Chapitre 7

1213 Words
Ce matin j'ai fait une connerie. Je me suis allumée un joint dans ma chambre pendant que ma sœur dormait et je l'ai fumé jusqu'au bout. C'était ma première fois, ça m'a un peu apaisé. Je suis pas fière de moi, mais avec l'histoire de la daronne à l'hôpital et cette journée qui s'annonce chargée, j'avais besoin de décompresser. Je sais pas si je vais recommencer, mais je dois à tout prix me faire discrète. Si un des membres de mon entourage l'apprend, ça va être tendu. Très tendu.    Je reçois un message.   [Ichem : tfk ?]   [Moi : rien et toi ?]   [Ichem : rien non plus. On se voit ?]   [Moi : non je peux pas]   [Ichem : pk ?]   [Moi : on se reparle ce soir]      Sans remord, je verrouille mon tel et descends le sac où y a une grande partie de la conso jusqu'au rez de chaussée où y a tous les gars. Aujourd'hui ça va charbonner dur. Je vais devoir gérer tout ça avec eux. On est tous prêts. Y a Youss et Tarek pour le deal, Lounis et Madou pour s'occuper du hall, Samir et Moha pour les rôles de guetteurs et moi et Simo pour le poste de rabatteur.    Simo c'est un russe archi débarre dans notre troupe. A peine tu lui parles des américains qu'il se fâche et qu'il parle de kalash. Je vous jure ce type il déteste les USA et adore Poutine. Il fait tout le temps l'éloge ce son pays. J'avoue c'est marrant, ça me rappelle mes cours d'histoires quand on étudiait Lenine et Staline.    J'ai passé toute la marchandise à Nadir. C'est lui qui détaille et qui s'occupe des kilos à donner à son frère dans les escaliers. Là je suis dehors, je viens de mettre ma capuche et j'attends que les premiers ien-clar arrivent. Il est 12h. Normalement ils devraient pas tarder.    J'envoie un message aux gars pour m'assurer que c'est OP.   [Moi : OK ?]    [Nadir : OK]   [Lounis : Ouais]   [Youss : Ah oui oui]   [Simo : et ça recommence. Premier pour toi à gauche]      Je relève la tête et aperçois un blanc d'environ 40 piges chercher l'entrée. Je lui fais signe de me suivre et l'emmène jusqu'au hall sans un mot. Ensuite je laisse le térrain à Lounis et je retourne à mon poste dehors.    Dans la tess y a aucun bruit. En vrai j'ai chaud que y ai les keuf. Espérons que les guetteurs fassent bien leur boulot. J'ai pas envie d'aller en garde à vue ou pire. —      Mon cœur est malade, mon âme veut s'repentir..., je chantonne doucement. Quand c'est la galère on fait ce qu'on peut pour s'occuper. —      Salam, on dit derrière moi. Je m'arrête nette dans les paroles de ma chanson et fais volte face. J'évite de montrer mon visage et dis à la personne : —      Suis-moi. —      Attends... Anna, c'est toi ?     Mon sang se glace. Je le regarde dans les yeux et le reconnais immédiatement. Oh p****n, c'est Ichem ! —      Mais... —      Tire-toi, le coupé-je. —      Quoi ? —      Tire-toi p****n.      Je suis en panique. Mon rôle est important dans l'affaire d'aujourd'hui. Il consiste à amener le plus de clients possible et de guetter de mon coté si y a pas la bagnole des flics. Si Ichem me parle je vais être déconcentrée et tout faire foirer. Fait chier. —      Tu joues à quoi wech ? s'emporte Ichem en fonçant les sourcils. —      Tu veux quoi ? Je t'ai dis que j’étais occupée ! Tu fais quoi ici déjà ? Tu me suis ? —      Mais non. Je cherche le bloc où y a un certain AD. Tu pourrais me dire où il est s'il te plaît ? Eh mais attends, c'est un client lui aussi ?? —      Ichem, t'es là pour quoi au juste ? je lui demande. —      Je dois papoter avec... —      