Chapitre 6

2932 Words
Adena Ethan s’éclate comme un fou au volant de son quad, nous passons de longues heures à virevolter avec nos engins, je lui ai montré comment il fonctionnait et il a immédiatement prit le coup de main. Nous avons pu parcourir le désert tous les deux et je dois bien avouer que ce sentiment de liberté m’avait incroyablement manqué. J’ai une énorme appréhension à l’idée de rentrer à la maison, je n’ai aucune idée du degré de rage qui habitera Devon quand il mettra la main sur moi, mais nul doute qu’il y aura une réaction. J’ai peut-être très légèrement abusé. L’attacher et lui grimper dessus aurait sans doute suffit mais je me suis laissée emportée par le besoin de faire quelque chose de plus, de le marquer d’une autre façon et cette pratique-là était la bonne option parce que j’en connaissais les effets… Seulement mon dominateur de mari n’a jamais connu ça avant et les conséquences risqueraient bien d’être lourdes. Je passe alors une bonne partie de la matinée loin du ranch avec Ethan à essayer de me débarrasser de ces pensées. Inutile de dire que je me contenterai d’apparitions brèves et publiques jusqu’à ce soir et que je ferai en sorte de ne pas trop croiser mon mari que je sais bien créatif et impitoyable lorsqu’il le souhaite. Mince alors, je flippe carrément et je suis excitée comme à chaque fois… Il a un tel pouvoir sur moi… - Allez Ethan, il est l’heure de rentrer…Tu dois avoir faim, et il y a encore le cadeau de Devon qui t’attend. - Ah bon ? Encore un cadeau ? - Eh oui, j’espère que tu mesures la chance que tu as d’être aussi gâté. - ça oui alors, je n’avais pas autant de cadeau avant, et en plus ils sont trop cools. - Je suis contente que ça te plaise, en avant ! Je le laisse passer devant moi, il est équipé comme un joueur de hockey ce qui lui donne une carrure impressionnante alors qu’il est tout minuscule. Je sens l’oppression m’emparer et mon corps se serrer en étau alors que nous revenons aux abords du ranch et qu’Aaron nous ouvre la grille. Je me souviens immédiatement que je m’étais promis de lui mettre une raclée la prochaine fois que je le croiserai et l’occasion entre Syracuse et la France ne s’était pas présentée, mais Ethan est avec moi et j’estime qu’il n’est pas utile d’ajouter un chef d’accusation à la liste des charges contre moi pour le moment. - Aaron, comment vas-tu ? demandais-je alors mielleuse. - Bien merci, répond-t-il avec méfiance. - Tu me rejoins à la salle dans une quinzaine de minutes ? J’aurai des choses à te montrer. - Euh, je dois me faire remplacer mais oui. Me montrer quoi ? - Tu verras bien quand on y sera, je t’y attends ne sois pas en retard j’ai horreur de ça. Nous remontons les chemins jusqu’au garage. Je coupe le moteur et descends de mon quad avant d’aider Ethan à se débarrasser de ses équipements que j’entrepose dans l’armoire métallique. Je le ramène ensuite à Maria qui a déjà préparé son déjeuner à la cuisine. - Comment ça s’est passé ? demande-t-elle en examinant attentivement le petit comme si je lui avais coupé une oreille. - Très bien Maria, je ne suis pas complètement inapte, m’insurgeais-je alors. Elle ne m’écoute plus elle est trop préoccupée par son petit protégé qui lui détaille avec animation comment il virevoltait au guidon de sa machine. Je les abandonne à leur discussion et monte enfiler rapidement un jogging, je savais que Gabriel n’allait pas laisser Devon menotté au lit et je suis encore un peu amusée par la gêne mutuelle qu’ils ont dû ressentir. Je ne sais pas du tout où se trouve mon mari pour le moment mais je n’ai aucunement hâte de le savoir, je quitte la maison à pas précipités et je suis complètement soulagée lorsque je l’aperçois au loin à cheval avant de me diriger vers la salle de sport du personnel. Mes entrainements sont bien moins intéressants depuis que je n’ai plus Frank pour marquer la mesure et James pour défouloir. Donc aujourd’hui j’ai décidé que je passerai mes nerfs