Manipulation sentimentale

Chapitre 9 - partie 1

Arthur

Beverly était montée dans le taxi et j'avais repris le chemin de la maison pour rejoindre Amanda qui m'y attendait. J'avoue que je me sentais assez inconfortable dans cette situation. Amanda n'avait jamais caché ses intentions et je savais qu'elle ne s'en était pas allée avec Beverly dans le but de tenter quelque chose avec moi. Amanda était tout, sauf une grande studieuse, du coup, insister à rester étudier avec moi après le départ de Beverly me confortait dans ma pensée. Elle avait d'ailleurs passé une bonne partie de la journée à faire des textos sur son téléphone et je restais convaincu que sa présence aujourd'hui était avant tout pour voir où je logeais.

J'arrivai devant ma porte en prenant une longue inspiration avant de toquer deux coups et ouvrir pour entrer chez moi.

- A-t-elle pu trouver un taxi ? demanda Amanda.

- Oui, elle a été chanceuse, le premier qui passait allait dans sa direction.

Je me sentais tout à coup gauche, ne sachant comment me comporter.

- Mais ne reste pas là, viens t'asseoir ici avec moi, lança Amanda d'une voix aguicheuse.

Je pris place sur la chaise sur laquelle j'avais été assis dans la journée. Celle qu'avait occupée Beverly était vide et nous séparait. Amanda esquissa un sourire sibyllin avant de combler la distance entre nous. Elle s'assit sur la chaise libérée par Beverly et plongea son regard dans le mien. Puis lentement, elle se mordit sensuellement la lèvre avant d'approcher sa main pour la poser sur ma cuisse.

- Arthur, inutile de faire l'aveugle, tu as certainement remarqué que tu ne me laisses pas indifférente, que dis-je ? Tu me plais énormément, dit-elle en me caressant délicatement la cuisse.

Je dus saisir sa main avant qu'elle ne s'aventure je ne sais où.

- Amanda, je vais être sincère avec toi. J'ai bien remarqué tes attentions et je reconnais que tu es une belle fille, mais je suis intéressé, en plus...

- Je ne te demande pas de te mettre en couple avec moi, Arnaud, me coupa Amanda. Tu me plais, et beaucoup même.

Elle avait parlé en levant un regard plein d'envie vers moi. Sa main tenta de reprendre son mouvement sur ma cuisse, mais je la serrai encore plus fort avant de me lever brusquement de ma chaise.

- Amanda, ne le prends pas mal, s'il te plait. Tu es une belle fille, mais actuellement, une autre personne occupe mes pensées.

- Qui est-ce ? demanda-t-elle sur le qui vive.

Je pense qu'au fond, elle savait parfaitement de qui il s'agissait. Elle n'avait pas arrêté de nous observer, Beverly et moi, tout au long de toute la journée. Le fait que j’aie tardé à ouvrir la porte lui avait certainement mis la puce à l’oreille, et je m’étais arrangé pour multiplier les petits gestes affectueux envers Beverly, espérant que cela suffirait à la décourager. Mais visiblement, ce n’était pas le cas.

Lorsqu'elle avait demandé à rester malgré le départ de Beverly, j'avais compris que cette fille serait un morceau difficile à croquer

- Beverly. J'espère que tu ne m'en voudras pas, car vous êtes amies et je tiens à mettre les choses au clair avec toi. Beverly m’intéresse et je compte tenter ma chance avec elle.

- Je vois, je m'en doutais un peu au fond.

- Ok, répondis-je simplement.

- Bon beh, je vais y aller, lança Amanda en se saisissant de son sac.

- D'accord, sans rancune ? demandai-je tout de même.

Beverly était très proche d'Amanda, et je ne voulais pas devenir un sujet de discorde entre elles. J'espérais que cette tentative de drague de la part d'Amanda ne provoquerait pas de tensions entre nous.

- Sans rancune ! Et tu sais quoi ? Je vais même te surprendre : je vais parler à Beverly en ta faveur.

