La mère de Madou a fait un bon petit mafé. Vu que y en a beaucoup notre renoi préféré a descendu une grande assiette avec des cuillères. Du coup là on est 10 en bas de la cité à manger comme des ouf ce magnifique plat.
Y a Madou, Lounis, Nadir et Tarek, Samir, Mamadou, Souleyman, Nawel ma go sûre, Amina une p**e que Tarek a osé ramené et moi-même. J'ai le seum. On était censés être entre nous et l'autre con il ramène une kehba qui a pas de cervelle. Depuis tout à l’heure elle raconte de la merde, j'arrive même pas à la suivre. Même Nawel se fout de sa gueule. On dirait qu’il y qu'à nous que ça fait chier qu'elle soit là.
Hum, en vrai je suis sûre que Tarek a fait exprès de la ramener pour m'énerver. Tout à l'heure nous deux on s'est embrouillé. J'ai même failli pleurer tellement j'avais les nerfs. Le gars m'a pris à part en me menaçant de plus traîner avec Z, car soit disant il est une mauvaise fréquentation pour moi. Mais ça je le sais déjà, et puis je vois pas pourquoi il m'a dit ça. A croire que je m'étais laissée draguer ! J'ai pas arrêter de dire à Tarek qu'il se faisait des films mais le mec il était tellement en colère qu'il a forcé jusqu'au bout.
— Arrête de faire la fille facile, et trace quand il vient de parler, c'est tout, m'a-t-il dit à un moment.
— Faire la fille facile ? En gros t'es en train de me traiter de s****e là ?
— Dis pas des choses que j'ai pas dit p****n ! Juste tu fais ce qu'on te demande et tu grattes pas l'amitié avec les gens. Nadir, Lounis, Madou et moi c'est le seuls mecs à qui tu peux parler tranquille.
— Nan mais je rêve ! T'es qui pour me dire ça ? Déjà pourquoi tu viens me parler ? T'étais pas censé me faire la gueule depuis ta crise avec Samir ?
J'ai fait exprès de parler de ce dernier juste pour le faire chier. Comme ça plus vite on était soûlé, et plus vite notre discussion pouvait se finir. Tarek m'a laissé en plan après m'avoir dévisagé.
Du coup, là, on se parle plus. C'est la première fois que ça arrive depuis qu'on traîne ensemble. À la base on est presque toujours ensemble, on se prend jamais la tête. Ça nous arrive de nous embrouiller mais au calme, juste après on se reparle. Mais là j'ai grave pas envie de faire le premier pas, et lui non plus visiblement. Ce connard préfère parler avec sa p**e qui rigole toutes les deux secondes pour un rien.
— Wech souris mon frère ! me réveille Nawel à côté de moi. C'est pas lui qui va t'en faire oublier le bon mafé de Madou, quand même ?
— J'avoue. T'as raison en vrai. Je m'en beurre.
En vrai je sais très bien que je me mens à moi-même mais bon, faut bien garder la face devant les autres. Je mange jusqu'à être calée et tape la conversation avec Lounis et Nadir, qui parlent de foot. J'aime trop le foot. En plus là ça parle de Messi, alias le meilleur joueur actuel de l’histoire. Obligé de ramener mon petit grain de sel.
— CR7 est plus fort ! s'écrie Madou, la bouche pleine.
— n***e ta race Messi c'est le boss y a pas de CR7 ! réplique Lounis.
— Lounis a raison, Messi il est haut dessus de CR7, dis-je.
Madou continue de défendre son joueur tandis que Tarek passe devant nous avec sa p**e pour s’en aller de la cité. On se demande ce qui vont faire, hein.
Nawel me parle de ses messages avec un gars et je me force à m'intéresser à leur conversation plutôt qu'à Tarek. Il me déçoit grave sur ce coup là. Je sais qu'ils ont tous plus ou moins des "meufs" avec qui ils font ce qu'ils ont à faire, mais là c'est limite s'il voulait me provoquer. Et ça me fous le démon.
***
Je zappe une semaine. Vu la quantité de conso que Z nous a ramené, les gars passent souvent à la maison pour récolter ce qu'il faut pour les nouveaux clients qui viennent dans le hall. Mais c'est plus Nadir qui vient tout chercher, vu que Tarek est toujours déterminé à me faire la gueule. Une semaine. Une semaine qu'on se parle pas. Ça me fait chelou la vie. Bon, c'est pas pour autant que j'irai faire le premier pas. J'ai ma part de fierté.