sur Aaron. - Salut Adena ! entonne Scott lorsque j’entre. Il est en plein entrainements avec Bill, Josh, Shawn, et Jackson que je déteste. - Salut Scott, Aaron est arrivé ? - Non pourquoi ? - Parce qu’aujourd’hui c’est son jour. - C’est le jour de plein de monde aujourd’hui, me répond-t-il d’un ton taquin. Je devine à la malice qui apparaît dans ses yeux que Devon lui a parlé de sa matinée un peu pimentée. - Il te l’a dit ?! chuchotais-je complètement abasourdie. - Evidemment, il sait plus comment il s’appelle et je suis le seul qui peut comprendre ce genre de truc petite coquine, répond-t-il tout bas en me faisant un clin d’œil. - Il est dans quel état d’esprit ? - Intrigué, je dirais… - Pas humilié, ni en colère ? - Non, ça va, pourquoi tu crains pour ta vie ? ricane-t-il. - Ouais, carrément… - T’inquiètes pas, Gabriel l’a fait courir une bonne heure ce matin, ensuite il s’est défoulé ici et après il est parti monter Dixon qu’il rend dingue depuis une bonne demi-heure d’ailleurs je pense que s’il continue ça va partir en rodéo… Je soupire légèrement soulagée par ce qu’il me dit. - Tu l’as un peu calmé ? - Je n’ai pas eu besoin. Il était tout calme quand il est revenu de son footing avec Gab. - Bon parfait ! Ah Aaron ! Te voilà. Le soldat entre bien maladroitement, il a compris qu’il allait passer un mauvais moment. - Je te préviens tu ne me l’amoches pas trop on part en mission bientôt ! s’exaspère immédiatement Jackson.  - Je t’emmerde Jackson, si tu n’es pas content tu n’as qu’à prendre sa place je serai ravie de te refaire le portrait à toi aussi. - Ba vas-y viens ! Qu’est-ce que t’attends ? - Parce que tu crois que parce que tu as trois centimètres de plus que moi tu me fais peur ?! m’énervais-je alors en m’approchant de lui. Bill, Josh et Shawn s’interposent immédiatement entre nous. - Pas de bagarre, on reste soft ici, me dit Scott tranquillement tout en me maintenant d’une main ferme. - J’en ai rien à foutre, laisse-moi lui en coller une que ça lui remette ses idées en place à ce connard ! - Espèce de g***e tu te prends pour qui ? C’est pas parce que tu s***s le patron qui tu vaux mieux que les autres ici. Je me dégage de la prise de Scott et bondis sur Jackson. Nous tombons au sol tous les deux, il essaye de me maitriser mais il est bien trop lourd et lent pour moi, des comme lui j’en mange deux avant le petit déjeuner les yeux fermés. Nous commençons à rouler au sol dans un échange de coups avant que les autres ne m’attrapent par les bras et m’empêchent de continuer alors que j’ai déjà l’arcade en sang et la lèvre ouverte. - Je vais le buter ce connard ! Lâche-moi Scott ! Jackson se relève et crache le sang qu’il a dans la bouche sur le sol en me lançant un regard mauvais. - Jackson dégage, lui dit Scott alors que je suis incapable de me calmer, toi vas taper dans le punching-ball là-bas c’est fait pour ça et arrête de t’exciter sur les hommes, on n’est pas responsable de ce qu’il se passe dans ta relation avec Devon, alors ne passe pas tes nerfs sur nous. - C’est bon, lâchez-moi ça va… Je me dégage de leur prise et m’en vais au fond de la salle où je commence à frapper comme une folle contre le lest qui pend du plafond et tangue à mesure que les coups pleuvent. Putain il m’a mis la haine ! J’y passe un temps fou avant de parvenir à contrôler mes nerfs et je ne suis pas encore tout à fait détendue quand mon téléphone sonne dans ma poche et que je décroche en sueur et complètement essoufflée. - Oui quoi ?! - C’est James. Je suis tout à coup sur le qui-vive. - Pourquoi tu m’appelles ? - Je voulais que tu sois la première à savoir que Bertin c’est bon. - Ta ligne est sécurisée ? - Ouais t’inquiètes. - J’espère pour toi. Quand ? - Cette nuit, je transfère les preuves à Jimmy. - Pourquoi tu ne l’as pas dit directement à ton patron ? demandais-je sèchement. - Parce que je pense que c’est toi qui dois l’annoncer à Serena, il nous reste plus qu’à prendre Benayoum, il est