Dépendante d'un Abruti

De ma maison (ou plutôt de l'habitation qui nous a servit un mois) à la "villa" des Flyn, il y a une demie heure. Cela fait maintenant une vingtaine de minutes que je boude, ce qui veut dire qu'il me reste approximativement dix minutes à tenir. Pourquoi je boude? Mais qu'elle serait votre réaction si vous appreniez que vous alliez passer six mois chez des "amis" de vos parent, autrement dit, de parfaits inconnus dans une ville que vous ne connaissez pas ? Ma réaction à moi a été celle de bouder. Ça ne m'a attiré que des "Tu n'as pas honte de te comporter ainsi la veille de notre départ ?" et des "Ce que tu peux être ingrate ! Je pensais que tu étais assez grande pour accepter le fait d'être un peu séparée de nous !". Mais comment voulez-vous que je sois de bonne humeur après de pareilles remarques ?! Les parents n'ont aucune logique. Je vois d'ici le toit de la somptueuse demeure des Flyn. Finalement, il y aura peut être quelques avantages à vivre avec cette famille... Maman m'a dit qu'il y avait deux enfants, une petite fille de six ans et un garçon de dix-neuf ans. Ça fait une sacrée différence d'âge... Treize ans. Je sais que la petite s'appelle Prune et que son frère s'appelle Ryan. D'après Papa cette fois, la petite est adorable et bien élevée tandis que le garçon apporte des difficultés à Lily et Cameron, les parents. Il dit même qu'il a fait exprès de redoubler alors qu'il aurait ou facilement avoir les meilleures notes. Je ne sais pas si ce n'est qu'une impression mais j'ai le sentiment que les repas de familles des Flyn ne doivent pas être très gais... On est arrivés. Deux adultes nous font de grands signes de la main avec une petite fille. La femme, Lily je présume, est très belle. Elle a de longs cheveux blonds, des yeux noisette et un grand sourire. Cameron est grand, les cheveux châtains et les yeux bleus. Prune est adorable, très mignonne, a de grands yeux marrons très expressifs, des cheveux châtains et porte le même sourire que sa maman. La famille semble très belle mais ce n'est que la première impression... Et il manque Ryan, le grand. Mes parents sortent de la voiture en souriant pour aller saluer leurs amis et Prune. Je sors à mon tour et essaye de faire bonne impression. J'ai dis que ce matin, mes parents m'ont choisi une tenue spéciale pour que j'ai l'air bien élevée ? Je porte une robe aquarelle bleue et verte qui m'arrive aux genoux doublée d'une veste blanche et d'une pair de ballerines blanches également. J'ai l'air d'une demoiselle modèle et je ne parle même pas de ma coiffure: un chignon parfait que ma mère a mit une heure à faire tenir. On m'a déjà fait savoir plusieurs fois que je ne sais pas m'habiller... Mais j'ai l'impression que c'est dix fois pire quand eux choisissent mes vêtements ! La petite Prune semblait un peu timide et se cachait discrètement derrière ses parents mais ceux-ci la poussèrent gentiment vers nous pour qu'elle dise bonjour. Je fis la bise aux deux parents en affichant mon plus beau sourire même si au fond de moi, je suis toujours très en colère contre mes parents. Et croyez moi, quand je suis en colère, ça peut durer des heures. - Tu es magnifique ! s'exclama Lily est regardant ma tenue. Je suis contente de pouvoir héberger une aussi belle jeune fille ! Sa voix claire et rassurante me met un peu plus à mon aise. - Je suis donc Cameron et voici Lily et Prune, continua le mari. Enchanté ! Je me baissai pour arriver à la hauteur de Prune (je ne suis pas bien grande, alors ça va être facile...). La petite me tendit sa main et je la serrai, amusée. Elle aussi, s'est mise sur son trente-et-un ! Ses cheveux sont lissés, elle a un joli verni rose sur ses ongles et du gloss. À voir comment elle se tient, on remarque aisément que, malgré sa timidité, elle est très fière de faire la grande. - Tu nous dis au revoir, Ariel ? demanda mon père en ouvrant ses bras en grand avec une sourire tristement résigné. Souvenez-vous que je ne pardonne pas si facilement... Mais va pour cette fois. Six mois, c'est hyper long. Je me jetai dans les bras de mon père et le serrai aussi fort que je le pouvais. Je répétai l'opération avec ma mère. Mes parents finirent par dire au revoir à tout le monde avant de partir. Quand je me retournai, Prune cueillait des