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Dites-leur que je suis mort

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Et si une simple lettre découverte au hasard vous apprenait que votre grand-père, porté disparu depuis la Première Guerre mondiale, est en réalité vivant ?

C’était le 13 juillet 55, je m’en souviens très bien. Ma grand-mère était alitée et nous attendions le docteur. C’est en cherchant dans le secrétaire de quoi écrire que j’ai provoqué la chute de cette lettre. Intriguée, j’ai jeté un regard sur l’enveloppe elle avait été postée à Paris en 1920.

Quand j’ai retiré délicatement la feuille pliée en quatre, je ne me doutais pas qu’elle bouleverserait ma vie…

Mauricette, une jeune fille de vingt ans, découvre que son grand-père, que l’on disait disparu durant la Première Guerre mondiale, est en réalité bien vivant. Sa Nany finira par lui avouer cette triste vérité, mettant fin à un secret bien gardé jusque-là.

Cette découverte va bouleverser Mauricette qui, à peine remise de ses émotions, partira à la recherche de son grand-père. Très vite, elle retrouve sa trace grâce à sa pension d’ancien combattant de guerre et elle lui rend visite. Il lui confie les carnets dans lesquels il raconte sa vie : sa rencontre avec Anne, le début heureux de leur mariage, la naissance de leur enfant, puis la brutale découverte de l’enfer des tranchées, l’inquiétude, le ras-le-bol des troupes et le début de la mutinerie, les courts retours à la maison où il ne sait même plus sourire...

Alors que les Américains ont débarqué et que la fin de la guerre semble proche, c’est l’accident : une bombe lui explose en plein visage, le privant de nez, de lèvres, de quatre doigts et de son chien. Une longue vie de solitaire commence alors…

Avec son roman historique décrivant avec force et réalisme l'enfer des tranchées, Jean-Pierre Echterbille propose un récit intriguant et mystérieux.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

- "Jean-Pierre Echterbille explore une nouvelle fois la vie des individus ordinaires qui bascule brutalement dans l'effroyable. Et l'inimaginable conséquence que peut avoir l'accident de guerre au sein d'une famille. Il raconte comment chacun peut survivre à une guerre, le visage en moins. Un récit où cohabitent douleur, injustice, devoir de mémoire, quête d'identité et besoin de reconnaissance. Il noue le cœur du début à la fin." (Marielle Gillet, L'Avenir, 14/04/2010)

A PROPOS DE L'AUTEUR

C'est grâce au théâtre que Jean-Pierre Echterbille entame sa carrière de romancier. Choisi comme auteur pour écrire le texte d'une pièce de théâtre, le plaisir de jongler avec les mots l'entraîne à poursuivre l'exercice d'écriture. Ses romans révèlent une documentation fournie renforçant la véracité de son récit. Comme dans Dites-leur que je suis mort, la Première Guerre mondiale, ainsi que celle de 39-45, fut l'un de ses sujets de prédilection.

EXTRAIT

Je n’en crois pas mes yeux ! Je relis et relis à nouveau la lettre à l’écriture pointue et saccadée.

On frappe à la porte. Je sursaute.

— Bonjour Docteur, suivez-moi, elle est dans la chambre.

Je pense que, vu le regard interrogateur du médecin, je dois présenter une mine inhabituelle. Le contenu de la lettre en est la cause.

Je referme la porte de la chambre de Nany sur le médecin. Je perçois sa voix assurée et grave qui contraste avec le ton frêle de la malade.

— Ce n’est pas bien grave, même si c’est spectaculaire : une bronchite. Elle en a pour une dizaine de jours. Tu iras à la pharmacie de La Ferté.

Je paye la consultation et j’ai droit au sempiternel « Allez, je me sauve, la journée est loin d’être terminée. »

