Chapitre Deux [Partie 1]

2733 Words
Je n'étais pas spécialement malade en train. Enfin du moins je ne le pensais pas. Je ne m'étais jamais aventuré trop loin de par chez moi, juste accompagné mon père a quelques occasions dans la grande ville des environs, mais rien de plus. Changer de pays était donc un véritable challenge même si ce n'était que temporaire. Je ne m'étais pas sentie aussi insignifiante que parmi tous les autres voyageurs du train qui eux semblaient parfaitement à l'aise contrairement à moi. Il m'avait fallu vingt bonnes minutes pour comprendre le système des sièges et c'est donc en trainant mon énorme valise que je pris enfin place au siège qui portait mon numéro. Enfin ! Je m'assis, abandonnant avant même d'avoir essayé de mettre ma valise dans le filet au-dessus de moi. D'une je n'aurais pas eu assez de force pour la soulever, de deux, je doutais qu'il puisse supporter son poids tout le voyage ! Je n'avais pas l'impression de voyager lourd, mais il se trouvait que la vieille valise familiale s'en trouvait quand même peu pratique à trimballer. Mon père qui m'avait accompagné à la gare en avait d'ailleurs fait les frais.  - C'est le prix à payer pour se débarrasser de sa fille ! Avais je ricaner en le regardant galérer. - Qu'elle revienne entière alors la fille ! Avait-il rétorqué, ce a quoi j'avais souri. J'avais donc cinq longues heures de train à faire avant de passer la frontière de Elksella. C'était un pays voisin au mien et le premier de ma liste. En tout, mes parents avaient prévu un voyage parmi cinq pays étalés sur cinq semaines. Cela avait dû leur couter une fortune !  Prête a tout faire pour profiter de leur sacrifice, je décidais de passer le temps du mieux que je le pouvais, je sortis mon guide touristique sur ma prochaine destination, ignorant les paysages pittoresques qui se dessinait a ma fenêtre, sans doute trop habituée a voir des champs et des champs à perte de vue pour leur prêter un intérêt.  Elksella semblait être un pays plein de charme et apparemment de mine. Contrairement à chez moi, il semblait y avoir de nombreuses régions montagneuses. Cela devait créer des paysages à couper le souffle ! Moi qui aimais la nature, cela allait sans doute me donner de quoi voir quelque chose de différent. Venant d'un pays bien plat, j'avais hâte de voir ce type de paysage, alliant foret et mont avec grâce? J'espérais sincèrement que la végétation joue un rôle important dans cette visite, imaginant déjà trouver une inspiration nouvelle associée à des panoramas nouveaux. Mais la suite de ma brochure me fit presque déchanter,    Le pays en question semblait aussi regorger de coutumes étranges. Par exemple il était de coutume de présenter les nouveau-nés aux Liseuses, qui donnaient un message censé leur apporter un indice sur la voie du bonheur. Ils appelaient cela la "prédiction" et c'était quelque chose de très ancré chez eux. Ayant lu un peu plus haut qu'ils s'agissaient d'un peuple minier plutôt dur, j'eus un léger sourire en les imaginant soudainement croire a de telles sornettes, mais me sermonnai presque aussitôt en pensant au Dieu SInora auquel ma mère croyait dur comme fer bien qu'elle ne pratique que peu de ses préceptes. Je me demandais alors plus justement a quoi pouvait bien ressembler ces fameuses prédictions et tournait simplement la page. Je verrais bien, il y aurait bien moyen de me renseigner sur place !  