Mauvais moment

1327 Words
***Point de vue D'Aurora*** Je fini par m'enfoncer dans un vieux fauteuil, tout au fond de la bibliothèque. La douleur dans ma hanche pulse, lancinante, comme un rappel sourd de ce que je voudrais oublier Autour de moi, les livres me regardent sans un mot, témoins muets de ma fatigue. Je ferme les yeux, j'essaie de respirer. Une larme unique coule sur ma joue et je la laisse faire. Je n'ai plus la force. ~Et si je partais?~ Je souris à moitié. Partir ... c'est joli comme mot, ça sonne mieux que mourir. ~Mais c'est pareil, non ?~ Je ferme les yeux à nouveau ~Oui, ça serait plus simple.~ Peut-être qu'un jour j'aurai le courage. Peut-être demain. Pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je reste là, à pleurer dans ce fauteuil. Attendre que la douleur m'avale ou que le silence me prenne. Il n'y a pas d'espoir, juste moi et cette envie de disparaitre. La cloche sonne. Mon moment de répit est fini. Si peu de temps ... Le bruit de cette f****e cloche martèle mon crâne, je dois y aller. Je suis une bonne élève, jamais de retard. Les meilleures notes de l'école. Au moins un truc qui va bien. Je relève ma capuche que Xander a fait tomber, enfouissant mes cheveux mêlés dans ma noirceur, mon armure contre tout les autres. Je prends une grande inspiration et m'appuie sur l'accoudoir. Mon bassin désapprouve aussitôt, une morsure vive, presque insultante. Je serre les dents et me redresse, pas question que les autres voient. Non! Un pas, puis un autre. Je traverse la bibliothèque, en évitant la masse de gens qui se bousculent pour atteindre leur cours. J'évite les regards, personne ne voit vraiment de toute façon. En entrant dans le local de M. Summers, je regarde l'horloge accrochée au-dessus du tableau. Juste à temps, je pousse un soupir de soulagement. Quelques têtes se tournent à mon arrivée, puis se détournent aussitôt, tant mieux. Je m'avance vers le fond de la salle, boitant un peu malgré moi. La douleur me transperce toujours le côté gauche, telle une vielle chanson tournant en boucle dans ma tête. Je grimace légèrement en marchant, forçant un sourire pour dissimuler mon état. ~Aurora?~ La voix du professeur me stoppe net. Je redresse ma tête, les yeux remplis d'appréhension. Il me regarde, sourcils froncés, derrière ses lunettes à grosse monture noire qu'il porte seulement en classe. M.Summers et son désir à toujours vouloir bien faire et on lui pardonne vu la gueule qu'il a, il peut tout se permettre. Il est juste trop beau et jeune. ~Ça va? Tu boites ... OH! Ton visage, ta joue est toute rouge ... Tu as besoin d'aide? ~ Je hoche la tête, trop vite. ~O-ui oui, ç-ça v-vas Mon-monsieur. Je suis j-juste un peu ... mal-mala-maladroite. Ça va aller.~ Il s'approche et baisse la voix. ~Tu as besoin de parler? Tu veux que j'appelle l'infirmière? Ils peuvent te prendre tout de suite.~ Oh, non, non, non, non, non. Je sens mon cœur s'emballer. L'infirmière, c'est des questions. Des questions, c'est des appels. Des appels, c'est mon père qui apprend. Et s'il l'apprend ... ~NON ! Ce n'est r-rien Monsieur, j-je v-vous jure. J-je suis tom-tombée. Ça v-va passer.~ Je m'entends mentir, ma voix tremble, mon bégaiement empire. ~Arrête, Rory. Contrôle toi. S'il voit que tu paniques, il va insister.~ me dis-je à moi-même. Il soupire, je vois bien qu'il ne me croit pas du tout, Il a l'air inquiet, fixant ma hanche, puis mon visage. ~Aurora, tu es sûre? Si tu es blessée, que tu as mal, tu dois te faire soigner.~ Je serre la bretelle de mon sac si fort que mes jointures blanchissent. Je respire profondément. ~S-s'il vous p-plait, Mon-monsieur, p-pas l'infir-firmerie. Ça va-va, pro-promis.~ Il ne doit pas savoir. Personne ne doit savoir, sinon ça sera pire à la maison. Et papa ... papa me le fera payer. Il hésite encore, puis hoche la tête, à contrecœur. ~Très bien, va t'asseoir, mais si ça deviens trop pour toi, tu me le dis, d'accord ?