- qu'est ce que tu embrasses bien, beau Omar
- TU AS BU???
- arrête de parler et embrasse moi
Kadia resserra encore son étreinte et tenta à nouveau d'embrasser Omar mais celui- ci avait repris ses esprits.
Il la saisit par la taille et la fit descendre illico presto avant de reculer aussi loin qu'il le pouvait.
- tu es devenue folle???NON MAIS ÇA VA PAS? J'AURAI DÛ M'EN DOUTER AVEC CETTE HALEINE! MAIS JE SUIS TELLEMENT BÊTE!
- quoi? Avoue que ça t'a plu!
- en fait tu te fous vraiment de ma gueule! Tout ce que j'ai fait n'a servi à rien! Tu te comportes toujours comme une ivrogne.
Elle marcha lentement et se baissa pour ramasser ses chaussures manquant se manger le carrelage mais ça il s'en foutait pas mal!
- ohh sois pas coincé! J'ai juste bu quelques verres.
- quelques verres? Ah je vois! Tu tiens de mieux en mieux l'alcool on dirait. Ok, quand t'auras désaoulé et que tu te décideras enfin à te comporter comme une femme décente, tu sais où me trouver. Je me casse d'ici!
- c'eeessssttt çaaaaaa!
Pffff, elle n'en valait même pas la peine pensait Omar en posant la main sur la poignée de la porte, furieux.
- bye bye beau gosse!
La porte d'entrée claqua et fit vibrer tout l'immeuble.
Omar était dans tous ses états et roulait dans cette nuit noire en serrant le volant à s'en faire mal.
S'arrêter pour se calmer aurait été une bonne idée mais tout ce qu'il voulait c'était se défouler sur la route!
Deux sentiments luttaient dans son coeur, la colère et la honte.
En colère contre Kadia de ne pas faire d'effort pour s'en sortir alors qu'il avait mis tous ses ressentiments de côté pour lui venir en aide.
En colère contre lui-même de s'être laissé allé à ce b****r fougueux et de la désirer.
Oui, ce désir qui l'avait consumé comme un feu ardent...
D'abord, lors de cette soirée, puis encore ce soir.
Il essayait de se convaincre que ce n'était qu'une réaction purement physique et que sa longue abstinence y était pour quelque chose.
Et Rien que d'avoir ce genre de pensées, le rendait honteux, tellement honteux qu'il dût malgré tout s'arrêter sur la baie et sortir de sa voiture pour prendre l'air.
Les deux mains sur le capot, il respirait à grands coups et sans crier gare, ses larmes surgirent.
- Je te demande pardon Arame. Je suis tellement, tellement désolé
Il suffoquait tellement la douleur lui oppressait la poitrine et ne put rien faire pour retenir ce trop plein d'émotions qui l'envahissait à chaque fois qu'il pensait à sa femme.
Baissant les yeux sur l'alliance qu'il portait toujours à son doigt, il se rappela de la promesse qu'il s'était faite à lui- même et à sa défunte épouse.
- je n'en ai pas le droit.... pas ELLE! Dieu m'est témoin que je n'ai rien fait pour provoquer ça, tu dois me croire Arame. Mais je ne briserai pas ma promesse.... je vais m'éloigner d'ELLE, je te le promets.
Fort de cette résolution, il se mit à penser à sa femme en tournant machinalement son alliance.
Son sourire, son rire, leurs délires, il en riait et en pleurait en même temps, envahi par le chagrin.
Il resta là durant ce qu'il lui sembla être une bonne heure puis remonta en voiture et roula plus calmement cette fois-ci.
Arrivé chez lui, il prit une douche et se coucha, le coeur lourd.
Le lendemain, il ne sortit pas de chez lui, pris d'une soudaine mélancolie et ne se sentant pas du tout bien.
Même son ami, ne put le faire sortir.
Il n'avait tout simplement pas envie de parler, ni de voir du monde.
