Chapitre 2-3

2632 Words
Puis, de façon inespérée, le calme était revenu, comme si la terre, miséricordieuse, avait décidé de s’apaiser pour leur offrir un répit nécessaire. Progressivement s’ouvrirent d’insolites trouées dans le plafond opaque comme des puits de lumière dessinant sur le sol des cercles éclatants. Étonnamment, cernés par ces colonnes étincelantes, ils se figèrent, admirant ce contraste saisissant, presque surréaliste. Naaly tourna son regard vers son père et observa ses cheveux poudrés de cendre, puis ses vêtements d’un gris presque uniforme. — Je ne voudrais pas dire, mais tu devrais te nettoyer un peu. Tu ressembles à un vieux sac poussiéreux… — Je te remercie pour le vieux, répondit-il en secouant sa tête tout en tapant sur ses habits. D’ailleurs, toi aussi tu me sembles avoir pris de l’âge avec ce déluge. — Que faisons-nous maintenant que l’activité du pic s’est calmée ? Pardon examina au-dessus de lui la multiplication des déchirures dans l’épais nuage. — Nous devons retourner sur nos pas pour retrouver la bonne direction. — Tu crois qu’il risque à nouveau de se réveiller ? — Absolument. Seuls me manquent quand et comment. Peut-être nous laissera-t-il le temps de trouver la porte avant de se manifester encore… Ni l’un ni l’autre ne commentèrent cette phrase, mais l’un comme l’autre songeaient que le labyrinthe ne leur accorderait probablement pas cette chance-là. La mort de Tristan plana un instant dans leur esprit comme la promesse de leur avenir. Pardon jeta un bref coup d’œil à sa fille. Sur son visage s’affichait son habituelle détermination et, pourtant, il crut déceler dans ses prunelles claires sous ses cils argentés l’ombre d’une inquiétude. Quelle personne pouvait décemment affronter les colères de la terre en toute quiétude ? Même lui, malgré la chaleur ambiante, sentit un frisson glacé traverser sa colonne vertébrale. Ce labyrinthe les aurait jusqu’au dernier. En silence, ils poursuivirent leur chemin, tandis que le jour autour d’eux s’éclaircissait progressivement, révélant peu à peu le paysage lugubre. Croyant aborder une légère déclivité, Naaly poussa un cri quand, posant son pied sur l’épais tapis grisâtre, celui-ci ne rencontra aucune résistance. Aussitôt, elle bascula, puis roula dans la pente, entraînant Pardon dans sa chute, alors qu’il tentait de la retenir. Tous deux s’immobilisèrent à quelques mètres l’un de l’autre, ensevelis dans près d’un mètre cinquante de cendres. Comme un nageur sur le point de se noyer, Naaly se débattait pour s’extirper de cette substance à la fois dense et poudreuse qui se dérobait sous elle. Sans ménagement, Pardon la saisit par le bras pour l’aider à se dégager de cette gangue qui se refermait sur elle, l’empêchant de reprendre son souffle. Parvenant à se redresser totalement, après quelques crachements et toussotements, elle libéra enfin sa bouche et son nez. Un dernier mouvement suffit à nettoyer ses yeux. Puis le désespoir l’envahit, si intense qu’elle en suffoqua. Aussitôt, elle se précipita contre son père. Elle n’en pouvait plus de ce maudit lieu ! Dans sa tête défilèrent tous les chagrins de sa vie, tous ceux qu’elle avait tenus à distance jusqu’à présent ainsi que ses échecs et, incapable de se contenir plus longtemps, elle éclata en sanglots. Sans un mot, juste en resserrant son étreinte autour d’elle, Pardon la laissait vider par ses larmes la peine qu’elle ressentait, songeant l’espace d’un instant que, s’il avait pu, il aurait aimé en faire autant. Cependant, son statut d’adulte le privait de cet aveu de faiblesse, car, pour Naaly, il se montrerait fort jusqu’au bout. Toujours blottie contre lui, sa fille absorba la présence comme l’énergie tranquille de cet homme, le modèle de son enfance, tandis qu’elle se rassérénait peu à peu. Comme chaque événement rencontré ne se produisait que dans le but de les tester, elle s’en rendait compte, elle venait d’échouer. Pour elle, plus aucun doute n’existait, elle deviendrait la prochaine à périr. Elle inspira profondément, s’imprégnant de tout ce qu’elle aimait de son père pour contrôler la détresse qui, une nouvelle fois, s’emparait d’elle. Elle ne voulait pas mourir ! Pas dans ce monde brûlant et dévastateur ! Plus que tout, elle souhaitait continuer à se battre, à résister et rester avec son papa, le dernier survivant avec elle, puis, assurément, le dernier survivant sans elle. Réagir ! Se reprendre, car rien n’était grave dans ce lieu d’illusions. Ainsi, sa disparition n’appartiendrait qu’à ce domaine virtuel ! Y croire, jusqu’au bout… Quand le présent devenait trop