Cyana se retrouvait à un croisement complexe de ses émotions. Si elle écoutait Fernando, cela reviendrait à remettre en question tout ce qu'elle avait cru savoir sur son amour pour Nath. Était-ce possible qu'elle ne l'aimait pas totalement ? Que ce n'était qu'un amour forgé par l'habitude, les liens familiaux et les années passées ensemble ? Ou peut-être était-ce un amour fondé sur des projets d'avenir plutôt que sur des sentiments profonds et immédiats ?
Fernando, sans même le vouloir explicitement, la poussait à interroger la nature même de ses sentiments pour Nathaniel. Son comportement, cette passion intense et troublante, contrastait tellement avec la douceur de Nath, qu'elle ne pouvait s'empêcher de se demander si elle avait mal compris ses propres émotions. Fernando avait une manière de chambouler son équilibre, de raviver des sensations qu'elle ne pensait pas possibles, tout en ébranlant la solidité de ce qu'elle avait construit avec Nath.
Cyana savait que remettre en cause son amour pour Nath était effrayant. Ils avaient construit tant de projets ensemble, des rêves d'avenir qu'elle chérissait. Mais maintenant, Fernando éveillait des doutes qu'elle ne pouvait ignorer. Est-ce que ses sentiments pour Nath étaient encore aussi authentiques, ou est-ce qu'elle s'était accrochée à l'idée de leur relation parce que c'était ce qui lui semblait le plus sûr, le plus stable ?
Plongée dans ses pensées, elle sentit la présence de Fernando derrière elle, plus proche que jamais.
— Tu as peur, Cyana, chuchota-t-il, son souffle chaud effleurant son oreille. Peur de ce que tu ressens, peur d'admettre que peut-être... tu n'aimes pas Nath autant que tu le penses.
Elle ferma les yeux, essayant de se concentrer, de rassembler ses pensées.
— Tu ne sais rien de ce que je ressens, Fernando, répliqua-t-elle doucement mais fermement, la gorge serrée.
— Oh, mais je crois que si, répondit-il, un sourire aux lèvres. Et ce qui te trouble, c'est que tu sais que j'ai raison.
— Lâche-moi, tu veux juste me faire culpabiliser.
Fernando esquissa un sourire, un brin amusé.
— Loin de moi cette idée peu glorieuse. Tu sais quoi ? Soyons réceptifs. Communiquons juste comme... de simples amis ou même des connaissances pendant les prochains jours. Si, après ce laps de temps, tu n'as plus de doutes concernant ton amour pour Nath, je m'engage à te laisser partir.
Cyana fronça les sourcils, surprise par cette offre inattendue.
— Vraiment ? demanda-t-elle, sa voix oscillant entre la méfiance et l'espoir, comme si elle cherchait désespérément un fil auquel se raccrocher.
— Oui, répondit-il, son ton calme trahissant une certitude inquiétante. Cependant, si tu as le moindre doute à son sujet... juste un seul, tu devras lui tourner le dos à jamais. Je te l'ai déjà dit, je sais comment cette histoire va se terminer. Nathaniel Weiss ou Christian Weiss... aucun des deux n'est fait pour toi, pas plus qu'ils ne l'étaient pour ta sœur.
Elle recula d'un pas, ses yeux s'assombrissant sous le poids de ses pensées.
— Tu essaies sûrement de me manipuler, murmura-t-elle, sa voix brisée par la confusion.
— Manipuler ? répéta-t-il avec un sourire narquois. Je n'ai pas besoin de ça. J'obtiens toujours ce que je veux.
— Par la force... articula-t-elle, presque dans un souffle.
— Oui, admit-il sans détour. Mais crois-le ou non, j'exerce la force uniquement quand c'est nécessaire. D'ailleurs, qui pourrait transporter la marchandise pour moi ? Je sais que tu as quelqu'un à me proposer, Cyana.
Elle détourna le regard, ses mains se serrant involontairement.
