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4929 Words
J’avais la gorge serrée. J’étais partagé et perdu. Que dire à Marième ? Revivre ces moments en souvenir me font autant de mal qu’au moment des faits. Ma mère qui était pour le mariage il y a peu de jours et qui adorait ma copine, ne veut plus que j’en fasse mon épouse ; Elle avait complétement changé d’attitude parce que la fille de sa meilleure amie a un béguin pour moi. Pourquoi Sophie ne m’avait-elle rien dit ? Pourquoi avait-elle attendu le moment où j’avais décidé de me caser pour faire cet aveu ? Je pensais que tout cela n’était que passager et que ma mère reviendrai à de meilleurs sentiments, mais ce n’était que le début d’un long cauchemar… Je dormis très mal. Le fait d’avoir repensé à Marième, n’avait fait que réouvrir des plaies qui avaient mis du temps à cicatriser. Au lieu de dormir et d’essayer de me remettre de mon voyage, je me mis à continuer de lire la lettre. Je voulais en savoir plus sur les raisons qui avaient poussé ma mère et m’écrire et non à me demander pardon de vive voix : MAMAN : J’espère que Marième me pardonnera également de vous avoir séparé. C’est avec beaucoup de recul que je me rends compte que je t’ai fait énormément de torts Bouba et j’ai également compris pourquoi tu as voulu t’éloigner de moi. Je ne sais même plus à quoi tu ressembles : As-tu pris du poids ? Sais-tu préparer autre chose que des oeufs maintenant ? As-tu à nouveau trouvé l’amour ? T’arrive-t-il de penser à moi ? Pries-tu pour moi ? Je me pose tellement de questions. Si j’avais une machine à remonter le temps, j’aurai effacé tout le mal que je t’ai fait. Je t’aurai laissé épouser la femme que tu aimais et non celle que je t’avais imposée. Je ne me justifie pas mais qu’aurais-tu fait si tu étais à ma place ? Oumou est ma meilleure amie. Elle m’a soutenue tant de fois et n’a jamais rien demandé en retour. je sais que tu ne voulais pas que je lui parle de ton projet de mariage mais je ne pouvais le lui cacher. Je la connaissais et je savais que c’était une personne discrète. Elle m’a confié que Sophie avait des sentiments pour toi et qu’elle vous verrez bien ensemble. Que ce serait nous dans nous. Pourquoi irais-tu épouser une parfaite inconnue alors que Sophie est pratiquement de la famille ? Je sais que tu ne comprendras jamais ce raisonnement et c’est légitime. Je posai la lettre et m’efforçai de m’endormir. Il fallait que j’aille me recueillir sur la tombe de mon père demain matin. Le lendemain matin, je fus réveillé par les cris d’un enfant ; Ceux du fils de Coumba. Je pris une bonne douche, mis un kaftan qui sentait le renfermé puis sortit de ma chambre pour affronter le monde extérieur. J’entendis la voix de Coumba dans le salon. Dès que j’entrai, elle comprit que j’avais été réveillé par les cris de son fils : COUMBA : Hey Bouba désolée hein. J’imagine que c’est ce petit monstre qui t’as réveillé. MOI : Ne t’en fais pas. De toutes les manières, il fallait que je me lève. Je dois aller me recueillir sur la tombe de mon père. COUMBA : Ah, c’est bien ça. Assieds-toi. Je suis en train de dresser la table pour le petit-déjeuner. MOI : As-tu besoin d’aide ? COUMBA : Non, c’est bon merci. Bébé Idrissa vient dire bonjour à tonton. Bébé Idrissa ne me regarda même pas. Il était concentré et jouait avec un objet que je n’avais pas réussi à identifier. Coumba s’apprêtais à faire une remarque sur son fils lorsqu’ un homme fit irruption dans la pièce : COUMBA : Bouba voilà enfin mon mari. Chéri, je te présente mon cousin dont je t’ai parlé très tôt ce matin. Tu étais déjà dans les bras de Morphée lorsque nous sommes rentrés hier. MARI DE COUMBA : Ravi de faire ta connaissance Bouba et désolé pour hier. Je suis un peu souffrant et les médicaments m’assomment rapidement, surtout le soir. MOI : Je comprends parfaitement. J’espère