Ce temps en solitaire, il en avait besoin pour remettre ses idées au clair.
Il ne se reconnaissait pas en ce moment et savait évidemment pourquoi mais se disait qu'il allait simplement s'en tenir à cette bonne résolution et tout irait bien.
Sa journée se déroula donc entre series, films et sports en tous genres puis il eut besoin de parler à une seule personne sur terre, une seule.
La sonnerie du téléphone qui cessa lui fit comprendre qu'elle avait décroché.
- salut le traitre!
Ces mots le firent rire et il sut qu'il avait eu raison de l'appeler.
- salut, toi...ah oui? Comme ça je suis un traitre?
- tu te rends compte que tu nous a abandonnés?
- jamais. Ça ne risque pas d'arriver.
- tu nous manques tellement Omar
- à moi aussi Cathy, vous me manquez énormément. Comment va ma petite femme?
- elle est là, toujours aussi douce et sage.
- Je la reconnais bien là. Envoie moi ses photos stp, tu m'as assez puni, tu ne crois pas?
- hum.... ouais, t'as raison. Je vais t'en envoyer une tonne promis et peut être qu'elle arrivera à te convaincre de rentrer avec sa petite bouille d'ange!
- donc corrompre mola takha diouk!
( ton objectif est de me corrompre?)
- tous les coups sont permis!
Pour la première fois de la journée, il rit de bon coeur.
- comment vont les hommes de ta vie?
- ça va tout le monde va bien.
Ils discutèrent encore un petit moment qui lui a permis de se sentir plus léger.
Cathy avait toujours ce don sur lui et arrivait toujours à l'apaiser, quoiqu'il arrive.
Son amitié avec elle comptait beaucoup à ses yeux et le lien qui l'unissait à Arame avait renforcé sans aucun doute leur relation.
************ De l'autre côté **************
-Tu comptes bouger de notre canapé?
- noooon!
-ok. Bon les filles, moi je vous laisse alors disait une Gisèle belle comme un coeur qui avait RDV avec un client important et s'était mise sur son 31.
Kadia lui jeta un coup d'oeil sans bouger de ce canapé sur lequel elle végétait depuis ce matin.
La musique qui s'élançait l'apaisait et lui procurait un certain réconfort.
Gisèle saisit son sac et lança, sur le pas de la porte
- et ne pense pas trop aux baisers de ton
" beau Omar"
- oh non!
Kadia enfouit sa tête sous le coussin alors que les deux femmes riaient à gorge déployée et que Gisèle claquait la porte derrière elle.
- allez, c'est pas si dramatique!
- pas si dramatique? S'ecria- t-elle en sortant la tête. Je te signale que je me suis conduite comme la pire des dévergondées! " beau Omar" ? " beau gosse"? Mais qu'est ce qui m'a pris bon sang?
- tu avais bu, tu te rappelles?
- Linda stp....
- Kadia, il faut que tu arrêtes. Je regrette qu'on t'ait entrainé dans nos conneries.
- je ne suis plus une enfant Lili alors ne rejette pas la faute sur vous.
- tu es quelqu'un de bien, pas comme nous. Tu as la chance d'avoir une famille et un homme qui te fait un effet pareil, en plus d'être à portée de main, ça ne court pas les rues.
- et quoi? Je dois juste tendre la main pour avoir ce que je veux?
- non, tu dois te battre! Si tu l'aimes autant que tu le dis, bats toi! Peu importe les obstacles que tu crois avoir sur ta route, montre lui que tu as ta place à ses côtés mais on dirait que tu fais tout pour le faire fuir.
- Lili, pour tout te dire, j'avais fait une croix sur lui avant même de quitter Dakar. Je l'aime. Je l'ai aimé dès que mes yeux se sont posés sur lui mais ce qui nous lie, nous sépare également et il n'y aura jamais d'avenir pour nous.
- alors pourquoi l'as- tu embrassé?
