ÉCHANGE DE VIES

5- Lui

OMNISCIENT

Le repas se déroulait dans une ambiance chaleureuse, malgré l'état de santé préoccupant de Dween. La grand-mère d'Athalia avait répondu à l'invitation de Lyana, qui, dans un élan de culpabilité, avait voulu annuler pour ne pas laisser son fils seul. Mais Dween avait fermement refusé, déterminé à ce que sa mère ne renonce pas à quelques instants de compagnie à cause de lui. Il ne supportait pas l'idée que son état impose de la pitié aux autres, une chose qu'il méprisait par-dessus tout. Il avait donc préféré rester à l'étage, à l'écart des conversations, laissant son père jouer le rôle d'hôte, bien qu'il ne comptait pas s'attarder longtemps.

Un léger toc-toc interrompit sa lecture. Il fronça les sourcils, surpris par cette visite inattendue.

— Entrez... murmura-t-il, sans trop savoir à qui s'attendre.

La porte s'ouvrit lentement, dévoilant la silhouette d'Athalia, sa voisine et camarade, une présence à la fois familière et déconcertante dans ce contexte. Il se redressa rapidement dans son lit, un mélange de surprise et d'incompréhension sur le visage.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Je veux dire... je ne m'attendais pas à te voir ici.

— Ta mère m'a invitée, et ma grand-mère était là... alors j'ai accepté, répondit-elle en entrant d'un pas léger, comme si l'espace lui appartenait déjà.

Dween esquissa un sourire nerveux, cherchant ses mots.

— Je vois... pour tout à l'heure...

— Ne t'en fais pas, j'ai compris, coupa-t-elle en s'asseyant sans gêne sur le rebord du lit. Alors, comment tu vas ?

Il soupira, ses épaules s'affaissant légèrement sous le poids de cette question devenue banale pour lui.

— Comme d'habitude... Et toi ? Ton rendez-vous avec Manuel... ?

Athalia éclata d'un rire léger, sans aucune retenue. Elle s'installa plus confortablement à côté de lui, comme si cette proximité ne la dérangeait nullement. Elle était de celles qui suivaient leurs envies, sans se laisser dicter par les attentes des autres.

— il y a beaucoup de filles qui lui courent après

— Manuel ? Qui voudrait d'un type comme lui ? Il n'a aucun scrupule à rabaisser les autres, même sans raison valable. Pour te répondre clairement, Manuel ne m'intéresse absolument pas, pas le moins du monde.

Son ton était direct, sans détour, et ses yeux pétillants reflétaient une sincérité désarmante. Le contraste entre sa spontanéité et la réserve de Dween se faisait sentir, créant une atmosphère à la fois apaisante et électrique.

Le fait qu'elle ne soit pas intéressée par Manuel réchauffait quelque peu le cœur de Dween, mais l'idée qu'elle puisse porter son attention sur quelqu'un d'autre faisait naître une légère pointe de jalousie en lui, bien malgré lui.

— Je vois... Et ce gars qui t'intéresse... Vous avez déjà discuté ? Vous vous connaissez un peu ?

Il essayait de garder un ton détaché, mais l'inquiétude transparaissait dans sa voix.

— Pas vraiment... Il m'a fait comprendre que discuter avec lui n'était pas nécessaire, répondit-elle avec un air indifférent, bien qu'un éclat amusé brilla dans ses yeux.

Dween serra les dents. Comment ce type pouvait-il être aussi insensible ?

— Il ne sait pas ce qu'il rate, murmura-t-il, avant de se reprendre, embarrassé par son propre élan. Euh... Je veux dire, t'es quelqu'un de bien, quel mec ne voudrait pas sortir avec toi ?

Athalia esquissa un sourire en coin, savourant visiblement la gêne de son voisin. Il était maladroit, mais touchant dans sa sincérité.

— Même toi ? Tu voudrais bien sortir avec moi ? lança-t-elle soudain, l'air à la fois espiègle et sérieux.

La question tomba comme une bombe. Dween sentit sa gorge se nouer. Son cœur s'emballa, tandis qu'il cherchait désespérément quoi répondre. Est-ce qu'elle le testait ? Est-ce que c'était une vraie proposition ou juste une simple question ? Dans tous les cas, il se retrouvait face à un dilemme aux deux réponses possibles : oui... ou non.

Il déglutit difficilement, sentant ses joues s'empourprer. L'ombre d'un silence pesant s'installa entre eux, songeant à ce que pourrait impliquer chaque réponse.

— qui voudrait sortir avec quelqu'un qui est malade? Je veux dire ça serait sûrement pesant pour certe personne...

Il avait dévié la question d'Athalia de façon involontaire

— pour toi, à cause de ta maladie tu insinues que tu n'as pas le droit d'être aimé ?

— un peu oui, c'est comme priver cette personne d'être d'être heureuse avec quelqu'un qui a toute ses facultés.

— je comprends ce que tu veux dire mais t'as totalement tord de vouloir te priver d'amour au contraire si cette personne t'accepte malgré ce qu'elle voit, ça vaut qu'elle voit au delà de l'apparence et sue c'est une personne bien.

— je vois... mais encore faut-il trouver cette personne non?

— tu n'aurais forcément pas à la chercher, elle viendra peut-être à toi..

Sur ces mots, une voix douce mais ferme perça l'air du soir : c'était celle de Lyana. Elle appelait Athalia, lui signifiant qu'il était temps de rentrer, le dîner touchant à sa fin. Dween se leva pour l'accompagner jusqu'à l'entrée, tandis que son père, silencieux et pensif, rangeait ses affaires dans le coffre de la voiture, prêt à partir.

Les adieux entre Lyana et son mari s'éternisèrent, empreints d'une tendresse mêlée de tristesse, chaque geste témoignant d'une affection profonde. En revanche, les échanges entre le père et son fils furent brefs, presque expéditifs. Dween, dissimulant ses émotions derrière un masque de calme, se disait qu'il n'y avait aucune raison de se laisser submerger par la mélancolie, convaincu qu'ils se reverraient bientôt. Mais peut-être que son retour ne se passerait pas comme il l'espérait ? Ce voyage que son père s'apprêtait à entreprendre n'était pas ordinaire, loin de là. Pourtant, seul le père de Dween en connaissait réellement la portée, gardant ce secret, même face à son propre fils.

Athalia fait la bise à Dween et Lyana en guise d'au revoir

—Tu viendras demain? Pour les matchs ?

—certainement, Nick avait vraiment envie qu'on y aille alors.

—à demain dans ce cas.