que tu te sens mieux maintenant ? MARI DE COUMBA : Ce matin ça va pour le moment. MOI : Dieu merci. En tout cas, merci d’avoir accepté de m’accueillir chez vous. MARI DE COUMBA : Tu es de la famille, c’est normal. Le mari de Coumba est aussi sympa que son épouse. Après avoir pris le petit déjeuner, nous nous mirent à discuter de nos emplois respectifs avant de très vite virer sur le sport influencé par un match de la ligue des champions qui était rediffusé. Après un long moment passé avec mon beau-frère, je me rendis au cimetière m******n. Coumba avait eu l’amabilité de me prêter sa voiture. Je m’étais arrêté en cours de route pour lui mettre de l’essence. Après tout, c’était la moindre des choses. Arrivé au cimetière, je me garais au niveau du parking puis descendit, nerveux. Il n’y a pas pire que de devoir être contraint de dire au revoir à un être cher. Jamais je n’aurais imaginé que mon père allait tirer sa révérence avant mon mariage, avant même de voir ses petits-enfants. Même si je n’étais pas venu depuis un petit moment, l’endroit où se trouve la tombe de pape est resté gravé dans ma mémoire. Je nettoyai la tombe avant de sortir mon chapelet et de prier pour lui. Une fois terminé, je me mis à lui parler : MOI : Tu me manques tellement papa. Ta joie de vivre, tes blagues, tes bons conseils me manquent terriblement. j’ai tellement peur qu’avec le temps, les souvenirs s’effacent de ma mémoire. Papa aide-moi à pouvoir pardonner à maman car je n’y arrive pas. J’essaie mais impossible ! La vie… Elle ne tient vraiment qu’à un fil. Mes parents sont enterrés six pieds sous terre et je parie que s’ils avaient eu le choix, ils n’auraient pas accepté de mourir maintenant car je suis convaincu qu’ils avaient planifié tellement de choses. On fait du mal autour de nous comme si on se considérait comme des immortels. Si chacun se met dans la tête que l’on peut mourir à tout moment, personne ne ferait du mal à autrui ! Tôt ou tard, nous mourrons et nous n’emporterons que nos actes avec nous. Alors arrangeons-nous pour faire du bien autour de nous tant qu’il est encore temps. Je sortis, montai dans la voiture de ma cousine puis me rendit sur la corniche des almadies histoire de respirer un peu de brise. J’avais également pris le soin de sortir avec la lettre. Je suis seul et lire m’occupera. Je m’assis en face de la mer et commanda un Virgin colada. Je sortis la lettre puis me remis à lire : MAMAN : Je savais que tu comptais me tenir tête et que tu ne lâcherais pas prise alors j’ai pris les devants. A ce moment précis, tout que je voulais c’était que tu épouses Sophie. Je n’ai nullement pensé à toutes les conséquences que cela pouvait engendrer. Tata Oumou et moi nous sommes rendues à Rufisque chez un marabout dont nous avions tant entendu parler. A ce qu’il parait il excellait dans ce qu’il faisait. Une fois sur place, Oumou et moi rentrâmes à tour de rôle dans la salle de consultation. Cette homme me donnait la chair de poule. Il y avait quelque chose de bizarre dans son regard. Il me demanda quel était le motif de ma venue. Je lui ai expliqué que je voulais qu’il te sépare de Marième. Je sais que tu l’aimais profondément mais je ne pouvais pas la choisir au dépend de Sophie. Il m’a demandé vos noms et il s’est mis à prier dans un bol d’eau avant de verser le contenu dans une bouteille d’eau. Le marabout m’avait donné des directives quant à la manière de faire pour que tout marche sur des roulettes. Il suffisait de verser trois gouttes chaque jour dans ton repas, jusqu’à ce que la bouteille se termine. Il y avait également deux sacrifices à faire. Il me demanda de lui téléphoner dès que tout fut ok. Je le fis et je n’oublierai jamais sa réponse : LE MARABOUT : Etes-vous bien sûre de vouloir faire cela ? Vous pouvez faire machine arrière si vous le désirez car une fois le processus