Chapitre 3 : Un Retournement De Situation

1258 Words
Louane Trois jours restants. Je me répète ces mots en marchant dans la rue, encore absorbée par ma possible grossesse, même en me préparant à défendre ma sœur. D’une certaine manière, c’est un mécanisme pour me rassurer : je m’apprête à supplier Fabian Solberg de sauver le travail de Nelly, et j’ai besoin d’une pensée réconfortante pour me donner du courage. Ses gardes du corps me voient en premier, et je peux voir leurs bouches bouger alors qu’ils me regardent avancer, sans doute pour le prévenir de ma présence. Approchant nerveusement derrière Fabian, je me demande pour la centième fois si c’est une erreur. Qui suis-je pour demander un service à l’un des hommes les plus puissants de la planète ? Je ne peux pas être courageuse pour moi-même, mais je peux l’être pour Nelly. "Monsieur Solberg ?" je demande hésitante, sentant mon cœur battre violemment contre ma poitrine. Il se tourne et me regarde avec autorité. "Oui ?" "Je m’appelle Louane Ferrier, je m’occupe de Ken et Jennifer Tomson." Je commence, mordillant ma lèvre inférieure. Ses yeux sombres accrochent ma bouche, et soudain, je me sens comme un petit lapin effrayé devant un loup affamé. "Je sais qui vous êtes, Louane." Le son de mon nom sur ses lèvres me fait frissonner. Il prononce ces syllabes avec tant de poids, comme si elles avaient vraiment une signification pour lui. "Oh… eh bien, je ne veux pas paraître impertinente, mais je suis amie avec le Dr Nelly Lawson…" Dès que je prononce son nom, son expression se ferme et une émotion indéfinissable traverse ses yeux. "Elle m’a dit qu’elle avait des problèmes au travail, et je sais que vous êtes l’un des donateurs de la banque." J’improvise. "Je ne sais pas de quoi Nelly est accusée, mais je suis sûre de son innocence. Elle prend son travail extrêmement au sérieux et ne ferait jamais rien pour risquer sa carrière." "Et vous attendez de moi que je fasse quoi ?" Demande Fabian d’une voix lourde, menaçante. Je sens qu’il ne croit pas à mon histoire fragile, son langage corporel a complètement changé, et je ressens sa colère monter. "Je… je pensais juste… j’espérais que si vous aviez un certain poids là-bas, vous pourriez dire un mot en sa faveur." Je termine, sentant mes joues s’empourprer. Je suis à la fois honteuse d’une tentative aussi faible, et incertaine de la façon de gérer un sujet aussi délicat. La dernière chose que je veux est de mettre Nelly encore plus en difficulté. La mâchoire de Fabian tressaute alors qu’il m’observe. "D’après ce que j’ai entendu, ton amie a commis une erreur très grave, et les conséquences ont été plus que justifiées. La meilleure chose qu’elle puisse faire maintenant est d’assumer ses erreurs, et non de t’envoyer faire son sale boulot à sa place." "Je… elle ne l’a pas fait, elle ne sait même pas que je suis là ! Je le jure." Je supplie. "J’ai dit tout ce que j’avais à dire sur ce sujet." Déclare Fabian en se détournant de moi et en s’engouffrant dans sa maison. "Vous devez partir maintenant, mademoiselle." Annonce l’un de ses gardes du corps sèchement. "Je ne peux pas, il doit comprendre, elle va tout perdre !" "Nous ne vous le demanderons pas une seconde fois." Grogne un second garde, une menace claire dans ses mots. "Je vous en supplie, elle est innocente. Vous devez –" avant que je puisse finir ma phrase, les hommes me saisissent par les bras et commencent à me conduire hors de la propriété. Me sentant vraiment désespérée, je plante mes talons dans le sol, décidée que ma dignité vaut tout l’avenir de Nelly. "Je vous en prie, si je pouvais juste parler à M. Solberg." "Vous lui avez déjà parlé." Grogne le premier garde, "et franchement, vous avez de la chance qu’il ait été aussi généreux avec vous. Votre amie vous a clairement révélé des choses qu’elle n’aurait pas dû." La seconde d’après, ils me projettent hors de la propriété, sur le trottoir, avec une telle force que je perds l’équilibre et tombe à terre, les larmes me montant aux yeux. Les lourdes grilles se referment derrière moi, et je n’ai d’autre choix que de m’éclipser avant de me ridiculiser davantage. Bien sûr, ce n’était que le début de mon malheur. Le lendemain, en arrivant au travail, je découvre que mes clés ne correspondent plus aux serrures de la porte d’entrée. Je frappe, submergée par la confusion, et quelques minutes plus tard, la porte s’ouvre pour révéler la mère de Ken et Jennifer, furieuse. "Mes clés ne fonctionnent pas." Je lui dis, me demandant pourquoi elle me fixe avec autant de colère. "Elles ne sont plus destinées à l’être." Répond-elle froidement, "depuis hier après-midi, vos services ne sont plus requis." "Je… vous me licenciez ?" Je murmure, n’en croyant pas mes oreilles. "Pourquoi ?" "Nous avons reçu un appel des voisins." Explique-t-elle avec hauteur, "apparemment, vous avez laissé Ken courir sur la route l’autre jour où il a failli se faire renverser ! Et hier, on vous a vue vous ridiculiser chez Fabian, ses gardes ont dû vous traîner hors de chez lui comme un vulgaire criminel." Malgré mes tentatives d’explication, elle ne veut rien savoir du tout et menace même d’appeler la police si je ne pars pas immédiatement de chez eux. Je n’ai même pas pu dire au revoir aux enfants. Pour la deuxième fois cette semaine, je me retrouve à battre en retraite dans ce quartier opulent, honteuse, les larmes coulant sur mon visage. Ce qui fait encore plus mal que de perdre mon emploi, c’est le fait de ne pas avoir pu expliquer la situation à Ken et Jennifer, ni de les voir une dernière fois. Je suis sûre que leur mère va leur raconter des choses horribles à mon sujet, alors même que je les ai élevés avec amour depuis deux ans. Je sais que Fabian Solberg est responsable de tout ça. Je ne crois pas une seconde à l’histoire de mon ancienne patronne sur les voisins. Il voulait clairement me punir, tout comme il fait subir à Nelly sa propre punition. Une vague de colère me submerge, et soudain, j'ai envie de lui infliger à mon tour une revanche. Ce n’est pas dans ma nature d’être aussi rancunière, mais en ce moment, j’ai vraiment l’impression que ma vie entière s’effondre, et c’est en partie de sa faute. J’ai dépensé tout mon argent pour l’insémination, et sans travail, je n’ai presque plus rien. Comment vais-je pouvoir me permettre d’avoir un bébé maintenant ? Je suis certaine que je ne vais pas obtenir de bonnes références de la part de la mère de Ken et Jennifer. Comme si tout cela ne suffisait pas, en rentrant chez moi, je découvre une pile de factures dans ma boîte aux lettres, et je ne reconnais même pas la moitié des expéditeurs. Je les ouvre une à une, et ma confusion et mon incrédulité ne cessent de grandir. En regardant les enseignes détaillées sur les relevés, mon soupçon se renforce : ce sont tous les endroits préférés de Michael. Est-il possible qu’il ait fait tout ça derrière mon dos ? Qu’il ait caché ces factures pendant des mois… voire des années ? Je sais qu’il va nier si je l’affronte, ce qui ne me laisse qu’une seule option. Je dois appeler Stéphanie. Mon ancienne meilleure amie a peut-être complètement trahi ma confiance avec son aventure, mais si quelqu’un sait ce que Michael a réellement fait, c’est bien elle.
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