7-2-Elle

1531 Words
Fernando, assis dans son véhicule, fixait la façade imposante de la demeure des Weiss à travers les gouttes de pluie qui ruisselaient sur le pare-brise. La tempête frappait violemment la ville, et bien que l'idée de sortir sous cette averse ne l'enchante guère, il savait que c'était un pas nécessaire. Un soupir lui échappa, presque étouffé par le martèlement de la pluie sur le toit de la voiture. Finalement, il saisit son parapluie noir, le déployant avec une lenteur calculée avant de sortir. Chaque pas résonnait dans les flaques d'eau, éclaboussant ses chaussures tandis qu'il avançait avec détermination vers le portail imposant des Weiss. Le souffle de l'air frais et humide lui effleura le visage, mais il resta concentré. D'un geste précis, il appuya sur la sonnette, sonnant la fin des occupations de Christian, l'aîné de la famille, qui se leva immédiatement pour répondre. Jetant un coup d'œil rapide à la caméra de sécurité, il ouvrit la porte, une lueur de curiosité dans le regard. — Bonsoir, que puis-je pour vous ? demanda Christian d'une voix mesurée. Fernando le scruta brièvement avant de répondre, la voix grave et posée : — J'aimerais voir vos parents. Je suis Fernando Herrera. Et vous, à qui ai-je l'honneur ? — Christian Weiss, l'aîné de la famille, répondit-il en croisant les bras. Veuillez patienter dans le salon, je vais les prévenir. Fernando hocha la tête, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres. Tandis que Christian s'éloignait, Fernando s'attarda un instant dans le hall, scrutant discrètement la pièce richement décorée. — Pas mal... murmura-t-il pour lui-même, appréciant l'élégance de la maison. Quelques minutes plus tard, les parents de Christian apparurent dans l'encadrement de la porte, leur présence imposante mais cordiale. — Bonsoir, jeune homme, lança le père avec une politesse teintée de réserve. Que puis-je faire pour vous ? Un sourire à peine perceptible s'étira sur le visage de Fernando. « Jeune homme », avait-il dit... à vingt-deux ans, Fernando se savait jeune, mais son assurance et son sang-froid le faisaient paraître bien plus mature. De cinq ans son aînée, Cyana, la cause de sa visite, ne pouvait qu'ajouter à cette impression. — Fernando Herrera, répondit-il en fixant tour à tour ses interlocuteurs. Vous ne me connaissez peut-être pas, mais je viens ici ce soir pour vous demander de dire à votre fils de rester loin de ma fiancée. Un silence lourd s'installa. La mère de Christian, Isabelle, paraissait déconcertée, cherchant à comprendre le sens de ces paroles. — Il doit y avoir une erreur, finit-elle par balbutier. Mon fils est déjà en couple... Fernando haussa légèrement un sourcil, presque amusé par cette déclaration. — Avec Cyana Perez, je suppose ? Eh bien, sachez que Cyana est désormais ma fiancée. Il serait préférable que votre fils s'y fasse, sans quoi je n'hésiterai pas à lui exprimer mon mécontentement de manière plus directe. Il se tourna alors, prêt à partir, laissant derrière lui l'écho de ses paroles. Isabelle ouvrit la bouche pour protester, mais le père de Christian, Manuel, l'arrêta d'un geste discret. Cependant, Christian, qui avait suivi la scène en secret, ne put contenir sa rage plus longtemps. — Pour qui te prends-tu à venir ici en pleine nuit et à menacer mes parents ? gronda-t-il en sortant de sa cachette, le visage rougi par la colère. Fernando se retourna lentement, la pluie tambourinant encore derrière lui. — Je suis un Herrera, répliqua-t-il calmement. Je crois que cela suffit. Furieux, Christian s'avança d'un pas rapide, prêt à frapper, mais Fernando esquiva sans effort. Avant que la situation ne dégénère, Manuel intervint, saisissant son fils par le bras. — Christian, arrête ! Laisse-le partir. Un léger sourire satisfait apparut sur le visage de Fernando. Il réajusta son manteau, adressant un dernier regard aux Weiss. — Sage décision. Tenez votre petit chien en laisse. Sans un mot de plus, il tourna les talons et s'enfonça dans la nuit, laissant derrière lui un silence lourd de menaces à peine voilées. Cyana, anxieuse et incapable de trouver le sommeil, fixait sans relâche l'allée depuis la terrasse du deuxième étage. Ses yeux scrutaient chaque ombre, chaque mouvement, espérant avec angoisse le retour de Fernando. Ses pensées tournaient en boucle : avait-il fait du mal à Nath ? L'incertitude la rongeait, et il était difficile pour elle de trouver un instant de répit. Fernando avait laissé planer des doutes, ses paroles étaient chargées d'ambiguïté, et Cyana savait de quoi il était capable. Enfin, le bruit d'un moteur résonna dans la cour. Le véhicule de Fernando apparut sous la lumière tamisée des réverbères, se faufilant à travers l'obscurité pluvieuse. Cyana, les mains