Le Cœur suit le Cerveau

Dans la pénombre, s'avançant avec classe et admiration vers cet homme qui lui faisait tant d'effet, elle n'osait pas le regarder dans les yeux, ayant peur qu'il découvre ses pensées les plus folles de cet instant. Aussi timide à l'extérieur que folle à l'intérieur, elle essayait au mieux de ne pas succomber. Comme dans sa grande habitude elle arrive toujours à dominer ce côté si farfelu de sa personne. - Tu es magnifique. - Merci, dit-elle timidement. - Je ne dis que la vérité, répondit-il en souriant. Montant dans la voiture, il ne la quitta pas des yeux et elle, elle faisait tout pour ne pas croiser son regard alors que son fort intérieur ne voulait que ça, un regard aussi perçant que magnifique pour se réjouir de l'effet qu'elle occasionne dans son entourage. Oui, ce genre de réjouissances est ce qu'elle cherche le plus dans le regard des autres mais jamais elle ne l'exposerait, seul son fort intérieur en était au courant, seul son âme était au courant de toutes les facettes de sa personnalité qui sont méconnues des autres. Tellement modeste à l'extérieur qu'elle parait gêner lorsqu'on la complimente. Certes modeste mais l'égocentrique et la folle en elle veulent souvent se manifester et c'est toujours sans compter sur la dominatrice hors pair qu'elle est ! Elle domine ses sentiments comme si elle n'avait pas de cœur, le cerveau était à la base de tous ses agissements et c'était aussi son cerveau qui dirigeait son cœur. Son cœur et son cerveau allaient toujours dans les mêmes directions, ils étaient en parfaite harmonie. Chez elle il n'y a pas de "c'est le cœur qui avait raison" ou le contraire ! Loin de là car soit ils sont d'accords soit ils sont d'accords ! Et s'il arrive qu'elle se laisse faire par la folie de certains instants c'est tout à fait avec l'accord de ces deux derniers. Ses actes sont mûrement réfléchis. Quand l'égocentrique, la manipulatrice, la hautaine, la bagarreuse, l'enfant, la douce, la sauvage, la timide, la vengeresse, la femme ou bien même l'homme en elle, fait son apparition c'est qu'elle sait dans quoi elle s'embarque. Pour qu'elle puisse aimer fallait que le cerveau donne l'accord au cœur. Et si tel était le cas, elle n'aimait pas seulement de tout son cœur mais aussi de tout son être. Malgré qu'elle puisse aimer de tout son être, une trahison ou bien un coup de crasse ne lui brise jamais le cœur au point qu'elle en devienne folle car elle est doublement protégée avec toute la prudence qu'elle met dans ses relations. Encore un exploit grâce à l'harmonie de ses deux organes de contrôle. Et cet homme qui conduisait tout près d'elle à cet instant est l'un de ceux qu'elle a pu aimer enfin apprécier est le mot qu'il faut dans son cas à elle. Les hommes qu'elle a appréciés n'étaient pas nombreux, très peu réussissaient à plaire à son organe central. - Dieu seul sait combien de temps j'ai attendu ce rendez-vous ! dit-il en lui jetant un regard. - Et si c'était le premier et le dernier ? Surpris par cette question, il se gara brusquement au bord de la route en regardant cette dernière. - Tu veux qu'on fasse demi-tour ? - C'est toi qui vois ! Sacrée femme ! Elle étonnera toujours par ses dires ! Sachant bien qu'elle voudrait que ce soit le premier d'une longue série, elle ne l'admettra jamais car c'est comme ça qu'elle contrôle la situation pour mieux se protéger. Elle feint toujours d'être désintéressée pour avoir l'avantage sur l'autre. Ils se croisaient souvent et se parlaient au téléphone souvent mais ils ne s'étaient jamais fixés de rendez-vous, c'était la première fois. Ce qu'elle ne savait pas c'est que cet homme était prêt à renoncer à ce rendez-vous car sa fierté et son éthique ne lui permettaient pas de dîner avec une personne qui ne le souhaite pas et qui sans qu'il ne sache pourquoi s'est sentie obliger d'accepter. Le problème est que cet homme n'a pas compris qu'elle s'amusait mais vu la manière dont elle l'avait dite il était difficile de savoir si elle était au sérieux ou non. D'un tour, il fit demi-tour sous l'incompréhension de la jeune femme. Dommage ! Elle aurait dû se taire.. - TU L'ARRÊTES NON ? criait l'hystérique en elle. - Jamais ! ______