bc

Magali

book_age0+
detail_authorizedAUTHORIZED
0
FOLLOW
1K
READ
like
intro-logo
Blurb

Extrait

| L’aube paraissait un peu brouillée, une lueur incertaine flottait sur la campagne à travers laquelle le train filait en jetant des coups de sifflets stridents. Dans le wagon, bien chauffé cependant, une fraîcheur pénétrait qui refroidissait la voyageuse malgré le vêtement fourré dont elle était couverte.

Peu à peu, Mlle Nouey sortait de la somnolence qui l’avait envahie depuis quelques heures. Ses yeux s’ouvrirent, sa main, par un geste machinal de femme soigneuse, lissa les bandeaux châtains qui encadraient son visage mince, un peu flétri. Elle se redressa enfin, complètement éveillée, secoua son vêtement, où s’étaient formés quelques plis... En même temps son regard se dirigeait vers l’autre extrémité du wagon.

Là se trouvaient une dame enveloppée d’une mante noire de piètre apparence et deux enfants de huit à dix ans. En montant dans ce compartiment au milieu de la nuit, Mlle Nouey les avait trouvés là... Et la dame avait conservé exactement la même position qu’elle lui avait vue alors, la tête tournée vers la vitre et cachée entre les mains, sans un mouvement autre que celui imprimé par le train.

En face d’elle, les enfants étaient immobiles, serrés l’un contre l’autre très éveillés, eux, et visiblement grelottants sous leurs vêtements râpés. Ils étaient tous deux minces et frêles, mais ne se ressemblaient pas ; la petite fille, qui semblait l’aînée, avait un visage au teint mat, aux traits un peu forts, et une superbe chevelure blond cendré tombant en deux longues nattes sur ses épaules. La physionomie du petit garçon était fine, plus délicate ; son teint ressortait, très blanc, près des boucles brunes qui ombrageaient son front...|