difficile à supporter, le distordre pour mieux le maîtriser s’avérait une nécessité. Alors, sur quelles pensées devait-elle se focaliser ? Que rien, jamais, ne pourrait l’atteindre ! Que, si ce n’était pas elle, Pardon, à qui elle vouait une totale confiance, parviendrait à réparer leur vie et leurs blessures ! Elle ne mourrait pas ! Non ! Même si ce labyrinthe refermait son piège sur elle ! Ce moment-là constituerait une victoire parce que leur ennemi juré se confronterait à la personne la plus forte qu’elle connaissait, la plus courageuse aussi. Ses lèvres embrassèrent doucement la joue salie de Pardon. — Par où maintenant ? demanda-t-elle d’une voix calmée. Il montra le champ de cendres à traverser. — Par là… — Super ! Imaginons que c’est un jeu et que le premier qui arrive de côté opposé gagne la manche. Qu’en dis-tu ? Pardon baissa son regard vers elle et ses traits se détendirent. — Comme avant ? — Comme toujours, papa, depuis que je suis petite… Des mots d’amour, émouvants et tendres, flottèrent dans leur esprit et s’envolèrent sans bruit vers l’autre comme des papillons légers et silencieux. Puis ils se ressaisirent et, aussitôt, se positionnèrent. — Tu donnes le départ ? s’enquit Pardon. — Bien sûr ! De toute façon, je vaincrai ! — Attends pour clamer ta victoire, tu ne sais pas qui est ton père ! Elle lui adressa un bref sourire, puis se concentra. Un défi de ce genre entre elle et lui n’était pas à prendre à la légère si elle voulait le remporter. — Prêt ? Trois, deux, un, zéro ! s’exclama-t-elle. Tous les deux s’engagèrent dans l’épais manteau, tentant différentes approches pour parvenir à devancer l’autre : monter les jambes le plus haut possible ou sauter. Immédiatement, leurs mouvements élevèrent autour d’eux un nuage opaque. Devenus des silhouettes anthracite quasi indiscernables, ils se perdaient de vue, entendant juste le bruit accéléré de leur respiration. Malgré leur progression difficile et le caractère anodin de ce défi, aucun ne renonçait, comme si leur vie dépendait de cette victoire, comme si, dans cette lutte familiale, ils trouveraient le courage d’affronter les épreuves qui les attendaient et le choix du labyrinthe, quel qu’il fût… Quand Naaly toucha au but, elle poussa un cri de joie et se retourna. Dans le paysage obscurci par les volutes grises, elle chercha son père du regard. Mais seul régnait à présent le silence. Où était-il donc passé ? — Je suis là, ma chérie… Elle pivota pour découvrir son ombre se découper au-dessus d’elle peu à peu, celle-ci se précisait, tandis que le voile s’estompait. — Tu as gagné ? demanda-t-elle d’une petite voix. Un bref sourire éclaira le visage de Pardon. — Honnêtement, je n’en ai aucune idée. Mais, quel que soit le résultat, tu es ma championne. Il lui tendit la main qu’elle saisit pour remonter à sa hauteur. À peine ce geste achevé qu’une nouvelle onde sismique déformait l’environnement, accompagnée par un claquement intense, comme l’écho d’un coup de tonnerre. Le père et la fille vacillèrent sur leurs pieds. Définitivement, l’accalmie venait de cesser. À présent, ils devraient affronter la menace de ce pic devenu leur pire ennemi. Les sourcils de Pardon se froncèrent. — Dépêchons-nous. Nous devons trouver la porte au plus vite. Le monticule franchi, la course reprit sur un terrain incertain. Mais, cette fois, dans leurs esprits, le doute n’était plus permis, ils jouaient leur vie. Les grondements comme les tremblements ne cessaient de s’accroître. S’élevant de nouveau, un immense panache voilait le ciel de ses volutes agitées. Pardon et Naaly progressaient à vive allure, se frayant un chemin sur le sol irrégulier en dépit de la cendre qui le tapissait ou des vibrations qui les déstabilisaient. À ces instants où les oscillations s’amplifiaient tant qu’ils n’en tenaient plus debout, alarmés, ils s’accroupissaient, le regard orienté vers le volcan pour surveiller son évolution. Puis ils repartaient. Plus le temps passait, plus Pardon pensait qu’il s’était laissé duper. En s’éloignant de ce sommet trop tôt, il avait bêtement gaspillé leur éventuelle avance. Voir au-delà des apparences… Encore une fois, il n’y était pas parvenu. Choisissant de protéger sa fille du danger immédiat qu’il pressentait, il avait perdu de précieuses heures à tenter de le contourner largement. À présent, poussés par un sentiment d’urgence, ils étaient obligés de foncer vers lui pour rejoindre la porte au plus vite, alors que décuplait l’activité sismique. Une peur diffuse oppressait son cœur de père toutes les fois où ses yeux se tournaient vers