Couverture-2

2001 Words
— J’ai un rencart. — Avec la jolie blonde avec qui tu parlais toute à l’heure en bas ? — Bon sang les nouvelles vont vite ! réagit Alexis sans animosité. Il savait que tout allait vite dans ce commissariat. Il était apprécié de tous, même dans ses coups de sang. Toujours correct et respectueux tous ses collègues voulaient le meilleur pour lui. Beaucoup d’ailleurs ne comprenaient pas pourquoi il était encore célibataire. Les deux collègues se taquinèrent un peu et Alexis fila retrouver Marjorie qui l’attendait devant le bâtiment. Le flic entraîna la jeune femme vers un restaurant tranquille qu’il connaissait bien. Ils discutèrent comme deux vieux amis. Au fur et à mesure du dîner, Marjorie retrouva un vrai sourire et se détendit en la compagnie du policier. Ils sortirent du restaurant sans avoir envie de se quitter. — Je te propose un dernier verre chez moi ? tenta-t-il. Marjorie accepta d’un regard silencieux. Alexis lui sourit et l’attira doucement vers lui. Il chercha ses lèvres et lui donna un b****r des plus tendres. Ils surent tous les deux à cet instant qu’ils ne seraient pas qu’amants de passage. Ils réalisèrent aussi sans se l’avouer que tout semblait être une évidence entre eux. Le policier n’habitait pas loin de son lieu de travail. Ils s’y rendirent donc à pied. Alexis lui ouvrit la porte de sa tanière. Marjorie trouva l’appartement immense pour un célibataire endurci. Il lui expliqua qu’il avait hérité de l’appartement familial à la mort de ses parents dans un accident de voiture quelques années plus tôt. Elle lui raconta avoir elle-même perdu son père d’un cancer et avoir dû placer sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. Il réalisa alors que sa conquête n’avait pas dû avoir une vie facile avec tous ces deuils. Ils échangèrent un peu sur leurs vies respectives. Marjorie était en confiance et trouver une oreille attentive lui fit beaucoup de bien. Alors qu’il lui préparait un verre, Marjorie se dirigea vers le vivarium de la salle à manger. Elle frissonna s’attendant à voir un serpent, animal qu’elle détestait, mais fut déçue, car elle ne vit rien du tout. — Tu as un vivarium vide ? demanda-t-elle intriguée en continuant à chercher un animal à travers la vitre. — Regarde bien il n’est pas vide ! dit Alexis en lui désignant une grande feuille. Marjorie sourit en trouvant enfin le caméléon caché dans sa verdure. — Tu aimes les NAC ? — Pas particulièrement. Bébert est le cadeau d’anniversaire que j’ai reçu en décembre de mon équipe pour mes 40 ans. — Pourquoi un caméléon ? — Il paraît que comme eux je sais me fondre dans la masse ! — Ton équipe t’apprécie dirait-on. — Ton père avait dû te le dire. Nous formons une grande famille comme à l’armée. Il regretta aussitôt la dernière partie de sa phrase. Marjorie perdit son sourire instantanément. Elle délaissa le vivarium et alla s’asseoir. Elle but une gorgée d’alcool. Le flic l’observa attentivement. Elle se battait comme une diablesse pour ne pas retomber dans sa mélancolie. Il s’assit à ses côtés et la regarda en silence. C’est elle qui le rompit la première. — Veux-tu savoir pourquoi je ne t’ai pas rappelé plus tôt ? — Seulement si tu veux me le dire, Marjorie. La jeune femme quitta sa veste et remonta sa manche, comme si le geste pouvait lui donner le courage. Le regard toujours affûté du flic remarqua les anciennes traces blanches sur les poignets de sa compagne. — J’ai vraiment adoré le moment que nous avons passé ensemble en janvier. Notre discussion et notre étreinte. Quand j’ai vu que tu avais laissé ta carte de visite j’ai crevé d’envie de te rappeler le soir même. Mais cela faisait aussi exactement quatre ans que Maxime était décédé et je n’ai pas pu. Je me suis mise en arrêt maladie et je suis partie un peu me mettre au vert. — Et tu vas mieux ? — Il y a des moments plus difficiles que d’autres, mais je gère. Alexis tendit sa main vers celle de Marjorie et lui caressa les légères cicatrices. — Il fut un temps où tu n’as pas géré pas vrai ? Raconte-moi. Marjorie lui raconta alors que Maxime était tombé en Afghanistan. Un snipper l’avait descendu alors qu’il mettait un enfant en sécurité. Elle lui narra que l’armée avait eu le temps de le rapatrier à l’hôpital du Val de Grâce. Qu’elle