De l'amour

3036 Words
                                                                                        Chap. V  C’était la première fois que Melu allait passé du temps avec les deux frères. Elle était heureuse mais, en même temps elle se demandait ce que Mintsa allait penser d’elle. Leur « relation » se bornait à quelques rencontres fortuites, au bureau de son frère ou lors de ses passages éclairs à leur appartement. Melu savait déjà que le jeune frère de Nko’o était un jeune homme assez taciturne, il ne riait que très rarement, et on aurait dit que seul son frère possédait le modus opérandi pour déclencher une réaction chez lui. Et ce n’était pas qu’en société, disons, avec des personnes qu’il ne connaissait pas, non, il était comme ça même avec les membres de sa famille. Elle passa le reste du trajet en voiture à se demander comment il allait la traiter. Allait-il se comporter comme la plupart du temps, en faisant mine de ne pas la voir ? Ou bien allait-il faire l’effort de lui adresser la parole ne fut-ce qu’une fois durant le week-end ? Nko’o n’avait pas eu le temps de parler de son arrivée avec son frère, il ne pouvait donc pas lui avoir fait de recommandations concernant le comportement à adopter avec elle, pour les quelques jours qu’elle allait passer là. En arrivant devant l’appartement, elle eut un peu de mal à se décider à entrer :   _ Melu ??? S’étonna Nko’o en la voyant se figée, qu’est-ce qu’il y a ? Tu regrettes déjà d’être venue ? Hé ma puce !!! _ Excuse moi, j’avais la tête ailleurs, non je ne regrette pas d’être là, dit-elle en revenant d’un coup dans la réalité _ J’ai eu peur d’un coup, avoua l’homme, allez viens, on va mettre tes affaires dans ma chambre ensuite on ira faire quelques courses, je crois qu’on n’y a pas pensé avec Mintsa, tiens quand on parle du loup, fit Nko’o en voyant son frère sortir de l’appartement   Mintsa était en tenue de sport, mais ne semblait pas être en train d’aller où que ce soit. En voyant son frère et sa copine il se dirigea vers eux :   _ Tu as besoin d’un coup de main avec le sac de ta belle ? Fit-il en tendant la main vers son frère _ C’est demandé si gentiment, annonça Nko’o en souriant, tu connais Melu ? _ Oui, ce n’est pas la première fois que tu l’emmènes ici, on dirait que ça deviens sérieux entre vous hein ? Demanda-t-il en regardant son frère _ Arrête avec tes sous-entendus qui n’ont pas trop de sens, tu sais bien qu’entre elle et moi ça a toujours été sérieux, pourquoi tu es comme ça aujourd’hui ? _ Désolé grand-frère, dit le jeune homme en se dirigeant vers la maison, au fait papa a appelé, il dit que finalement les travaux de réhabilitation de notre ancienne maison couteront moins cher que prévu, il est passé voir oncle Nkou, son cousin tu te souviens de lui ? _ Oui bien sûr, il a une entreprise de bâtiment c’est ça ? _ C’est ça, il lui a promis de s’occuper de la plomberie, des peintures, et d’une partie de l’électricité, apparemment c’est un cadeau qu’il veut lui faire pour l’avoir soutenu quand sa femme est morte _ Ha ! C’est gentil, c’est vrai qu’il a eut chaud avec la famille de sa défunte épouse lorsqu’elle est décédée, on aurait dit que ces gens n’attendaient que ça _ Hum ! Fit simplement Mintsa sans plus rien ajouter   Alors que les deux frères discutaient ainsi, Melu prenait quant à elle le temps de regarder autour d’elle. Elle était venue dans cette maison plusieurs fois déjà mais n’avait jamais pris le temps de vraiment la regarder. Les garçons avaient du gout et l’un comme l’autre semblait ne pas trop apprécier les espaces surchargés. Le salon était une grande pièce, dont les murs étaient décorés avec des peintures murales et des tableaux de fleurs. Il y avait quelques meubles, comme la table basse et le canapé en coin. Il y avait aussi un grand buffet, dans lequel les garçons rangeaient les verres et les bouteilles de vins, qu’ils avaient à demeure. Le reste des espaces de rangement, étaient composés d’étagères très stylées, fixées à même les murs. Les garçons l’entrainèrent directement dans la chambre de Nko’o, c’était un endroit qu’elle connaissait bien. Comme dans le salon, il n’y avait pas beaucoup de meuble, juste le grand lit qui était près de la fenêtre, et une grande armoire dans laquelle l’homme rangeait ses vêtements, et qui cachait aussi son bureau, une merveille de créativité. Un grand tapis recouvrait le sol de la chambre, de temps en temps il arrivait aux deux amants de s’allonger dessus au lieu d’aller sur le lit. Melu adorait ce grand tapis si doux. Nko’o n’avait pas de télé dans sa chambre il disait qu’une dans le salon c’était bien suffisant, et qu’une chambre c’était fait pour se reposer. Alors avec lui Melu avait pris l’habitude de discuter lorsqu’ils étaient dans cette pièce. Finalement, elle