J'appris aussi que le pays était en guerre jusqu'à très récemment, venant à peine d'ouvrir leurs portes au tourisme. Cela faisait que deux ans que la paix était officielle et tout cela semblait presque fragile bien que la brochure tentait de nous convaincre du contraire. C'était apparemment un conflit qui avait perduré des décennies, visant principalement les ressources minières de la nation, commençant avec le précédent roi pour trouver enfin une paix avec l'actuel dirigeant. Le pays se reconstruisait donc grâce aux efforts de leurs souverains. J'imaginais sans peine alors une horde de chevaliers protégeant un vieux roi arrogant. Un petit encadrement séparait deux paragraphes de mon petit guide et une photo en noir et blanc s'épanchait sur le papier glacé. Mon cœur rata littéralement un battement, mais je n'eus pas réellement l'occasion de m'en rendre compte. Toute mon attention était focalisée sur l'homme représenté sur le cliché. Plus précisément sur son regard. Il semblait dire tellement de choses et en même temps je n'arrivais pas à décrire quoi. C'était une sensation bien étrange. Je me tenais là, devant les prunelles de l'image incolore comme si j'étais devant de grandes portes dont j'avais la clé, mais qui n'avait pourtant pas de serrure. J'en avais presque le vertige.  Je ne comprenais pas trop pourquoi il me semblait si familier alors qu'il m'était totalement étranger. J'en étais certaine, mais par-dessus tout je le trouvais indéniablement irrésistible. Je me repris tout de même, résignant mon cœur à reprendre une course moins effrénée et ris de ma propre bêtise. Voilà bien longtemps que je n'avais pas eu de relation et me voilà en train de sympathiser avec une photo ! Je tombais bien bas.  Je rangeais mon guide en levant les yeux au ciel, tant pis pour la lecture, ma santé mentale était une priorité. Je pensais surtout que j'allais tenter de passer le temps en dormant ou en écoutant de la musique, de toute façon je n'avais pas pris de roman et surtout je voulais oublier mon petit moment de faiblesse. Je pris soin avant tout de sortir mon Traduce de sa boite, le réglant alors sur l'Elkselien et apposa le patch de couleur chair derrière mon oreille gauche. Avec mes longs cheveux blonds et sa discrète couleur, personne ne le remarquerait ! Je pourrais peut-être ne pas trop me faire remarquer... Forte de cette impression, je m'installai alors, musique plein les oreilles et je finis par m'assoupir.  Le train s'ébranla et je m'éveillais presque en sursaut et légèrement vaseuse. Il me fallut quelques secondes pour me réorienter et je me frottais juste les yeux. Je remarquais alors un homme en uniforme qui réclamait les preuves de transports. Un bref regard à la fenêtre m'indiqua alors que nous avions bien avancé et que nous étions à la frontière. Me voilà donc réellement sur les pans de ma nouvelle aventure. Le paysage était à la hauteur de mes espérances, au loin se dessinait des chaines montagneuses dignes de ce nom, donnant à la scène une force incroyable. C'était un mélange incroyable de vert, de gris et de blanc et j'avais très envie de voir ça de plus près.  Très excitée soudainement je tendis de suite mon billet au contrôleur lorsqu'il s'approcha de moi et l'homme me remercia sans me rendre mon sourire. Je compris cependant qu'il parlait Elkselien et que mon traduce fonctionnait au poil ! Tant mieux, je n'avais pas pensé a le faire vérifier avant de partir et cela me sautait aux yeux que maintenant. J'aurais eu belle aire sans comprendre un seul mot durant mon voyage, il fallait bien avoué que ce petit gadget allait me simplifier la vie.  Il me restait encore une bonne heure de train avant d'arrivée à la gare de la capital Elkselienne et je reprenais mes bonnes vieilles habitudes en ne tenant plus en place. Il y avait bien longtemps que je ne m'étais pas sentie si puérile et vivante. Mais qu'importe, je n'avais de compte à rendre à personne ici et je pouvais être moi sans état d'âme ! Je rongeais donc mes ongles d'impatience, énervant sans doute le passager derrière moi tant je gigotais sur mon siège et enfin mon calvaire prit fin.  " Gare d'Eksya, attention vous arrivez en gare d'Eksya" Je me levais prestement, trainant mon lourd fardeau derrière moi. Elle pouvait être aussi lourde et encombrante, ma bonne humeur et mon excitation étaient si intenses que je me fichais de ma valise. C'est une fois arrivé sur le quai que je remarquasse une première différence sentant alors pour la première fois l'air chargée de la ville. Dans mes champs l'air était pur, et la différence entre ici et chez moi était écrasante. Mais je n'en fis pas grand cas rien ne me dérouterait en cet instant.  