Couverture-3

2016 Words
Chapitre 3 Marjorie avait donc fait son choix. Elle avait opté pour tenter une relation avec Alexis. Il la laissait avancer à son rythme respectant ses silences et étant toujours là quand elle le rappelait. Au fil des semaines, des mois, Marjorie prenait confiance en elle et s’épanouissait dans sa nouvelle relation. Le policier la découvrait par petite touche, mais cette histoire le changeait tellement de ce qu’il avait connu, qu’il s’était piqué au jeu du mystère qui entourait sa belle. Elle l’avait invité à un vernissage dans la galerie d’art tenu par son meilleur ami et dans laquelle elle avait des parts. C’était aussi pour elle l’occasion d’officialiser sa relation vis-à-vis de cet ami très protecteur. Le seul qu’elle ait jamais eu. Alexis avait été surpris du côté artiste de sa compagne. C’était un milieu totalement inconnu pour lui. Il comprit aussi que rencontrer Jacob serait une nouvelle étape à franchir dans leur relation. Il se doutait aussi à travers les confidences de Marjorie sur cet ami qu’il allait être testé sur son sérieux vis-à-vis de la jeune femme. De son côté, Alexis avait un peu parlé de Marjorie à Antoine, mais ne lui avait pas encore officiellement présenté. Les quatre membres de son équipe avaient compris que leur chef était amoureux et tous étaient heureux pour lui. En cette journée de mai, le couple avait décidé de se retrouver le vendredi soir et de passer tout le week-end ensemble. Alexis prit l’appel de sa compagne alors qu’il prenait un café avec ses collègues avant de retourner mener un interrogatoire d’un gardé à vue depuis le matin. — Oui... OK on fait comme ça. A toute à l’heure, ma colombe ! À peine eut-il fini sa phrase qu’il s’en mordit aussitôt les doigts. Quatre paires d’yeux se posèrent sur le commandant, bientôt suivi par des imitations plus ou moins réussies du roucoulement d’une colombe. — Que vous pouvez être cons ! lâcha Alexis, amusé malgré tout. Il régnait très souvent une très bonne humeur dans leur équipe. Alexis était convaincu dans sa façon de manager que c’était un gage d’efficacité. Et il n’était pas le dernier à les taquiner d’habitude. — Tu nous la présentes quand ton oiseau rare ? demanda Solène — Ouais Solène a raison. La voir pourrait concourir à la cohésion d’équipe ! renchérit Matthieu. Antoine et Farid ne disaient rien, mais n’en pensaient pas moins. — Dites plutôt que vous êtes curieux ! râla faussement leur chef. — Peut être un peu, mais on a surtout envie de voir ce que peut donner un couple formé par un caméléon et une colombe. Alexis soupira et leva les mains en signe de capitulation alors que les autres se tordaient de rire. — Celui ou celle qui restera après 18 h la verra peut-être. — Alors tu peux nous ajouter des heures sup, car on va tous rester ! fit Farid — Tu peux t’asseoir sur tes heures mon vieux ! Bon maintenant on revient à notre gardé à vue. À nouveau concentrés, ils se remirent au boulot. Alexis savait que ces moments de délire étaient importants pour eux tous et que le sérieux reprenait vite le dessus. — S’il te plaît Alex, je peux cette fois avoir le rôle de la méchante ! quémanda Solène en refermant son dossier et en fixa son chef du regard, pleine d’espoir. Alexis sourit à la jeune femme. Il s’était battu pour l’avoir dans son équipe et ne le regrettait absolument pas. Elle était la plus jeune de la b***e, mais il lui trouvait un énorme potentiel. D’abord peu emballés, les trois autres l’avaient vite intégrée et sa touche féminine les aidait souvent dans certaines affaires. — On peut toujours essayer, mais ne le soit pas trop sinon Farid va avoir peur ce soir ! balança-t-il naturel. Les deux flics en face de lui se raidirent. Alexis rigola tenant sa petite vengeance suite aux plaisanteries de ses collègues et amis. — Merde ! nous pensions avoir été discrets ! s’embrouilla Farid mal à l’aise en regardant Antoine et Mathieu au courant de leur nouvelle histoire, mais qui s’étaient tus. Solène baissa les yeux, soudain tendue. Alexis jubila un peu de les voir aussi mal à l’aise, mais les rassura. Il n’y voyait rien à redire tant que leur travail ne s’en ressentait pas. La tension retomba chez les amoureux. Leur supérieur