Chapitre 4 : Les regrets sont des plaies

3689 Words
          MICKAÏL Je me réveille en sueur, la respiration saccadée, complètement déboussolé. Où suis-je ? En Russie ? Je ferme les yeux pour essayer de prendre pied avec la réalité. Je tente de me calmer avec des exercices de respirations. Les images de mon cauchemar défilent sous mes yeux, mais cette fois ci avec un plus de réalisme. Ils ont repris. Ces maudits cauchemars ont repris. Ceux dans lesquels je vois ma mère gisant mutilée et poignardée dans une mare de sang. La différence est que cette fois ci elle n’est plus seule, à côté d’elle se tiennent les corps inertes et sans vie de mon père et de mon frère. Ils me dévisagent tous d’un air accusateur qui semble dire que je suis la cause de leur mort. Leurs yeux sont vitreux et… —   Chéri ? Tout va bien ? J’inspire profondément pour calmer la vague de tristesse qui grandit en moi. Helena a passé la nuit avec moi. —    Oui. Je vais bien. —    Encore ces fameux cauchemars ? —    En quelques sortes.  Fais-je en me levant. Il faut que je prenne un bol d’air frais, ou une douche. Peu importe. Je m’éloigne d’elle pour éviter d’approfondir la discussion. —   Tu ne veux toujours pas m’en parler ? —   Non. —   Ta réponse a le mérite d’être claire. Lance-t-elle contrarié Je fais la sourde oreille en me dirigeant dans la salle de bain. Je n’ai aucune envie de discuter de mes cauchemars avec elle. D’ailleurs que peut-elle y faire ? Je ne peux même pas lui dire la véritable cause de la mort de ma famille. Elle ne sait rien du vrai moi. Rien du sang que j’ai sur les mains. —   Mickail, je te parle ! Fais au moins semblant de m’écouter. C’est repartit pour une longue séance de plaintes. Je me retourne vers elle un peu agacé. Par elle, par ce qu’il s’est passé il y a une semaine. Je n’ai pas pu être présent pour la réunion des Rozatti à cause d’un stupide accident. Mon chauffeur a renversé un homme et j’ai dû veiller à ce qu’il soit conduit à l’hôpital, sans compter les différentes formalités de l’assurance que je devais remplir. —   Que veux-tu que je te dise ? Que je pleure dans tes bras parce que j’ai rêvé du grand méchant loup ? Je te rappelle que j’ai passé l’âge de faire ce type de confidence et que tu n’es pas ma mère ! Sombre idiot. Tu n’étais pas obligé de lui gueuler dessus. Elle veut juste t’aider. — Mais qu’est-ce qui t’arrive ? Depuis le jour où tu m’as demandé en mariage tu es différent. Comme si tu regrettais ta demande, comme si sur le coup tu avais changé… Comme si tes priorités avaient changé. — Je suis désolé. Je m’excuse de réagir ainsi. — C’est ce que tu me répètes depuis des mois. J’ai essayé de te comprendre. Je me suis dit que ton changement était dû au chagrin, à la perte de ta famille. —    C’est le cas. —   Non. J’ai l’impression que tu te sens coupable. Tu n’as rien fait. C’était un accident. Tu ne pouvais rien y faire même si tu avais été là. Mon amour, tu ne peux rien y faire. C’est la version officielle. Celle que j’ai servie à Helena. Un accident. Un p****n d’accident qui les aurait tué tous les deux alors que la vérité est tout autre. Ils sont morts de la main d’une personne et elle a un nom. Et je peux bel et bien y faire quelque chose. Je sens que je ne suis pas loin de l’implosion. Il faut que je reprenne mon calme. —    Je vais prendre une douche. C’est tout ce que je suis capable de dire. Plus que ces cinq mots et c’est peut-être toute la vérité que je vais lui raconter. Sans attendre une quelconque réponse de sa part, je fais volte-face. L’une des choses que j’apprécie dans cet appartement est incontestablement la salle de bain. Elle est vaste, froide et entièrement recouverte d’un carrelage noir. Un peu comme mon cœur. Les meubles en bois donnent un certain cachet à la pièce et lui offrent la chaleur dont elle semble dépourvue. Je ne peux m’empêcher de penser au jour où Helena m’a demandé de la laisser rénover mon appartement. Je lui ai formellement exigé de ne pas toucher à la salle de bain. « Crois-moi, je ne toucherai