sera combien ?
-Deux cents mille.
La cliente sort dans son sac quelques liasses de billets qu'elle compte devant Mamy, qui a les yeux grands ouverts, stupéfaite de voir autant d'argent à sa guise.
-Tenez ! Voici une avance de cent mille. Beuss bou lépp maté na fi nieuw diokh la restant bi. Ma ngui dém.
(Quand tout sera fait, je reviendrai vous donner le restant. J'y vais).
-Pardon ! Est-ce que je peux savoir le nom ?
-Ndoumbé Bâ.
Juste après cela, elle quitte les lieux en ayant un sourire au coin des lèvres. Mamy comptait l'argent avidement n'en croyant toujours pas de tenir une telle somme avant même la moitié de la journée.
Bima dalé di diay ba lègui meussouma guiss louniou mél (Depuis que j'ai l'habitude de vendre, je n'ai jamais vu une chose pareille), songea-t-elle ayant soudain une humeur hors du commun.
***MÉRE NDOUMBÉ BÂ
Je viens de comprendre la fameuse citation qui dit que "Quand l'argent parle tout le monde se tait". Wallah je l'ai bel et bien compris. Mon amie Sara a bien raison sur cette Mamy; elle était tellement obnubilée par l'argent que je comptais, elle en bavait presque.
Plus conne qu'elle y'en a pas deux !
L'autre jour quand j'ai parlé avec mon amie sur mon désir à écarter Béssé sur la vie de ma famille, j'avais commencé quelques investigations de ma part et j'ai su par le biais d'une commère qui apparemment connait tout le monde à Dakar, que sa mére était une vendeuse et comme c'était une occasion pour moi, j'en ai profité.
Il ne me reste plus qu'à mettre ma nièce au courant pour qu'on forme un seul bloc.
Je ne leur veux rien de mal mais juste leur faire savoir que je ne les aimes pas. Je veux leur montrer qu'on ne boxe pas sur le même ring, et ça que ça soit financièrement et socialement.
***HAWA DIOULDÉ BÂ
Après avoir fait tout le tralala nécessaire, je me parfume une dernière fois avant de sortir direction Saveurs d'Asie où Béssé m'attends. En ce moment, j'ai réellement besoin de me vider la tête sinon je risque de devenir folle. Depuis que ma tante m'a mis au courant de l'intention d'Abdoul à vouloir prendre une seconde épouse après moi, je peux dire que je ne suis pas dans mon assiette. Je n'ai même pas pu dormir convenablement.
Comment peut-il envisager une telle chose ? Ou bien c'est le fait qu'il ne m'a pas encore vu ni vu mes formes généreuses qu'il se permet d'agir ainsi ? Ak nima Yalla déf nii masha'Allah.
Mon téléphone vibre. En parlant du loup, c'est lui qui m'appelle saxx.
-Hawa pourquoi tu m'harcèles d'appels depuis hier ? C'est quoi ton motif cette fois ? Tonna-il à l'autre bout.
-Salut Abdoul. Comment vas-tu ? Moi je vais bien al-hamdoulilah. Répondis-je amusée.
-Je suis pas ton égal. Cesse tes gamineries et fais vite.
Je soupire en roulant des yeux.
-Est-ce qu'on peut se voir aujourd'hui ? Maintenant même.
-Pourquoi ? Tu sais que je n'ai pas ton temps.
-Depuis que je suis revenue à Dakar, on s'est pas encore vu. Je ne sais plus rien de toi à part les appels qu'on échange. Tu me fuis limite je peux dire alors qu'on est appelé à se marier bientôt. Alors s'il te plaît ne serais-je qu'une fois de ton existence, je t'implore de m'accorder cela. Fis-je la voix enrouée.
Je sens ma gorge devenir sèche et mes yeux qui piquaient, signe que je vais bientôt pleurer. Quand il s'agit de lui, je deviens sensible voire ridicule car je l'aime même si je sais pertinemment que ce n'est pas réciproque. Mais je ne veux qu'un peu d'amour de lui, un tout petit peu bon sang. Est-ce trop difficile ?
-D'accord je te le concède pour cette fois-ci. Envoie l'adresse. Me dit-il.
-Merci. Sortis-je du bout des lèvres à peine audible.
L'arrivé du taxi et l'envoi du message étaient simultanés. Je paye avant de descendre.
Un fois que j'ai repéré mon amie qui était assise face à moi, en manipulant son téléphone, je me dirige vers elle. Elle avait sapé une combinaison blanc très classe avec des motifs de petits poids accompagné d'un foulard multicolore.
Je n'ai pas l'habitude d'apprécier la beauté d'une autre femme que moi, car je les vois tous comme des êtres insignifiantes à mes yeux, mais avec Béssé c'est différente. Elle est une femme hyper belle, qui sait allier l'habillement et la classe. En plus son teint clair sans taches, ni vergetures lui rend plus attirante. Dès fois sans le vouloir, je l'envie. Son fiancé a vraiment de la chance.