crispées sur la rambarde, retint son souffle tandis que Daniel, le fidèle majordome, s'avançait déjà avec un grand parapluie noir pour accueillir son maître. Le moteur s'éteignit, et Fernando sortit de la voiture avec une assurance imperturbable, ignorant les gouttes de pluie qui tombaient en cascade autour de lui. Son regard se tourna aussitôt vers la terrasse où il distinguait la silhouette de Cyana, nerveuse et tendue. — Où est-elle ? demanda-t-il d'une voix ferme à Daniel, qui le rejoignait sous l'abri du parapluie. — À l'étage, monsieur, sur la terrasse, répondit le majordome en lui tendant le parapluie. Fernando hocha la tête, ses pensées déjà tournées vers l'échange imminent avec Cyana. — Tu peux disposer, Daniel. Le majordome inclina la tête respectueusement avant de répondre. — Bonne nuit, monsieur. Il s'éloigna silencieusement, laissant Fernando seul sous la pluie battante, le parapluie à la main. Fernando leva les yeux vers Cyana, son regard se durcissant à mesure qu'il s'apprêtait à la rejoindre. L'heure des explications était arrivée, et il était prêt à affronter ses doutes. Fernando gravit les marches menant à la terrasse avec assurance, la pluie martelant toujours le sol en contrebas. Cyana, le cœur battant, ne pouvait plus supporter l'attente. Alors qu'il franchissait la porte, elle se redressa, déterminée à obtenir des réponses. — Où étais-tu ? demanda-t-elle, sa voix tremblante, mélange d'inquiétude et de reproche. Qu'as-tu fait à Nath ? Fernando s'arrêta devant elle, déposant lentement le parapluie sur le sol. Il posa son regard sombre sur elle, une lueur indéchiffrable dans ses yeux. — Je n'ai rien fait à Nath, répondit-il calmement. Pas encore du moins. Mais il sait maintenant où est sa place. Cyana se crispa, son visage blême sous la lumière faible des lampes de la terrasse. — Tu lui as parlé... qu'est-ce que tu lui as dit ? murmura-t-elle, redoutant la réponse. Fernando s'approcha d'elle, son visage plus près du sien, son expression empreinte de gravité. — Je lui ai fait comprendre qu'il devait te laisser tranquille, Cyana. Que tu m'appartiens, et que s'il s'avisait de te revoir, il en subirait les conséquences. Elle recula légèrement, comme pour s'éloigner de la tension qui émanait de lui. — Fernando, tu n'as pas à faire ça... Je ne suis pas un objet qu'on s'approprie. Nath... il ne mérite pas ça. Fernando la coupa, sa voix plus ferme. — Tu ne comprends pas, Cyana. Ce n'est pas à toi de décider. Ce type te détourne de moi, il t'éloigne, et je ne le permettrai pas. Cyana fronça les sourcils, tentant de garder son calme face à son assurance inébranlable. Un frisson parcourut Cyana, elle savait que rien ne ferait changer Fernando d'avis. L'atmosphère entre Cyana et Fernando devenait de plus en plus palpable. Malgré la nature imposée de leur mariage, Fernando semblait avoir développé un réel désir pour Cyana, et ce sentiment transparaissait à travers son comportement possessif et dominant. Derrière le masque du devoir, Fernando cachait peut-être une fascination véritable pour elle, quelque chose qui dépassait les simples contraintes imposées par leur situation. De son côté, Cyana était prise dans un tourbillon émotionnel. Malgré son amour indéfectible pour Nath, elle ne pouvait nier les sensations physiques et émotionnelles que lui provoquait la proximité de Fernando. Chaque fois qu'il s'approchait d'elle, son corps réagissait, frissonnant, comme si quelque chose en elle répondait instinctivement à cette domination. Était-ce de la peur ? Ou peut-être une forme d'attirance secrète qu'elle ne voulait pas s'avouer ? Elle se posait de nombreuses questions. L'emprise que Fernando exerçait sur elle l'effrayait, mais en même temps, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une sorte de frisson face à cette intensité, cette volonté presque brutale de la posséder. Quelque part en elle, une partie de son être semblait apprécier cette adrénaline, ce sentiment d'être désirée au point que quelqu'un soit prêt à tout pour elle, même à se battre. C'était une émotion complexe, contradictoire, où la peur et l'attirance se mêlaient d'une manière presque envoûtante. Fernando s'approcha d'elle encore une fois, et, malgré elle, Cyana ne put empêcher les fourmillements de parcourir sa peau. Il était si près qu'elle pouvait sentir la chaleur émaner de son corps. — Cyana, murmura-t-il, sa voix grave brisant le silence, tu le sens, n'est-ce pas ? Ce lien entre nous... Ce n'est pas qu'un simple devoir. Je te veux, et je sais que quelque part, même si tu refuses de l'admettre, tu le ressens aussi. Cyana détourna les yeux, incapable de lui répondre. Elle refusait de céder, mais son corps trahissait ses pensées.
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