pas à ton antre ». Ce fut sa réponse. Comme je voudrais retourner à cette époque de ma vie. Celle au cours de laquelle je pouvais vivre une vie que je m’étais créé sur mesure. Quelques minutes après avoir reçu le premier jet d’eau du pommeau de douche, je commence à me sentir mieux. Une serviette nouée aux hanches et une autre dans le coup, je sors enfin avec la crainte de tomber sur Helena. Heureusement, elle n’est plus là. Je me dirige dans mon bureau pour consulter mes mails. L’un d’entre eux en particulier attire mon attention. Un grand sourire étire mes lèvres quand j’en prends connaissance. Il faut que je sois prêt. Je vais faire la rencontre des ROZATTI. Je vais enfin revoir celle qui est la raison de ma souffrance dans quelques heures. Il n’y a que ça qui compte pour le moment. Helena devra comprendre. Alexya —   Cara, quand comptes-tu revenir à la maison ? — Je ne sais pas encore. Tu sais que Stefano compte sur moi pour tout gérer en son absence.  Je réponds patiemment à ma mère qui comme d’habitude se fait un sang d’encre à chaque fois que je m’absente. —   Il ne se passe rien de grave si ? —   Rien de grave. — Si c’était le cas tu me le dirais ? —   Tu sais bien que non. Tu t’entêtes cependant à me reposer cette question. La réponse ne changera pas. — C’est que j’ai si peur. Tu es ma seule fille et j’ai peur que les sales magouilles de ton père te retombent dessus. — Stefano s’en est bien sorti, tu ne crois pas ? Et pourtant, il a vécu pendant des années avec…padre. — Tu appelles ça s’en sortir ? Cet homme ignoble a gâché l’enfance de mes fils. Il m’a privé de mes enfants et à cause de lui je n’ai pas eu la chance de les voir grandir. —   Madre… — Si je pouvais je le tuerai de mes propres mains. J’aurai dû le faire après le premier anniversaire de tes frères. Pour la énième fois, je me dis que j’ai raison. L’histoire de ma famille est une véritable tragédie. J’avais deux frères. Des jumeaux, Stefano et Orlando. Les faces opposées d’une même pièce. Ils se complétaient et s’aimaient profondément. Aujourd’hui il ne reste que Stefano. — Je ne serai pas née dans ce cas. — Tu arrives toujours à me freiner dans mon élan. —   Parce que je te connais madre. Tu n’as rien d’une meurtrière. Si c’était le cas, tu ne serais pas une maman aussi attentionnée. — Tu crois vraiment que ton frère m’a pardonné ? — Bien sûr que oui. Je ne connais pas d’homme aussi taciturne et introverti que lui, mais regarde-le aujourd’hui. — Il est heureux. Le fils d’Orlando et ses enfants lui redonne un peu plus d’humanité. Je reçois la notification d’un double appel. Ah ! En parlant du loup. C’est mon frère qui vient aux nouvelles. — Je dois te laisser madre. Ton fils m’appelle et tu sais qu’il déteste patienter au bout du fil. — Il doit avoir atterri. Roucoule-t-elle. —   Atterrit ? Où ? Je demande en paniquant presque. —   Il ne te l’a pas dit ? —   Non. Où est-il ? —   Alors, ce n’est certainement pas à moi de te le dire. —   Mère ! —   Je lui ai demandé de garder un œil sur toi et… —   Il est ici. —   Je crois. Ne lui dis pas que j’ai vendu la mèche. —   C’est compris. Je raccroche en sortant précipitamment du lit. Il faut que je joigne rapidement Mirko. Ma mère a tout faux. Mon frère n’obéit à personne et ce n’est pas aujourd’hui qu’il va commencer. Il est là à cause du message que j’ai envoyé à la b***e de traitre en Russie. Il veut certainement me passer un savon et il n’a rien trouvé de mieux à faire que de venir le faire de vive voix. Après avoir envoyé un message rapide à Mirko je pose mon téléphone pour filer à la douche. Je n’ai aucune envie d’avoir cette discussion avec lui. Il voudra mettre un terme à mes recherches et ce n’est absolument pas ce que je veux. Malheureusement, il ne me laissera aucun choix. Alors si je dois argumenter pour défendre mes actes, autant que je sois à mon avantage. Une quarantaine de minutes plus tard, je suis prête à affronter mon frère. Je jette un dernier coup d’œil à mon reflet en sortant du dressing. Je ne sais pas pour les autres femmes, mais pour moi, mes vêtements représentent mon armure. C’est pourquoi je prends un soin particulier à les choisir. Cet ensemble tailleur pantalon et veste de couleur blanche est parfait. Je m’empare de mon portable. Pas d’autres appels en absences à part celui que j’ai sciemment ignoré. Etrange.  