chap-preview
Free preview
I
IBien que son front ne brillât que de jeunesse ; bien qu’elle n’eût ni diadème d’or ni manteau de Damas, je veux qu’en gloire elle soit élevée comme une reine. F. Mistral. Mireille. L’aube paraissait un peu brouillée, une lueur incertaine flottait sur la campagne à travers laquelle le train filait en jetant des coups de sifflets stridents. Dans le wagon, bien chauffé cependant, une fraîcheur pénétrait qui refroidissait la voyageuse malgré le vêtement fourré dont elle était couverte. Peu à peu, Mlle Nouey sortait de la somnolence qui l’avait envahie depuis quelques heures. Ses yeux s’ouvrirent, sa main, par un geste machinal de femme soigneuse, lissa les bandeaux châtains qui encadraient son visage mince, un peu flétri. Elle se redressa enfin, complètement éveillée, secoua son vêtement, où s’étaient formés quelques plis... En même temps son regard se dirigeait vers l’autre extrémité du wagon. Là se trouvaient une dame enveloppée d’une mante noire de piètre apparence et deux enfants de huit à dix ans. En montant dans ce compartiment au milieu de la nuit, Mlle Nouey les avait trouvés là... Et la dame avait conservé exactement la même position qu’elle lui avait vue alors, la tête tournée vers la vitre et cachée entre les mains, sans un mouvement autre que celui imprimé par le train. En face d’elle, les enfants étaient immobiles, serrés l’un contre l’autre très éveillés, eux, et visiblement grelottants sous leurs vêtements râpés. Ils étaient tous deux minces et frêles, mais ne se ressemblaient pas ; la petite fille, qui semblait l’aînée, avait un visage au teint mat, aux traits un peu forts, et une superbe chevelure blond cendré tombant en deux longues nattes sur ses épaules. La physionomie du petit garçon était fine, plus délicate ; son teint ressortait, très blanc, près des boucles brunes qui ombrageaient son front. Le regard compatissant de Mlle Nouey avait eu vite fait d’embrasser tous ces détails. Elle était accoutumée à coudoyer bien des misères cachées dans ses visites à travers Paris et Londres, elle avait un flair quasi infaillible pour discerner les pauvres honteux... Et quelque chose s’éveillait dans son cœur devant, ce trio inconnu, devant la gravité mélancolique empreinte sur ces pâles visages d’enfants dont l’extrême distinction l’avait aussitôt frappée. La portière fut tout à coup ouverte, un contrôleur parut sur le seuil... – Vos billets, s’il vous plaît. Mlle Nouey tendit le sien... Les enfants tournèrent la tête, mais la dame ne bougea pas. – Vos billets, madame ! dit l’homme en haussant la voix. Pas de réponse. – Elle dort bien, cette dame ! observa-t-il, vous ne savez pas où sont ses billets, les enfants ! – Si, je sais, dit la petite fille avec un léger accent anglais. Ne réveillez pas maman. Elle se leva, prit un sac posé près de sa mère et en sortit trois billets. – Ce sont des billets de troisième... et vous êtes en première, ici ! Eh bien ! vous ne vous gênez pas ! – Nous sommes en première ? dit la petite fille en le regardant avec surprise. Nous ne savions pas... Maman était si fatiguée qu’elle est montée dans le premier wagon venu. – Oui, racontez-moi des histoires... Si vous croyez que ça va prendre ! Il faut payer le supplément ou sans cela... Un geste significatif acheva la phrase. La petite fille eut une exclamation d’effroi : – Payer le supplément !... Mais nous n’avons presque plus d’argent ! – Ça ne me regarde pas, il fallait faire attention... Allons, réveillez votre maman, je ne peux pas poser deux heures ici. Une expression de regret passa sur la physionomie de l’enfant, ses yeux, de magnifiques prunelles sombres et veloutées, enveloppèrent d’un tendre regard sa mère toujours immobile... Puis, se penchant, elle appela doucement en anglais : – Mamma ! Mamma ! La dame n’eut pas un mouvement... La petite fille leva vers le contrôleur un regard suppliant. – Je ne peux pas la réveiller, elle dort si bien ! – Ah ! mais, en voilà assez ! C’est moi qui vais m’en charger alors ! Mlle Nouey se levait pour mettre fin à cette scène pénible en payant le supplément demandé... Mais le train, passant probablement sur un point de la voie en réparation, eut une violente secousse qui la rejeta à sa place... Et là-bas l’inconnue, ballottée, tomba en avant comme une masse. Les enfants eurent un cri d’effroi, auquel répondirent une exclamation de Mlle Nouey et cette autre du contrôleur : – Mais cette dame est morte ! La petite fille se dressa debout, ses yeux dilatés enveloppèrent le visage tout blanc qui avait heurté la banquette, ses mains l’effleurèrent... Et, doucement elle glissa évanouie dans les bras que lui tendait Mlle Nouey. – Eh bien ! en voilà une histoire ! murmura le contrôleur. Heureusement encore que nous arrivons bientôt ! Mlle Nouey emporta l’enfant à l’autre extrémité du compartiment, elle fit de même pour le petit garçon qui demeurait immobile, tremblant de tous ses membres... Puis elle revint s’assurer que le contrôleur avait dit