Bref.....
Arrivée à son niveau, je plaque deux bises sur ses joues avant de m'asseoir.
-Iow mom t'es la reine des retardataires. Taquina-t-elle en croisant les doigts.
-Tu sais que je n'ai pas de voiture tamit. Je suis obligée de prendre les taxis pour aller quelque part en plus des bouchons infernaux. Mais t'inquiète je vais bientôt y remédier.
-Waxal sa futur mari mou déf différence bok (Dis à ton futur mari d'objurguer sur cela).
-C'est ce que je vais faire insha'Allah. Bon t'as déjà commandé ou bien ?
-Non je t'attendais. Voyons voir.
Elle décide de prendre des crevettes sautés aux vermicelles, et moi une brochette de poulet à la citronnelle.
Une fois nos commandes apportés, nous reprenons la conversation.
-Alors dis moi, c'est quoi le problème avec ta future belle-mère ?
-Juste qu'elle est ingrate en plus d'être autoritaire. Elle veut que tout se passe comme ELLE, elle le souhaite et ça je ne l'accepte pas du tout. Peut-être qu'elle peut le faire avec son fils mais pas avec moi. Personne ne me dicte ce que je dois faire.
-Arrête avec tes conneries ma chérie et sois réaliste. Au moins, tu as la chance d'être tomber sur une belle-mère qui t'aime et veut ton bonheur, par contre ce n'est pas le cas pour d'autres.
-En tout cas, elle n'a qu'à profiter de la présence de son fils adoré car après le mariage même pour voir son vent saxx elle aura de sacrées problèmes.
-Xana sagno lolou kay ?(Tu n'oses pas faire ça quand même ? Rassure moi).
-Togual rék tay sétane ! Parlons d'autres choses.
Le serveur amène nos plats. Ce qui nous permet de prendre une pause et de déguster.
-Mais tu ne m'as jamais rien dit sur ton fiancé. Qui est-il ? Me demanda-t-elle.
-Pas besoin de le dire puisqu'il va venir nous rejoindre après. Fis-je simplement.
-Wa dis moi rék en attendant. Comment est-ce qu'il est ?
-Y'a rien de spécial à dire sur lui à part qu'il est charmant comme un prince de Galles, charismatique, gentil, sexy et la liste est loin d'être exhaustive.
-Waouh quelle description ! Montre sa photo pour voir son corps d'Apollon.
Subitement, une pointe de jalousie commença à naître à l'entente de cette phrase. Je n'aime pas la façon elle parle.
Certes je ne suis pas totalement sûre de tout ce que j'ai avancé sur Abdoul, mais je crois avoir réussi à forger une description assez typique de lui.
-Je crois pas en avoir désolé. Mentis-je le visage durci.
Elle fronce un sourcil et ne manque pas de rire à gorge déployée.
-Iow t'es jalouse nii ? Héé Hawa calme toi ok ? C'était juste une blague à part rien d'autre. Excuse moi mais franchement je ne savais pas que tu pouvais être aussi déraisonnée ou pire me jalouser outre mesure sur ce qui t'appartient. Tchiim nakaté ioe dal do wadia. Je te dis hein si c'était une autre fille que moi, elle n'aurait pas de problème à le piquer vu ton attitude là. En plus moi je n'aime que mon gars donc détends toi. Dit-elle avec ce mini sourire qu'elle continue toujours d'arborer du coin des lèvres.
Je me sentis honteuse après cette petite remontrance.
-Pardonne moi je ne voulais pas te vexer.
-Vexer ? Tu parles avec moi dei je te rappelle. Entre toi et moi y'a pas d'affaires de vexations. Lépp nice.
J'émets un sourire franc face à sa théorie désopilante. Toujours égale à elle-même. Une des qualités que j'admire le plus chez elle c'est qu'elle ne ne fâche pas rapidement et sait également garder sa joie de vivre malgré les difficultés.
Je tape quelque chose sur mon téléphone avant de lui tendre.
-Le voilà ! Regarde le doucement nak.
***BÉSSÉ GALLAY SOW
Tout un coup, mon sang ne fait qu'un tour et mon sourire commença à se dissiper peu à peu. Je sentais comme si on dérober le sol sous mes pieds.
Non, non et non c'est pas vrai ! Cela ne peut pas être vrai mon Dieu ?
Hawa est la cousine de mon Abdoul ? Celle que je prenais comme MA propre sœur va être la femme de mon homme !
Mes yeux piquaient à force de fixer l'écran. Avec les mains tremblotantes, j'ai réussi à déposer le téléphone sur la table.
-Ma chérie ça va ? Entendis-je dire.
-Euh.....non....sisi....oui.....putain ! Sortis-je en me tenant la tête entre mes deux mains.
J'étais dans l'incapacité de prononcer une quelconque phrase sans que mes larmes me trahissent. Comment suis-je censée me comporter avec elle maintenant tout en sachant qu'on va peut-être partager le même homme ? Arriverai-je à continuer cette amitié, qui désormais je suis certaine à 1000℅, ne se solderait que sur du mensonge ?