Je décide de le rappeler, dès que je m’installe dans la voiture. Il décroche après la deuxième sonnerie. —   Stefano ? —   Tu te décides enfin à me parler ? Commence-t-il —   Il fallait que je m’apprête à te recevoir comme il le faut. —   Tu sais. —   Oui. —   Comment ? —   Que fais-tu ici ? Je demande à brûle pourpoint, sans lui donner l’occasion de savoir ce qu’il veut. —   Tu n’en as pas une petite idée ? —   Ne me dis pas que ta petite sœur adorée te manque à ce point. Je t’ai quitté, il y a seulement quelques jours. Je feins l’ignorance. Avec mon frère l’attaque ne marche pas. Il a toujours un coup d’avance. —   Ne fais pas ta malicieuse Cara. Tu sais très bien ce qui m’amène ici. Ma secrétaire m’a informé. Je sais que l’investisseur n’était pas présent à la réunion et que tu as refusé de le recevoir quand il s’est présenté. —   Quoi ? Je manque d’accuser le coup. Il s’est déplacé depuis Rome pour cet investisseur ? —   Ce n’est pas le cas ? —   Si…Si mais, tu n’as donc plus rien à faire de tes journées ? —   De plus, tu ne loges pas dans la villa que j’ai fait apprêter pour toi. —   Je … —   Il n’y a pas de je qui tienne. Je veux que tu y emménages dès ce soir. —   Tu n’as pas le droit de me dicter ma conduite Stefano… —   Navré de te décevoir, mais j’ai tous les droits Cara. Saches que je n’essaye pas de te dicter ta conduite. J’essaye juste de te protéger contre ta volonté, puisque tu n’es pas foutu de te sortir du merdier Russe ! —   Je n’ai jamais eu besoin de toi pour me protéger Caro. Ma réplique sanglante ne le laisse visiblement pas indifférent, car il souffle bruyamment et reste silencieux un long moment. —   Alexya. Tu sais à quel point ta sécurité compte pour moi. Je ne veux pas… Je ne veux pas devoir enterrer ma petite sœur comme je l’ai fait pour mon frère jumeau. Tu te mets en danger et je ne veux pas devoir annoncer à madre qu’elle a perdu un autre enfant… Sa voix se brise et je sens toute la souffrance qu’il essaie de refouler. Je devrais faire ce qu’il dit pour une fois. —   Je vais le faire. Je l’annonce d’une toute petite voix. Malgré moi la culpabilité s’empare de mon être quand je pense à ma famille. Il a raison. —   C’est tant mieux. Celle villa est très bien équipée et en cas d’assaut ennemi, tu peux te réfugier dans le boom cœur. —   Ok. —   Où es-tu ? —   En route pour l’entreprise. Et toi ? —   J’y suis. Je t’attends dans mon bureau —   J’arrive. —   Au fait. Ne crois pas que j’ignore ce que tu as fait. Je te dirai ce que j’en pense après la réunion avec l’investisseur que tu as mis sur la sellette sans me consulter. Il raccroche après cet avertissement à peine voilé. Comme je m’en doutais, il est au courant. Sans compter qu’il a organisé une réunion avec cet investisseur à mon insu. Pfff ! Comme si on avait besoin de son aide pour conquérir le marché français. Je pourrai décider de racheter sa boite si l’envie m’en prenait. Qu’il remercie sa bonne étoile. Mon frère semble bien l’aimer pour je ne sais quelle f****e raison. Ses retrouvailles avec mon frère ont subitement un goût de fiel. Il ne me reste plus qu’a prié pour que cette réunion ne se déroule pas. Ou alors… notre investisseur pourrait avoir un petit accident qui l’empêcherait de se rendre disponible encore une fois.  La brève sonnerie de mon portable m’empêche de mieux murir mon idée. Un nouveau message de mon frère : « Ne t’avise pas de toucher à Mr kurkovich. Mes hommes ont pour ordre de ne pas ménager les tiens. Je le veux sain et sauf pour cette réunion et pour toutes les autres. » Mince ! Dépitée, je jette ma tête en arrière en ayant comme seul appui le dossier en cuir de la Mercedes. Environ plus d’une demi-heure plus tard, ma voiture fait son entrée dans le parking de l’immeuble à la suite d’une voiture semblable à la mienne. Son occupant en sort au même moment que moi. Je ne peux m’empêcher de l’observer en marchant vers l’ascenseur. Grand, forte carrure, imposant. Beau et super sexy.  