Chapitre 3 - partie 1

1408 Words
Beverly Nous étions vendredi et un long week-end m’attendait. Heureusement, le premier cours de la journée commençait à 11 h. Je m'étais levée très tôt ce matin pour préparer le petit-déjeuner de mes cadets et le repas de la journée. J'avais ensuite réveillé mes trois plus jeunes frères, car ils avaient tous moins de dix ans et n'entendaient généralement pas leur réveil sonner. Je me sentais assez fatiguée. J’étais rentrée hier du boulot à 23 heures et avais trouvé mes parents en pleine dispute. Papa était ivre comme d’habitude et interdisait apparemment à maman de sortir de la maison. - Tu ne vas nulle part Hélène, avait hurlé papa. - Et qui va m’en empêcher ? Un ivrogne comme toi peut-être ? avait répliqué maman. - Je ne te le permets pas Hélène. - Mais regarde-toi, bon sang, tu ne tiens pas debout, tu passes ton temps à te soûler la gueule du matin au soir. Viens donc m’empêcher de sortir. - Tu me défies, Hélène ?" s'était écrié Papa, la voix embrumée par l'alcool. Il s'était ensuite levé d'un pas chancelant et avait tenté de courir vers Maman. Mais, bien évidemment, il n'avait pas fait quelques mètres avant de s'écrouler. Malheureusement, en tombant, il s'était cogné la tête contre le bout d'une chaise et son sang avait giclé partout. - Papa, avais-je hurlé en courant vers lui. J’avais ensuite entendu la porte de notre chambre grincer et Virginie, ma sœur cadette, âgée de 18 ans, était apparue. Elle avait une expression paniquée au visage. - Que se passe-t-il ? s’était-elle exclamée. Je crois que mon cri l’avait alertée, car elle ne sortait jamais de la chambre quand les parents se disputaient. Elle m’a dit en avoir marre de devoir gérer les problèmes d'adultes. - Papa est tombé et il perd du sang, apporte de quoi lui faire un pansement rapidement ! J'avais rapidement pansé la plaie de Papa. Puis, avec l'aide de Maman et de Virginie, nous l'avions transporté jusqu'à sa chambre. Nous étions ensuite allées dormir de notre côté et j’avais cru être dans un film d’horreur quand mon réveil avait sonné ce matin. Je m'étais péniblement levée du lit et étais restée assise un long moment. J'avais ensuite réveillé mes cadets." - Kylian, Annaella et James, levez-vous, dis-je en les secouant délicatement. - Mais j’ai encore sommeil…, se lamenta Kylian en s’enfonçant un peu plus dans le lit. - Je sais, mon bébé, mais il faut vraiment que tu te réveilles. Je l'avais ensuite pris dans mes bras et emmené aux toilettes pour une douche rapide, après m'être assurée que les autres étaient bien réveillés. Ils avaient tous mangé et comme de coutume, j’avais accompagné les plus petits à l’école. J’étais ensuite rentrée à la maison, avais pris une douche et m’étais rendue à mon tour en fac. - Bonjour Beverly, entendis-je dans mon dos. Je me retournai et vis sans surprise Arthur. - Bonjour Arthur, dis-je en répondant au large sourire qu’il avait sur le visage. - Tu vas bien ? demanda-t-il. - Assez bien, merci et toi ? - Je vais bien. Je tenais encore à te remercier pour le matériel que tu m'as donné mardi. J'ai déjà fait toutes les photocopies. Il est ici," dit-il en me montrant mon petit sac, que je lui avais remis il y a quelques jours après qu'il m'eut demandé, d'un air embarrassé, si je pouvais lui prêter les notes que j'avais prises depuis le début de l'année. - Je t’en prie, répondis-je avec sourire. Arthur était une personne vraiment gentille et courtoise. Nous avons eu l'occasion de causer quelques fois et je devais admettre qu'il m'avait donné une très bonne impression. - Peux-tu me le passer ? dis-je en lui tendant la main. - Mais non, je le tiens jusqu’à la salle de classe. Tu pourras le prendre à la fin des cours. - Euh, en fait, je vais devoir m’éclipser avant la fin du cours. Je dois bosser ce soir. - Tu bosses déjà ? demanda-t-il d'un air surpris. Que fais-tu exactement ? - Je travaille dans un bar le soir et les week-ends. - Je vois, en tout cas, beaucoup de courage, lança Arthur