avait trouvé que c’était bien pratique, et grâce à cela, l’homme et elle, avaient développés une complicité qui la rassurait. Les heures passées avec l’homme dans sa chambre, lui avaient permis de le connaitre encore mieux. Lorsqu’ils étaient tous les deux dans cette pièce, Nko’o se laissait aller, et se confiait à elle. Il avait traversé des moments difficiles avec son p’tit-frère lorsqu’il avait commencé dans les affaires, leur père avait fourni les premiers sous qui leur avaient permis d’acheter leur premier stock de marchandises. Mais le plus dure avait été de l’écouler, au tout début les gens ne voyaient pas l’utilité de l’énergie solaire, alors pour sa mère et ses frères plus âgés cette période avait été l’occasion de lui faire payer le faite qu’il avait refusé de continuer ses études. Nko’o en gardait un très mauvais souvenir. Celui que Melu avait considérée au début comme un dandy, tout juste bon à draguer et à se faire une réputation, s’avérait être un jeune homme sensible, et attachant. Elle était heureuse d’être celle avec qui il partageait cela. Mintsa déposa son sac sur le lit de son frère et lui fit signe de le suivre dehors. Melu se retrouva seule dans la chambre et se dit qu’elle allait en profiter pour ranger ses affaires. Elle ouvrit son sac et prit place sur le lit. Pendant qu’elle sortait ses affaires de son sac, elle pensait à Otse, elle se demandait s’il était vraiment fait pour être père, elle se demandait s’il serait à la hauteur avec la petite, et surtout s’il serait le genre de père qui en est un à vie ou alors s’il était le genre de type qui pour une raison ou une autre finirait par sortir de la vie de sa gamine, aussi vite qu’il avait exprimé le désir d’en faire partie. Ce n’était pas rien d’élever un enfant, et ce n’était pas tous les jours facile. Elle avait vu son père trimer après la mort de leur mère, entre son boulot et ses sœurs et elle, il n’avait jamais de repos. C’est vrai que là il s’agissait d’un seul enfant mais c’était pas mal déjà. Elle rangeait ses affaires en souriant à l’idée d’avoir des enfants avec Nko’o, ce serait bien. Mais là aussi elle se demandait quel genre de père serait l’homme. Un père incapable de dire non à ses petits, ou le genre qui gardait la tête sur les épaules en toutes circonstances ? Elle se dit que l’homme rirait surement si elle lui en parlait. Déjà qu’il avait dû la supplier pour qu’elle accepte de passer un week-end avec lui, alors avoir des enfants… elle souriait encore de cette pensée quand Nko’o entra dans la chambre. Il vit son sourire et s’en réjouit, même s’il ne savait pas ce qui l’avait déclenché. Il alla prendre place sur le lit, et pendant quelques minutes, il se contenta de regarder Melu ranger ses affaires. Elle respecta son silence et continua comme si elle se trouvait toujours seule dans la chambre. Nko’o s’approcha ensuite d’elle et la prit dans ses bras :   _ Je suis content que tu aies acceptée de passer ces quelques jours avec moi, tu n’imagines pas ce que cela représente pour moi de t’avoir ici, murmura-t-il en posant la tête de la jeune femme dans le creux de son épaule, _ A ce point-là, moi qui pensais que tu voulais juste profiter d’une pauvre fille sans défenses !!!   Nko’o sourit, en disant qu’on pouvait la qualifier de tout sauf de jeune fille sans défenses dont on pouvait profiter, même pas lui. Il la serra dans ses bras, et déposa un b****r sur sa tempe. Melu sourit à son tour et passa ses bras autour de la taille de l’homme :   _ Nko’o dis-moi, tu voudras des enfants ? _ Avec toi certainement, mais je ne sais pas si je ferais un bon père _ Pourquoi tu dis ça ? _ Pour être un bon parent, ou au moins un parent acceptable il faut trouver du temps pour ses enfants, et moi je suis toujours à courir partout comme… _ Ce n’est pas une excuse, coupa Melu, tu trouves bien le temps de t’occuper de moi et à chaque fois que ma fille a eu besoin de toi, tu as été là _ Ce n’est pas pareil, _ Je sais bien, mais c’est un bon début non ? Interrogea Melu _ Je ne sais pas, dit Nko’o en la tenant toujours contre lui, mais si cela te suffit alors je serais heureux d’avoir des enfants avec toi, mais tu ne veux pas qu’on vive ensemble, ni qu’on commence à… _ C’est bon on n’en parle plus, dit Melu en se levant, _ Pourquoi tu réagi comme ça à chaque fois, tu commences une conversation et dès que je te fais une remarque tu te fermes ou tu changes de sujet ? Je n’ai pas le droit de dire ce que pense ? Melu ?? On ne va pas commencer ce séjour comme ça non ? Tu attends quoi de moi au final ?   