Naaly. Parviendrait-il à la sauver de la mort dont ils se rapprochaient inexorablement ? Lequel d’entre eux franchirait l’accès ? Les paroles de Naaly lui revinrent en mémoire. Œuvrer l’un pour l’autre… Mais comment accepter de sacrifier son deuxième enfant à la toute-puissance de ce lieu maudit ? Parce que rien ne serait réel ! Voilà ce qu’il devait admettre et, néanmoins, ce qu’il refusait, parce que ces illusions l’égaraient au point qu’il ne distinguait plus ce qu’il devait croire ou réfuter ! De façon légitime, il craignait qu’à force de penser que tout n’était qu’apparence il finît par commettre une erreur fatale. Démêler l’évidence de l’éventualité, la vérité du mensonge… Tout ici concordait à le tromper, mais dans quel sens ? À chaque instant, il devait choisir la meilleure voie, alors que, trop souvent, ses perceptions perturbées contredisaient les incertitudes de son cerveau, pourtant obligé de décider. Et, là, encore une fois, il avait privilégié la mauvaise option. Seulement, une petite voix lui soufflait qu’en prenant la bonne le labyrinthe l’aurait immédiatement contré en lui envoyant une épreuve différente pour le pousser à la faute autrement. Jamais il ne connaîtrait de répit. Chacun de ses gestes était soupesé, chacune de ses réactions dûment évaluée. Comment procédait cet endroit pour déterminer les plus intimes fragilités d’une personne pour les retourner contre elle ? Et quel objectif secret poursuivait-il ? La magie se révélait-elle autonome ou bien contrôlée par un esprit supérieur ? La volonté de ce monde n’était sûrement pas de lui procurer l’occasion de modifier le passé, puisque son rôle consistait plutôt à éliminer les contrevenants aux règles temporelles. Sauf si, indécis sur la légitimité d’un premier changement qui avait bousculé un ordre déjà établi, il envisageait d’offrir une chance à l’un d’entre eux de tout remettre à sa place. Une hypothèse possible, mais probable ? Un soupir monta dans son cœur, il n’en savait strictement rien… Alors que le père et la fille atteignaient la crête qui dominait la vallée dans laquelle ils s’étaient installés le soir précédent. Pardon se figea. La proximité de plus en plus grande du volcan l’inquiétait profondément, mais il demeurait certain qu’ils devaient longer cette étonnante fissure aux reliefs tourmentés, tout en restant sur les hauteurs pour l’instant. D’un geste, il indiqua à Naaly la direction à suivre et, ensemble, toujours à vive allure, ils s’éloignèrent du pic menaçant. Malheureusement, tandis que les tremblements s’intensifiaient, leur absence de stabilité devint rapidement problématique. Manquant de chuter en permanence, ils durent regagner la gorge en contrebas, cette voie qui les reliait en ligne directe au danger… Plus ils avançaient, plus Pardon était convaincu de se rapprocher de la porte. Ses sens en alerte, il la guettait, mais sans succès jusqu’à présent. Un peu réconfortés par l’apaisement actuel, ils avaient légèrement ralenti, tout en maintenant une cadence soutenue et régulière. Puis, encore une fois, la terre s’agita si fort que, malgré leurs efforts, tous les deux tombèrent, incapables de se redresser tant les vibrations se succédaient avec violence. Fatalement, les regards de Naaly et de son père se tournèrent pour observer leur dernier ennemi la distance respectable entre eux et lui ne les rassurait guère. Le volcan dont aucune lave ne coulait paraissait pour l’instant plus inoffensif que les précédents, mais son calme apparent ne pouvait que dissimuler des projets encore plus sombres. Maîtrisant sa légitime anxiété, Pardon examina longuement le sillon, celui qui, selon lui, devait les mener à la porte. Aucune alternative possible, ils devaient continuer à l’emprunter. Après l’impressionnant panache de fumée et l’étonnante pluie de cendres dans la nuit, que pouvait-il leur arriver de pire ? Un déluge de roches ? Il peinait à l’imaginer. Néanmoins, peu tranquille, Pardon invita sa fille à repartir au pas de course pour gagner toujours plus de distance. Pourtant, après avoir parcouru quelques centaines de mètres supplémentaires, un étrange grondement suivi d’une terrible explosion, particulièrement effrayante, les incita à se retourner, juste pour vérifier ce qui les attendait. Sur les flancs du volcan avait pris naissance un nuage insolite qui, un instant plus tard, s’affaissait en emportant une partie du pic vers la gauche. Si, de loin, il ressemblait à une simple avalanche de fumées nébuleuses et tourmentées, deux faits devinrent rapidement évidents : tout en avançant à une vitesse colossale, dévorant le sol