Chapitre 8 - partie 1

1148 Words
Beverly Nous étions lundi, j'étais actuellement assise dans le taxi en route pour la fac. Mon week-end avait été mouvementé, comme d'habitude : les études, la gestion de la maison et le boulot, je n'avais pas eu une seule seconde pour moi. Entre autres, j'avais invité Virginie à prendre un verre dans un bar pas très loin de la maison. Nous avions choisi une table assez retirée afin de pouvoir parler à l'abri des oreilles indiscrètes, et la musique qui y jouait en sourdine avait aidé à masquer le son de nos voix. Virginie s'était assise en face de moi et m'avait regardée d’un air méfiant. - Virginie, si j’ai tenu à te parler aujourd’hui, ce n’est pas dans le but de te sermonner ou quoi que ce soit dans ce sens. Je voudrais qu’on parle librement, pas seulement comme des sœurs, mais surtout comme des amies. J'avais vu Virginie adopter une expression détendue au visage et relâcher un peu sa respiration, signe qu’elle l’avait retenue depuis que nous nous étions installées à cette table. - Je voudrais savoir un peu plus de ta relation, qui est-il ? Quel âge a t’il ? Que fait-il dans la vie ? Où l’as-tu connu ? Virginie avait soufflé un long moment avant de prendre la parole. Je voyais bien que cette approche accommodante la déconcertait un peu. - En fait, il s'appelle Frédéric, il a 30 ans. Je l'ai connu il y a trois mois, quand je revenais des cours. Il m'avait abordée en pleine rue et m'avait demandé mon numéro. Je lui avais répondu que je n'en avais pas, vu que je n'avais pas de téléphone. Je l'avais ensuite salué et avais repris mon chemin. Il était revenu quelques jours plus tard, toujours à la sortie des classes, et m'avait invitée à prendre un verre. J'avais accepté et nous nous étions rendus dans un local pas très loin du lycée. Il m'avait alors remis un téléphone avec une puce et m'avait dit que c'était simplement pour avoir un moyen de le joindre. - Je vois. Et comment faites-vous pour vous rencontrer ? - Euh... en fait, il vient souvent me chercher à la sortie des cours. Il me ramène généralement à la maison aux environs de 21 h 30, juste avant ton retour. J'étais restée pensive un long moment. Voilà ce qui se passe quand les parents désertent leur rôle : c’est la débandade totale. Virginie craignait de se faire prendre par moi, pas par ses parents. Virginie m’avait aussi informée que son copain lui donnait de petits coups de main financiers. Elle me parla d'une somme qui me donna le tournis. J'avais mieux compris pourquoi elle faisait désormais la fine bouche certains soirs au moment de dîner. Elle avait certainement déjà mangé. J'avais été tentée de lui demander si elle était amoureuse de son copain, mais je me rappelai sa réponse quand je lui avais interdit de le revoir : "C'est non ! Il s'occupe bien de moi !" et j'avais tout à coup craint sa réponse. J'espérais du fond du cœur qu'elle était en couple pour de bonnes raisons. - Virginie, excuse-moi de te le demander, mais avez-vous des rapports ? Virginie avait tout à coup eu une expression honteuse au visage. - Euh... euh... euh… avait-elle balbutié sans conclure sa phrase. - Virginie, te rappelles-tu que je ne suis pas là pour te réprimander, mais plutôt pour avoir un dialogue ouvert ? - Euh... oui, nous avons des rapports. - Je vois. Vous protégez-vous ? - Oui, Frédéric exige toujours pour que nous usions un préservatif, avait répondu Virginie d’une petite voix. Je fus soulagée de l'entendre. - Tu sais que les préservatifs sont certes fiables, mais nous ne sommes jamais à l'abri d'une grossesse ou d'une maladie sexuellement transmissible. Avez-vous fait des examens ? - Euh... non, en fait, avec mon copain précédent, nous l'avions fait et je n'avais pas de problème, du coup, je n'en avais plus refait. À sa réponse, j'avais compris que Virginie était certainement sexuellement active depuis bien longtemps, et cela m'avait un peu amusée de lui donner des conseils, pourtant je n'avais pas autant d'expérience qu'elle. Je lui avais alors fait comprendre que c'était important de se faire dépister avant d'entreprendre des rapports suivis, protégés ou non, avec qui que ce soit. J'avais ensuite insisté sur le fait que ses études devaient être sa priorité et qu'elle ne devait en aucun cas les délaisser. Elle était en classe de première et le baccalauréat était pour l'année prochaine. Elle avait accumulé du retard dans son cycle scolaire, soit à cause du fait que les parents payaient parfois l'inscription en retard, du coup, elle commençait les cours en retard, soit parce qu'elle n'avait jamais été assidue dans ses études. Un coup de klaxon me fit sursauter, me sortant ainsi de mes pensées. Virginie m’avait promis de me faire rencontrer son homme et j’espérais qu’elle tiendrait parole. Nous avions également prévu, Virginie et moi, de nous rendre dans un centre spécialisé afin d'évaluer la possibilité d'une contraception fiable. Mes pensées voguèrent bien évidemment vers ma journée de samedi avec Arthur et Amanda. Que se serait-il passé si Amanda n'était pas arrivée à ce moment précis ? Je revoyais le regard plein d'envie d'Arthur et je m'étais sentie comme paralysée. J'étais restée là, comme une idiote, à regarder son visage se rapprocher lentement du mien. Rien que d'y penser, je sentais les battements de mon cœur s'accélérer dans ma poitrine. Je secouai légèrement la tête pour ôter de mon esprit ces pensées bouleversantes. Arthur me plaisait bien, mais comme je l'avais dit plus tôt, ce n'était vraiment pas le moment pour moi de me mettre en couple avec qui que ce soit. Non seulement je ne me sentais pas prête, mais en plus, je n'arrivais pas à cerner Arthur. Nous avions certes de bons rapports, mais je ne savais rien de lui, de sa vie, de ses projets. Je ne savais même pas s'il était un garçon sérieux ou un coureur de jupons et je n'avais aucunement l'intention de mettre mon cœur entre les mains de quelqu'un d'instable. Mes pensées s'évadèrent une fois de plus. J’étais rentrée du boulot aux environs de deux heures du matin, m'étais rapidement mise au lit et quelques minutes plus tard, Morphée m'accueillait gentiment dans ses bras. Je m'étais réveillée le dimanche matin et avais immédiatement remarqué le message d'Arthur. "Bonjour ma belle, j'espère que tu es bien rentrée à la maison." Son message était arrivé à 6h du matin et il était actuellement 9 h. " Je suis bien rentrée merci, désolée de ne t'avoir pas fait signe." " Bien dormi ?" " Assez bien merci, et toi ?" " Bien dormi aussi." Un creux se créa dans la conversation. " Voilà, c'était simplement pour prendre de tes nouvelles. Bonne journée Beverly" " Bonne journée à toi aussi."
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