- tu l'as dit, j'avais bu.
- l'alcool est puissant Kadia. Tu sais pourquoi?
- dis le moi.
- il désinhibe nos moindres désirs mais aussi décuple nos sensations. Alors tu l'as embrassé parce que tu le voulais et que jamais en étant lucide, tu n'aurais osé le faire. Qu'as- tu ressenti?
Kadia ferma les yeux et aussi saoule qu'elle l'a été, pouvait revivre la moindre seconde de ce b****r.
Elle sentait encore les lèvres d'Omar sur les siennes, sa langue entrelaçée à la sienne, son souffle mélangé au sien et pire, ressentait encore cette dure pression qu'il exerçait sur son bas ventre.
Bon appelons un chat un chat, son sexe dur contre le sien a failli la rendre folle.
Oh mon dieu, comment allait- elle bien pouvoir oublier ce moment?
- tu n'arrives même pas à me répondre et ce ne sera pas necessaire.
- je ne pourrai plus jamais le regarder dans les yeux...
Elle semblait désemparée
- il va bien falloir pourtant....Ne gache pas ta vie Kadia, c'est mon seul conseil.
- je te trouve bizarre Linda, tu es sûre que ça va? Tu es d'habitude la plus dure de nous toutes. Tu es tellement froide que parfois ça me fait peur mais là tu parles comme une vraie romantique.
Elle sourit légèrement, pensive.
- peut- être suis- je en train de changer?
- qu'est ce que tu ne me dis pas?
- Rien!
- et toi? As-tu refléchi à ma proposition de t'aider à monter ton affaire et de sortir enfin de ce milieu?
- on en reparlera
- je te signale que tu me dois une journée rien que pour ça après ce pari débile que j'ai quand même gagné!
- gagné? On avait dit une danse, une vraie danse que tu devais effectuer à la place de Gisèle et que je sache, tu n'as pas dansé!
- tu n'oses même pas me faire ce coup là! T'as vu tous les problèmes que cette fichue danse m'a apporté????
- je le trouve plutôt mignon moi, ton
" Problème " sortit- elle en riant alors que Kadia lui lançait le coussin sur la figure.... Excuse moi, je dois prendre cet appel.
Elle s'éloigna sous l'oeil intrigué de Kadia.
C'était la première fois depuis qu'elle connaissait Linda, qu'on appelait affectueusement Lili, qu'elle l'entendait parler de cette manière.
Linda mettait toujours de la distance entre elle et son entourage.
Il n'y avait que Gisèle qui avait accès à cette zone de sécurité qu'elle avait érigé mais qui était en train de s'effondrer visiblement.
Kadia se demandait à quoi cela était dû mais la bonne question c'était " à qui"?
Dans la chambre, elle chuchotait de peur de je ne sais quoi.
- justin, stp arrête de m'appeler
- il faut que je te voie.
- je t'ai déjà dit que je ne peux pas.
- tu m'évites or tu ne peux pas le faire indéfiniment. Il faut qu'on parle de ce qui s'est passé.
- il ne s'est rien passé d'anormal.
- à qui tu veux faire croire ça? N'insulte pas mon intelligence.
- Justin, je t'en prie... oublie ça. Fais comme si ça n'avait jamais eu lieu.
- je ne peux pas. Accepte de me voir ce soir. Si après ça, tu ne veux plus, je te laisserai tranquille.
- justin...
- juste ce soir. Je t'envoie l'adresse. Lili.... Je t'attend.
Elle raccrocha et resta de longues minutes assise sur le lit, perturbée.
Des années qu'elle faisait ce métier et jamais elle ne s'est laissée atteindre par un client.
Les limites étaient claires dès le départ.
Limites qu'elle avait erigé telle une barrière infranchissable.
Seulement cette fois- ci la barrière s'était rompue, elle ne savait comment.
Elle était attirée par un client.