~ Je mens encore. ~O-oui Monsieur, mer-merci.~ Les cours passent, Ça doit être le seul moment où j'oublie un peu. Ici, je me sens à ma place, tout s'emboîte. C'est si facile, ici je suis douée. Ça me donne une raison de rester debout, une journée de plus. La cloche du midi a déjà retenti. Moi, je reste cachée. Dans la cabine des chiottes du troisième étage, recroquevillée sur la cuvette, je regarde mon sac en plastique vide posé sur mes genoux. mon ventre gargouille encore, le sandwich au beurre de cacahuète, n'a pas suffit. Ça ne suffit jamais, mais je fais semblant. De toute façon, il n'y a rien d'autre. Je commence à cogner des clous. La descente d'adrénaline, le manque de sommeil et la malnutrition ont raison de moi. Sans compter la douleur constante qui bouffe mes maigres réserves d'énergie. ~Ne t'endors pas. Reste vigilante.~ Mes paupières sont lourdes, peut-être que je pourrais ... quelques minutes seulement ... BANG !!! ~Auroraaaa ...~ Xander. Le grincement des portes de chaque cabine qui s'ouvrent à tour de rôle. Je panique, bientôt ça sera la mienne. Une peur glaciale me parcourt de long en large. Je ne crois pas que le vieux verrou de fortune de cette vieille école tienne longtemps face à lui. ~Auroraaaa ... On sait que t'es là. Tu te caches?~ Il s'amuse à faire traîner mon prénom comme une menace. Mon cœur cogne si fort, j'en ai mal à la tête. Un rire plus rauque me parvient vers la droite. Troy, s****d de première et meilleur ami de Xander. Kade ne doit pas être bien loin, ils sont inséparables. Je serre mes genoux contre ma poitrine. J'aimerais devenir invisible, mais sans succès, la serrure cède sous l'impact d'un seul coup de pied de sa part. La porte claque contre la parois, je sursaute. Troy est dans la cabine de droite, grimpée sur le dessus de la cuvette, il m'observe par-dessus les cloisons, tout en rigolant. Kade se trouve adossé aux lavabos, face à moi. Mais le pire reste satan en personne, celui qui a fracassé ma porte de cabine et qui me regarde avec cette lueur de luxure dans les yeux. Xander, toujours lui ... Son ombre se projette sur moi. Il ne sourit pas. Il est vraiment sérieux cette fois et je n'aime vraiment pas ça. ~Alors, la naine mange toute seule? Elle se croit trop bien pour nous?~ Xander se penche, son visage est tellement proche, trop proche. Il me soulève de force et me plaque contre la cloison de droite, celle d'où Troy observe. Ce dernier attrape mes poignets et les maintient fermement au-dessus de ma tête, tel des menottes. Je secoue la tête, je tente de me débattre, tirant sur mes bras, mais rien n'y fait. ~Non ... lai-laissez m-moi ...~ Ils rient tout les trois, je n'ai plus d'air. Je voudrais hurler, mais je sais que ça ne sert à rien. Personne n'écoute jamais. Xander masse mes seins par-dessus mon sweat à capuche. Il me fait mal, je plisse les yeux et tente de retenir mes sanglots. ~Tu vois, Aurora, je suis ce genre de personne. J'aime ça brutal. Laisser sortir la bête en moi.~ Il m'arrache mon sweat, déchire mon t-shirt dessous. Après avoir défait mon soutien-gorge, il commence à s***r mes mamelons et les ... mordre. Je pleure. Je ne voulais pas lui donner mes larmes, mais j'en peux plus. Je crie de douleur à chaque morsure qu'il me fait. Son corps pressé contre le mien, je sens bien qu'il est dur. Et soudain, Kade crie avec moi ... ~ p****n, ça brûle.~ s'exclame-t-il. J'entends de l'eau, je ne comprends pas. Qu'est-ce qui se passe? Xander s'arrête, Troy me lâche les poignets. Je tombe au sol, vidée d'énergie. Secouée de spasmes, perdue loin dans ma tête. J'entends vaguement des cris. Ils essayent d'arrêter quoi? Je ne sais pas, je ne sais plus.
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