— Non, je... je n'ai personne, tenta-t-elle de dire, mais sa voix manqua de conviction.
Il la fixa, ses yeux perçant à travers ses défenses comme s'il pouvait voir au-delà de ses mensonges.
— Cyana... Perez, tu sais ce que je déteste le plus au monde ? Le mensonge. Et je finis toujours par découvrir la vérité. Alors dis-moi, qui est cette personne ? Si tu me donnes son nom, je ferai en sorte que tout se passe sans heurts. Mais si tu refuses, mi esposa... je l'ajouterai à ma liste noire.
Le silence tomba comme une chape de plomb, lourd et oppressant.
— Je ne mettrai la vie de personne en danger, murmura-t-elle, une lueur de défi dans le regard.
— Danger ? répéta-t-il avec un sourire glacial. Donc tu as bien quelqu'un en tête... Je finirai par découvrir qui c'est, et quand je saurai, crois-moi, je créerai des problèmes volontairement. Bonne nuit, Cyana et réfléchis bien, je veux une réponse dès demain.
La dernière phrase s'abattit comme un coup de massue. Le cœur de Cyana manqua un battement, une vague de froid s'insinuant dans son estomac. Que savait-il de plus ? Pourquoi était-il si sûr de lui ?
Bientôt une semaine que Cyana s'était réfugiée chez Fernando. Aujourd'hui, elle retournait en cours pour la première fois depuis son départ de la maison. À la sortie, le regard lourd de Nath captait toute son attention. Elle mourait d'envie de l'approcher, surtout que Daniel, le chauffeur et homme de main de Fernando, n'était pas encore là pour la surveiller. Cependant, les menaces voilées de Fernando à l'égard de Nath résonnaient encore dans sa tête, l'empêchant de faire le moindre pas vers lui.
Son attention fut brusquement détournée lorsqu'elle aperçut au loin une altercation entre Christian et Yanie. Christian, d'ordinaire calme, était furieux, gesticulant violemment. Cyana fronça les sourcils et s'approcha lentement, tandis que la dispute prenait de l'ampleur. Les gestes brusques de Christian, de plus en plus erratiques, frappèrent l'air jusqu'à ce qu'il pousse Yanie avec tant de force qu'elle trébucha et tomba au sol. La scène se déroulait sous les yeux horrifiés de Cyana, paralysée l'espace d'un instant.
Sans perdre une seconde, Nath, qui observait la scène à quelques mètres de là, se précipita vers Christian et le repoussa violemment. Le choc entre les deux frères résonna comme une détonation.
— Qu'est-ce que tu fais, bordel !? s'écria Nath, le souffle court.
Le visage de Christian se tordit sous la pression, son regard brûlait de rage tandis que Yanie, encore au sol, retenait difficilement ses larmes.
— C'est qu'une petite p**e ! cracha-t-il, le visage rougi de colère.
— Arrête ! C'est Yanie, ta petite amie ! Pourquoi tu la traites comme ça ?! s'exclama Nath, choqué par la violence des mots.
— Elle ose me faire la morale, alors qu'elle se tape un autre mec dans mon dos ! Je suis qui, moi ?! hurla Christian, perdant tout contrôle. Et toi ! Toi t'es pas mieux ! Pareil que ta sœur !
Cyana, figée par les paroles de Christian, sentit la fureur monter en elle. Elle s'agenouilla pour aider Yanie à se relever avant de tourner vers Christian un regard noir de colère.
— Et toi, tu n'es qu'une petite m***e pour te comporter comme ça avec ma sœur ! lança-t-elle avec une froideur tranchante.
Le regard de Christian se durcit davantage, ses poings se serrant jusqu'à en blanchir les jointures. Nath, bien qu'il soit son frère, ne pouvait pas laisser passer cette insulte.
— T'es mon frère, mais je te préviens, ne manque pas de respect à ma copine. Frère ou pas, je te laisserai pas faire.
— Tu peux pas comprendre, Nath... tu sais rien ! gronda Christian en serrant les dents.