La trentaine si je ne m’abuse. Il ne doit pas souvent passer inaperçu. . Pour mieux le dévisager à son insu, je me hâte de chausser mes lunettes de soleil. Par chance, ceux que j’ai dans mon sac recouvre mon visage en grande majorité. Le sourire aux lèvres, il fait un pas en arrière et me fait signe de le précéder. Le regard que me lance Mirko est sans appel. Ce bel apollon à l’air trop dangereux pour qu’il me laisse seul avec lui. Il nous rejoint en prenant le soin de rester bien à l’écart. Même si je ne me l’explique pas, je ressens une sensation de déjà vu avec cet homme à mes côtés. Il dégage un s*x appeal et une élégance assez troublante. Est-ce possible que… ? Combien de chances il y a-t-il pour qu’il soit l’inconnu de l’ascenseur ? Une sur mille. Et si c’était lui ? Je commence à regretter d’avoir joué au jeu du mystère. Cet homme peut être n’importe qui. Mon frère ne se privera pas de me réprimander si jamais, il l’apprenait. Il faut que je résolve cette histoire par moi-même. Mais comment ? Ah oui les caméras de la fameuse soirée. Je demanderai à Mirko de s’en occuper. Sauf qu’il s’en est déjà occupé. Tu lui as demandé de détruire toutes les vidéos de la caméra. Tu comptais certainement sur le fait que ta petite folie se soit déroulée dans le noir complet pour lui confier cette tâche. Je serre les dents en me retenant de crier. Quand vais-je arrêter de prendre des décisions aussi drastiques ? En attendant, je suis tentée d’engager la conversation avec cet homme. Sauf qu’il a l’air bien trop occupé à ne pas me regarder. Pas même un regard en coin depuis que les battants de l’ascenseur se sont refermés. Je le sais parce que moi je ne me suis pas retenue de le détailler. C’est tellement flagrant que je commence à me demander si ce n’est pas fait à dessein, justement pour avoir toute mon attention. Comme si tous les hommes de cette terre étaient obligés de te trouver séduisante. Non pas tous. Uniquement ceux qui me rencontrent. Eh bien nous venons de tomber sur une exception. Il est complètement indifférent à ton charme. An dernier étage, les battants de la cage d’ascenseur s’écartent et nous en sortons tous les trois. Pendant que je l’observe s’éloigner dans le hall, un autre homme apparaît dans mon champ de vision. —   Signora Rozatti. —   Carlo. Un sourire figé naît sur mon visage dès que je l’aperçois. C’est Carlo, le bras droit de mon frère. Son homme de confiance. Un homme presque aussi froid et introverti que lui. Toujours tiré à quatre épingles. Je n’ai d’ailleurs jamais pu le percer à jour. Mâchoire carrée, teint d’une blancheur mâte, grand et brun, c’est le prototype du sicilien parfait. —   Stefano veut vous voir tout de suite. —   Dans son bureau je suppose. —   Il est dans votre bureau. —   Le mien ? Je pensais que… —   Il en a fait aménager un pour vous ce matin. Je vous y conduis. Après un échange de regard circonspect avec Mirko, Carlo se dirige vers un bureau qui semble être le mien. Quelques instants plus tard, j’y entre et je suis surprise de voir que mon frère est en grande conversation avec un homme. Ils se retournent tous les deux, certainement à cause du bruit que fait la porte. J’ôte mes lunettes de soleil. C’est l’homme de l’ascenseur. Je peux enfin le dévisager à ma guise sans craindre qu’il ne s’offusque. Je pourrai facilement justifier mon regard insistant par la surprise. —   Cara ! Te voilà enfin ! Fais vivement mon frère, un grand sourire moqueur aux lèvres. Enfin ? Je suis venue au même moment que cet homme. Je range mes verres dans un étui en daim que je fourre dans mon sac en me composant une mine de circonstance. Je fais un tour rapide des lieux de mes yeux. C’est tout ce qu’il y a de plus classique. On aurait dit la réplique exacte de son bureau. Il me fait signe de les