Nawel m'appelle à 14h pour qu'on sorte histoire de bouger un peu. En plus y a un raillon de soleil. Je dis directe oui et on se rejoint avec Tanya, une autre pot, dans la cité voisine. Là-bas je connais des gens donc je suis à l'aise comme si c'était chez moi. Y a même un gars qui s'appelle Samad qui vient nous tcheker et taper un peu la discute avec nous. On parle avec lui en même temps qu'on pète notre paquet de chips et là y a Nadirux qui passe dans les parages et qui nous vois. Depuis quand il traîne dans cette cité ? Tanya se pince la lèvre quand elle le voit et le fixe jusqu'à ce qu'il laisse découvrir la p**e au gros tarpé... Ines, j'crois.
— T'as vu un fantôme ? demandé-je à mon amie.
— Bah, c'est que je m'attendais pas à ce qu'il traîne avec ce genre de fille.
C'est clair que la meuf ressemble pas du tout à Tanya, elle qui est jolie au naturel, les cheveux frisées et le teint matte. C'est une meuf qui se respecte, pas comme l'autre là. Donc c'est un peu normal qu'elle soit choquée de voir ça. Moi personnellement j'ai fini par avoir l'habitude...
— C'est les mecs, hein.
— Ouais. Tous les mêmes.
— Nan. Nadir n'est pas comme eux.
Je vois mon pote me saluer tout content de me voir et je souris en le saluant à mon tour.
— Nan, je répète comme pour moi-même. Lui et son frère, ils sont pas comme eux.
Le soir, je suis de nouveau dans le bloc avec les gars. Cette fois personne ne parle. C'est comme si il y avait eu un décès. Bizarre l'atmosphère. Je mets mes écouteurs et me passe un morceau de Lacrim, mon rappeur préféré. Je m'enjaille seule tandis que les gars continuent de faire les statues dans leur coin. Je voulais que Nawel et Tanya viennent mais ce soir elles sont occupées ; l'une est chez de la famille et l'autre est avec son gars. Du coup comme je galère grave je décide d'envoyer un message à Salwa. Elle répond dans la minute qui suit.
[Moi : grosse sa fou quoi là ?]
[Salwa : à la casa avec Selma et toi ?]
[Moi : Rien hein. Viens on bouge nan ?]
[Salwa : ou ça ?]
[Moi : je sais pas on improvisera]
[Salwa : OK j'arrive dans dix minutes]
Je remets le tel dans la poche et m'apprête à sortir quand Samir me tship quand je passe juste devant lui.
— Tu veux quoi, toi ? je grogne.
— Tu parles à qui ?
— À toi clochard. Pourquoi tu me tship ?
— Fais pas la ouf avec moi je vais te monter en l'air vieille meuf.
Je sens la colère monter.
— Petit bâtard tu fais trop le ouf depuis que je t'ai recalé hein ! Tu croyais quoi ? Que genre tu pouvais te taper qui tu voulais ???
Samir se lève et s'approche dangereusement vers moi mais Nadir se met entre nous directe.
— Tu la touche et t'auras affaire à moi, il lui dit.
Nadir n'a pas l'air trop vénère. Juste assez sous tension pour pouvoir menacer l'un de ses potes. Ah ouais j'aurais jamais cru que toute cette histoire en arriverait jusqu'à là. Je regarde Madou, Lounis et Tarek qui sont là eux aussi et un certain gars semble vraiment s'en battre les couilles de ce qu'il se passe. C'est Tarek. Le connard. Il nous jette à peine un coup d'œil. Ça lui fait ni chaud ni froid que son reuf et sa petite s'embrouille avec un pote à lui. Il a trop changé. D'habitude il est toujours là pour me défendre et jouer le rôle du grand frère. Or là c'est limite si Samir me tapait qu'il s'en foutrait royalement. Je vais aller lui parler. Je suis grave pas la meuf qui fait le premier pas mais là ça peut plus durée. Va falloir que je m'explique avec lui à un moment donné.
— Elle fait la go qui hausse le ton avec moi et c'est moi qui doit me calmer ? s'excite Samir.
— Juste tu la touches pas, lui rappelle Nadir. T'inquiète pas j'ai remarqué moi aussi qu'elle
faisait trop la folle, je vais lui régler son compte moi-même.
