5Quel plaisir de s’abandonner à la fièvre ! Mes facultés entrent en léthargie et je me retire du monde sans effort. En temps normal, mon acuité auditive n’a rien d’exceptionnel (vive l’abus du baladeur durant l’adolescence) ; au-dessus de trente-neuf degrés, je deviens quasiment sourd, une véritable bénédiction dans ce pandémonium urbain. J’aime la sensation de bouger dans du coton, les membres gourds, anesthésiés. Au plus fort de l’état fébrile, les images se télescopent : les différentes parties de mon logement deviennent facettes d’un kaléidoscope. Le contexte paraît favorable à l’éclosion de l’extraordinaire. Je ne doute pas qu’un sas entre deux univers va s’ouvrir devant moi. Je vais surprendre des merveilles, quitter ce monde trop plat, tout recommencer, devenir pionnier de l’ailleur