Christian, rongé par le doute, sentait sa confiance envers Yanie se fissurer. Il avait vu ses messages échangés avec un inconnu, et cela le rendait fou. Mais ce n'était pas seulement la trahison de Yanie qui le consumait. Il craignait que Nath souffre comme lui souffrait. Christian voyait la relation de Nath avec Cyana comme une trahison encore plus grande, sachant qu'elle était destinée à un autre homme, Fernando.
— Ce n'est pas une raison, c'est ta copine p****n ! La traite pas ainsi, s'il te plaît..., lança Nath, la voix serrée d'indignation.
Christian, essoufflé par la dispute, commençait déjà à reprendre son calme. Il fixa Yanie, toujours au sol, la douleur visible sur son visage. Il sentit une vague de culpabilité le submerger, son cœur se serrant en voyant la blessure qu'elle avait subie en tombant.
— Je suis désolé... je... je, balbutia-t-il, la gorge nouée par la honte.
Les mots semblaient se coincer dans sa bouche, incapables d'effacer ce qu'il venait de faire. Incapable de soutenir le regard de Yanie, Christian tourna les talons, le cœur lourd, s'enfuyant sous les appels de son frère.
— Christian ! reviens ! cria Nath, mais son frère ne se retourna pas.
Yanie, elle, resta silencieuse. La douleur de la chute s'ajoutait à celle, plus profonde, de la répétition de ces moments. Ce n'était pas la première fois que Christian la maltraitait de cette manière, et une peur viscérale commençait à grandir en elle, celle que son comportement empire. Elle serra ses lèvres, les yeux baissés, puis se laissa doucement aider par Nath et Cyana pour se relever.
— Ne t'inquiète pas, Yanie. Il finira par reprendre ses esprits, dit Nath, tentant maladroitement de la rassurer.
Yanie ne répondit pas, le regard vide, perdue dans ses pensées, sa blessure encore fraîche. Ils l'accompagnèrent jusqu'à l'infirmerie, située un peu en retrait des autres bâtiments. Une fois à l'intérieur, Yanie s'isola pour soigner sa plaie, laissant Nath et Cyana seuls à l'extérieur. Le silence qui s'installa alors entre eux était à la fois lourd et chargé de non-dits, rendant chaque seconde plus oppressante.
Cyana sentait une tension sourde naître entre eux, palpable, presque physique. Elle se mit à gratter nerveusement son épaule, tandis que Nath passait une main distraite dans ses cheveux. Ils évitaient leurs regards, leurs gestes trahissant l'inconfort qui montait. Ses doigts se frottaient mécaniquement, et son pouce s'attardait sur ses lèvres, signe d'un trouble qu'elle ne pouvait plus ignorer.
Finalement, leurs regards se croisèrent, et dans cet instant suspendu, le poids des émotions accumulées prit le dessus. L'hésitation se dissipa en un souffle, et Nath franchit la distance entre eux. Sans un mot, il l'attira doucement contre lui, et leurs lèvres se touchèrent dans un b****r intense, presque désespéré.
Le monde autour d'eux sembla s'effacer, ne laissant que la sensation brûlante de leurs corps qui se rapprochaient. Le b****r était profond, passionné, comme une libération après des jours de retenue. Les doigts de Cyana s'accrochèrent à la chemise de Nath, tirant légèrement, comme si elle avait besoin de s'ancrer à lui. Elle sentit le souffle chaud de Nath contre sa peau, tandis qu'il la tenait fermement, mais avec une douceur inattendue.
Leurs lèvres s'unirent dans un échange silencieux, où chaque b****r semblait être une réponse à des questions qu'ils n'osaient poser. La chaleur de son corps contre le sien, la douceur de ses lèvres, tout était à la fois trop rapide et trop lent, comme si le temps jouait contre eux. Cyana se laissa emporter, oubliant tout, même les menaces de Fernando qui planait sur eux, même Daniel, qui pouvait revenir d'un moment à l'autre.
Nathaniel ou Fernando?