C'est une blague ou quoi là ???
— Nadir t'es sérieux ? je lance.
Il se tourne vers moi et m'attrape par l'épaule.
— Monte tout de suite, m'ordonne-t-il.
Je secoue la tête.
— Nan c'est mort je dois sortir avec Salwa.
— Monte la p****n de toi !!
Madou lui conseille de se calmer et j'en profite pour me défaire de lui et me barrer pour aller rejoindre ma cousine. C'est un malade dans sa tête lui. Je vais pas rester enfermée chez moi juste pour sa gueule. Je fais c'que je veux p****n. J'ai 21 piges ! Je tourne à gauche pour gagner l'autre bâtiment et je sens qu'on me suis. Je me tourne vite fait pour voir y a qui derrière moi. Tarek.
— Vas-y toi dégage ! je lui dis en gueulant.
Il m'écoute pas et me prend par la veste pour venir me coller contre le mur. Ensuite il pointe du doigt mon visage et dit :
— Tu vas vite rester flex avant que je t'en mette une.
Je sais qu'il bluff pas.
— Tu fais la ouf devant tous les gars. C'est quoi ton problème ?
— Nan c'est quoi TON problème plutôt ! je réplique malgré moi. Tu te trimbale avec ta p**e et même plus tu me calcule. T'as pas honte ???
— Et toi t'as pas honte d'avoir fait des choses avec Samir ?!
Toute sa haine a resurgi dans sa phrase. Il me parle de quoi là ?
— Quelle chose ? je dis.
— Arrête de nier je sais tout !
— Et tu sais quoi au juste ? Et vas-y lâche moi p****n tu me fais mal !
Il intensifie sa prise sur moi
— Écoute-moi bien Anna. Je vais pas parler très longtemps. Tu vas vite t'éloigner des gars et te faire tout petite. Je veux plus qu'on entende parler de toi dans la cité.
— Mais qu'est-ce tu racontes wech ? T'as viré paro ! Depuis 5 piges je traîne h24 avec vous ! Pourquoi tu me dis ça maintenant ?
J'ai le souffle irrégulier. J'en ai grave marre là.
— Fais ce que je te dis et casse pas les couilles ! crie Tarek.
Sur le moment j'ai vraiment cru qu'il allait me donner une baffe, du coup j'ai fermé les yeux et j'ai tendu ma joue de l'autre côté.
— Qu'est-ce tu fais ? demande Tarek. Ah genre t'as peur de moi.
Qui n'a pas peur de toi enfoiré ???
— Laisse-moi, murmuré-je. Pars.
J'ai réagi de manière purement instinctive. Tarek m'a déjà donné quelque coup de temps en temps mais je sais pas, vu la manière dont il était vénère j'ai vraiment cru que j'allais en prendre pour mon grade. Bon, j'avais tort.
Tarek me toise, me lâche brusquement et s'en va. 5 minutes après je vois Salwa arriver. Je remets en place les mèches de mes cheveux et vais vers elle comme si de rien n'était. Comme je garde le silence, ma cousine souffle et s’impatiente :
— T'es grave pas marrante aujourd'hui.
— Laisse. C'est à cause de Tarek.
— Qu'est-ce qui s'est passé encore ? Me dis pas que...
— Nan, ne termine pas ta phrase.
Je sais de quoi elle allait parler, et j'ai clairement pas la tête à entendre ça.
— Mais tu l'es encore ou pas ? force Salwa.
— Me parle plus de ça wech ! Ça fait longtemps, c'est du passé maintenant.
— Les sentiments ça part pas en un claquement de doigts Anna.
Putain c'est une forceuse level infini !
— Tu sais quoi ? Je me taille.
— Attends fait pas la gamine comme ça.
Salwa veut me retenir.
— C'est toi tu persistes à parler de lui alors que je t'ai dit que je veux pas qu'on en parle !
— Wah c'est bon ! On en parle plus, tranquille. Mais reste ici, on est bien là.
Tu parles. On est posée sur le banc près du terrain de foot. En plus y a mon petit frère qui joue avec ses potes. Passionnant dis donc.
— Je te jure qu’on en reparle plus après. Mais il y a juste un truc que je voudrais savoir, relance Salwa
— Quoi encore ?
— Est-ce que tu kif toujours Tarek ?
— Va te faire foutre, je conclus.