était toujours très attentif à tout et rien ne lui échappait. Il veillait sur son équipe comme un père et souvent il se disait que c’est pour cela que les résultats étaient là. Alexis briefa alors la jeune policière sur ce qu’il attendait d’elle puis regarda Matthieu. — Tu iras après Solène. Tu joueras le compréhensif, le gentil quoi ! Je clôturerai le bal. Leur boulot de flic reprit le dessus et plus personne ne pensa à leurs amours respectives. La garde à vue ne se passa pas comme ils l’avaient espéré et c’est Alexis qui décida de s’y coller les dernières heures. C’est donc naturellement Antoine qui accueillit Marjorie à son arrivée. Le policier accrocha instantanément avec la petite amie de son collègue. Il la fit entrer dans le grand bureau où toute l’équipe se trouvait. Alexis avait son bureau à part, juste à côté, mais les autres partageaient le même. Marjorie reçut un accueil plutôt amical même s’ils mouraient tous de lui poser des questions sur son couple avec Alexis. Antoine lui offrit un siège et s’excusa de devoir finir de voir quelques détails avec son équipe sur une affaire de vol avec violence. — Bon sang, Antoine ne me dit pas que ce truc tout moche est le tableau volé ? s’écria Matthieu. Il montra à l’assistance un tableau qui ressemblait, pour lui, à des lés de tapisserie accolés les uns à côté des autres. Les autres regardèrent la photo avec un air aussi dubitatif que le sien. Marjorie observa les policiers en ayant beaucoup de mal à étouffer son rire face à leurs mines ahuries. — Si je peux me permettre, cette œuvre vient d’un des artistes les plus réputés du moment en Art contemporain ! lança-t-elle doucement ne voulant pas trop s’imposer dans ce bureau et dans ce milieu qui n’étaient pas les siens. Même si elle y avait baigné avec son père, elle n’était pas une des leurs. — Vous plaisantez ? fit Solène médusée en jetant un œil à la photo représentant le tableau. — Pas du tout ! Cette gamme-là oscille entre 5600 € et 10 000 € sur le marché actuel, répondit Marjorie sérieusement. — Qui pourrait agresser une personne pour une telle horreur ? — Certains marchands d’art sont réputés pour être capables de tout pour faire une bonne affaire. Alexis était revenu dans la pièce sans bruit comme à son habitude. Il avait assisté au dernier échange en souriant. Il enlaça sa compagne qui sursauta. — Tu m’as fait peur ! râla-t-elle en le frappant alors qu’il riait fier de son coup. — Vous allez devoir vous y habituer, Marjorie. Il fait le coup à tout le monde ! avoua Farid. Son chef avait l’habitude de surprendre son monde, ce qui lui avait valu son surnom de caméléon. Il était toujours là où on l’attendait le moins et passer partout sans se faire remarquer. Alexis passa le bras autour de la taille de la jeune femme, mais évita de l’embrasser pour ne pas s’attirer encore une fois les quolibets de son équipe. — Ils t’ont bien traité ? s’enquit le commandant se méfiant toujours un peu de leur humour pas très fin. Marjorie le rassura d’un sourire. — Tu ne nous avais pas dit que ton amoureuse était spécialiste en art contemporain ? fit Antoine. — Je l’ai découvert il y a peu moi aussi. Elle m’embarque d’ailleurs à un vernissage demain soir. — Et ben si c’est aussi moche que ça je te plains, mon vieux ! fit Matthieu en montrant à nouveau la photo qu’il avait dans son dossier. Marjorie pouffa devant leur moue sceptique. La jeune femme admit volontiers que tout n’était pas forcement à son goût, mais leur rappela gentiment que cela restait tout de même de l’Art. Elle leur communiqua quelques adresses de sites consacrés à ce type d’œuvre pour les aider dans leur dossier. Alexis leur tendit un PV d’audition. — Tu as réussi à le faire parler ? demanda Solène en jetant un œil au document. — Son avocate est arrivée à lui faire comprendre qu’il valait mieux être coopératif. Je vous laisse gérer la fin de sa garde à vue. — Tu ferais avouer un mort ! soupira Solène déçue de ne pas être arrivée à ses fins avec le prévenu. Elle admirait son chef et espérait un jour être aussi douée que lui ou Antoine. — C’est l’expérience qu’il te manque. C’est juste une question de temps. Nous, on va s’éclipser et je vous dis à lundi ! conclut