Prologue

450 Words
PROLOGUEDimanche 9 juillet, 6 h 36 6 h 36 : six paires de runnings battent en cadence le bitume de la rue du Docteur-Roux. Après avoir emprunté le passage piéton entre la rue Henri-Dunant et cette voie pavillonnaire, ils peuvent maintenant courir au milieu de la chaussée sans trop se soucier des véhicules. À moins d’y être contraint par son travail ou une urgence vitale, il est indu de prendre sa voiture aussi tôt un dimanche matin. Ici, personne ! Les volets des demeures familiales sont toujours clos. À peine une ou deux lumières dans les appartements de la résidence Hünfeld, au bout de l’artère. Bernard, aujourd’hui désigné comme meneur du groupe, indique la droite : l’allée de Trémaria, une bonne petite grimpette, idéale pour chauffer les muscles des cuisses et des mollets ! — Hum, ça fait du bien ! Hier, j’ai regretté, il y avait un chouette brouillard, ça aurait été super de tracer là-dedans. Mais je reconnais que l’on a un peu trop abusé vendredi… La côte qu’ils gravissent sans difficulté rappelle une question à Loïc : — Tiens, au fait, Jean-Luc ! J’ai oublié de te demander où tu avais déniché tes côtes d’agneau. On les a vraiment trouvées délicieuses ! Sans réduire sa foulée, le prénommé Jean-Luc lève un doigt hésitant pour extraire la réponse de sa mémoire : — C’est Babeth qui les a achetées, elle m’a dit que… Oh merde ! Absorbé par la discussion, le coureur n’a pas remarqué la plaque grasse qui s’étale au milieu de la rue. Courte glissade ! Les semelles, ayant perdu leur point d’accroche, partent vers l’avant plus vite que le corps du joggeur. Les fesses amortissent le choc. Pendant que l’un l’aide à se relever, un autre rallume sa lampe frontale pour déterminer la source de cette flaque dangereuse pour la circulation, qu’elle soit piétonne, cycliste ou automobile. Il pointe le bas du coffre de la voiture rangée sur le côté droit de la rue. — Ça sort de là ! On doit prévenir quelqu’un, les flics ou la mairie, qu’ils viennent nettoyer avant qu’il n’y ait un accident plus grave. Ça va, Jean-Luc, pas trop de bobos ? L’interpellé grimace. — Ben si, j’ai mal au cul ! Mais ça ne m’empêchera pas de courir. À cette heure, on ne pourra joindre que la gendarmerie. Je crois que ça vaut mieux, avant qu’une bagnole ne parte a-dreuz* ou qu’un gamin en scooter ne se ramasse, ça ne peut pas attendre lundi ! Qu’est-ce que tu fabriques, Nath ? Curieuse, l’unique femme du groupe a appuyé sur le bouton d’ouverture de la malle arrière pour en vérifier le verrouillage. — Si c’est un bidon qui fuit, on peut le reboucher, ça sera déjà ça de… Oh mon Dieu ! 6 h 46 : six paires d’yeux observent, effrayées, le spectacle révélé par la lente élévation du hayon, dévoilant un corps recroquevillé dans le coffre de la voiture. La couleur du visage et la langue sortant de sa bouche ne laissent aucun doute sur l’état de santé de l’occupante des lieux… * De travers, en breton.
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