Les Triplés Milliardaires S'emparent de New York

"Je ne sais pas combien on vous a payé, mais cela devrait être plus que suffisant pour vous taire. Si vous essayez de me contacter... Si j'entends un mot de cela venant de qui que ce soit... Ce sera la dernière chose que quelqu'un entendra de vous." Clac ! * * * L'écho de la porte claquant réveilla Lynn de son sommeil agité. Dix ans plus tard, cela l'affectait toujours. Dix ans et elle se souvenait de chaque détail comme si c'était hier, malgré tous ses efforts pour oublier. Le jour où elle avait enfin affronté son coup de foudre du lycée... le jour où il lui avait brisé le cœur et fait voler en éclats son monde. Il y a dix ans, Avalynn Carlisle était la cadette des deux filles nées de Emerson et Grace Carlisle. Sa sœur Marilynn était une véritable reine de beauté : grande et confiante. Avalynn, quant à elle, était ordinaire, petite et réservée. Elle ne pouvait jamais réseauter ou socialiser comme le faisait sa sœur, n'ayant qu'une amie proche tout au long de l'école primaire. Il y avait seulement un domaine où Avalynn se distinguait vraiment, et c'était la musique. Depuis l'âge de cinq ans, lorsqu'elle avait eu sa première leçon de piano, ses professeurs la complimentaient en tant que génie rare, douée. Lorsqu'elle jouait, le reste du monde cessait d'exister. Il n'y avait que elle et la musique. On la qualifiait de prodige, et à chaque fête organisée par ses parents, elle jouait pour les invités. Elle ne se rendait pas compte que cette attention suffisamment minime attisait la jalousie de sa sœur. Peu de temps après avoir obtenu son diplôme, Avalynn a remporté une place convoitée à la Juilliard School. Sa sœur a insisté pour qu'elles sortent et célèbrent, bien que Avalynn n'ait jamais bu avant. Elle ne savait pas à quoi ressemblerait l'alcool et elle ne se doutait pas que sa sœur la droguerait ni que Marilynn la mettrait dans le lit d'un homme inconnu. Mais c'est exactement ce que sa sœur a fait. Heureusement, l'événement a été flou et Ava ne se souvenait pas de l'acte proprement dit. Le lendemain matin était déjà assez traumatisant. Elle s'était réveillée avec un mal de tête lancinant, une soif intense et des douleurs terribles. Entièrement nue, avec une humidité collante entre ses jambes, Ava serra la couverture contre sa poitrine, essayant de reconstituer les événements de la veille. "Enfin réveillée, n'est-ce pas ?" Ava se figea devant la voix grave et dure. Elle la reconnut instantanément : Silas Prescott. Tout au long de l'école intermédiaire et du lycée, il régnait en roi. Star de l'athlétisme, il avait une assiduité impeccable et des notes parfaites. Il était la fierté de ses parents et l'unique héritier de leur empire commercial. Les filles se pressaient autour de lui, espérant qu'il les remarquerait. Si jamais il prononçait plus de deux mots à l'une d'entre elles, elles en parleraient pendant une semaine. À chaque bal ou événement social, il apparait avec une nouvelle conquête. Même sa sœur avait essayé de le séduire pendant un court moment, mais Silas n'avait aucun intérêt pour les filles du rival de son père. En tant que mur de soutien perpétuel, Ava l'observait de loin et secrètement nourrissait son propre béguin, sachant parfaitement bien qu'il ne savait même pas qu'elle existait, mais son dégoût total n'était pas quelque chose qu'elle attendait. Lorsque ses larmes se calmèrent enfin, elle regarda la table de chevet pour voir qu'il avait rédigé un chèque de cent mille dollars en laissant la ligne du paiement en blanc pour qu'elle la remplisse. Elle eut les larmes aux yeux en voyant cela et il lui fallut plusieurs minutes pour se calmer suffisamment afin de s'habiller. Indifférente à son apparence, Ava partit précipitamment, heurtant la femme de chambre dans le couloir. Marmonnant des excuses, Ava s'éloigna sans s'arrêter. Elle réussit tant bien que mal à rentrer chez elle, où elle s'effondra en larmes tandis qu'elle essayait d'effacer le souvenir sous la douche. On aurait pu croire que cela aurait suffi pour la vengeance de sa sœur, mais il n'en était rien. Des photos anonymes parurent bientôt dans les pages de ragots avec des titres tels que : Enfant doré disgracié ! Prodigy de la musique incontrôlable ! Sa mère éclata en larmes et son père se mit en colère. Aucun des deux ne voulait entendre son côté de l'histoire et ils l'ont mise à la porte sans même une valise ni même une veste. Sans argent, elle fit la seule chose à laquelle elle pouvait penser et appela son meilleur ami en appel collect. Trois heures plus tard, Tracy Lamont arriva en conduisant tout le chemin depuis Yale pour la sauver. Le trajet de retour à l'appartement hors-campus de Tracy dans le Connecticut fut suffisant pour raconter les détails de sa situation précaire. Même si Tracy était plus âgée d'un an et d'une année scolaire au-dessus d'elle à l'école primaire, les deux