Beverly
Un mois s'était écoulé et nous entrions pleinement dans la période des examens partiels de la saison. Je n'avais pas cessé de courir entre le boulot, mes études et mes responsabilités à la maison.
Ce mois nous avait également énormément rapprochés d'Arthur. Nous formions désormais un trio : Arthur, Amanda et moi.
- À quelle heure nous retrouvons-nous pour étudier demain ? demanda Amanda.
- Hum, comme si cela t’intéressait trop, lançai-je d'une voix moqueuse.
Cela faisait exactement deux semaines que nous organisions des séances de révision à la fac. Amanda assistait parfois aux rendez-vous, mais la majeure partie du temps, elle était absente.
Demain étant samedi et la fac étant fermée, nous avions prévu de nous rendre chez Arthur pour réviser.
- Mais je suis sérieuse moi, s'exclama Amanda d'une voix rieuse. J'ai bien l'intention de venir.
- Haha, je comprends mieux.
Amanda me fit un clin d'oeil espiègle.
- Mais dis-moi sérieusement Beverly, il ne t'intéresse vraiment pas ? demanda Amanda en me regardant attentivement.
- Il est beau gosse, je l'avoue, mais je n'ai vraiment pas le temps pour m'engager sérieusement dans une relation.
- Ta réponse en dit long en tout cas... S'il ne t'intéresse pas, je me lance.
- Libre à toi, ma belle," répondis-je, bien que je ressentisse un petit pincement au cœur et me demande justement quelle en était la raison.
- Bref, on verra bien, même si j'ai parfois l'impression que c'est toi qui l’intéresses.
On dut interrompre notre conversation, car Arthur nous rejoignit à cet instant. Il nous salua avec deux bises et occupa le siège à côté de moi.
- Ça va ? demanda-t-il d'une voix gentille.
- Oui, je vais bien et toi ?
- Pas mal. Et toi Amanda, tu vas bien ? demanda-t-il.
- Je vais bien, merci, répondit Amanda en lui faisant un large sourire.
Arthur détourna simplement la tête et entreprit de me faire la conversation. Le prof arriva et le cours put commencer. Je dus une fois de plus m'éclipser avant la fin pour me rendre au job.
- Je dois y aller, chuchotai-je à mes amis.
- D'accord, bon boulot et sois prudente, lança Arthur.
- D'accord, ma chérie, dit Amanda en occupant immédiatement ma place près d'Arthur.
Je secouai simplement la tête en sortant de la fac. J'avais parfois de la peine à comprendre Amanda. Un mec te montre ouvertement qu'il n'est pas intéressé, mais tu persistes et signes.
Je me rendis au boulot et me mis immédiatement à la tâche. J'avais bossé machinalement toute la soirée et il était actuellement 21 h.
- Beverly, tu peux rentrer chez toi. Nous avons peu de clients ce soir.
Je ne me le fis pas dire deux fois et me rendis immédiatement aux vestiaires pour enlever mon tablier. Je lançai l'appel vers le numéro de Valery, mon moto-taximan et ce dernier m'informa qu'il sera là vers 21 h 15.
Je sortis précipitamment du bar avant que mon employeur ne change d'avis. J'étais extrêmement fatiguée et dormir une heure de plus ne m'aurait certainement pas fait de mal. J'étais actuellement devant le bar et attendais Valery. Ce dernier se présenta quelques instants plus tard et je rentrai finalement à la maison aux environs de 21 h 30.
Je me rendis dans la chambre pour demander à Virginie s'ils avaient déjà mangé, mais je m'aperçus de son absence. Arnaud était en train de jouer aux cartes avec ses frères et sursauta en me voyant.
- Hé, grande soeur, t'es déjà là ?
- Oui, j'ai fini un peu plus tôt aujourd'hui. Virginie n'est pas là ? demandai-je.
- Euh... euh... elle n'est pas encore rentrée, répondit-il en se grattant la tête d'embarras.
- Pardon ? À cette heure ? m'exclamai-je en regardant ma montre. T'a-t-elle dit quelque chose ce matin pendant que vous vous rendiez en classe ?
- Non, rien du tout.
Je me laissai tomber sur le lit en soupirant. Où la chercher ? Je ne savais où commencer ! Virginie, ces derniers temps, avait parfois des comportements étranges. Elle se levait très souvent en pleine nuit pour se rendre aux toilettes. J'avais aussi remarqué qu'elle prenait particulièrement soin d'elle.