vrai. Hélas ! on n’en pouvait douter ! Une mort subite avait frappé cette femme, peut-être avant l’entrée de Mlle Nouey dans le wagon. – Pauvre créature ! murmura-t-elle en regardant avec une douloureuse compassion ce visage délicat, jeune encore, mais extrêmement flétri, cette chevelure brune, déjà semée de fils d’argent, et les petites mains, fort jolies de forme, mais brunies par des travaux de ménage. Paris approchait... Cinq minutes encore... Et, avec un soupir de soulagement, Mlle Nouey vit le train entrer en gare. Le contrôleur s’éloigna pour chercher de l’aide... Quelques instants plus tard, l’étrangère était emportée par deux hommes, tandis qu’un autre enlevait dans ses bras l’enfant toujours évanouie. Mlle Nouey suivit celui-ci, tenant par la main le petit garçon, auquel elle murmurait de douces paroles. Ce fut elle qui réussit, après bien des soins, à faire revenir la petite fille de son évanouissement. Elle redoutait beaucoup cet instant... Et, de fait, l’enfant, en se rappelant soudain ce qui s’était passé, eut une terrible crise de désespoir que Mlle Nouey ne put calmer qu’après de longs efforts. Mais il était navrant de voir cette petite figure désolée, d’entendre les sanglots du petit garçon agenouillé près de sa sœur. – Maman !... maman !... murmurait celle-ci en se tordant les mains. Ce n’est pas possible, madame, elle vit, n’est-ce pas ? – Ma pauvre chérie ! disait tendrement Mlle Nouey en la pressant dans ses bras. Et, apercevant une petite croix d’ivoire qui sortait du corsage de l’enfant, elle ajouta : – Vous êtes catholique, n’est-ce pas ?... Moi aussi. C’est un lien plus fort entre nous. Ma chère enfant... Eh bien ! pensez que votre pauvre maman est près du bon Dieu, qu’elle ne souffre plus maintenant, ma mignonne. – C’est vrai... Oh ! elle souffrait tant, ma mère chérie !... Mais nous ne l’avons plus !... Vous sommes seuls... seuls ! Oh ! maman, maman ! Elle eut une nouvelle crise de larmes que Mlle Nouey eut beaucoup de peine à calmer. L’enfant demeura ensuite immobile, absolument abattue et brisée. – Magali, Magali, ne va pas mourir aussi ! sanglotait son frère en lui serrant la main. – Non, mon Freddy, murmura-t-elle faiblement. Mais après tout, cela vaudrait mieux... Qu’est-ce que nous ferons sans maman ? Le chef de gare et le commissaire de police entraient en ce moment. Ils venaient chercher quelques renseignements près des enfants, le mince bagage de la défunte ne leur ayant fourni aucune indication. Sur l’alliance seulement étaient gravés ces deux noms : Éthel. – Luc. – 1880. – Comment vous appelez-vous, mes chers petits ? demanda Mlle Nouey en se penchant vers les orphelins. – Magali et Freddy Daultey, murmura la petite fille. – Et d’où veniez-vous ? – De Bombay. – Vous aviez des parents là-bas ? – Non, personne... Maman donnait des leçons de français et d’anglais. – Vous n’avez plus votre père ? – Non, il est mort voilà trois ans. – Avez-vous des parents en France ? – Personne non plus... Mais maman ne trouvait plus assez de leçons là-bas, et le climat la fatiguait beaucoup. Elle voulait, essayer en France ou en Angleterre. – Était-elle Anglaise ? – Oui, et papa Français, de la Provence. – Comment s’appelait-elle ? – Éthel Daultey. – Oui, mais de son nom, à elle ? – Je ne sais pas, madame. – Et vous ne connaissez aucun parent, ni en France, ni ailleurs ? La petite fille secoua négativement la tête. – Diantre, c’est ennuyeux, cela ! murmura le commissaire de police. Qu’allons-nous faire de ces mioches ? C’est dommage, ils sont gentils. – Je m’en charge pour le moment, déclara Mlle Nouey. Je ferai toutes les démarches pour savoir s’ils n’ont réellement personne au monde... Quant à la pauvre mère, ajouta-t-elle plus bas en s’adressant au commissaire de police, veuillez lui faire faire des funérailles religieuses convenables. Je prends à ma charge tous les frais. Il s’inclina et sortit de sa poche un calepin. – Ayez la bonté de me donner votre adresse, madame. – Mlle Nouey, hôtel de Volberg, rue de la Ville-l’Évêque... Je suis la lectrice de la duchesse de Staldiff, en ce moment de passage chez le comte de Volberg, son cousin, ajoutât-elle en manière de référence. – Très bien, mademoiselle... J’enverrai prendre vos ordres pour l’enterrement. Dois-je faire avancer une voiture ? Sur la réponse affirmative de Mlle Nouey, il s’éloigna aussitôt et, un peu après, un fiacre s’en allait de la ville, emportant l’excellente demoiselle et ses petits protégés blottis contre elle.

editor-pick
Dreame-Editor's pick

bc

Hell Hounds MC : Bienvenue à Serenity

read
2.0K
bc

Mon mariage inattendu devient une vraie histoire d'amour

read
2.9K
bc

La fausse amante de mon patron

read
4.1K
bc

LA VIERGE SOUS CONTRAT

read
3.1K
bc

J'ai Giflé Mon Fiancé et Épousé Son Ennemi Milliardaire

read
2.6K
bc

La Mariée Indésirable d'Atticus Fawn

read
6.1K
bc

Le regret de mon ex mari millionnaire

read
7.3K

Scan code to download app

download_iosApp Store
google icon
Google Play
Facebook