Alexis bien décidé à partir en week-end rapidement. Marjorie serra les mains des différents policiers présents. Alexis capta le regard d’Antoine sur le poignet de sa compagne. Ce dernier garda le silence et regarda le couple partir. Son ami lui avait encore que peu parler de Marjorie. Alexis attendit d’être sorti du commissariat pour embrasser sa compagne. Marjorie avait beaucoup apprécié les collègues de son petit-ami et le lui dit. — Ils sont très sympas et compétents. À part Antoine, qui est plus âgé que moi, les trois autres sont encore jeunes, mais sont de très bons flics. Je peux compter sur eux et eux sur moi. Ils rêvaient de te rencontrer. Comme je ne leur ai quasiment rien dit sur toi le mystère les a rendus curieux. Marjorie le taquina de savoir s ’il avait honte d’elle pour ne pas en avoir parlé à ceux qui partageaient ses journées de travail. Il lui confessa franchement qu’il avait préféré se taire sans vraiment savoir où leur histoire allait les mener. — Et là tu sais où on va tous les deux ? Alexis se noya dans les prunelles de sa belle et l’attira contre lui. — J’espère aller très loin avec toi si tu me supportes ! — Je te trouve plutôt facile à vivre pour le moment. — Malgré les horaires de fou et mes faux plans de dernière minute ? — C’est ton boulot. Faut bien s’adapter. Alexis l’embrassa reconnaissant. Être femme de militaire l’avait habituée à une vie mouvementée et Marjorie s’en était accommodée, comme elle s’accommodait de sa relation avec le policier. Ce dernier trouvait cela rassurant pour lui. Du coup, moins sur la défensive, il vivait son histoire sans trop se poser de question sur comment concilier sa vie privée et son boulot. Tout était naturel entre eux. — En parlant d’adaptation, faudrait que tu me rencardes un peu sur un vernissage dans une galerie d’art contemporain. Cela va être une grande première pour moi. — Je vais enfin voir si tu as un vrai côté caméléon donc je ne te dirai rien de plus. Il ronchonna, ne la trouvant pas très gentille. Marjorie lui expliqua qu’elle ne s’était occupée de rien cette fois, que Jacob avait eu vent de cette peintre péruvienne et qu’il avait eu envie d’être le premier à l’exposer. Ils se couchèrent donc ce soir-là avec l’excitation de la nouveauté et de l’inconnu. Chapitre 4 Le matin Alexis la réveilla comme elle lui avait demandé. Marjorie eut bien plus de mal à émerger que lui et serait bien restée plus longtemps au lit. Lui avait besoin de peu de sommeil, la jeune femme de bien plus. Il lui assura de ne pas vouloir la forcer, mais elle insista pour partir avec lui et se prépara très rapidement. Elle avait décidé de se remettre à courir et comme il y allait régulièrement, elle espérait retrouver la motivation qu’elle avait perdue à la mort de son mari. Peu après, ils profitèrent du calme du bois de Boulogne pour faire leur jogging. Marjorie retrouva assez vite ses marques et arriva à tenir une distance des plus satisfaisante pour un redémarrage. Elle déclara tout de même forfait bien avant Alexis qui la laissa sur un banc pour continuer un peu. Marjorie était perdue dans ses pensées quand un homme l’accosta et commença à la draguer assez ouvertement. La jeune femme rejeta ses avances d’abord gentiment puis un peu plus fermement, mais l’homme fit semblant de ne pas comprendre. Il se montra entreprenant et Marjorie sentit la panique l’envahir. — Je serais toi, je laisserais ma compagne tranquille ! gronda la voix d’Alexis derrière le dragueur. L’homme sursauta et se tourna vers la voix. Ni lui ni Marjorie ne l’avait vu arriver. Ils s’affrontèrent du regard et l’homme capitula très rapidement. Alexis prit Marjorie contre lui, regardant partir le malotru. Il constata que la jeune femme tremblait un peu ayant eu peur de ce que cet homme aurait pu lui faire. Alexis la câlina un peu, ravi d’être son nouveau protecteur. Il la laissa exprimer sa peur et l’embrassa avant de décréter qu’ils rentraient. Ils retournèrent donc chez le flic. Marjorie le rejoignit sous la douche, où dans une étreinte il lui fait totalement oublier sa frayeur dans le bois. Ils passèrent leur après-midi tranquillement à regarder des films.
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