Un client avait su lui faire ressentir quelque chose qu'elle n'avait jamais ressenti ou qu'elle avait refusé de ressentir jusqu'ici, elle ne savait plus.
Toujours est- il qu'elle s'est laissée submergée alors qu'elle s'y était toujours refusée.
Le revoir n'était pas une bonne idée.
Elle savait ce qui allait se passer.
C'était inévitable.
Et pourtant, comme un automate, alors qu'elle pensait qu'elle ne devait pas y aller, elle faisait tout le contraire, allant ouvrir son armoire pour choisir une tenue.
Cette robe noire sobre ferait l'affaire.
Euh....non, une robe longue plutôt.
Pfff, à qui elle mentait?
Courte ou longue, la robe finira de la même manière!
Qu'était- elle en train de faire?
Oubliant Kadia, elle se glissa sous la douche, s'habilla, se coiffa, se maquilla et fut prête à partir.
Son regard dans le miroir lui renvoya toutes les interrogations que son cerveau formulait mais elle les balaya en secouant la tête.
En pénétrant dans le séjour, elle rencontra le regard de Kadia, toujours couchée à la même place, la télé allumée alors qu'elle n'était pas assez concentrée pour comprendre ce qui s'y disait.
- tu sors?
- euh oui... un rdv de dernière minute.
- en gros vous me lachez quoi!
- désolée ma belle.
Linda arborait un air penaud et hésita encore de cette sortie.
- bon je vais rentrer. On se voit plus tard et sois prudente stp. J'espere que vous cesserez tout ceci très bientôt
La jeune femme sourit tristement
- tu es encore jeune....
- tu parles toujours comme si tu avais 10 ans de plus que moi alors qu'il n'en est rien!
- ça, c'est parce que j'ai déjà vécu toute une vie! Bon, J'y vais et tu peux rester ici si tu veux.
Kadia qui s'apprêtait à partir, se recoucha paresseusement, n'ayant même pas la force de se lever.
- à plus tard ma Lili.
Cette dernière lui envoya un bisou du bout des doigts.
Dans le taxi qui la conduisait à sa destination, Linda évitait de penser à ce qu'elle était en train de faire, c'est à dire enfreindre toutes ses règles.
En sonnant à l'interphone, son coeur battait la chamade et le stress qu'elle ressenti était à son paroxysme.
Justin qui l'aperçut sur le videophone et qui n'en croyait pas ses yeux, arbora un sourire franc en actionnant le bouton qui déverouillait la porte.
- c'est au 4ème
Il ouvrit la porte et sortit dans le couloir pour se poster devant les portes de l'ascenseur qui s'ouvrirent quelques minutes plus tard devant cette magnifique jeune femme.
Surprise de le voir devant elle, elle tardait à réagir si bien que Justin lui tendit la main pour la tirer doucement vers l'exterieur de la cabine.
Sans même lui laisser le temps d'en placer une, il l'embrassa à pleine bouche, ici même dans ce couloir.
Incapable de lui résister, elle lui rendit son b****r fiévreux qui dura encore et encore avant qu'ils ne s'arrêtent pour reprendre leur souffle.
Posant son front sur celui de la jeune femme, il lui souffla
- je suis content que tu sois venue.
- oui... j'ai ... juste l'impression de faire une bétise
- hey, fais moi confiance...
- un si petit mot pour de bien grands maux...
- tu joues à la philosophe avec moi maintenant? Allez viens ne restons pas là
A peine la porte de l'appartement se refermait- elle qu'ils se laissèrent aller à cette passion dévorante pour une soirée torride.
***Pendant ce temps à l'appartement***
Sentant une présence dans la pièce, Kadia se reveilla en sursaut et faillit tomber du canapé.
Telle une statue, Gisèle restait debout, inerte, les yeux fixant un point invisible, tenant ses chaussures dans une main et son sac serré sur contre son coeur.
- Gigi?
