Chapitre 1

1179 Words
Gabrielle  - Mesdames et messieurs, préparez-vous à vivre, une fois de plus, un moment inoubliable. La scène va s’embraser sous la lumière de celle qui incarne la sensualité pure, l’audace et l'élégance. Elle a le pouvoir de captiver tous les regards, de faire battre les cœurs plus forts, et de transformer chaque mouvement en un instant magique. Sans plus attendre, faites un accueil triomphal à la reine de la nuit, la magnifique, l’envoûtante : Gabyyyyyyyyy !!!!!!! La voix forte du speaker résonna dans tout le nightclub et la musique fut couverte un bref moment par une salve d'applaudissements et de cris d'enthousiasme. Je sentis mon cœur cogner violemment dans ma poitrine en attendant l'ouverture du rideau qui permettrait de me dévoiler au public. Les lumières s’éteignirent subitement, plongeant la salle dans une semi-obscurité coupée par un faisceau rouge qui balayait lentement la scène. Un silence électrique s’abattit sur le public. Puis, une musique lente et vibrante commença à résonner dans la salle. Le rideau s’ouvrit doucement, me révélant au grand public, plantée au centre de la scène comme une statue. Je pris mon souffle un bref moment avant d'avancer d'un pas lent, précis et félin. Chacun de mes mouvements était calculé pour mêler volupté, sensualité et audace. Le claquement de mes talons au sol s'harmonisait au rythme de la musique. Mon regard parcourut rapidement la salle, se perdant dans celui, plein d'envie, des hommes présents. Je détournai simplement les yeux et me mis à me déhancher avec une sensualité déconcertante, ni vulgaire, ni précipitée. Ma chorégraphie était un pur appel au plaisir : une main qui effleure l’épaule, la cambrure subtile du dos, la lenteur calculée avec laquelle je faisais glisser une bretelle ou défaisais un bouton. Chaque vêtement tombait comme une promesse. Je me dirigeai ensuite vers les spectateurs donc le regard luxurieux me donna un bref instant la nausée. Je pris une profonde inspiration et réussis enfin à me focaliser sur l'essentiel : la danse, les frôlements furtifs, les billets que l’on glissait dans mon soutien-gorge, dans mon string, au rythme lent et étudié de mes déplacements à travers la salle... Après un moment, je me dirigeai vers la barre avec une lenteur étudiée. Chaque pas était pesé et calculé. Mes doigts effleurèrent le métal froid et je me mis à onduler autour de la barre avec grâce, mêlant de la sensualité à chacun de mes mouvements. J'y dansai pendant de longue minute avant de faire une dernière pirouette et disparaitre dans l'ombre aussi tranquillement que j'étais apparue. Un lourd silence régna dans la salle pendant un long moment avant qu'une salve d'applaudissements ne se fasse ressentir. - Wow, wow, wow, ma belle, tu as été époustoufflante comme d'habitude, me félicita Martin, le propriétaire, un sourire heureux au visage. Il s'approcha de moi et me donna une bise, tout en essayant de me serrer contre lui. - Merci, répondis-je d'une voix un peu froide, en faisant un mouvement de recul. Il me regarda un bref moment et émit un petit rire moqueur avant de s'éloigner. Je me rendis dans la loge, où la maquilleuse ajusta une nouvelle fois mon maquillage. Ce nightclub était le plus huppé d’Abidjan. N’y accédaient que les plus nantis de la capitale. Martin organisait des spectacles chaque soir et employait une vingtaine de strip-teaseuses. Seules les plus talentueuses, celles que le public plébiscitait, avaient le privilège de danser les vendredis et samedis soirs, lorsque la salle était noire de monde. Les moins performantes se produisaient en début de semaine, du lundi au jeudi, quand l’affluence se faisait plus discrète. - Gaby, nous devons nous dépêcher, car ce sera ton tour d'ici quinze minutes, lança Stella, la maquilleuse. Je pris place sur le siège et me soumis passivement à ses mains expertes. Je lui demandais toujours un maquillage particulièrement soigné, capable de dissimuler au mieux les traits de mon visage. J’alternais sans cesse les perruques, toujours extravagantes, toutes différentes les unes des autres. Il est vrai que j’étais nouvelle dans ce pays et que je n’y connaissais personne. Mais sait-on jamais ? Je refusais catégoriquement de prendre le moindre risque d’être reconnue par qui que ce soit. - C'est parfait, lança Stella d'un ton satisfait. Je me levai et enfilai les vêtements du prochain spectacle. Puis, je jetai un regard à mon reflet dans le miroir, mes yeux se promenant sur mon visage, sur ma poitrine presque entièrement dénudée, retenue par ce minuscule bout de tissu, et sur mon ventre exposé à la lumière crue de la pièce. Une minuscule jupe recouvrait à peine mes cuisses, et laisserait entrevoir, à chaque mouvement de danse, la silhouette de mes sous-vêtements. Un léger malaise s’installa en moi, et je baissai les yeux, incapable de soutenir mon propre regard. - Mesdames et messieurs, elle est de retour. Vous pensiez l’avoir vue ? Vous n’avez encore rien vu. Préparez-vous pour son second passage, plus intense, plus envoûtant. Voici de nouveau, celle que vous attendez tous : Gabyyyyyyyyyyyyy. Je me précipitai sur la piste de danse et après un bref signe du speaker au coordinateur de spectacle, le rideau se leva à nouveau, me dévoilant une fois de plus aux spectateurs. C’est reparti ! pensai-je, me donnant du courage, laissant mon esprit se détacher de mon corps, m’abandonnant entièrement à la danse, jusqu’à ne plus rien ressentir d’autre que le rythme, l’énergie et l’adrénaline de la scène. La soirée se déroula ainsi. J'enchainai les danses pendant de longues heures jusqu'au petit matin. Je poussai un ouf de soulagement dès la fin de mon dernier spectacle. C’était toujours épuisant de travailler pendant de longues heures la nuit. - T'es simplement phénoménale. Tu es la reine de la scène, hurla Martin d'un ton joyeux en se rapprochant de moi. Instinctivement, je fis un pas en arrière à son approche. - Chérie, je t’ai déjà expliqué les règles, dit-il d’une voix soudain glaciale. Tu ne feras pas exception. Le ton glacé de sa voix tranchait radicalement avec l’enthousiasme qu’il affichait une minute plus tôt. - Martin, il y a des hommes qui demandent à te parler, nous interrompit Robert. Robert était celui qui était chargé de gérer la salle. Il coordonnait les serveuses et servait d'interface entre la clientèle et le responsable du local, Martin. Je savais déjà de quoi il s'agissait. À la fin de chaque spectacle, les hommes essayaient de rencontrer Martin pour entrer en contact avec les filles. - D'accord, lança Martin d'une voix irritée. Demande leur... Je profitai du fait que les deux hommes étaient en train de parler pour me faufiler et retourner dans ma loge. J'avais l'intention de me changer le plus rapidement possible et de m'éloigner de ce lieu avant la fin des entretiens de Martin. Je pris mon téléphone et réservai rapidement un Yango (société privée de taxi exerçant dans plusieurs pays africains). Je vis avec soulagement que mon taxi serait arrivé d'ici une dizaine de minutes. Je posai rapidement le téléphone et me mis à enlever mes vêtements, si je pouvais appeler ainsi ces minuscules habits qui couvraient à peine mes parties intimes.
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