enclenché, je ne ferai pas machine arrière. Je lui fis clairement comprendre qu’il était hors de question que j’abandonne avant d’obtenir ce que je désirais : LE MARABOUT : Il y aura beaucoup de problèmes avec elle et il épousera celle que vous voulez, ne vous en faites pas. Je déposai la lettre. J’étais sidéré et dégoutté ! Je savais que ma mère était capable de tout, mais pas de ça. Je comprenais mieux maintenant. Je fixai la mer et je revivais ce jour où j’ai dû dire la vérité à Marième. Malgré de longues disputes avec mère, je gardai toujours espoir qu’elle revienne à de meilleurs sentiments. Elle faisait la sourde oreille à chaque fois que je saluai. Je n’arrêtai pas pour autant car, quoique l’on puisse dire, elle restait ma mère. J’avais même dû demander l’intervention de Nidiaye Amadou. Je lui avais tout raconté et sa réponse n’était pas celle que je voulais entendre : NIDIAYE AMADOU : Je sais que ce n’est facile ce qu’elle te demande de faire mais elle voit peut-être des choses que toi tu ne vois pas. A ce que je sache elle a toujours bien traitée Marième alors elle a surement ses raisons d’agir ainsi. MOI : Elle n’en a aucune tonton. Elle veut juste faire plaisir à tata Oumou. NIDIAYE AMADOU : Ce n’est pas ce qu’elle dit en tout cas. Elle souffre beaucoup du fait que tu lui tiennes tête. Elle dit que c’est Marième qui te monte contre elle, raison pour laquelle elle compte camper sur sa décision. MOI : Ce n’est pas vrai tonton ! Marième est une victime dans cette histoire. Je ne la laisserai pas salir son nom ! NIDIAYE AMADOU : Hum, elle n’a pas totalement tort. Regarde ta réaction. Continuer la discussion n’aurait fait qu’encore plus confirmer les fausses accusations à l’encontre de Marième. Ma mère avait réussi à faire croire à tout le monde que Marième n’était pas celle qu’elle prétendait être ; mais encore qu’elle avait réussi à voir clair dans son jeu raison pour laquelle elle ne la veut plus comme belle-fille. A chaque fois que j’essayai de rectifier le tir ou de défendre Marième, elle disait qu’elle m’avait complétement fait perdre la tête voire même marabouter. Je ne pouvais plus continuer à mentir à Marième. Je sais que ses parents devaient se demander ce que j’attendais pour venir demander sa main. J’étais très mal à l’aise face à cette situation. J’emmenai Marième dans un coin tranquille en bordure de mer afin de lui annoncer la mauvaise nouvelle. Je ne pouvais même pas la regarder dans les yeux. J’essayai de faire comme si de rien n’était mais je n’y arrivais pas. Comment annoncer à la femme que j’aime que toute ma famille s’est liguée contre elle afin que j’en épouse une autre. Je ne savais même pas par où commencer. La pauvre était si contente de me voir, elle buvait tranquillement son cocktail en me racontant sa journée. Je serai incapable de vous répéter ce qu’elle disait. J’étais ailleurs. Je priai pour qu’elle ne s’en rende pas compte. Ma prière ne fut pas exaucée. Elle avait remarqué que quelque chose clochait et que je ne l’écoutais pas. Afin d’en avoir le cœur net, elle me dit : MARIEME : Et le gars me menaça avec une arme, je saigne jusqu’à présent. Tu m’écoutes bébé ? MOI : Oui tu as raison mon amour. MARIEME : ça se voit que tu ne m’écoutais pas. Je te disais qu’un gars m’avais menacé avec une arme et que je saignais jusqu’à présent et tu me dis que j’ai raison. Qu’est-ce qu’il y a ? Que se passe-t-il ? Comment le lui annoncer ? Comment ? MOI : Excuse-moi ma puce. Ces derniers temps, mes rapports avec ma mère et ma famille sont très tendus. MARIEME : Navrée d’entendre cela. Tu veux en parler ? MOI : Je ne sais plus quoi faire ni où donner de la tête. Tu te rappelles que ma mère était à 100% d’accord pour notre mariage ? MARIEME : Oui, pourquoi ? MOI : Bah parce qu’elle a changé d’avis. Elle veut que j’épouse la fille de sa meilleure amie. Marième