Chapitre 7

1336 Words
Nous ne savons pas à l'avance quand est-ce que notre vie va radicalement changer. Nous ne nous levons pas le matin avec un sentiment différent. Nous n'avons pas la capacité de voir l'avenir. Ne pas savoir nous pousse à vivre. Katrina ne s'était pas sentie différente ce matin. Fatiguée à cause des derniers mois, elle se préparait simplement et mangeait sans son fiancé. Elle avait pris un jour de congé et comptait aller rendre visite à ses parents après le rendez-vous médical. Tout ralentit la seconde même où le téléphone se mit à sonner. Kat se mit à trembler de tout son être et une grimace prit place sur son visage malgré elle. Cependant ses tremblements ralentirent lorsqu'elle se rendit compte que quelque chose n'allait pas. Elle se tourna vers la femme et ce qu'elle vit la glaça d'horreur. La jeune femme ne souriait pas. Elle ne se moquait pas. Elle était silencieuse. Elle fixait le téléphone et semblait tout aussi inquiète que Kat. Cette dernière se concentra de nouveau sur la source du bruit. Elle souffla lentement. Ses poumons se vidaient durant des heures. Elle finit par se redresser et décrocha. Le son à l'autre bout du fil lui fit mal aux oreilles. C'était une voix. Celle d'un homme. Avec des dizaines d'autres voix en fond. Ces dernières étaient trop calmes. « Allô ? -Madame Katrina Deletar ? » Katrina inspira profondément avant de répondre par la positive. Elle était figée en fronçant les sourcils. « Je suis désolé... » Katrina n'eut pas besoin d'entendre la suite. Elle savait. Elle ne dit cependant rien durant de longues secondes. L'homme au bout du fil répéta même sa phrase pensant que la jeune femme ne l'avait pas entendu. Au troisième désolé le téléphone heurta le sol. Katrina resta le regard perdu dans le vague, la bouche grande ouverte prête à crier mais aucun son ne sortit. Il n'y en avait pas pour décrire ce qu'elle ressentait. Elle était comme coupée du monde extérieur. Rien en pouvait plus l'atteindre. Tout était silencieux. Tant que ses oreilles se mirent à saigner. Les premières larmes coulèrent au ralenti comme influencées par le moment. Très vite les larmes se multiplièrent. Je n'avais jamais vu personne pleurer autant. C'était physiquement impossible. Katrina ne bougeait pas. Le temps l'avait rattrapée mais elle ne s'en était pas rendue compte. Quelques secondes après l'annonce elle s'effondra sur ses genoux et prit sa tête dans ses mains. Des cris de douleur se mêlèrent à ses pleurs et elle se tordait sous le poids de la nouvelle. Katrina se mit à frapper le sol de toutes ses forces. Elle voulait avoir mal. La douleur interne était trop forte. Elle avait besoin de détourner l'attention de son corps. Ses poings étaient à présent en sang mais cela ne suffisait pas. Elle ne supportait pas de sentir cette douleur. Elle ne supportait plus de sentir. Katrina se leva avec peine et boita jusqu'à la cuisine où elle agrippa le manche de son couteau le plus aiguisé. Elle allait en finir quand une main l'en empêcha. J'allais moi même crié de toutes mes forces pour l'empêcher de commettre cette bêtise mais heureusement je n'en eus pas besoin. A travers ses larmes Katrina regarda la jeune femme qui n'avait pas quitté la pièce. Pour une fois elle ne semblait pas se réjouir de quoi que ce soit. Même la jeune femme ne prit pas la peine d'essayer de combler le silence. Elle suppliait simplement Katrina avec son regard. Elle lui demandait de ne pas en finir. Katrina secoua le couteau avec vigueur durant de longs instants. Elle n'avait plus rien d'humain. Elle finit cependant par abandonner. Ses larmes redoublèrent et elle glissa lentement au sol sans son couteau. La jeune femme posa l'arme avec douceur sur la table de la cuisine et s'assit en silence et à une distance raisonnable de Katrina. Sa présence ne fut pas dérangeante. Tandis que notre petite fille pleurait, la jeune femme brune se tourna vers