Arthur
- Beverly, l'appelai-je d'une voix douce. Ça va ?
Elle releva la tête à cet instant et nos yeux s'accrochèrent pendant de longues secondes. Elle hocha finalement la tête et fit semblant d'être concentrée sur son cahier.
Je soupirai longuement avant de me décider à mettre le riz dans la marmite. Le comportement de Beverly me déconcertait un peu. Il ne s'était rien passé entre nous, et j'espérais que ce b****r manqué n'allait pas foutre les choses en l'air. Oui, j'avais voulu ce b****r, et je ne me serais jamais arrêté si nous n'avions pas été interrompus par Amanda. D'après ce que j'avais pu lire dans les yeux de Beverly, elle ne m'aurait pas arrêtée non plus, mais il était évident qu'elle n'était pas prête. Sincèrement, je n'étais pas moi non plus prêt pour une relation. J'avais toujours entretenu des relations éphémères avec mes copines, et je savais déjà que Beverly n'était pas ce genre de fille. Elle me semblait être une personne entière, prête à se donner corps et âme dans une relation si elle était convaincue d'être tombée sur la bonne personne.
Je retournai m'asseoir à la table pendant que la porte s'ouvrait sur Amanda.
- Désolée, c'était important.
- Pas de problème, répondis-je simplement.
On resta à papoter tous les trois en attendant que le riz cuise. Amanda n'arrêtait pas de me faire les yeux doux et j'étais vraiment mal à l'aise vis-à-vis de Beverly, même si au fond, je savais qu'il n'y avait aucune raison.
On mangea ensuite dans la bonne humeur et Beverly insista pour me donner un coup de main pour laver les plats. On fit une petite pause et on reprit ensuite avec les révisions.
Après de longues heures à étudier, je me sentais tout courbaturé et c'était apparemment le cas pour Beverly aussi, car elle se rejeta soudainement en arrière sur son siège et se mit à s'étirer longuement tout en regardant sa montre. Je ne pus m'empêcher de détailler ses courbes si harmonieuses.
- Mince, le temps a vraiment filé là, lança Beverly en se redressant. Il faut que j'y aille là. Il est déjà 18 heures et je risque d'arriver en retard au boulot.
Beverly se mit ensuite à ranger ses effets personnels dans son sac.
- Tu rentres aussi Amanda ? demanda Beverly.
- Euh... non, pas encore. Je vais continuer à réviser avec Arthur un petit moment encore.
Elle l'avait dit en faisant un clin d'œil malicieux à Beverly. Je n'avais pas besoin d'être un devin pour comprendre ses intentions ; d'ailleurs, elle ne les avait jamais cachées. Beverly ne répondit rien et prit son sac qu'elle passa ensuite à l'épaule.
- Je t'accompagne prendre un taxi, dis-je en me levant à mon tour.
- Ne te dérange vraiment pas pour moi, ce ne devrait pas être difficile d'en trouver.
- Ça ne me pose aucunement de problème, insistai-je.
Elle dut céder et quelques secondes plus tard, nous étions sur le point de sortir de ma chambre.
- Je reviens dans un instant, lançai-je à Amanda.
- À lundi, ma belle, dit Beverly à Amanda en lui faisant une bise.
Nous sortîmes tous les deux de la chambre et parcourûmes la courte distance qui nous séparait de la route, d'où il était plus facile de trouver un taxi.
- Pas trop fatiguée ? demandai-je avec sollicitude.
- Un peu, mais ça devrait aller, et de toute façon, je n'ai pas tellement le choix.
On resta à se fixer un bref instant. L'air était chargé de sensualité. Nos regards restèrent ancrés l'un à l'autre quand le klaxon d'un taxi me fit sursauter.
Les chauffeurs de taxi utilisaient généralement cette méthode pour attirer l'attention d'éventuels passagers. Les taxis étaient un moyen de transport économique chez nous. Contrairement à l'Europe, celui qui montait dans un taxi n'avait pas l'exclusivité de la course. Les chauffeurs de taxi transportaient les passagers qui allaient tous dans la même direction. Lorsqu'un passager descendait, il en prenait un autre qui allait toujours dans la même direction. Du coup, n'ayant pas l'exclusivité de la course, se déplacer en taxi était assez économique.
Beverly donna donc sa destination au taxi et ce dernier émit un autre klaxon, signifiant ainsi son accord. Elle se précipita pour y monter, mais je stoppai son mouvement en lui volant une bise.
- Fais-moi signe quand tu es rentrée à la maison, dis-je d'une voix douce.
Elle hocha simplement la tête et monta finalement dans le taxi. Je le regardai s'éloigner un bref moment avant de me décider à rentrer à la maison rejoindre Amanda qui m'y attendait.