Trêve de balivernes ! Dis-moi vraiment pourquoi t'es là. Il hausse les sourcils et regarde autour de lui. —      T'es l'un d'eux, c'est ça ? —      Et toi t'es un client, pas vrai ? On se regarde chelou pendant environ 10 secondes et ensuite on se met d'accord. —      Bon suis-moi, et après on reparlera de tout ça, lancé-je. —      C'est plutôt toi qui vas m'expliquer pourquoi t'es dans l'affaire, répond Ichem en me suivant jusque dans le hall. À partir de là je le laisse avec mes gars puis je rejoins Simo. —      Alors, c'est OK par ici ? Sans me répondre, il plisse les yeux en direction du parking. —      Qu'est-ce que t'as vu ? —      Chut. Je crois que... Et tout d'un coup, on entend Samir crier vers nous en disant "Akha », le code à transmettre quand y a les flics. En moins de deux je cours dans le bâtiment tandis que Simo et Samir tentent d'attirer leur attention le plus loin possible d’où se passe l’échange qui est toujours en train de se faire dans les escaliers, et que je dois arrêter à tout prix. Essoufflée, j'arrive dans le hall. —      Akha ! crié-je.      En deux secondes chrono Lounis et Madou se lèvent de leur chaise et se barrent par la sortie de derrière. Je monte ensuite dans les escaliers et crie une nouvelle fois. —      Akha ! Vite, tracez !      Je vois Tarek monter avec le sac et Youss descendre avec la thune. Pas le temps de réfléchir, je prends l'initiative de monter moi aussi. Le dernier client qui venait de faire sa commande range son pocheton de s**t dans son caleçon et s'en va vite lui aussi. J'atteins la porte de mon appart et laisse entrer Tarek en premier avec le sac. —      Je mets ça où ?? lance-t-il. —      Passe. Je prends le gros sac et pars le ranger dans ma cachette. —      T'as les bigo ? je lui demande. —      Ouais. Tient. Il me les passe et je les jette à la poubelle après avoir cassé les puces. On sait jamais avec les condés. Tout peut aller très vite.      On reste ici un moment en attendant que tout se calme dehors. C'est un message de Nadir dix minutes plus tard sur le tel de Tarek qui nous fait comprendre qu'ils sont partis en embarquant Samir. —      p****n, souffle Tarek. On est dans la merde. —      Pourquoi tu dis ça ? C'est que Samir, on s'en fou nan ? Pour ma part je m'en fou en tout cas. —      C'est pas ça. Le truc c'est que je lui fait plus confiance depuis que... Bref, j'ai chaud qu'il nous balance. J'avale de travers ma salive. Il a pas tort. Je suis sûre que Samir en serait capable. —      Eh, attends. Pourquoi tu sens la beuh là ? reprend Tarek en s'approchant de moi. Oh merde... Faut que je trouve vite une échappatoire. —      Qu'est-ce tu racontes ? Déjà pourquoi tu reviens comme une fleur après toute cette distance ? fais-je. Décale. Rah ouais. On se parlait même plus et là il reprend la conversation normal comme si y avait rien eu. J’aime pas ça. —      Change pas de sujet ! s'exclame Tarek. T'as fumé oui ou non ? Et me mens surtout pas. Je contiens ma rage et affiche un air neutre. —      Nan, j'ai pas fumé.      Il m’examine un peu trop longtemps à mon goût. Je l'accompagne sur le pallier en évitant son regard. Juste avant de refermer la porte sur lui il me retient : —      Eh, ça a peut-être rien à voir mais... pour ta père, je voulais te dire que je suis désolé et que j’espère vraiment qu’elle ira mieux. —      Merci. Je ferme la porte à clé et tombe par terre, chamboulée par tout ce qui vient de se passer.     
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