avait pu voir son mari une dernière fois alors que les médecins ne donnaient aucun espoir. La jeune femme étouffa un sanglot en se remémorant ses douloureux moments. Alexis lui serra la main fortement. — Continue Marjorie. Je pense que tu as besoin d’en parler. — Il m’a fait promettre de ne pas le laisser souffrir plus longtemps et de refaire ma vie. Il est tombé dans le coma vingt minutes après. — Et ? poussa doucement Alexis, présageant la suite du récit. — J’ai demandé aux médecins de tout débrancher et j’ai attendu. Ça n’a pas duré très longtemps. Alexis imagina l’horreur de la situation et s’enquit de savoir si elle avait été soutenue. Maxime n’étant pas en bon terme avec sa famille qui habitait au Canada, personne n’avait jugeait bon de venir. Ses propres parents étant déjà malades, elle n’avait pu compter que sur son meilleur ami. — Et l’armée ? interrogea Alexis — À part lui décerner une médaille à titre posthume, on va dire que la grande muette s’est montrée bien discrète. Nous nous étions mariés jeunes. On venait de fêter nos huit de mariage. Je n’avais connu que lui. L’avantage c’est que comme il était régulièrement absent, je savais me gérer seule. Ce que je ne suis pas arrivée à supporter c’est son absence, le manque. Un soir, je me suis enivrée et j’ai décidé de me couper les veines. C’est mon meilleur ami, qui voyant que je ne répondais pas comme tous les soirs, est intervenu à temps. Je ne voulais pas vraiment mourir, je voulais... Elle ne parvint pas à terminer sa phrase et se mit à pleurer en proie à un torrent d’émotion et de souvenirs. — Tu voulais arrêter de ressentir son absence, finit Alexis en la prenant contre lui. Elle pleura très longtemps. Alexis la laissa épancher sa souffrance. Il avait le cœur lourd d’avoir entendu ses confidences, mais était content qu’elle l’ait choisi pour confident. Marjorie sécha ses larmes. La jeune femme s’excusa d’avoir plombé la soirée. Elle se sentait bien avec lui et tout était sorti très facilement. — Ça m’a fait du bien de te parler. Pour beaucoup je dois tourner la page. Mais il me manque, ce n’est pas croyable. Il y a eu aussi, quelques mois après, le décès de mon père, ce qui a sûrement rendu les choses bien plus difficiles, même si c’est le deuil de Maxime que j’ai le plus de mal à gérer. — Celui qui ne le vit ne pas peut pas savoir. — C’est certain. J’ai renoué avec des aventures pour ne pas m’attacher. Je sais que j’ai fait une autre promesse à Maxime, mais j’ai peur. — Il te faut prendre ton temps, fit le flic, réalisant que quatre ans de veuvage c’était peu pour remiser au rang des souvenirs une union qu’il jugeait très heureuse, à la manière dont Marjorie en parlait. Marjorie se noya dans le regard bleu perçant du flic. — Je vais continuer à être franche avec toi, Alexis. J’aime ta compagnie et je suis bien avec toi. Mais j’ignore totalement si je vais y arriver. — Je partage ce sentiment de bien-être en ta compagnie. Quand je t’ai abordé en janvier, j’ai espéré que ça serait différent. Et c’est avec cet espoir que je t’ai laissé mon numéro. Après, moi-même je ne peux rien te garantir. Mais j’ai envie d’essayer. Leur échange de regards fut très intense. L’alchimie se faisait, mais tous les deux en avaient peur à ce moment précis. Cependant tous les deux avaient l’espoir que leur attirance ne serait pas celle d’une nuit unique. Elle chercha à savoir s’il avait déjà vécu en couple. Il lui répondit franchement qu’il avait tenté l’aventure quelques années auparavant, qu’ils avaient tenus un an. Il lui narra que sa compagne d’alors n’avait pas supporté les contraintes de son travail et lui avait demandé de choisir entre elle et son métier. Il avait tranché dans le vif et choisi. Il comprit qu’avec Marjorie il ne connaîtrait pas ce genre d’ultimatum. Elle avait connu bien pire avec l’armée et les absences de longue durée de son mari. Elle gérerait facilement des horaires de dément qu’Alexis pouvait avoir. L’un comme l’autre sentait bien à leur façon de parler qu’ils avaient l’espoir que leur relation ne soit pas qu’un feu de paille. Marjorie approcha son visage de celui du flic. Ils s’embrassèrent avec une émotion toute nouvelle. Les confidences les avaient rapprochées. La tendresse se fit rapidement passion. Alexis la prit par la