Chapitre 7

334 Words
7La famille d’Alix avait quitté l’immeuble dix ans auparavant. Rien n’avait changé. L’entrée avait été repeinte, les tapis remplacés. Alix s’arrêta devant les boîtes aux lettres. Celles de son enfance étaient en métal noir. Celles-ci brillaient. L’odeur du «lissu» (eau de lessive) que la concierge utilisait pour nettoyer le sol avait disparu, mais les souvenirs restaient intacts. Le sept-pièces qu’elle habitait avec ses parents était situé en dessous de celui de la morte, mais Alix se souvenait à peine de la femme «d’en haut». Quand le service de presse l’avait alertée, elle avait cru à une plaisanterie. Mais non, elle se retrouvait bien avec un macchabée de plus sur les bras, ce qui n’allait pas simplifier son week-end. D’un autre côté, Bruno ne répondait toujours pas au téléphone et ça commençait à l’agacer prodigieusement. Et pour couronner le tout, elle devait aller enquêter dans l’immeuble de son enfance! Parvenue sur le palier du quatrième étage, Alix rencontra une petite femme noiraude, toute rouge de larmes. À l’évidence, il s’agissait de la concierge, qu’une voisine tentait de consoler. Les hommes de la Crime étaient là. Ils s’activaient dans l’appartement. On les voyait de temps en temps apparaître à la porte d’entrée. Le plus grand aperçut Alix et lui sourit: «Ça ne te plairait pas, il n’y a pas de sang partout!», chuchota-t-il comme une plaisanterie pour faire comprendre à Alix qu’elle ne perdait pas grand-chose à rester dehors. La journaliste rongeait son frein. C’était chaque fois la même chose. Elle était là, à deux doigts du cadavre, et on ne la laissait pas passer. Même ses meilleurs potes parmi les flics ne pouvaient l’emmener avec eux. Certains avaient déjà la bonté de l’appeler quand ils partaient sur un meurtre… elle ne pouvait pas non plus en demander trop. Alix essayait de garder son calme. Pour une fois, on avait eu le bon goût de tuer pendant la nuit. Il était midi et Alix avait tout son temps pour enquêter. Elle demanda si le commissaire Simon était déjà là. L’inspecteur promit de faire passer le message. Quelques minutes plus tard, Norbert Simon marqua un temps d’arrêt en sortant de l’appartement. Si le policier lui avait dit qu’il s’agissait d’Alix, il ne se serait pas dérangé.
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