Chapitre 16

1265 Words
Christopher  J’avais passé une semaine extrêmement fatigante. J’avais bossé sans arrêt pendant tous ces jours. Heureusement, cela avait été concluant. - Oui, mon pote, c’est bon, nous l’avons ! s’exclama Robin avec un enthousiasme contagieux. On échangea une poignée de main énergique, symbole de notre réussite et de notre satisfaction. Nous avions travaillé pendant des mois à la réalisation de ce projet révolutionnaire, et aujourd’hui était tout simplement la consécration de nos efforts. - Oui, Rob, j’ai du mal à y croire, répondis-je, un large sourire au visage. - Mon frère, on doit fêter ça. Je te préviens, je ne suis pas disposé à entendre un refus. On a toute la nuit pour s’amuser comme des fous avant de rentrer sagement à la maison demain, lança Rob en me faisant un clin d’œil. - Désolé, l’ami, mais très peu pour moi. Je sais très bien quel genre d’amusement tu as en tête. - Haha, comme si tu t’étais plaint la dernière fois ! Je t’ai bien vu baver comme un puceau. Arrête un peu cette hypocrisie, répondit Robin en riant, moqueur. Je ne pus m’empêcher d’avoir honte à ses mots. La suite lui avait donné raison, bien que je ne l’aurais admis pour rien au monde. - Tu sais bien que ce n’est pas possible, Robin. J’ai trop négligé les enfants ces derniers mois, il est temps que je me rachète. - Je te rappelle que je suis moi aussi père d’enfants, et que nous avons bossé tous les deux durement ces derniers mois. Allez, un soir ne va pas te tuer, et ça va nous faire du bien de décompresser un peu. En plus, on l’a tellement mérité ! - Tu sais bien que ta situation est bien différente de la mienne. Tu as au moins Sophie pour s’occuper d’eux quand tu n’es pas là, répondis-je d’une voix tout à coup mélancolique. - Je sais, mon ami, répliqua Robin d’une voix un peu triste. Mais juste ce soir. Je te promets qu’on ne va pas finir tard. Christopher, tu as tout juste 38 ans. Tu ne peux pas continuer à vivre ainsi, comme un reclus. Et de toute façon, je ne vois pas ce que ça changerait d’arriver ce soir ou demain à midi. - Ma décision est prise, Rob. J’ai contacté la compagnie aérienne tout à l'heure. Un vol est prévu pour 18 h. Avec un peu de chance, je pourrais être à la maison à 22 h. Je vais demander au chauffeur de m'accompagner à l'aéroport. Nous étions à Dakar depuis une semaine déjà. Robin et moi étions associés en affaires. Nous avions bâti la société Koffi & N'guessan ETS dès la fin de nos études respectives. « Koffi » représente mon nom de famille, tandis que « N'guessan » est celui de Robin. Rob et moi nous étions connus dès notre plus tendre enfance, à l’école primaire, et depuis, nous ne nous étions plus jamais quittés. Nous avions fait nos études secondaires au lycée français Mermoz d’Abidjan. Pour ceux qui connaissent Abidjan et son système éducatif, le lycée Mermoz est un établissement réservé aux personnes nanties. En effet, Rob et moi venions de familles fortunées. Bien que Rob ait choisi une orientation scientifique et moi littéraire, nous passions cependant la majeure partie de nos pauses ensemble. Après le lycée, Rob avait opté pour effectuer un cursus d’ingénieure en génie civil, tandis que de mon côté, je m'étais inscrit en finance et management. Dès l'obtention de nos diplômes, nous avons décidé de créer notre société. Nous étions une entreprise en forte expansion, spécialisée dans le secteur du bâtiment. Nous n'avons rencontré aucune difficulté au début, car nos parents respectifs nous avaient fourni les fonds nécessaires à l'ouverture de la société et facilité toutes les démarches administratives. Nous formions un duo parfait dans notre domaine d’activité, tout comme dans la vie