6 juilletJe l’ai revu encore. Cet après-midi, je passais devant le Grand Trianon au moment où s’arrêtait la plus superbe automobile que j’aie jamais rencontrée. Je ralentis le pas pour l’admirer. Un valet de pied en livrée bleu sombre ouvrit la portière. J’aperçus le jeune homme qui sautait à terre, puis se détournait pour enlever dans ses bras une toute jeune fille vêtue de blanc, dont je distinguai le mince visage pâli sous la grande capeline qui la coiffait. Je passai vite, ne me souciant pas d’être taxée de curiosité indiscrète. En revenant, je me suis amusée à bâtir des hypothèses sur ces inconnus. Ce sont des gens très riches, évidemment. La jeune fille en blanc doit être sa sœur, à lui. Comme elle semble frêle, maladive ! Peut-être, au milieu de son luxe, a-t-elle envié l’inconnue modestement vêtue qui passait, bien portante, d’un pas alerte !
Oui, mais si vous êtes entourée d’affection, petite étrangère, vous êtes cependant – en dehors même de votre fortune – infiniment plus riche que moi.