pâquerettes et Lily était appuyée sur son mari. Elle avait observé la scène d'un air attendri. - Allez ! On rentre ! fit Cameron en se baissant pour attraper une de mes valises. Et c'est là que j'entrai pour la première fois dans la maison des Flyn. Tout était absolument éblouissant. Les meubles était tous assortis, les murs portaient des tableaux de maître, tous les bibelots semblaient neufs, ect. Prune m'attrapa par la manche. - Viens ! Je vais te montrer ta chambre ! Je ris un peu en me laissant entraîner dernière cette petite débordante d'énergie. C'est dingue ce que cette maison est grande ! Elle est carrément gigantesque ! Il y a un nombre incalculable de pièces et j'ai l'impression qu'elles font toutes la taille d'un petit appartement. Ça va me changer, d'habiter là-dedans... On finit par arriver à ma chambre. Elle était magnifique, dans des teintes de bleu pastel et de blanc. Les draps du lits étaient également assortis. J'appris par la suite que chaque chambre communiquait avec une salle de bain. J'ai ma propre salle de bain ! Wahou ! Et celle-ci est assortie aux teintes de ma chambre, même les serviettes sont assorties ! Quand on y réfléchit, la richesse de ces gens fait presque peur. Je venais de monter ma dernière valise avec l'aide de Prune quand on s'écroula, mortes de fatigue sur le lit (deux places!). Bah oui, c'est ça de déménager ses affaires pour six mois... - Dis... Tu t'appelles vraiment Ariel? demanda timidement Prune en me détaillant de ses grands yeux. Je la vois venir, celle-là... - Oui, c'est mon prénom. - Cool, alors! T'es une sirène? Je pris un sourire malicieux et mis mon doigt devant ma bouche en faisant un petit "chut" pour jouer les mystérieuses. Prune écarquilla d'avantage ses yeux avec un énorme sourire surexcité. - J'adore les sirènes ! Et elle me prit dans ses bras. Ma petite Prune, c'est pas parce que je porte un nom de sirène que j'en suis une. Toi, je te demande pas si t'es un fruit ! Après de longues minutes à papoter "entre filles", Prune décréta qu'on était des "fausses sœurs" et qu'on allait "super bien s'amuser". J'adore cette gamine. Le dîner arriva vite. Je pus voir que Ryan n'était toujours pas rentré. Lily jetait de petits regards inquiets à Cameron qui, lui, avait l'air plutôt en colère. Enfin, moi, je n'étais pas réellement pressée de faire la rencontre de cet énergumène. D'accord, on a le même âge... Mais à ce qu'on m'a dit, "a ne va pas être facile d'établir le contact. - Il est où Ryan ? demanda Prune qui jouait avec sa viande. - Je ne sais pas, ma chérie, avoua Lily en soupirant. - Mais il va rentrer bientôt, hein ? continua Prune. - Je ne sait pas mais quand il va rentrer, il va m'entendre ! tonna Cameron. Je comprends mieux ce que voulait dire mon père par "compliqué". - Excuses le, fit Lily. Il a la fâcheuse tendance de se volatiliser pour se rendre à des fêtes... J'espère que tout ça ne t'empêchera pas de bien t'entendre avec lui. Elle semblait vraiment désolée du comportement de son fils. C'est vrai que ça doit être terrible, pour des parents. Je finis par aller me coucher. Il était tôt par rapport à d'habitude mais j'étais vraiment exténuée. Vers une heure du matin, je ne dormais toujours pas. Le lit avait beau être moelleux à souhaits et incroyablement confortable, je ne trouvais pas le sommeil. Cette maison gigantesque m'angoissait plus qu'autre chose. Un bruit me fit sursauter. Je ne bougeai plus et me fis la plus petite possible. J'entendis qu'on montait les escaliers à pas de loup. Je remontai un peu plus la couverture sur mon visage tandis que j'entendais des pas se rapprocher dans le couloir. Je savais bien que ça pouvait être Cameron, Lily ou encore Prune mais la peur causée par la fatigue me tenaillait l'estomac. Je retins mon souffle quand je vis la porte de ma chambre s'ouvrir tout doucement. Comme la lumière du couloir était éteinte, je ne voyais pas bien la silhouette de la personne qui entrait dans ma chambre. Mais qui pouvait entrer dans ma chambre à une heure pareille ?! La silhouette referma tout aussi doucement la porte et se mit à fouiller dans l'armoire. Je tendis doucement ma main vers l'interrupteur de ma lampe de chevet et appuya sur le bouton. La silhouette se retourna vivement et je poussai un cris. Un garçon était dans ma chambre.