courante. Rob était l’homme du terrain, tandis que j’étais celui du bureau. Il se chargeait de réaliser toutes nos constructions sans le moindre problème, et moi, je m’occupais de gérer entièrement le côté administratif. Je devais admettre que notre duo était véritablement gagnant. En témoignage, nous avions réussi à signer cet important contrat avec une société sénégalaise, avec laquelle nous étions en pourparlers depuis plus d’un an. Ils avaient lancé un appel d’offres, et nous avions présenté notre candidature. J’avais effectué de nombreux voyages au Sénégal à cet effet. - Je vois que tu as déjà décidé, lança Rob d’un ton désabusé, me tirant de mes pensées. - Oui, dis-je d’une voix ferme. Je t’attendais juste pour savoir si tu étais intéressé à rentrer plus tôt. - Non merci, lança Rob d’une voix ferme. Je vais rester m’amuser ce soir avant de rentrer. - C’est comme tu veux, dis-je en haussant simplement les épaules. Un petit silence, un peu lourd, s’installa entre nous. Je décidai de lancer une blague pour essayer de détendre l’atmosphère. - Tu aimes trop la fête, lançai-je d’une voix rieuse cette fois. - Et toi, tu es trop coincé. C’est à ne rien y comprendre. Pour à peine quelques heures de différence, tu changes ton vol. - Haha, le sens des responsabilités, l’ami, lançai-je en riant. - Je serais un voyou, c’est ça ? rétorqua Robin. - C’est toi qui le dis, répliquai-je en lui lançant un clin d’œil moqueur. Un jour, un jour, ma belle-sœur va te chasser de la maison. - Haha, elle ne peut pas. Je maîtrise la situation. - Haha, je l’espère pour toi. Mon ami était incroyable. Sophie et lui s’étaient rencontrés pour la première fois en boîte de nuit. Robin l’avait abordée, et ça avait immédiatement collé entre eux. Ils s’étaient mis ensemble, mais avaient rencontré énormément de problèmes dès le départ à cause du mode de vie mondain de Robin. Sophie avait espéré que le mariage et l’arrivée des enfants le feraient s’assagir, mais rien de tout cela ne s’était produit. Leur couple traversait beaucoup de turbulences à cause de ce problème, d’autant plus que Robin était un vrai coureur de jupons. Un proverbe disait que l’homme épouse généralement la femme parfaite pour lui, en espérant qu’elle reste telle quelle tout au long du mariage. La femme, en revanche, épouse parfois un homme qui ne correspond pas entièrement à ses standards, en espérant qu’il changera après le mariage. Je pense que c’était le cas de Sophie, et j’espérais sincèrement, pour elle, que Rob ne soit pas un cas sans espoir. - Bon mec, il faut que je les rappelle, sinon je risque de perdre ma place. - D’accord, répondit Robin d’un ton déçu. On se dit à demain alors. Rob sortit de ma chambre, et je pris immédiatement mon téléphone pour contacter l’agence et confirmer mon retour pour ce soir. Heureusement, une place était encore disponible. Je bouclai rapidement ma valise et sortis de la chambre. Il était déjà 14 h, et j’avais intérêt à me dépêcher, sinon les embouteillages de Dakar risquaient de me faire manquer mon vol. Je contactai le chauffeur que notre partenaire avait mis à notre disposition, et ce dernier m’assura qu’il m’attendait à l’entrée de l’hôtel. Je montai dans la voiture, et une heure plus tard, j’étais déjà en rang pour embarquer. Le vol dura près de trois heures. Je sortis de l’aéroport, et heureusement, mon chauffeur était déjà là. J’espérais arriver à la maison avant le coucher des enfants. Elle les mettait généralement au lit vers 21 h 30. Il était presque 22 h lorsque j’entrai enfin à la maison. J'avais à peine atteint l'étage que je surpris une conversation qui me glaça le sang.
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