Et Abdoul dans ça, était-il au courant pour elle et moi ? Ou bien c'est peut-être Mére Ndoumbé qui a fait exprès d'occasionner ceci ?
Bon Dieu, y'a trop de questions qui se basculent dans ma tête.
-Tiens bois un peu d'eau. Me proposa-t-elle au bout d'un moment.
Je prends une seule gorgée avant de reposer le verre. Je respire et expire trois fois pour reprendre mon calme.
-Béssé qu'est ce qui t'arrive ? Tu me fait vraiment peur là.
-Non t'inquiète pas c'est rien de fâcheux. Juste mon asthme qui me fait réagir ainsi. Mentis-je, mine de rien.
-T'es asthmatique ? Depuis quand ça ?
-Quelques mois mais ça ne m'arrive que rarement.
-Ah d'accord. J'étais pas au courant.
Façon t'es au courant de rien, me dis-je à part-moi.
-Mais ton mec est beau masha'Allah. C'est une espèce en voie de disparition. M'exprime-je avec l'envie de pleurer.
-T'as vu ça. Ma tante m'a dit qu'il veut épouser une deuxième femme après moi. Tu crois ça normal ?
-Diadou woul dei mom(Ce n'est pas raisonnable). Répondis-je. Et que compte tu faire ?
-Moi ? Rien. Par contre ma belle-mère si. Néna dakoy serign tou nguir niom niarr niou mélni safarak thiass bou boba nak mane ma meuneu togu ni fakh sama place seuy seuy bi.
(Elle dit qu'elle va le marabouter pour que leurs chemins se séparent et ainsi il n'aura d'yeux que sur moi.)
-Anh bon ? Ces genres de pratiques sont dangereux et peuvent avoir des incidences tu sais ?
-J'en suis consciente mais puisque moi je n'aurai pas à être lier à ceux-ci rék ça me va. De plus pour moi, le mariage c'est lui, le chien et moi. Personne d'autre.
-Et t'as pas pitié de la fille ?
-Jamais ! Je ne l'a connais pas mais bon qu'elle aille se faire foutre. Si elle pouvait mourir même ça sera un poids de moins pour moi.
Je reste coi et l'écoute attentivement sans ciller. Pour dire vrai, j'avais pris la décision de lui dire la vérité quitte même à la laisser avec Abdoul, mais à force de l'entendre parler de cette façon, mes nerfs sont carrément en ébullition.
Non mais quelle s****e fait-elle !
Bizarrement, je suis pas du tout éberluée par ces révélations car venant de la mére d'Abdoul mom, on ne peut qu'à s'attendre au pire. Surtout quand il s'agit de moi particulièrement. Toujours la même question: Qu'ai-je bien fait à cette bonne femme pour qu'elle ne porte pas dans son cœur ?
Concernant Hawa, j'avais bien compris qu'elle n'aimait pas se rivaliser mais si elle ose mettre tous ses cartes sur table pour réussir alors là je n'y sais plus rien.
Sans le vouloir, je commence à taper frénétiquement du pied sur le sol essayant au maximum de ne pas lui sauter au cou. Mais j'avais d'autres projets pour elle et pour ça faut que je quitte les lieux toute de suite.
Avec promptitude, je règle mon horloge pour qu'il sonne, et ainsi me permette de simuler un appel.
-Puisque c'est comme ça, je te dis de foncer car franchement t'as gagné le gros lot, et dans tout les cas moi je te soutiens à mille pour cents.
-Merci ma belle. Raison de plus que je ne veux en aucun cas le partager.
La sonnerie de mon téléphone vient mettre à sa phrase.
-Oui Maman..... Quoi ? Louy lolou ? J'arrive j'arrive.
-Que se passe-t-il ?
-Désolé chérie mais je vais devoir y aller. Je dois régler quelque chose à la maison ?
-Non mais reste encore deux minutes. Abdoul va bientôt arriver.
-J'aurai bien voulu mais....ça sera la prochaine peut-être. Allez ciao.
Je prends mon sac à main et me dirige rapidement vers la sortie. Parallèlement, je vois Abdoul Khadr qui garait sa voiture sur le parking.
Pour l'empêcher d'accéder à l'intérieur, une seule idée m'est venue à l'esprit.
Je me traverse la route avec vitesse et me cache derrière une ruelle face à lui avant d'enrouler un pan de mon foulard sur l'écoute et l'appelle.
-Allô ! Fit-il au bout de la quatrième sonnerie.
-Mon...amour....snifff tu peux.....
-Hey Béssé pourquoi tu pleures ?
-J'ai mal....à l'hôpital....ma jambe s'est cassée....Aïe.....
Immédiatement, je raccroche et le regarde tournoyant sur lui-même, déboussolé. Il s'engouffre dans la bagnole sans crier gare, me faisant tordre de rire.
Ah ma très chère copine à nous deux maintenant !