Chapitre10

1071 Words
Je croisai le regard d’Alpha Logan. Il me fixait, la portière toujours grande ouverte, comme s’il attendait quelque chose. — Combien de temps vas-tu encore me faire patienter, Luna Kylie ? demanda-t-il, sa voix grave teintée d’impatience. Ses mots me figèrent. Était-il en train de m’inviter à monter avec lui ? Un instant, je pensai à Graham : si lui pouvait afficher publiquement sa proximité avec Zoé sans vergogne, pourquoi serais-je fautive de prendre place dans la voiture d’un autre Alpha ? Ce n’était pas comme si j’enfreignais un serment sacré. Relevant le menton, je pris ma décision. — Beta Asher, pourrais-tu placer mes bagages dans cette voiture ? dis-je avec calme en avançant vers Logan. Shir, à proximité, laissa échapper un petit rire étouffé avant d’aider Asher à charger mes valises. Une fois assise dans la voiture, Alpha Logan referma la portière d’un geste mesuré avant de venir s’installer à mes côtés. L’habitacle, richement décoré de cuir sombre et de bois poli, exhalait une odeur subtile de puissance et de contrôle. Pourtant, cet espace clos me sembla soudain étouffant. Je me tassai contre la portière, cherchant à mettre un peu de distance entre nous. Le chauffeur, un vieux loup aux cheveux grisonnants, se retourna brièvement pour me saluer d’un sourire avant de démarrer. En moins de vingt minutes, la caravane s’engageait sur l’autoroute. Alpha Logan appuya alors sur un bouton : une cloison vitrée se déploya entre nous et le conducteur, isolant notre compartiment. Je serrai les poings, un peu sur la défensive. — Je te l’ai déjà dit, Alpha Logan, lâchai-je d’une voix tendue. Je ne suis pas ce genre de femme. Il ne sembla pas prêter attention à ma remarque. — As-tu signé le contrat ? demanda-t-il simplement, croisant une jambe sur l’autre, le regard fixé sur moi. — Non, répondis-je d’un ton ferme. J’aimerais y ajouter certaines conditions. Ses lèvres s’étirèrent en un léger sourire. — Je m’en doutais. Quelles clauses veux-tu modifier ? Je pris une profonde inspiration. — Le contrat ne prendra effet qu’après ma séparation officielle d’Alpha Graham. — Évidemment, dit-il d’un ton détaché. Mais cela doit être fait dans le mois à venir. Je fronçai les sourcils. — Je ne sais pas combien de temps le Conseil des Anciens prendra pour trancher cette affaire. Son regard se durcit. — Tu n’as pas bien compris, Kylie, répliqua-t-il. Kylie. Pas « Luna Kylie ». Cette omission n’était pas anodine. — Une fois que Graham t’aura rejetée comme compagne et comme Luna, tu signeras le contrat, même si ta meute ne t’a pas encore été rendue. — Alpha Logan ! protestai-je, la voix tremblante. Je veux récupérer ma meute. Comment pourrais-je abandonner mon peuple à Graham et à Zoé ? Il eut un geste d’agacement. — Ce point me regarde, Kylie. Je le fixai, incertaine, la gorge serrée. Que deviendrais-je après un an, lorsque notre accord prendrait fin ? Avalant difficilement ma salive, je détournai les yeux vers la vitre. — Mon père… murmurai-je. Avant sa mort, il se réjouissait de mon union avec Graham, persuadé que l’alliance entre nos meutes assurerait la paix. Si seulement il pouvait voir ce qu’il en est aujourd’hui… il en serait anéanti. Un frisson me parcourut. Je tournai de nouveau la tête vers Alpha Logan. — Je refuse de laisser souffrir ceux qui dépendaient de moi. Ses traits s’adoucirent. Il saisit ma main, l’enfermant dans ses paumes larges et chaudes. Ce contact, inattendu, provoqua une décharge électrique qui traversa tout mon corps. Mon souffle se coupa, mes lèvres s’entrouvrirent dans un soupir involontaire. — Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te rendre ta meute, Kylie, promit-il, sa voix grave vibrante de sincérité. Nos regards restèrent accrochés plus longtemps qu’il n’aurait fallu. — Merci, murmurai-je. À cet instant précis, un choc v*****t secoua la voiture. Un bruit métallique résonna, suivi d’un brusque dérapage. Avant que je ne puisse réagir, le véhicule fit une embardée et je fus projetée contre lui. Ses bras se refermèrent autour de moi avec une force instinctive, me plaquant contre son torse. Son cœur battait puissamment sous ma joue. La voiture s’immobilisa dans un crissement de pneus. Alpha Logan abaissa aussitôt la cloison. — Que s’est-il passé ? rugit-il. Le chauffeur, livide, se hâta de descendre. — Je… je ne sais pas, Alpha. Quelque chose a heurté le flanc de la voiture. Mais Logan ne me lâchait pas. Son regard fouillait les alentours par la vitre teintée. C’est alors qu’un hurlement déchira l’air — grave, bestial. L’odeur fétide de la chair en décomposition nous parvint, lourde et écœurante. — Des renégats… soufflai-je, incrédule. — m***e, jura-t-il. Reste ici, Kylie. Ne sors sous aucun prétexte. — Je suis une combattante, Alpha Logan, protestai-je. Je peux me défendre. — Je ne prendrai pas ce risque. Promets-moi de rester dans la voiture. — Hors de question. Je viens t’aider. Je peux en neutraliser quelques-uns, même sans mon loup. Un éclat d’amusement, mêlé d’admiration, traversa son visage. — D’accord. Mais tu restes près de moi. Il tira un pistolet de sa ceinture et me le tendit. — Balles en argent. Ne gaspille aucune cartouche. À peine avions-nous posé le pied dehors que nous fûmes encerclés par les guerriers de la meute nordique. Certains, déjà transformés, hurlaient et griffaient les assaillants, tandis que d’autres combattaient à mains nues. Une vingtaine de bandits — plus que je n’en avais jamais affronté. Un rugissement formidable résonna : Alpha Logan venait d’activer sa transformation. Sa peau se couvrit de fourrure noire d’encre, ses griffes jaillirent, et dans un bond fulgurant, il éventra le premier voyou. Le hurlement qui s’ensuivit fut étouffé par le fracas du combat. Je vis soudain une silhouette bondir par-dessus la voiture, se jeter sur moi. Je levai le pistolet et tirai. Le loup poussa un cri guttural avant de s’effondrer, inerte. Son corps allait m’écraser lorsqu’une masse sombre surgit : Logan attrapa la carcasse en plein vol et la rejeta au loin. — Tout va bien ? demanda-t-il, haletant. Je hochai la tête, la peau parcourue de frissons. Il me lança un regard brûlant avant de se retourner pour affronter les derniers renégats. J’en abattis deux de plus, mes mains tremblant à peine. Quand enfin le silence retomba, le sol était jonché de cadavres. Le sang s’écoulait en ruisselets sombres, mêlé à la poussière et à la chair déchirée. L’air empestait la mort. Dernier chapitre Prochain chapitre
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