Sur le chemin, tête baissée au sol, écouteurs dans les oreilles, je culpabilise pour mon père. Le pauvre, il est inquiet. Je ne l'ai jamais senti aussi inquiet, ça me fend le cœur de le voir ainsi... Oui, il faut le dire, MON père et triste ! J'ai l'impression d'être un poids pour tout le monde.
.....BAM ! ....
PUTAIN ! Mais tu ne peux pas regarder devant toi ?
Je suis au sol, choquée. Je me frotte la tête. Qu'est-ce qui vient de m'arriver ? J'étais tellement dans mes pensées que je n'ai pas vu que je suis rentrée dans quelqu'un ! Je suis même persuadée qu'il n'y avait personne sur ma route. En levant les yeux, je tombe sur un regard mortel ! Kaïne, en face de moi, me regarde au sol. Ses yeux sont d'une couleur que je n'ai jamais vue jusqu'à maintenant. J'ai l'impression de voir du feu dans ses yeux, des flammes rouges et jaunes. Mais OUI ! Ce sont des flammes. C'est impossible ! Ça n'existe pas, ce délire. Je reste assise comme une folle au sol, en le fixant, ne sachant pas quoi faire, la bouche ouverte comme si je venais de voir un revenant des morts.
.... Laïa : Bordel c'est yeux ! ...
Kaïne : Lève-toi, imbécile.
Clair : Euh, ouais, ouais, mais qu'est-ce que tu fais, là ?
Il me regarde, me relève, mais j'ai une douleur à la tête. Ça me lance comme si j'avais des aiguilles qui me tapaient à la tempe. J'ai l'impression d'avoir tapé la tête contre un mur en béton.
Clair : Aïe, punaise !
Kaïne : Avance !
Alors j'avoue que ce mec est un p****n de beau gosse, mais franchement, je plains sa Luna. Aussi dur qu'il soit physiquement, à l'intérieur, c'est tout aussi dur a l'extérieur . Ce mec ne doit pas avoir de cœur. Il m'a mise la honte, s'est moqué de moi, m'a humiliée à plusieurs reprises, mais depuis que Mathéo et Maëline sont ensemble, il ne m'a plus jamais regardée, plus jamais il ne s'est moqué de moi. C'est comme si je n'existais plus, effacée de la carte. À vrai dire, ça m'a fait un bien fou ! J'espère qu'il continuera comme ça, qu'il me laissera tranquille. Je n'ai pas compris son délire ce soir ! L'alpha ne se déplace jamais seul, et là, je le retrouve seul à mi-chemin. Il devait m'attendre. Ma foi, je ne comprends pas !
... Clair : Laïa, tu arrives à sentir son loup ? ...
... Laïa : Je suis en cours d'examen mais Clair c'est yeux c'est pas normal ! ...
... Clair : Oui j'ai vu aussi on en parle après .Ok ? bon super ! Reste comme ça. Je gère ! N'interviens pas ce soir, même s'il me met à bout ! ...
... Laïa : Pfff, compris !
Je préfère avertir Laïa avant qu'elle ne nous fasse bannir pour de bon. Je marche derrière lui, je le regarde. Il est torse nu avec un bas de survêtement. J'ai l'impression qu'il a doublé de volume en quelques mois, sûrement une modification avec son loup. On arrive à la maison de la meute. Cette maison n'est pas très loin de chez moi. À vrai dire, on en a pour une quinzaine de minutes. En fait, notre meute est spéciale. Ils ont fait les habitations à grand max 20 minutes de la maison de la meute, histoire d'être toujours à l'affût des événements et, bien sûr, d'être prêts tous ensemble en cas de guerre des loups ou d'intrus, ce qui nous donne un avantage. On reste unis avec cette entraide dans toutes les occasions possibles. Enfin, c'est ce qu'ils disent. Moi, je trouve que c'est plutôt chacun pour sa poire. Du moins, tu vois, j'ai plus que toi ! Mais cela n'est que mon avis, bien sûr !
Les gardes-loups devant la porte nous saluent. Moi, je suis toujours derrière l'alpha à le suivre comme un toutou. Il monte les escaliers, et toutes les personnes qu'on croise baissent la tête en soumission, montrant leur respect. Lui ne les a même pas regardés ! Quel arrogant, celui-là.