s'étaient immédiatement bien entendues. Fille de deux avocats, Tracy était une fille grande et athlétique avec des cheveux blonds sales. Il n'y avait jamais eu aucun doute qu'elle suivrait les traces de ses parents et poursuivrait activement les études pour assurer son avenir prédestiné. Tout au long du lycée, elle était la seule confidente d'Ava et la seule sur qui elle pouvait compter. Après avoir entendu les détails, Tracy était prête à retourner à New York complètement prête à affronter Marilynn. Avec une ceinture violette de Tae Kwon Do, Ava avait toutes les raisons de croire que son amie était parfaitement capable d'infliger la punition, mais elle la supplia d'éviter la violence. Au lieu de cela, elles ont acheté deux pots de crème glacée aux pépites de chocolat et ont regardé des comédies romantiques jusqu'à quatre heures du matin. Ava pensait que le pire était passé, mais Juilliard a annulé son inscription en affirmant qu'elle n'était plus adaptée à leur image. Quelques semaines plus tard, elle réalisa que ses règles, qui étaient toujours réglées comme une horloge, étaient en retard. Un test rapide à domicile suivi d'un voyage au Planning Familial l'a confirmé. Elle était enceinte. Tracy exigeait qu'elles retournent à New York pour confronter Silas, mais Ava refusa. Ses avertissements résonnaient encore clairement dans son esprit et elle n'avait pas le courage de le confronter. Après un long week-end de recherche intérieure, Ava prit finalement sa décision. Elle allait disparaître. Avalynn Carlisle était morte. Lynn Carter était née. Avec l'aide de Tracy, elle a obtenu un appartement dans le Lower East Side. C'était un deux pièces exigu loin de la vie nocturne de la région, mais c'était propre. Elle a trouvé un emploi dans un diner à proximité que le temps avait oublié. Il semblait avoir été directement tiré des années 50, mais le propriétaire était gentil et prêt à travailler avec elle lorsque l'inévitable se produisit et elle accoucha... de triplés. Un peu moins de huit mois après la trahison de sa sœur, Lynn donna naissance à une fille et à deux garçons : Alexis, Sean et Theodore. Tous semblaient en bonne santé. Lorsque Alexis eut trois ans, Lynn remarqua qu'elle avait du mal à voir dans la faible lumière de l'appartement. Plusieurs consultations médicales plus tard, le verdict tomba : rétinite pigmentaire. Sa fille perdait progressivement la vue. Ils ne savaient pas quand, mais Alexis deviendrait finalement complètement aveugle. Il n'y avait aucun moyen de l'arrêter. Peut-être pourraient-ils ralentir le processus, peut-être. C'était la première fois que Lynn s'effondrait en larmes depuis près de quatre ans, mais il n'y avait aucun moyen d'aider sa fille. Pourtant, si elle pensait que cette nouvelle causerait de la détresse à Alexis, elle se trompait. Alexis avait un esprit vif et un esprit indomptable refusant de céder au désespoir. Malgré la force d'Alexis, il n'y avait aucun moyen de battre la maladie qui lui volait lentement la vue. Pendant un certain temps, elle portait des lunettes, mais finalement son monde est devenu gris. Elle prétendait pouvoir encore distinguer la lumière de l'obscurité, mais pour naviguer dans le monde, Alexis s'appuyait désormais sur une canne et ses frères. Le trio avait toujours été proche, mais savoir que leur sœur perdait la vue ne faisait que les rendre plus protecteurs. Ils étaient inséparables maintenant et personne n'osait s'en prendre à Alexis de peur d'irriter ses gardiens dévoués, même si personne ne penserait à la harceler. Les enfants fréquentaient l'école publique Anna Silver où le trio se fit rapidement connaître. Leurs résultats aux tests étaient continuellement supérieurs à la moyenne. Bien que certains se plaignent qu'ils perturbent la courbe, les personnalités extraverties des triplés les rendaient populaires. Sean et Theo étaient tous deux des passionnés de basketball actifs, Sean ayant également un esprit doué pour la technologie. Mais Alexis était le véritable talent. Comme sa mère, Alexis avait de riches cheveux châtain et des yeux verts, et elle était aussi une prodige musicale. Quand les enfants étaient plus jeunes, Lynn jouait du piano, achetant un clavier assez cher pour s'entraîner, mais elle finit par arrêter, mais pas avant d'apprendre à Alexis à jouer. Comme sa mère avant elle, Alexis s'évadait dans son propre monde quand elle jouait et tous ceux qui l'entendaient ne pouvaient pas s'empêcher d'être touchés. Alors que sa mère était introvertie, Alexis était extravertie et amicale, ce qui lui valait un certain nombre de fans. Lynn était heureuse que ses enfants soient populaires et bien adaptés. Elle ne pouvait pas espérer plus, elle n'osait pas espérer plus. Maintenant, ils étaient en cinquième année et bientôt passeront au collège. Lynn espérait qu'ils s'adapteraient facilement dans la plus grande école, comme d'habitude. * * * Avec