sur son passage, elle grossissait à vue d’œil. Malgré sa couleur grise des plus ternes, au cœur des volutes torturées par une agitation intérieure, apparaissaient de troublantes incandescences qui en révélaient la température élevée. Totalement fascinés, presque hypnotisés, le père et la fille observaient le spectacle. Malheureusement, brusquement, son cours dévia. À présent, canalisé par la vallée crevassée qu’ils empruntaient, l’indomptable monstre fonçait vers eux. Après un moment d’incrédulité, Pardon accusa le coup. D’une voix rendue rauque par la crainte viscérale que lui inspirait ce démon naturel, il s’exclama : — Cours ! Malgré la fatigue de leur nuit écourtée et les efforts physiques de la matinée, ils se lancèrent dans une fuite éperdue, tandis que les yeux de Pardon balayaient le paysage à la recherche d’une éventuelle protection. Parallèlement, dans la tête de Naaly, les questions se multipliaient. Comment ce simple nuage de cendres un peu plus véloce que la normale pourrait-il se révéler si dangereux ? Comme le jour précédent, un abri leur éviterait d’inhaler trop de poussières. Puis resurgirent dans sa mémoire les vagues qui avaient englouti Tristan et la peur s’insinua en elle. Courir plus vite encore ! En raison du rythme effréné, tout en refusant d’abandonner, Naaly percevait cruellement l’épuisement de son corps. Elle devait s’arrêter, juste un instant pour reprendre son souffle. Peut-être le pourrait-elle si, par la plus grande des chances, la trajectoire de leur ennemi avait une nouvelle fois dévié. Pour vérifier cette hypothèse, elle jeta un coup d’œil en arrière avant de ralentir, puis de se figer. Pardon revint aussitôt sur ses pas, alors qu’elle s’écriait, les traits crispés par la détresse : — Elle est là ! Derrière nous. Effectivement, entre le nuage et eux, l’onde tant attendue s’était développée, déformant partiellement la vision du panache tempétueux. En revanche, aucun bâton perceptible ne semblait leur indiquer lequel des deux sauverait sa vie… Soutenu par un mince espoir, Pardon lança : — Fonçons vers elle ! — Et le volcan ? — C’est notre dernière chance de lui échapper ! Dévastés par ce projet totalement insensé, ils se regardèrent un bref instant, puis, sans un mot de plus, s’élancèrent, tandis que, se rapprochant à toute vitesse de l’accès du côté opposé, la vague cendreuse déferlait vers eux, vomissant des volutes qui se dispersaient de tous côtés, dépassant même les limites de la vallée pour retomber sur les versants invisibles. Cette ultime course confinait à la folie, puisqu’ensemble ils fonçaient vers la mort, conscients de jouer leur existence à quitte ou double. Dans la tête de Pardon grandit la volonté que, contre toute attente, le labyrinthe ne remporterait pas cette manche. Il se le promit, sa fille franchirait la porte avec lui. Toutes ses pensées focalisées sur le désir de sauver son enfant, il cessa d’avoir peur. Cette fois, il réussirait ! Parallèlement, dans l’esprit de Naaly, la fin de l’histoire ne laissait aucun doute. Comme Tristan avant elle, sa vie s’achèverait bientôt, dans ce nuage ardent elle allait mourir. Puis l’inévitable dénouement apparut enfin : des deux bâtons, un seul passerait la porte. Mais lequel ? Entre les tourbillons qui déformaient l’air par leur agitation et la chaleur qui brouillait la propagation de la lumière, ni l’un ni l’autre ne l’identifièrent. À une dizaine de mètres de leur objectif, à peine plus du péril meurtrier, Pardon se rapprocha encore de sa fille et, à proximité des ondes, la saisit par la taille, mettant dans ce simple geste toute son énergie pour la projeter vers les cercles concentriques au moment le plus opportun. Aussitôt la porte disparut Naaly se retrouva seule face au voile qui obscurcissait l’horizon, en ressentant déjà la brûlure intense. La larme qui coula de son œil sécha presque instantanément, alors qu’elle observait son destin foncer vers elle. Peut-être pourrait-elle se précipiter à sa rencontre pour en finir plus vite… Unissant ses dernières forces, elle se redressa. Un léger sourire s’ébaucha sur ses lèvres quand elle songea à sa clé qu’elle avait transmise à son père. Comme prévu, elle s’était jouée de ce labyrinthe ! Puis un frisson glacé la traversa elle avait omis de parler d’Alexis de Courtelle… Comment avait-elle pu oublier la demande si pressante de Tristan ? Un sentiment de détresse la terrassa, de courte durée cependant, car la mort la saisit en un instant. Personne ne résistait longtemps à la fournaise d’une nuée ardente…
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