- Tu ferais vraiment ça ? demandai-je en levant un regard illuminé vers elle.

- Bah oui, répondit-elle en me faisant un large sourire.

- Merci, merci pour tout. Je suis vraiment content que tu le prennes ainsi. J'avoue que j'étais quand même gêné de toute cette situation.

- T'inquiète, Arthur. J'ai bien compris et je ne tenterai plus rien.

- Merci Amanda.

Amanda finit par prendre congé, et je me laissai tomber sur le divan, le cœur battant. Je passai le reste de la soirée à regarder des vidéos et m'endormis tard, la tête pleine de Beverly. J'étais tellement soulagé d'avoir clarifié les choses avec Amanda, et je me rendais compte, au fond de moi, que cette situation délicate m'avait empêché de me lancer à visage découvert vers Beverly.

Je dormis peu cette nuit-là. Je me levai à 6h et consultai immédiatement mon téléphone. Pas de signe de Beverly. Je décidai de lui envoyer un message pour prendre de ses nouvelles et elle me répondit en matinée.

Nous étions maintenant lundi et j'étais actuellement assis dans la salle. J'attendais avec impatience la venue de Beverly. J'avais revu en boucle notre b****r manqué tout le week-end, me demandant sans cesse quelle saveur avaient ses lèvres. L'envie d'y goûter me dévorait. Je savais qu'avec son caractère timide, elle aurait évité toute situation ambiguë avec moi.

Quand je l'avais vue arriver, mon cœur avait fait un bond dans ma poitrine. Je n'avais plus aucun doute. Maintenant que la situation avec Amanda était réglée, j'étais plus que jamais décidé à me lancer. Je l'avais donc invitée à prendre un pot, et à ma grande surprise, elle avait accepté sans que j'aie besoin de trop insister.

Amanda nous rejoignit ensuite, et j'adoptai un comportement amical envers elle. Je m'étais toujours montré réservé avec elle en raison de son comportement. Quand Beverly avait dû s'en aller, elle était partie avec elle et m'avait carrément fait un petit clin d’œil.

J'étais rentré chez moi le soir-là, sur un petit nuage. J'avais envoyé un message en soirée à Beverly pour savoir si elle avait fini son boulot et était bien rentrée chez elle. Étrangement, elle avait lu et ne m'avait pas répondu. Elle devait certainement être occupée, pensai-je. Elle me fera sûrement signe plus tard, mais à ma grande stupéfaction, je n'avais plus reçu de message d'elle.

J'étais arrivé ce mardi en fac l'esprit plein de questions. Ce matin, j'avais envoyé un message à Beverly pour savoir si elle avait passé une bonne nuit : lu et ignoré. Ma seule consolation était qu'elle avait accepté la sortie de ce soir. Nous aurions le moyen de mettre les choses au clair. Elle était très timide de nature et avait certainement besoin d'être rassurée par moi.

J'arrivai en cours bien tôt ce matin et réservai nos places habituelles. Beverly arriva quelques instants plus tard, et j'eus l'impression qu'elle avait hésité un instant avant de me rejoindre.

- Salut Beverly, lançai-je en quêtant son regard.

- Bonjour Arthur, répondit-elle en évitant de croiser mes yeux.

- Euh... je t'ai écrit hier soir et ce matin aussi.

- Désolée, j'avais des choses à faire à la maison et ce matin, j'accompagnais les petits à l'école quand ton message est arrivé.

J'avais désormais la confirmation, s'il en fallait une, que quelque chose n'allait pas.

- Y a-t-il un problème Beverly ? demandai-je en la regardant avec insistance.

- Pas du tout, répondit-elle simplement en ouvrant son sac pour sortir ses effets.

Le prof arriva sur ces faits, m'obligeant ainsi à reporter la discussion.

Amanda arriva quelques instants plus tard, et nous passâmes la journée dans une atmosphère étrange. Amanda était la seule à être totalement décontractée.