rejoindre. —   Monsieur Kurkovich, je vous présente Alexya Rozatti. Mon intrépide sœur. —   Je suis Mickaïl Kurkovich, enchanté de faire la connaissance d’une femme aussi délicate que vous. Dit-il en me tendant la main. Je lui rends la pareille en tendant machinalement ma main. Minute ! Cette voix, cette main, ces mots. Je crois les avoir déjà entendu quelque part. « Que pourrait bien me faire une jeune femme aussi délicate que vous ? » Une femme aussi délicate que vous. DIO ! L’homme de l’ascenseur est l’inconnu de l’ascenseur. Je lève les yeux vers lui, pour ensuite les poser sur nos mains. L’information ne tarde pas à faire son chemin pour rejoindre ma boite pensante. C’est lui. J’en suis tout à fait certaine. Une chance sur mille ?? Mon Dieu ceci est le pire des scénarios qui pouvait arriver ! L’homme mystérieux sur lequel je fantasme depuis une semaine est en réalité l’investisseur de mon frère. Cet homme que j’ai essayé d’évincer du projet. Je retiens mon souffle et tous mes sens sont en alerte. Ma main toujours logée dans la sienne, je sens grandir en moi une vive chaleur, telle une rivière de lave en fusion coulant lentement dans mes veines. Les souvenirs de cette fameuse soirée me reviennent en mémoire et je sens que je vais me liquéfier sur place si je ne me reprends pas tout de suite. Alexya, ils attendent une réponse. Dit quelque chose, n’importe quoi, mais ton silence commence à devenir gênant. Stefano ne doit se douter de rien. —   Qui vous dit que je suis délicate ? Pas très original comme réponse, je l’avoue, mais cette phrase est la seule qui me soit venue ne tête. Autant qu’il sache que je sais. Je retire ma main de la sienne, en me recomposant une expression neutre. Du moins c’est ce que j’espère. —   Votre apparence. Affirme-t-il d’une voix caressante et un sourire triomphant plaqué sur le visage. Je n’ai plus le moindre doute, c'est bien lui. Il faut que je trouve le moyen de me sortir de ce guêpier. D’un geste assez nerveux, je repousse mes cheveux en arrière avant de m’adresser à Stefano. —   Ton ami n’est pas très observateur Stefano. Il devrait savoir que les apparences sont souvent trompeuses. Qui donc est-il ? Mon frère qui depuis quelques instants est le spectateur silencieux de cette fâcheuse situation, ne laisse rien transparaître de ce qu’il en pense. Comme d’habitude, il est impassible. —   L’expert qui nous a été recommandé et notre nouvel investisseur. Tu aurais fait sa connaissance il y a une semaine s’il n’avait pas été victime d’un malencontreux accident. —   Je ne vois aucune blessure apparente et aucun membre en moins. Ça devait être un accident très grave pour vous empêcher de nous honorer de votre présence. Un coup bas je sais, mais je préfère être celle qui attaque. —   Toutes les blessures ne sont pas apparentes Signora ROZATTI. Les plus douloureuses sont celles que l’on ne voit pas. Pour en revenir à votre remarque, je me ferai le plaisir d’ôter ma chemise… si vous souhaitez inspecter mon corps… de plus près. Oh ! Le mufle. Mes yeux se posent d’eux même sur son torse et évidemment, je meurs d’envie de le toucher. Néanmoins, je préfère me sentir offusquée. Il vaut mieux me laisser aller à la colère qu’au désir. Cet homme me sort par les pores. Il est prétentieux, désagréable et Dio ce qu'il peut être séduisant ! —   Je vous laisserai bien à votre discussion de salon mais, nous avons du travail. Je vous prie de vous asseoir tous les deux. Vous aurez tout le temps que vous voudrez pour faire … de plus amples connaissances. L’intervention salvatrice de Stefano me détend et m’offre une occasion pour reprendre mes esprits. Nos regards se croisent et son expression malicieuse me cloue sur place. Il sait, ou alors il se doute de quelque chose. Comment vais-je justifier ma réaction pour le moins agressive à l’égard de son investisseur ? Je ne vais quand même pas lui raconter ce qu’il s’est passé entre cet homme et moi. Il est hors de question que je fasse cela. 
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