Aucun mot ne sortait de sa bouche et en la regardant de plus près, Kadia se rendit compte qu'elle avait la lèvre fendue et tachée de sang.
- oh mon dieu! Qu'est ce qui t'est arrivée?
- je... il....
Elle déglutit péniblement et ses lèvres tremblèrent tandis que deux grosses larmes roulaient sur sa joue.
- Gisèle, tu dois me parler, stp
Kadia s'avança jusqu'à elle et la tint à bout de bras.
Levant les yeux vers son amie, elle prononça des mots terribles.
- il m'a violée.
- qqq... quoi?
- ................
- mais de qui tu parles?????
- MUSA, il nous a retrouvées et va nous faire payer.
*************** Linda ***************
- Quoi? Où il est?
Linda saursauta à la sonnerie insistante de son téléphone qu'elle se mit à chercher partout!
- attends, calme toi. Tiens, le voilà.
Elle regarda l'écran et décrocha en remontant le drap sur sa poitrine sous l'oeil attentif de son amant.
- oui Kadia?
Justin fronça les sourcils à la voix tremblante de la jeune femme qui s'éleva dans la pièce et le silence amplifiant le tout, il entendait tout ce qui se disait.
- tu devrais venir au plus vite. Il s'est passé quelque chose de grave et on doit amener Gigi à l'hôpital.
- l'hôpital?
Ils se redressèrent tous les deux.
- viens stp.
- tu me fais peur.
- et il y'a de quoi.
- j'arrive tout de suite.
Elle était sonnée car un pressentiment lui disait que cet appel allait changer le cours de leur vie.
Justin se leva en même temps qu'elle et ils s'habillèrent tous les deux sans un mot.
Il avait compris l'essentiel et savait qu'elle ne devait pas trainer.
Quoique cela puisse être, il se promettait d'être présent pour elle, la femme qu'il aimait.
Après la soirée qu'ils venaient de passer, il en était encore plus convaincu que jamais et se fichait des conséquences de sa décision c'est à dire conquérir à tout prix le coeur de la jeune femme, malgré ce qu'elle était aux yeux du monde.
Certains penseront qu'il agit sur un coup de tête mais lui, savait que ce qu'il éprouvait pour Lili allait au delà du désir sexuel.
Ils prirent la route rapidement, lui, conduisant en lui tenant de temps en temps la main pour la rassurer, vu son air inquiet.
L'appartement était plongé dans un profond silence quand ils y pénétrèrent et en furent d'ailleurs surpris.
- Gisèle! Kadia!
- par ici!
Quand Linda entra dans la chambre de Gisèle, Justin restant un peu en retrait et qu'elle trouva celle-ci, assise au milieu du lit, tremblante, Kadia à ses côtés, elle en fut horrifiée.
- je suis là si besoin
Elle hocha la tête vers son ami qui s'assit au salon, pensif alors que Kadia se mettait à lui raconter à toute vitesse ce qu'il s'était passé, la laissant elle aussi sidérée et .... terrorisée.
Linda n'avait peur de rien ni de personne dans ce monde sinon de MUSA JOOB.
Rien que d'entendre son nom la faisait frissonner et il était revenu?
Donc tout ce temps, il était à leurs trousses?
Changer de pays et de nom n' y a rien fait?
Évidemment Linda et Gisèle, ce n'était pas leurs vraies identités!
Tout ça pour ça!!!!!!
Oh seigneur, elles sont foutues!
Mais pour l'heure, son coeur saignait, de voir son amie, sa soeur, dans cet état.
Beaucoup pourraient penser que v****r une prostituée n'était pas si grave après tout, mais un viol reste un viol.
Un NON voudra toujours dire NON.
Et connaissant MUSA et ses vices, elle n'avait pas besoin de détails pour savoir que Gigi avait pris cher.
- ma chérie, il faut qu'on aille à l' hôpital essaya-t- elle avec tout le sang froid dont elle était capable.
- non.