un soupir, Lynn se leva de son lit et se précipita vers la salle de bain. Il était cinq heures et demie et les enfants allaient bientôt se réveiller. Il valait mieux accomplir son rituel matinal avant eux, sinon ils seraient en retard. Après une douche, elle s'habilla avec la chemise rose pastel et la jupe qui composaient l'uniforme du diner. Comme le diner lui-même, c'était également tout droit sorti des années 50. Attacher ses cheveux ondulés naturels dans un demi-chignon, Lynn se dirigea vers la cuisine pour faire chauffer des biscuits de saucisse pour le petit déjeuner. Les garçons en auraient deux chacun, tandis que Lexi et sa mère se contenteraient d'un. En tendant la main vers le lait, Lynn a parcouru le contenu maigre du réfrigérateur. Hormis les produits de base comme le lait, les œufs et le beurre, la majorité était empilée dans des contenants à emporter en polystyrène du restaurant. Gretchen était une gentille gérante et Lynn se sentait extrêmement chanceuse. Lorsque les triplés étaient des bébés et jusqu'à ce qu'ils commencent l'école maternelle, Gretchen les autorisait à accompagner Lynn au travail lorsque cette dernière ne pouvait pas trouver de baby-sitter. Gretchen avait même acheté des jouets et des jeux pour les occuper pendant les longues heures de travail de leur mère. Très souvent, la vieille femme veillait sur les tout-petits comme une grand-mère protectrice. Sachant à quel point il était difficile de subvenir aux besoins de trois enfants en pleine croissance, Gretchen donnait souvent à Lynn les restes de nourriture à la fin de la journée. Elle prétendait que Lynn lui rendait service, car la nourriture aurait été jetée de toute façon, mais Lynn trouvait parfois des repas entiers : hamburgers, frites, pommes de terre rissolées et autres, complètement intacts. Même si Lynn ne pouvait jamais se résoudre à demander, elle soupçonnait que Gretchen préparait certains repas dans le seul but de les donner à elle et aux enfants. C'était un acte incroyable de générosité et de charité qui ne fonctionnait que si les deux parties l'ignoraient délibérément. Lynn utilisait tous les services caritatifs qu'elle pouvait, faisant régulièrement des voyages dans les banques alimentaires, les magasins d'occasion et endurait les railleries silencieuses des Services sociaux pour obtenir des bons alimentaires. A ce jour, personne à part Tracy ne connaissait la vérité sur la filiation des enfants. Gretchen savait seulement que leur père n'était pas dans le portrait, et même leurs certificats de naissance le mentionnaient comme inconnu. Les gens en tiraient leurs propres conclusions. La plupart pensaient qu'elle était une sorte de fille de joie ou extrêmement volage pour ne pas connaître le père des triplés. Lynn ne se donnait pas la peine de les corriger, car cela signifierait révéler la vérité. À la place, elle endurait la honte. "Bonjour maman", salua Alexis, toujours la première à se lever. "Bonjour, ma chérie", dit Lynn en posant une assiette avec son petit-déjeuner ainsi qu'un verre de jus d'orange. Avec une aisance pratique, Alexis se rendit au comptoir et s'assit sans besoin de sa canne. Dans un environnement familier, elle pouvait se déplacer en fonction de sa mémoire. Tant que les meubles restaient en place, elle n'avait pas à craindre de heurter accidentellement quelque chose. Alexis prit son sandwich et mangea contentement. Plus elle grandissait, plus sa ressemblance avec sa mère devenait forte. Même maintenant, Lynn était certaine que n'importe qui reconnaîtrait ses cheveux bruns et ses yeux verts. Heureusement, ils étaient loin des cercles que Lynn fréquentait autrefois, lorsqu'elle se faisait encore appeler Carlisle. "Bonjour maman ! Bonjour Lexi !" bâillèrent Theo et Sean enfin arrivés. Tout comme leur sœur ressemblait à leur mère, les garçons ressemblaient à des versions miniatures de leur père. Si elle y pensait trop, elle ressentait parfois des regrets et des pertes. N'ayant jamais voulu charger ses enfants de ses propres luttes, Lynn écrasait rapidement de telles pensées. Elle ne laisserait pas son amour sincère pour ses bébés être terni par l'infatuation de sa jeunesse. Si quelqu'un de son passé voyait les garçons, il ferait certainement le lien. Bien qu'elle sache cela, elle pensait que la chance était mince pour que leurs chemins se croisent un jour. Elle ne faisait plus partie de l'élite de la société et personne de ce cercle n'avait de raison d'explorer les bas-fonds de la société. "Bonjour les garçons", rit Lynn. "Avez-vous fini tous vos devoirs ?" "Oui, nous sommes prêts." "Bien. Oh Lexi, nous avons un rendez-vous chez le médecin aujourd'hui. N'oublie pas. Je viendrai te chercher à l'école." "Bien sûr, maman." "Cela signifie que Tracy viendra vous chercher, les garçons, d'accord ?" "Oui !" "Pas de soucis." Ils répondirent avec la bouche pleine de saucisses, œufs, fromage et biscuit.