Melu écoutait l’homme sans répondre amis au fur et à mesure qu’il lui faisait des reproches, elle sentit des larmes lui échapper. Elle ne savait pas elle-même pourquoi elle trouvait toujours des excuses pour retarder, ou renvoyer à plus tard tous les projets que l’homme voulait réaliser avec elle. Elle réalisait que quoiqu’elle en dise, cette première expérience ratée avec Otse, l’avait profondément marquée, et à cause de tout ce qu’elle avait vécu à ses côtés, elle avait peur de recommencer avec qui que ce soit d’autre. Elle avait développé un profond attachement à Nko’o, et à y regarder de plus près, il se pouvait qu’elle l’aime bien plus qu’elle n’avait aimé le père de la p’tite. Elle se tenait devant l’homme et lui tournait le dos, si bien qu’il ne voyait pas ses larmes. Et continuait à lui servir reproche sur reproche. Melu avait mal pourtant elle ne lui en voulait pas, car de tout ce qu’il disait, il n’y avait aucun mensonge, et s’était d’ailleurs toutes ces vérité qui la torturait. Nko’o était un homme bien, il la comprenait et l’encourageait mieux que personne. Et chaque fois qu’elle imaginait sa vie future, elle ne se voyait avec personne d’autre, mais il lui restait difficile de sauter le pas. Elle lui avait servi toutes sortes d’excuses mais elle voyait bien que cela ne durerait pas. Il avait déjà commencé à s’en lasser. Il l’aimait, elle n’en doutait pas, mais sa patience était mise à rude épreuve. Elle avait espéré que l’homme aurait assez d’amour pour elle, et que cela lui permettrait d’attendre qu’elle arrive à se décider :   _ Melu, regarde-moi au moins,   Nko’o obligea la jeune femme à le regarder, et ce n’est que là qu’il réalisa qu’elle était en larme :   _ Non ma puce, mince, pas encore, viens là   Il dit ça en la prenant dans ses bras. Il serrait la jeune femme dans ses bras comme s’il voulait lui dire par ce geste toute l’affection qu’il avait pour elle :   _ Je suis désolé mon cœur, parfois je me dis que je n’aurais peut-être pas dû insister autant pour que tu te mettes avec moi… _ Ne dis pas ça Nko’o, ne dis pas ça, elle s’agrippait à lui en parlant, _ D’accord mais toi arrêtes de pleurer, je ne supporte pas de te voir comme ça, pardonnes-moi ma puce   Melu ne pleurait plus, mais continuait de s’agripper à l’homme. Nko’o lui, lui passait tendrement la main dans les cheveux, d’un geste régulier. Il savait qu’elle aimait quand il faisait ça. Il se disait qu’il lui fallait apprendre à parler, et surtout apprendre quand se taire. Elle avait acceptée pour la première fois de passer le week-end chez lui et voilà comment il la recevait, avec des reproches. Il faut avouer que le fait qu’elle veuille avoir des enfants avec lui l’avait un peu surpris. Il se disait qu’elle avait peut-être posé la question comme ça, juste histoire de parler et lui avait pris tout ça bien trop au sérieux. Il la força à lever les yeux vers lui et posa ses lèvres sur les siennes. Melu répondit à son b****r et c’était comme si tout venait de s’effacer. Elle passait maintenant ses mains sous sa chemise, et cela faisait frémir l’homme. Il adorait sentir les mains de la jeune femme parcourir son corps, s’était une sensation divine. Il la sera encore plus fort et senti que son désir s’éveillait peu à peu. Il souleva la jeune femme et l’allongea sur son lit :   _ Tu crois que tu vas pouvoir mettre fin à cette conversation sans me répondre juste comme ça, lui dit-il   Melu sourit sans rien dire. Elle passa ses mains derrière la tête de l’homme et l’attira à elle et continua à l’embrasser. Nko’o se laissa faire, ce qu’il appréciait encore plus que ce pure moment de sensualité, c’était qu’il savait que pendant quelques jours il n’aurait pas à redouter le moment où elle devrait s’en aller. Il l’avait rien que pour lui, et ça pour trois jours. Il avait le choix de passer le week-end dans sa chambre avec elle, à lui f***********r comme l’amoureux fou qu’il était, ou de partager des moments qu’il graverait dans sa mémoire et qui lui donneraient de l’espoir lorsqu’elle ne serait pas à ses côtés. Il chassa cette pensée de son esprit, en se disant qu’il y reviendrait plus tard. Pour l’heure, il savourait le corps offert de sa dulcinée, et rien ne le comblait plus que ces moments précieux. Il savourait son corps, et recevait ses caresses, et tout ça était pour lui la meilleur façon de faire la paix :   _ Melu ??? _ Hum !! _ Dis-moi que tu m’aimes, fit l’homme sans cesser de la caresser, dis le moi _ Tu le sais bien non ?? _ Oui, mais j’aime t’entendre me le dire, allez ma puce, dis-moi que tu m’aimes _ Je t’aime Nko’o…   A peine eut-elle dit ça que l’homme la serra contre lui.  Elle sentit le corps de l’homme être secouer comme par une crampe, mais elle sourit. Tout allait bien. Les choses s’étaient arrangées entre son homme et elle, et cela de la plus douce des manières. Elle se réjouissait d’être aimée comme ça, mais les paroles de l’homme résonnaient toujours dans sa tête comme un avertissement.
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