Manipulation sentimentale

Chapitre 6 - partie 2

Beverly

Virginie se tint simplement fièrement face à moi sans répondre.

- Depuis quand as-tu un téléphone ? répétai-je d'une voix ferme.

Elle ne répondit toujours pas.

- C'est ce Frédéric qui te l'a offert ?

Elle hocha simplement la tête. Je soupirai bruyamment et sortis de la chambre pour me rendre aux toilettes, tout en tenant mon pyjama dans les mains. J'y restai un long moment à me poser un tas de questions. Que faire ? Comment raisonner Virginie avec des parents aussi inexistants que les nôtres ? J'étais bien consciente que nous n'avions que deux ans d'écart, et vu le comportement de Virginie tout à l'heure, elle était prête à me tenir tête si je l'affrontais frontalement.

Je retournai dans la chambre et me couchai simplement sur mon lit. Je fermai les yeux pour essayer de faire le vide dans ma tête. Je sentis le regard de Virginie peser sur moi un long moment avant que le sommeil me gagne à mon insu.

Je me levai tôt le lendemain matin et préparai le repas pour la maisonnée. Je pris ensuite une douche rapide et sortis de la maison pour me rendre chez Arthur pour nos révisions. Nous avions prévu de nous retrouver à 10 h 30. J'espérais qu'Amanda serait ponctuelle.

J'avais demandé à bosser un peu plus tard aujourd'hui et je devais commencer le service à 19 h. J'arrivai chez Arthur à 10 h 15 et toquai à la porte en espérant qu'il soit déjà prêt.

Il ouvrit la porte et eut un large sourire à ma vue.

- Bonjour ma belle, dit-il en me faisant une bise.

- Bonjour Arthur, répondis-je en lui rendant faiblement son sourire.

J'entrai dans sa chambre et un doux parfum de sauce d'arachide y régnait.

- T'es en train de préparer ? demandai-je.

- Bah oui, je suis désormais un chef moi, répondit fièrement Arthur.

- C'est tout à fait normal, tu as eu la meilleure enseignante, rétorquai-je d'une voix malicieuse.

- Haha, haha, s'exclaffa Arthur. J'ai presque fini de toute façon. Je vais prendre une douche rapide et je te rejoins.

Arthur ouvrit les fenêtres pour aérer la pièce et prit une serviette qui traînait sur une chaise. Il se rendit aux toilettes pendant que je me perdais dans mes pensées.

Que faire de Beverly ? Je savais que c'était ardu de raisonner une adolescente. Ne dit-on pas qu'il est difficile de convaincre une femme amoureuse ? Et que dire d'une femme cupide ? La cupidité... J'avais bien peur que ma sœur soit animée principalement par elle...

J'étais tellement perdue dans mes pensées que je n'entendis pas Arthur revenir dans la pièce.

- Beverly, Beverly, lança Arthur en me secouant délicatement.

- Euh, euh, oui, désolée, m'excusai-je en me redressant.

Je relevai la tête et mon regard croisa celui d'Arthur. Je perdis mes mots un bref instant avant de me ressaisir. Quelques perles d'eau suintaient çà et là de son crâne pendant qu'il se frottait énergétiquement la tête avec une serviette. Ce geste lui procurait un air extrêmement séduisant. Je secouai légèrement la tête pour chasser ces pensées inopportunes de mon esprit.

- Ça va ? demanda Arthur d'un air préoccupé tout en tirant une chaise et en s'installant près de moi.

Étrangement, je me sentis troublée par sa proximité

- Disons que ça pourrait aller mieux, répondis-je d'une voix lasse.