dans le viseur depuis deux jours. Dès que je l’ai, je l’embarque et je rentre. - Merci James, beau boulot, je fais virer tes primes immédiatement. - Devon me paye tu sais… - Moi aussi. - Donc tu considères que ça ne rachète pas notre amitié ? - Certainement pas. Mais je te suis reconnaissante d’avoir fait ça pour Serena, bien que je sache que c’était un réel plaisir pour toi. Ne trainez pas en France. Renvoie les clefs de la villa à Anzieger quand t’aura fini qu’il s’en débarrasse. - Ok. Je remets mon téléphone dans ma poche et suis très pensive le reste de la séance. Terry Bertin est mort cette nuit. Serena va être libérée d’un énorme poids et peut-être prise par la culpabilité d’un autre. Est-ce que je dois courir lui annoncer la nouvelle de but en blanc ? Est-ce que je dois mettre des formes et préparer le terrain ? Ne ferais-je pas mieux d’en parler d’abord à Gabriel ? Oui, c’est exactement ce que je vais faire. C’est à lui de trouver le moyen de l’annoncer à Serena. Je ne m’accorde pas le temps de prendre une douche, j’ignore Bill, Shawn, Josh et Tim arrivé tardivement qui finissent leurs exercices et reprends la sortie pour me rendre au hangar. J’hésite un peu et je trépigne devant les portes coulissantes. Je me décide finalement et j’entre dans le grand hall avant d’avancer vers le salon. C’est étrange de voir l’espace autrefois très haut de plafond séparé à partir du milieu et jusqu’au fond par l’imposante mezzanine, bien que ce soit vraiment très beau comme ça. Serena aura un appartement de choix et un bureau parfaitement bien situé et lumineux. Je ne suis pas étonnée de trouver Gabriel au salon, guitare à la main en train de gratter le regard vide, perdu dans ses pensées. - Salut, dis-je en arrivant près de lui. - Deux fois dans la même journée… Ai-je besoin de te rappeler la règle ? - Non, j’ai quelque chose à te dire… - Merci pour ce matin je suppose ? Je rigole, je me doutais qu’il me taquinerait avec ça, mais il sait que je l’ai envoyé lui parce qu’il est le type d’homme susceptible de se retrouver dans le genre de position dans laquelle j’ai mis mon mari et ce sans la moindre gêne puisqu’il est programmé pour ça. - Est-ce que Serena est là ? - Non, elle est partie travailler, répond-t-il avec une pointe d’agacement dans la voix. - Je ne sais pas comment mettre les formes pour ce genre de chose, alors je te refile l’info et tu en feras ce que tu voudras. - D’accord, ça semble un bon compromis, dit-il en fronçant les sourcils prenant son petit air sérieux qui me fait craquer. - Arrêtes de me regarder comme ça s’il te plaît… - A vrai dire, je me demandais comment se fait-il que ton visage soit ensanglanté ma belle ? - Oh ! Pardon, dis-je en portant machinalement la main à mon sourcil pour voir si je saigne encore. Il pose sa guitare sur le fauteuil et se lève du canapé puis me fait signe de l’accompagner. J’entre dans la chambre qu’il partage avec Serena et le suit jusqu’à la salle de bain, il baisse la cuvette des toilettes et me fait encore signe de m’y assoir en soupirant pendant qu’il sort des désinfectants et des compresses. Je le laisse prendre mon visage dans sa main et tamponner mes blessures comme lorsque j’avais soigné moi-même Ethan il n’y a pas si longtemps. - Tu m’en parles ? demande-t-il en me regardant avec une telle douceur que j’ai furtivement envie de l’embrasser. Merde alors, il ne devrait pas avoir le droit de me regarder comme ça. - Au point astronomique ma douce, murmure-t-il pour me rappeler notre accord. - Je me suis battue avec Jackson, dis-je alors pour détourner ma propre attention de l’attraction grandissante et empoisonnante qui me parcourt dans cette proximité avec Gabriel. - Garçon manqué… - Pas du tout, il m’a gonflé… - Qu’est-ce qu’il a fait de si grave pour que tu le détestes autant ? - ça date d’il y a plusieurs mois, il est revenu de mission avec deux jeunes grecques qu’il a terrorisées pendant des jours en faisant des orgies avec