déposa son verre et ne pipa mot. J’étais tellement mal à l’aise en plus d’être écœuré d’avoir à lui infliger cela. Elle ne le méritait pas. MOI : Dis quelque chose stp ? MARIEME : Que veux-tu que je te dise ? L’homme qui était censé m’épouser est contraint d’en épouser une autre ! MOI : Je te demande de me laisser un peu de temps stp, le temps que ma mère revienne à de meilleurs sentiments. MARIEME : Et si ce n’est pas le cas, que feras-tu ? MOI : Il m’est impensable d’envisager ce scénario. MARIEME : Ce que je n’arrive pas à comprendre c’est pourquoi ta mère a choisi cette fille au détriment de ma personne ! Tu sortais avec elle également alors? MOI : Jamais ! Je ne suis jamais sortie avec elle. Nous avons toujours eu une relation cordiale, rien de plus. MARIEME : Il y a anguille sous roche à mon humble avis ! MOI : Je te jure que non. MARIEME : Et qu’en pense tes oncles ? MOI : Il se sont tous rangés du côté de ma mère… MARIEME : Donc c’est foutu alors. Nous n’avons aucun allié ! et je ne veux surtout pas être la raison de discorde entre ta famille et toi. MOI : Nous allons trouver une solution ensemble ma reine. MARIEME : Je t’aime et tu le sais, mais je ne peux pas risquer de mener une bataille perdue d’avance et en plus, je ne veux pas d’une belle-famille qui ne veut pas de moi. Je regrette. MOI : Que veux-tu dire par là ? MARIEME : Qu’il faut se rendre à l’évidence ! Combien de belles-mères ont gâchées les ménages de leurs fils parce qu’elles détestaient leurs belles filles ? les mamans ont beaucoup plus d’influences sur nous que nous le pensons. MOI : Tu veux abandonner sans même te battre ? MARIEME : Je sais reconnaitre quand une bataille est perdue d’avance et c’est le cas ici. MOI : Mais je t’aime et tu le sais non ? MARIEME : Je n’en doute pas et je n’en ai jamais douté ! Je t’aime également mais j’ai besoin de temps pour digérer tout ça. Ce n’est pas facile. MOI : Je te comprends. Je veux juste que tu saches que je n’imagine pas ma vie sans toi. Je crois en nous, et je me battrai jusqu’à obtenir gain de cause. MARIEME : Tu peux me ramener chez moi stp ? MOI : Termine ton cocktail et mange ton fondant d’abord ma puce. MARIEME : J’ai la gorge nouée et je n’ai plus faim. Je m’étais juré de ne jamais blesser Marième et ce jour-là, j’ai involontairement rompu ma promesse… Je ne savais même pas quoi faire. Lorsque j’ai déposé Marième, elle ne m’avait pas adressé la parole une seule fois. Je n’avais pas essayé de parler avec elle non plus. Non pas parce que je n’en avais pas envie mais parce que j’ignorais quoi dire de plus. Je n’avais jamais vu Marième ainsi. Je culpabilisais. Une fois devant chez elle, je voulus lui faire un smack comme d’habitude mais elle l’esquiva poliment en se contentant de juste me lancer un « merci de m’avoir ramenée ». Elle rentra ensuite chez elle. Au lieu de rentrer chez moi, je restai garé pas loin de chez elle. Je ne savais même pas quoi faire. Ma mère me demandait carrément de choisir entre elle et Marième. Ce qui était quasi impossible. Ma mère est celle qui m’a porté neuf mois durant ; Elle est également celle qui m’a donné la vie ; Celle qui a fait de moi l’homme que je suis devenu. De l’autre côté, il y a Marième. Celle qui m’a fait comprendre que je n’étais ni inhumain ni insensible, c’était juste que je n’avais pas encore trouvé la personne qui me motiverait à devenir meilleur. Je suis passé de briseur de cœur à joli cœur. C’est la première femme qui m’a donné envie de me caser, de me ranger. Elle était la preuve vivante que toutes les femmes ne sont pas faciles. Il y en a encore qui sont bonnes à épouser. Avant elle, je n’avais que des relations très peu sérieuses. Je pense qu’il est inutile que je rentre dans les détails. Vous comme moi savez pertinemment ce qui se passe au Sénégal. Tu n’as pas besoin d’être marié pour avoir