d’un ton aimable. - Merci, répondis-je en souriant. - Si tu veux, je pourrai rentrer chez moi avec ton sac et te l’apporter lundi pour t’éviter de transporter cette charge toute la journée. - Ça changera pas grand-chose, car je bosse lundi aussi, merci tout de même. - N’as-tu jamais de jour libre ? demanda Arthur. - Je ne travaillerai pas mardi la semaine prochaine. - D’accord, je te l’apporterai donc mardi, conclut Arthur. - T’es sûr que cela ne te dérange pas ? - Pas du tout, répondit-il d’un air affable. - Merci donc, lui dis-je d’un air reconnaissant. Je devais admettre que le sac était assez lourd et que j'avais pas mal trimé pour le lui apporter la semaine dernière. - Je t’en prie. Nous avions cheminé ensemble jusqu’à la salle de classe - Ha, il y’a deux places libres là, me lança Arthur d’un ton naturel. - Euh, en fait, je dois réserver une place pour Amanda aussi. - Je vois, répondit Arthur en parcourant la salle du regard. Il y en a trois autres là, reprit-il en m’indiquant un point à l’autre bout de la salle. - Allons-y, répondis-je en le suivant. Je ne saurais expliquer, mais je ne me sentais plus aussi embarrassée de m’asseoir près de lui comme le premier jour. - Tu vis à Yaoundé depuis longtemps ? me demanda Arthur. - Oui, j’y suis née, lui répondis-je. Et toi ? Tu m’as dit lundi que tu étais nouveau en ville. - Oui, je suis de Douala. - Je vois, pourquoi venir poursuivre tes études à Yaoundé ? Douala a beaucoup d’universités et de centres de formation, lui demandai-je naturellement en tournant le regard vers lui. J’eus l’impression de lire de l’embarras dans ses yeux. - Euh, c’est assez compliqué, répondit-il finalement. - Je vois, dis-je, embarrassée. Ma curiosité me coûtera cher un jour, pensai-je. On resta dans un silence assez pesant, heureusement rompu par l'entrée du prof. Le cours commença et se termina sans qu'Amanda ne se pointe, et il en fut de même pour le cours suivant. Je pris mon téléphone pour lui envoyer un message. “Je ne viendrai pas aujourd’hui. Je te raconterai tout lundi.” “J’espère que c’est sérieux pour que tu sèches les cours ainsi.” “À lundi, ma belle”, répondit-elle simplement. Je me demandais bien ce qu’Amanda avait à faire de si important pour sécher les cours. - Et ta copine ? demanda Arthur comme s’il avait lu dans mes pensées. - Elle ne viendra pas aujourd’hui, lui répondis-je d’un air embarrassé. - Rien de grave, j'espère ? - Je ne pense pas, répondis-je simplement. Il était actuellement 17 h et il fallait que je trouve une stratégie pour sortir du cours sans me faire remarquer. - Euh, Arthur, je vais y aller, murmurai-je. - D’accord, répondit-il sans se lever pourtant. Si ça ne te dérange pas, pourrions-nous échanger nos numéros ? - Pas de problème. Arthur enregistra mon numéro et je fis de même du sien. - Bon beh, bon boulot alors, me souhaita Arthur en se levant finalement. - Merci beaucoup, répondis-je en me levant d'un coup et en sortant de la salle.Je sortis de la fac et hélai un moto-taxi qui me déposa quelques minutes plus tard devant le bar. Je travaillerai ce soir jusqu’à minuit, demain de 16 h à 2h du matin, et dimanche de 16 heures à minuit. Je bossais une fois de plus en évitant les mains baladeuses des clients. J'avais failli gifler un client qui avait passé sa main sur ma fesse, mais j'avais dû faire appel à tout mon sang-froid et me rappeler que ce travail de m***e m'était indispensable. À la fin de mon tour de travail, Valéry vint me chercher comme d’habitude. Il me déposa directement à la maison. Je fis un saut rapide aux toilettes pour me débarbouiller et me jetai simplement sur mon lit pour un sommeil réparateur. Le lendemain matin, samedi, je traînai un peu au lit et me levai vers 9 h. Je trouvai maman et papa assis dans le salon, conversant joyeusement. Je ne comprendrai jamais ce couple. Hier encore, ils étaient sur le point de s'é*****r, et ce matin, la paix semblait régner entre eux.
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