ses petits copains… - Je comprends… ça a dû être éprouvant pour toi d’assister à ça… - Non, je n’étais pas là c’est quand j’étais au Seychelles avec Frank, je fuyais Devon, c’était déjà bien compliqué entre nous, bien que cette époque me manque presque maintenant. - Que sont devenues ces jeunes femmes ? demande-t-il sur le ton de la conversation. - Je les ai descendues bien sûr ! Je ne pouvais pas laisser ça durer sous mon nez. Il est complètement figé par ma confession, mince, je ne tiens pas assez compte de la gentillesse et de la normalité de Gabriel. Je suis une tueuse depuis si longtemps maintenant que j’en oublie régulièrement que tous ne sont pas comme moi. - Excuse-moi, je ne voulais pas te choquer. C’était la seule solution, Devon n’a pas l’habitude de laisser de témoins. Il recommence à tamponner et laisse planer un silence chargé de tension avant de reprendre. - De quoi voulais-tu me parler ? - Euh, bien justement, c’est dans le même thème. - Vas-y autant que je m’habitue, plonge-moi dans le grand bain.  Tu es tellement adaptable… souriais-je en caressant son visage barbu malgré-moi avant d’enlever ma main surprise par mon propre geste. - Je t’écoute, dit-il alors sans sourciller pour m’encourager. - James a tué Bertin cette nuit. - Wow. Il a un sacré mouvement de recul. - Serena est au courant ? - Non, et Devon non plus pour le moment. - Est-ce que tu es sûre ? - Jimmy doit avoir les preuves entre les mains en ce moment même. - p****n de merde…dit-il en s’appuyant sur le rebord du lavabo, c’est pas du tout le bon moment, Serena est d’une humeur massacrante et j’espérais un peu la détendre en débloquant certaines situations ce soir… Mais avec une telle information… Elle va péter un plomb… Elle dit que c’est ce qu’elle veut, mais en avoir la confirmation c’est tout autre chose. - C’est pour ça que j’ai jugé préférable de t’informer avant pour que tu choisisses le moment approprié pour lui en parler. Quand j’ai tué Gérard Davault… J’ai complètement vrillé après, Devon a dû me mettre sous une douche froide. - Comment l’as-tu tué ? - Je vous en avais parlé quand je suis venue vous rendre visite en France. Je l’ai torturé pendant deux jours. Je l’ai frappé, je l’ai brûlé avec un tisonnier, je lui ai découpé les mains, j’ai troué sa peau à coups de perceuse et j’ai découpé son abdomen jusqu’à ce qu’il meure lentement à la vue de ses propres viscères étalées au sol. Je vois bien qu’il feint ne pas être complètement écœuré par ce que je lui dis mais je sais que tout cela pour lui vient d’un autre monde. - Tu as conscience que Serena veut faire venir Benayoum pour ça ? - Elle ne sera pas capable de faire des choses pareilles. - Si j’étais toi je ne parierai pas là-dessus, lui dis-je alors en me relevant puis reprenant la direction de la chambre avant d’en sortir. Je retourne dans le hall, Gabriel est resté cloué dans la salle de bain et je le laisse à ses dilemmes, j’ai déchargé les informations, je n’en suis plus responsable. Je frappe à la porte de Jimmy qui ne répond pas, j’ouvre et trouve la pièce plongée dans un noir complet. - Jimmy tu dors ? - Ouais, p****n j’ai bossé toute la nuit ! - Et la nouvelle maîtresse du monde ne t’as pas encore tirée du lit avec ses ordres ? - Si, mais ça attendra, j’ai passé la nuit à taffer avec Leïlany. - C’est qui Leïlany ? demandais-je curieuse, il y a une fille dans ton lit ? - Bien sûr que non ! C’est une meuf avec qui on bosse sur Davault, Cotti et tutti quanti. - Ok ! Tu m’enverras les preuves de Bertin que James a dû charger sur ton réseau et s’il te plaît, n’en parle à personne pour l’instant, Serena n’est pas encore informée. - Hum. - Merci Jimmy ! Je ressors finalement du hall et la nuit commence déjà à tomber. Je remonte le chemin sans trop me presser, je n’ai pas croisé Devon de la journée et je sens l’appréhension revenir au grand galop tandis que j’avance vers la maison.  
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