certains privilèges car tout est offert sur un plateau d’argent… J’étais resté garé dans le quartier de Marième pendant au moins 1h. Était-ce par compassion ou était-ce pour fuir ma mère ? Etais-je prêt à me séparer de l’amour de ma vie dans l’unique but de donner à ma mère ce qu’elle voulait tant ? Il faut se marier par amour ! Je ne me voyais pas du tout me réveiller aux côtés d’une femme pour qui je n’éprouve absolument rien. Le ménage risquerait de ne même pas faire long feu, mais ça ma mère s’en foutait royalement. Tout ce qui sortait de sa bouche était : MAMAN : Tu vas épouser Sophie ! Quels étaient mes rapports avec Sophie ? voulez-vous que vous dise ? Le strict minimum à savoir : « bonjour, bonsoir, au revoir … »., rien de plus. Alors comment peut-elle se lever un beau jour et dire à sa mère qu’elle m’a toujours aimé ? On ne se voyait que très rarement, dans des mariages, baptêmes, décès etc. Il m’arrivait de la charrier de temps à autre mais sans plus. Je ne connais rien d’elle en dehors du fait que ce soit la fille de tata Oumou. Chaque personne à sa propre éducation et montre que ce dont elle a envie que les gens voient alors était-elle une fille de bonne mœurs ? Le fait qu’elle soit la fille de la meilleure amie à ma mère ne faisait pas d’elle une sainte non plus ! Une fois chez moi, je trouvai ma mère assise au salon avec tata Oumou. Je rentrai dire bonjour vite fait avant de regagner ma chambre. Elles étaient encore en train de comploter, ça c’est sûr. Tata Oumou ne m’avait même pas appelé par mon prénom. Elle avait osé prononcer le mot « gendre ». Cela voulait dire qu’elle considérait le mariage comme acquis. Il me vint soudainement une idée de génie. Mon projet de mariage était sur le point de partir en couille à cause d’une seule et unique personne: Sophie. Il fallait que je m’entretienne avec elle afin qu’elle sache dans quel merdier était-elle en train de tous nous fourrer. Je me mis à chercher son numéro dans mon répertoire. D’une main tremblante, je le composai: MOI : Allô, Sophie ? SOPHIE : Ca va Bouba ? MOI : Oui bien et toi ? SOPHIE : Je vais très bien merci. MOI : Dis-moi, il faut que je te parle urgemment, peut-on se voir stp ? SOPHIE : Oui bien sûr. Quand aimerais-tu que l’on se voie ? MOI : Tout de suite si possible. SOPHIE : ça me va. Viens à la maison. Ma mère m’a dit qu’elle compte rester tard chez vous. MOI : Ok, j’arrive. Je ne me déshabillais même pas. Tout ce que je voulais c’était en finir avec cette histoire et épouser la femme de ma vie. Je l’aimais profondément, bien plus que je ne le laissai entrevoir. Je me rendis au salon et dit à ma mère que je sortais sans pour autant lui préciser où j’allais. Elle n’avait même pas mon temps. Elle était trop occupée à papoter avec son amie. Je me rendis rapidement chez tata Oumou. Une fois devant la porte, je téléphonai à Sophie afin qu’elle vienne m’ouvrir la porte. Je ne voulais pas sonner au risque de déranger quelqu’un. Elle se précipita et vint ouvrir. Elle me fit la bise puis me laissa entrer avant de dire : SOPHIE : ça fait un bail hein, qu’est ce qui t’amènes ? Je m’assis timidement sur le fauteuil en face d’elle et lui dit : MOI : Oui ça fait un moment. Ecoutes, je sais que tu n’en es pas consciente, mais tu es en train de me pourrir l’existence Sophie. Elle me regarda d’un air étonné et dit : SOPHIE : Comment ça ? je ne comprends pas. MOI : J’ai toujours été proche de ma mère et tu le sais. C’était ma meilleure amie. La mort de papa nous avait énormément rapproché mais aujourd’hui, on se parle à peine. A chaque fois que l’on essaie d’avoir une discussion, elle se termine en dispute et en sanglots et cela, depuis qu’elle veut que je t’épouse. Et ce n’est pas tout, j’ai une copine que j’aime profondément. Je ne rêve que d’une chose, en faire mon épouse. J’avais donné ma parole à ses parents. Je