main et l’entraîna vers sa chambre cherchant son assentiment dans ses yeux noisette. Tout comme au mois de janvier, Marjorie se fit très vite entreprenante. Alexis lui bloqua les mains doucement. — Laisse-moi t’aimer comme tu le mérites, ma colombe, lui murmura-t-il à l’oreille. Marjorie hésita un peu, mais se laissa faire. Elle devait aussi renouer avec le fait d’être le centre de tous les égards de la part d’un homme. Remettre en berne cet étendard de femme libérée qu’elle avait levé pour ne plus s’attacher. Alexis la déshabilla très lentement, la découvrant tel un bijou. Il prit lui aussi plaisir à redevenir un amant attentionné. Même s’il prenait toujours soin de ses maîtresses il n’y mettait jamais aucune réelle affection. Ce qui n’était pas le cas avec la jeune femme qu’il tenait ce soir-là dans ses bras. Tout était différent et presque naturel qu’ils s’en trouvèrent troublés. Nus, ils accédèrent au lit. Alexis enivra sa compagne de caresses qu’il multiplia à l’infini. Il la rendit folle de plaisir quand sa langue taquina son petit bouton et trouva le chemin de son intimité. Marjorie s’était détendue même s’il sentait encore une infime résistance en elle. Il la titilla encore longuement s’amusant avec son corps. Le plaisir de sa compagne passait avant le sien. Il lui essuya avec tendresse les larmes qui pointaient au bord de ses prunelles. Il sut que cet instant n’était pas simple pour elle. Ils ne vivaient pas un coup d’un soir. Cette relation devenait bien plus intense que les aventures qu’elle avait pu avoir. Il chercha une quelconque interdiction dans ses yeux. Il ne la trouva pas et s’immisça alors en elle. Elle se cambra pour l’attirer encore plus profond en elle. Il la sentit alors totalement sienne. L’o*****e les cueillit tous les deux les laissant épuisés et comblés. Quand Alexis se réveilla un peu plus tard, il trouva la place à côté de lui vide, mais encore chaude. Il sut donc que Marjorie était encore chez lui, qu’elle n’était pas partie en pleine nuit. Il tendit l’oreille et la devina sous la douche. Il patienta un peu puis décida de la rejoindre trouvant le temps un peu long. Il pénétra dans la pièce embuée, sans bruit souhaitant la surprendre. Mais toutes ses pensées coquines volèrent en éclats quand il la trouva en pleurs, recroquevillée dans la cabine. La vision qu’elle lui offrit alors brisa le cœur du commandant de police. Il ferma rapidement le robinet et lui tendit la main pour l’aider à se relever. Elle résista mauvaise et le rejeta dans un geste brusque. — Lève-toi ! ordonna-t-il froidement. Il devait la faire réagir pressentant la crise de nerfs refoulée. Marjorie leva la tête vers lui et accepta sa main tendue qui l’aida à se relever. Le flic l’enveloppa dans un drap de bain alors qu’elle pleurait toujours et l’entrain doucement vers le salon. La jeune femme pleura longuement, dévastée par des sentiments contradictoires. — C’est dur Alexis ! fit-elle une fois calmée et en le regardant tristement. — Dis-moi ce que tu ressens ? — J’ai adoré cette nuit. Mais j’ai l’impression d’avoir trahi mon mari alors que je sais que c’est ce qu’il voudrait. Je sais vraiment plus où j’en suis. Elle se remit à pleurer complètement perdue dans le chaos de ses émotions. Alexis lui releva doucement la tête d’un doigt sous le menton. Il ancra ses yeux bleus dans celle de la jeune femme qui ne cessait de pleurer. — Voilà ce que l’on va faire. Tu vas profiter du déplacement à Lille dont tu m’as parlé pour réfléchir. Dis-toi juste que je serai là à ton retour. Que tu me choisisses comme simple ami ou que tu décides de me donner un autre statut. — Merci d’être aussi compréhensif. Nous pouvons quand même nous téléphoner sur ma semaine dans le Nord ? Si elle avait besoin de réfléchir, Marjorie n’avait pas envie de couper le lien qui s’établissait avec le flic. Il sourit ravi. — Je ne demande pas mieux que de t’avoir au téléphone, mais encore faut-il que tu me donnes ton numéro. Elle rectifia son oubli et ils durent très vite se laisser pour repartir travailler chacun de leur côté. Alexis arriva le cœur léger et plein d’espoir au commissariat, tandis que de son côté Marjorie vivait le dilemme qui pourrait la conduire vers une nouvelle vie.
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