Je me dirigeais vers la sortie et cherchais du regard un moyen de transport pour me rendre jusqu'à mon hôtel. Ne voyant pas trop comment m'y prendre, je soupirais sans céder à la panique. Il m'avait fallu vingt minutes pour comprendre le système des sièges dans le train et je n'avais pas osé demander d'aide. Je n'étais pas de nature timide, juste j'aimais ma bulle, cependant je devais bien avoir un tant sois peu de courage et je me décidais a me dirigea vers une femme assise le long du mur de la gare.  - Excusez-moi, je voudrais savoir s’il n'y aurait pas de moyen de locomotion pour me rendre en centre Dans mon pays, nous nous avions un système de calèche assez bien ficelé, mais lent. Ma famille était assez aisée et possédait un vieux camion, mais il restait assez vieux et ne servait que pour les trajets en ville. Ici, il y avait des voitures étincelantes partout, des trains de ville, tout ! J'espérais m'être faite comprise et surtout ne pas avoir attiré trop l'attention sur moi. Mais la femme, sans doute plus jeune que moi si j'y prêtais attention, me souris doucement. Je fus surprise par la douceur de son expression et un je ne sais quoi me rassura chez elle, ce qui paradoxalement me poussa à faire attention. On n'était jamais trop prudent !  - Bien sûr, il y a le tram de ville qui passera d'ici vingt minutes, vous venez de le manquer de peu. - Oh ce n'est pas grave, je vais attendre, je vous remercie !  Je m'apprêtais a faire demi-tour tout en me dirigeant vers l'endroit qu'elle avait montrait de la main, mais la jeune fille m'interpella alors.  - Attendez, que diriez-vous de passer le temps ? Je vous offre votre prédiction Elkselienne !  Je ne comprenais pas trop bien pourquoi elle me proposait si soudainement ce genre de chose et toutes ces affreuses histoires que l'on voyait que dans les journaux me frappait au visage comme un gros coup de poing.  - Comment savez-vous que je... Je me demandais bien âprement comment elle avait bien pu deviner que je n'étais pas du pays, après tout je pouvais très bien venir d'un village voisin, mais un simple regard sur les nombreuses personnes qui passaient à côté de nous me rendit une réponse claire. Je devais sans doute être la seule personne des environs a avoir les des cheveux raides et clairs, sans parler de ma peau basanée de soleil. Histoire de passer inaperçu, c'était raté !  - Ne vous inquiétez pas voyons. Reprit alors la demoiselle, percevant mon trouble, me montrant qu'elle ne m'invitait pas à la suivre dans un endroit louche. - Bon très bien, justement je voulais savoir en quoi ça consistait ! - C'est comme un porte-bonheur, il vous aidera à trouver votre chemin.  Je ne comprenais toujours pas en quoi une stupide prédiction dite magique pouvait bien être réaliste ou aider qui que ce soit, mais je n'en fis pas part a la fille qui elle ne se départissait pas de son sourire rassurant. Elle semblait si gentille et puis je m'étais promis de découvrir les cultures de tous. Je me laissais donc convaincre et je remarquai alors qu'elle semblait tenir un petit stand. Je compris alors qu'elle était commerçante de rue et vendait diverses babioles dont la plupart devaient être des bijoux. Je n'eus cependant pas le temps de trop m'y pencher qu'elle me tendit un linge humide.  - Il vous faut avoir les mains propres, ça m'aide a vous lire, dit-elle toujours en souriant, je m'appelle Marthe, ajouta-t-elle Son prénom me surprit. Je ne comprenais pas réellement pourquoi elle me l'avait dit et j'étais déconcerté qu'elle puisse porter un prénom si dur alors qu'elle semblait si fébrile. Lorsque j'imaginais une "Marthe", je voyais de suite une dame forte travaillant dans les champs. Pas une frêle jeune fille rousse vendant des bijoux sans doute fais mains dans la rue, vendant ses services de Liseuse à tout va. Je me demandais même si être Liseuse était à la portée de tous et tout le monde comme Marthe pouvait se prétendre apte a donne la Prédiction ou si cela ne concernait qu'une poignée de convaincue. Beaucoup de questions, mais encore une fois je gardais le silence, et fis ce qu'elle me demandait en enfermant mes préjugés dans une boite. Au moment ou j'allais lui demander ce qu'il fallait faire à présent elle enlaça de ses doigts les miens, fermant les yeux comme ci elle se concentrait. Pour une raison étrange, je savais que je devais garder le silence. Je ne me sentais pas vraiment mal à l'aise, je remarquais juste qu'elle avait les mains froides et cela me dérangeait. Je lançai un regard derrière moi, remarquant que les passants ne trouvaient rien à redire à ma situation, personnes ne prêtant attention à l'une de nous. Était-ce si normal que ça ici ? - Oh c'est joli ! Je vous envie !  Alors que j'aurais cru cela impossible avant, mais son sourire s'agrandit et j'attendais toujours silencieuse. Je n'avais décidément pas vraiment compris tout ce qui venait de se passer, mais que soit.  - Je ne savais pas que vous l'aviez déjà rencontré, félicitations !  Ça par contre je comprenais. Ainsi elle pensait que je connaissais déjà mon âme sœur. Toute once de sympathie pour Marthe disparut comme un coup de vent hivernal. C'est bien ce que je disais, tout cela 'était un tissu de bêtises et je me laissais entrainer dedans. Je devais filer vite fait histoire qu'on n’en ajoute pas au comique de la situation. Il était presque normal qu'une femme de mon âge soit effectivement liée, et donc logique que Marthe tente de jouer sur les chiffres pour arnaquer les touristes maladroits. J'arrachais donc mes mains des siennes prêtes à juste partir sans demander mon reste. Je tentais de soulever ma valise pour la prendre dans mes bras, persuadé que ma fuite n'en serait que plus rapide, mais Marthe ne semblait pas en avoir finis.  - Allons, allons, ne vous inquiétiez pas c'est gratuit, alors écoutez. Vous êtes La Seule d'un seul. N'est-ce pas poétique. - C'est vrai, c'est vrai, mais je dois vraiment y aller je ne voudrais pas manquer le machin de ville. Je te remercie Marthe !  Encombrée, je pris malgré tout la peine de lui lancer un sourire reconnaissant. Maintenant que je m'éloignais, je me disais simplement que rien ne m'indiquait que la demoiselle s'était attendu a quelque chose de plus de moi, mais je préférée me méfier. Même si elle inspirait la confiance et je me mis a pensée a ce qu'elle m'avait dit. Avais je rencontrée cette personne sans m'en rendre compte ? Ce serait étrange au vu des descriptions de tous ! La seule histoire d'amour qui avais eu un impact dans ma vie était celle avec Alvarez, mon amour de lycée. Il était l'un des garçons qui venait l'été aider ma famille au ranch histoire de se faire quelque pièce voir de recevoir un carré du fromage de ma mère. Nous nous étions rapproché car lui aussi jouais d'un instrument et a l'époque, j'apprenais avec mon frère. Je pensais sincèrement avoir "aimer" Alvarez, nous avions eu une jolie histoire d'amour qui s'était terminé mal sans doute, mais qui n'avait rien a voir avec une âme soeur. J'avais donné beaucoup a cette amour de jeunesse, mais a aucun moment je n'avais cru que tout cela irait plus loin. Comme une conviction intime, il n'était que de passage et je pensais que c'était treés claire pour lui aussi et je me trompais lourdement sur le sujet. Non il était claire qu'il ne pouvait pas s'agir de lui et je n'avais pourtant rencontré personne d'autres.  "La seule d'un seul" Je ne pouvais nier qu'elle n'avait pas d'imagination cependant ! J'aurais toutefois dû applaudir son effort ! Mais je chassais très vite tout cela de mes pensées en apercevant un espèce de petit train arriver vers moi. La journée touchait a sa fin et Je tombais de fatigue il était temps de je trouves cet hôtel. 
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