suis venu te voir parce que cette histoire est en train de prendre une proportion que je n’aime pas. Tu es belle et gentille, tu mérites d’avoir comme époux quelqu’un qui t’aime inconditionnellement. Je t’ai toujours considérée comme ma petite sœur et cela ne changera jamais. Je te supplie de rectifier le tir en parlant à ta mère et à la mienne STP. Elle me regarda en se mordillant la lèvre puis dit : SOPHIE : Je suis désolée que les choses aient pris une telle ampleur. Sincèrement savoir que tu souffres à cause de moi, me brise le cœur. Je suis également navrée pour ta petite amie. Je n’aurai pas aimé être à ta place. Cependant, il m’est impossible de revenir sur mes propos. Ce n’est pas un caprice Boubacar. Je suis réellement amoureuse de toi et cela depuis ma plus tendre enfance. Tu te rappelles au primaire quand Khardiata avait volé mon gouter ? Je me suis mise à pleurer et tous mes camarades de classe se sont mis à se moquer de moi. Tu étais assis avec tes camarades de classe, tu t’es levé et tu as coupé ton pain en deux en essuyant mes larmes. Depuis lors, tu es devenu mon super héros. Quand nous étions au collège et que j’ai eu mes règles pour la toute première fois, j’étais paniquée parce que mon pantalon était légèrement taché et je ne savais pas quoi faire. Le surveillant général refusait de me laisser rentrer. J’étais en quatrième et toi en troisième. Je suis venue te voir et je t’ai tout expliqué. Tu as enlevé le blouson que tu portais afin que je puisse l’attacher autour de ma taille pour dissimuler la tâche. Te rappelles-tu la toute première fois que l’on s’est croisé en boite de nuit ? J’étais avec un groupe d’ami. Tu es venue vers mois et tu as commencé à me poser des questions du genre : qui allait me ramener ? Est-ce que j’ai besoin d’argent pour acheter de la boisson ? De ne pas hésiter à te dire si quelqu’un me faisait chier etc. J’ai une panoplie d’exemples comme ça et je suis convaincue que nous ferons un couple formidable. J’étais bouche bée. Je la considérais comme ma sœur alors c’était normal que j’agisse ainsi, non ? A mes yeux c’était la petite sœur que je n’avais jamais eue. Je me sentais responsable d’elle compte tenu des rapports que ma mère entretenaient avec la sienne. MOI : Sophie, ce n’était pas par amour mais parce que tu es pour moi la sœur que je n’ai jamais eue ! SOPHIE : Boubacar, je ne suis pas ta sœur et je ne le serai jamais. T’entendre prononcer ses mots me donne envie de vomir. Apprends à me connaitre, apprends à m’aimer STP. Donne-moi une chance ! MOI : Sophie, le cœur ne se commande pas ! J’aime ma copine à la folie et je ne peux pas effacer ce que je ressens pour elle du jour au lendemain. C’est impossible. SOPHIE : Je ferai tout pour te la faire oublier. Ne me sous-estimes pas ! MOI : Venir ici était une mauvaise idée. Tu ne veux pas entendre raison. Tu mérites mieux que de te marier avec quelqu’un qui ne ressent rien pour toi. Crois-moi le sens unique c’est l’enfer. Je pensais que tu m’aurais aidé sur ce coup mais je vois que non. Je m’en vais, c’est mieux ! J’étais en colère. Pourquoi tant d’égoïsme hein ? Elle croit dur comme fer, que je finirai par tomber amoureux d’elle. Non mais pourquoi moi ? Pourquoi il avait fallu que ça me tombe dessus ? A cette époque, je me suis mis à la place des personnes qui ne pouvait pas être avec celles qu’elles aiment : -A cause d’un problème d’un RELIGION -A cause d’un problème de CASTE -A Cause d’un problème FINANCIER Et beaucoup d’autres raisons. C’est compliqué. Ma vie était passée d’heureuse à pathétique en un rien de temps. Dieu voulait-il tester ma foi ou était-ce un retour de flammes pour tous les cœurs que j’ai eu à briser ? Les américains ont l’habitude de dire que « KARMA IS A b***h ». Était-ce le Karma qui s’acharnait sur moi ?
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