J'étais encore assise sur le lit, me demandant par où commencer mes recherches, quand j'entendis la porte de notre chambre grincer. Je levai brusquement la tête et vis Virginie entrer. Elle sursauta en me voyant.
- Euh... euh... Beverly, tu es déjà là ? demanda-t-elle d'une voix tremblante.
- Oui, je suis là, répondis-je. Où étais-tu Virginie ?
- Euh... euh... balbutia Virginie.
- Je t'écoute, lui répondis-je d'une voix sévère.
- Euh... en fait, euh... en fait....
- Viens, nous allons parler dehors, dis-je pour éviter une éventuelle dispute devant les cadets, celles de leurs parents suffisaient amplement.
Elle me suivit à l'extérieur tout en évitant mon regard.
- Où étais-tu Virginie ? demandai-je d'une voix accommodante cette fois.
- J'étais chez mon copain, répondit-elle enfin.
- Pardon ? Tu as un copain ? Depuis combien de temps ? De qui s'agit-il ? Où l'as-tu connu ?
- Euh... en fait... j'étais en train de rentrer du lycée avec mes amis quand il m'a abordée au bord de sa voiture.
- Il a une voiture ? demandai-je avec stupéfaction. Quel âge a-t-il ?
- Il a 30 ans, répondit Virginie.
- Quoi ? Il est trop vieux pour toi ! m'exclamai-je. Tu as à peine 18 ans, Virginie. Que fais-tu avec un homme beaucoup plus âgé ? En plus, tu dois te concentrer sur tes études. Je ne veux plus que tu le rencontres.
- C'est non ! répondit Virginie d'un ton rebelle. Il s'occupe bien de moi !
- Pardon ? demandai-je d'une voix choquée. Que lui donnes-tu en échange ?
- C'est mon copain, c'est tout à fait normal.
- Virginie, je veux que tu mettes un terme à cette relation. Tu es encore si jeune, tu dois te concentrer sur tes études.
- C'est non. Je n'ai aucunement l'intention de rompre, répondit arrogamment Virginie en se levant et mettant un terme à notre discussion.
Elle se rendit ensuite aux toilettes pendant que je restais là, à regarder le vide d'un air perdu. Virginie avait un copain beaucoup plus âgé qu'elle et, comme elle l'avait si bien dit, il s'occupait bien d'elle. Mais qu'obtenait-il en contrepartie ? J'avais tout à coup peur de pousser plus loin ma question. L'aimait-elle ? Était-elle en couple avec lui pour ce qu'il pouvait lui apporter ?
Je me levai lentement de ma chaise et me rendis dans la chambre.
- Arnaud, depuis quand Virginie rentre aussi tard ? demandai-je.
- Euh... depuis près de trois mois.
Je me laissai tomber sur mon lit, internalisant la nouvelle.
- Pourquoi ne m'avoir rien dit ? demandai-je.
- Euh... euh... euh... bégaya Arnaud en se grattant simplement la tête.
Connaissant mon frère, Virginie lui avait sûrement donné quelques billets de banque en échange de son silence. Mon frère était prêt à tout pour de l'argent.
Arnaud retourna à son jeu pendant que je me perdais une fois de plus dans mes pensées. Je fus tout à coup distraite par la vibration d'un téléphone. Je me précipitai vers mon sac et en sortis mon téléphone. Je le manipulai un bref moment et me rendis compte avec stupéfaction qu'il ne sonnait pas et que je n'avais pas d'appels en absence non plus.
Mais d'où provenait donc ce bruit ? J'eus tout à coup un pressentiment et me précipitai vers le sac de Virginie. Je me mis à le fouiller activement et découvris, avec stupéfaction, un téléphone. Ce dernier se remit immédiatement à sonner et je vis le nom "Frédéric" apparaître à l'écran.
- Qui êtes-vous ? Pourquoi appelez-vous ma sœur ?
La personne raccrocha immédiatement pendant que ma sœur faisait irruption dans la chambre.
- De quel droit t'es-tu permise de répondre à mon téléphone ? hurla-t-elle en me l'arrachant des mains.
- Depuis quand as-tu un téléphone ? demandai-je.