- Gigi, je t'en prie. Tu ne sais pas quelle saloperie il a pu te refiler.
- il s'est protégé.
- ce n'est pas suffisant! Et tu sais quelle pourriture indigne de confiance il est!
- JE TE DIS QUE C'EST BON!!!!! LAISSEZ MOI SEULE!!!!!
Les deux jeunes femmes sursautèrent, découragées, puis se levèrent doucement.
Gisèle sauta alors sur ses pieds et courut dans la salle de bain.
La minute d'après on entendait l'eau couler.
Kadia et Linda échangèrent un regard dépité.
- qui est MUSA ?
- Plus tard, stp.
Elle hocha la tête, comprenant que ce n'était pas le moment alors que son amie rejoignait le séjour où attendait toujours Justin.
Il se leva quand elle fit son entrée et la scruta mais fut surpris quand elle vint se blottir dans ses bras, cherchant du réconfort.
Elle ferma les yeux et inspira profondement, le coeur meurtri de ce qu'elle allait devoir faire.
Mais elle n'avait pas le choix, avec le retour de MUSA, elle ne pouvait faire autrement.
- chut... ma belle qu'est ce qui t'arrive?
Elle ne se rendait même pas compte qu'elle sanglotait, de douleur pour son amie, de peine pour cet homme bon et de peur de ce qui allait se passer maintenant qu'il les avait retrouvées.
Elle leva des yeux larmoyants vers lui.
- tu ferais mieux de partir.
- il n'en est pas question. Pas alors que je sens qu'il se passe ici quelque chose d'anormal.
- il ne se passe rien qui te concerne.
- ce qui te touche me concerne. Peu importe ce que c'est, je suis là et tu le sais.
Elle essuya ses larmes et le regarda de manière déterminée, droit dans les yeux.
- il vaut mieux qu'on en reste là Justin.
Il recula sous l'effet du choc.
- ne fais pas ça!!!
Elle continua, rigide comme une pierre
- on a passé de bons moments, mais ça s'arrête là! Merci de m'avoir ramenée, maintenant rentre chez toi.
- NON! dis moi ce qui se passe. Je ne sais pas à quoi tu joues mais ce que tu as ressenti, ta manière de vibrer dans mes bras, n'étaient pas feints!
- tu oublies à qui tu as affaire on dirait!
Le regard cynique, Linda jouait parfaitement son rôle et Justin n'y vit bientôt que du feu, se sentant utilisé.
Il tituba, le regard trouble alors qu'elle lui assénait le dernier coup de massue.
- et désolée de te le dire mais j'ai connu bien meilleur coup!
Le regard du jeune homme lançait dorénavant des éclairs et ses machoires se contractèrent sous la colère.
- t'es qu'une sale ....
- p**e? Tu peux le dire! Je ne te raccompagne pas, tu connais la sortie.
Sur ces mots, elle tourna les talons et alla dans sa salle de bain en se retenant de toutes ses forces de pleurer.
Elle ne sut pas à quel moment exactement il avait quitté l'appartement mais après s'être douchée et mise en pyjama, elle revint sur ses pas.
La pièce était vide.
Laissant alors libre cours à ses larmes, elle se laissa tomber à genoux, libérant son chagrin et consciente d'avoir brisé le coeur de cet homme.
Mais il le fallait! Pour le protéger de ce monstre.
Il ne fallait pas qu'elles se lient de près ou de loin à qui que ce soit, au risque de les mettre en danger.
Kadia devait savoir.
Elle devait s'éloigner d'elles.
A tout prix!
C'est là d'ailleurs qu'elle la retrouva, à genoux sur le carrelage, pleurant toutes les larmes de son corps.
Elle l'aida à se lever sans un mot et elles se retrouvèrent toutes les trois dans l'immense lit de Gigi blotties comme des soeurs siammoises et s'endormirent ainsi dans cette profonde tristesse et peur du lendemain.