moi et je lui souris avec peine. Une fois la nuit tombée le corps inerte de Katrina finit par remuer. Elle se tira sur ses pieds et s'assit à son bureau dans un silence de mort. Le manque était froid. Katrina s'arma d'un stylo et d'une feuille vierge pour essayer de se soigner. Elle commença par admirer la feuille imposante la gorge sèche. Les mots ne venaient pas comme elle l'aurait voulu. Elle choisit un autre moyen et créa un être pour aussitôt le détruire. Elle s'en voulu amèrement mais en avait besoin. Le malheur des autres fut son bonheur pour la première fois. Enfin son cœur s'apaisa d'une demie plume l'espace de quelques secondes. Katrina sauta sur ses pieds et déchira son œuvre avec des gestes rageur. Elle alla chercher des allumettes dans la cuisine et mis ensuite feu à sa peine. Les flammes la fascinèrent d'un côté. Un peu d'eau mit fin au spectacle. La porte s'ouvrit plus tôt que prévu et Paul entra. Il salua sa fiancée de mais son sourire fana dès qu'il vit son expression. Il s'approcha d'elle tout en l'appelant. Comme elle ne répondait pas il la prit par les épaules et la secoua avec douceur. Il lui demandait ce qu'il n'allait pas. Ce qu'avait dit le médecin. Si sa mère allait bien. Très vite les questions furent répétés et aucune réponse n'avait été apportée. Les larmes se remirent à couler et Paul la prit dans ses bras pour la consoler. Il n'y avait rien à dire. Ils le savaient. Il pouvait simplement lui montrer qu'il l'aimait. Quelques jours avaient passé. Le moment été venu de s'habiller en noir. Katrina qui en avait souvent porté n'avait jamais trouvé cette couleur plus adaptée. Elle aspirait tout et ne rejetait rien. Qui aurait cru qu'il serait si difficile de s'habiller un matin. Elle avait fouillé dans sa penderie et en avait sortit un gros t-shirt noir qu'elle portait en tant que pyjama. Elle l'avait serré contre elle pendant de longues secondes les yeux fermés et mouillés. Puis elle l'avait enfilé et avait rageusement jeté tous ses autres vêtements au sol. Beaucoup de personnes étaient venus. Beaucoup plus que Katrina n'aurait pensé. La femme et moi sommes venues aussi mais nous n'avons pas osé nous montrer. Nous sommes restées dans le fond et n'avons pas bougé. Katrina n'avait envie de voir personne. Elle n'avait pas la force de les saluer ou de les remercier de leur présence. Paul était à sa gauche mais sa droite manquait. Elle avait espéré. A travers ses larmes elle avait guetté la porte d'entrée. Il n'avait pas répondu à ses appels alors elle s'inquiétait. Comment allait-il ? Il ne vint pas. Katrina espérait que ses parents n'allaient pas le prendre mal. Elle leur expliqua qu'il avait besoin de temps et qu'ils devaient le pardonner. Elle leur dit qu'elle allait s'occuper de lui et que tout allait bien se passer. Les invités étaient partis depuis un bon moment mais Katrina avait demandé à rester. Paul voulait l'accompagner mais elle lui avait dit de partir. Elle voulait être seule à présent. Paul avait refusé au départ sachant qu'elle avait besoin de quelqu'un mais il ne savait plus quoi faire quand elle lui rendit la bague. Il balbutia mais finit par la laisser et Katrina eut le loisir de parler. Nous choisîmes ce moment pour sortir de la pénombre et nous postâmes à ses côtés sans un mot. Suite à ce jour les visites de Katrina furent longues et nombreuses. Elle rendait visite à ses parents dès qu'elle avait du temps libre ou des choses à dire. Matin comme soir elle parlait sans se retenir. Paul ne l'accompagnait pas. Il était passé à l'appartement plusieurs fois pour vérifier qu'elle supportait mais les silences de son ex fiancée finirent par le démotiver. Katrina venait seule. A chaque visite son ventre s'arrondissait. Au départ elle s'était retenue. Elle vida son sac et leur dit pour Noah qui buvait la nuit. Désormais elle n'avait plus rien à cacher.
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