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Page de titre-1
C’était le 13 juillet 1955, je m’en souviens très bien. Ma grand-mère était alitée et nous attendions le docteur. C’est en cherchant dans le secrétaire de quoi écrire que j’ai provoqué la chute de cette lettre. Intriguée, j’ai jeté un regard sur l’enveloppe : elle avait été postée à Paris en 1920. Quand j’ai retiré délicatement la feuille pliée en quatre, je ne me doutais pas qu’elle bouleverserait ma vie. Mon nom est Mauricette Moreau ; je suis née il y a vingt ans, ici, à Olizy-sur-Chiers dans la Meuse. Mes parents décédés, j’ai été élevée par ma grand-mère seule, son mari Maurice Sulon ayant disparu durant la Première Guerre mondiale. J’ai entendu quelques allusions bien mystérieuses ; ma grand-mère, que j’appelle par ailleurs Nany, m’a toujours dit de ne pas croire ces fadaises. J’ai suivi scrupuleusement ses consignes. Le 16 avril 1920. Ma chère Anne, Il y a une heure d’ici, tu es sortie de ma chambre en pleurant, un mouchoir sur la bouche comme si tu tentais d’étouffer un geste de dégoût. Pourtant, les infirmières m’avaient assuré qu’elles te prépareraient à te contenir devant le monstre que je suis devenu. Sache que, depuis cette explosion, je n’ai pu me voir qu’une seule fois dans un miroir. Au début, les blessés de la face ne pouvaient en aucun cas se regarder. J’ai été, comme toi, horrifié par le tableau de ma gueule… ou du moins ce qu’il en reste. J’ai du mal à accepter ta réaction, même s’il est vrai que je peux la comprendre. Je ne reviendrai pas à Olizy. En deux minutes, j’ai pu imaginer notre calvaire. Je ne supporterais pas le regard de notre petite Irène. Elle ne pourra jamais croire que cet affreux personnage puisse être son père. Ne cherche en aucune manière à me joindre. Déclare autour de toi que je suis décédé des suites de mes blessures, et ainsi la vie pourra continuer, du moins pour vous deux. Avec le temps, la monstruosité s’effacera pour faire place à l’héroïsme, qui sait ? La dérision et le cynisme sont peut-être les deux seuls moyens qui me restent pour ne pas me foutre en l’air, mais jusqu’à quand ? Adieu. Maurice Je n’en crois pas mes yeux ! Je relis et relis à nouveau la lettre à l’écriture pointue et saccadée. On frappe à la porte. Je sursaute. — Bonjour Docteur, suivez-moi, elle est dans la chambre. Je pense que, vu le regard interrogateur du médecin, je dois présenter une mine inhabituelle. Le contenu de la lettre en est la cause. Je referme la porte de la chambre de Nany sur le médecin. Je perçois sa voix assurée et grave qui contraste avec le ton frêle de la malade. — Ce n’est pas bien grave, même si c’est spectaculaire : une bronchite. Elle en a pour une dizaine de jours. Tu iras à la pharmacie de La Ferté. Je paye la consultation et j’ai droit au sempiternel « Allez, je me sauve, la journée est loin d’être terminée. » Sur la pointe des pieds, je franchis le seuil de la chambre ; Nany dort. Tout en regardant ce beau visage, je me demande comment je vais pouvoir aborder le contenu de la lettre. Trente-six questions me traversent l’esprit. Les allusions de certains garnements du village s’expliquent plus aisément. Nany aurait-elle affronté tout au long de sa vie ces moqueries par le silence ou par un simple haussement d’épaules ? Très pratiquante, a-t-elle été aidée par Dieu à surmonter ces épreuves ? Pour se rendre à l’église, elle n’avait que la route à traverser. Tout au long de sa vie, Nany aurait dû mentir, ou du moins camoufler la vérité ? J’espère sincèrement me tromper ! J’ai passé toute ma vie en sa compagnie avec une complicité immuable. J’aurais juré qu’elle n’avait aucun secret pour moi. C’est vrai qu’en réfléchissant un peu, j’ai souvent constaté qu’aborder le sujet « grand-père militaire » engendrait un vrai malaise. Celui-ci se dissipait par une pirouette du genre « Tu es trop jeune, je t’expliquerai plus tard ». Je me demande jusqu’à quel point elle a pu miser sur l’oubli de cette histoire. Si mes souvenirs sont exacts, et ils le sont, croyez-moi, la photo sépia bordée d’un crêpe noir, représentant mon aïeul en militaire, trônait sur le meuble de la chambre. Un jour, la photo a disparu comme par enchantement. Je n’ai pas osé m’en inquiéter, je me suis dit : « T’occupe pas de ça, fillette ! » Mais qu’est-ce qui a poussé Nany à garder ce secret pour elle seule ? De toute façon, la soupçonner de mentir est à mille lieues de mes pensées. Il est certain que si elle a dû taire cette partie de sa vie, c’est qu’elle avait des raisons. Je referme la lettre dans ses plis vieux de trente-cinq ans. Par ce geste, j’ai le sentiment bizarre de tenter d’enfouir cette tragédie comme on replace le génie dans sa lampe. Je perçois la voix fluette de Nany à travers la porte de sa chambre. — Tu es là, ma petite Mauricette ? Que dit ce brave docteur ? — Que tu resteras au lit ou en chambre une bonne dizaine de jours. Bronchite. En guise de réponse, elle me gratifie d’une quinte à arracher le lustre. Pendant le trajet, pas bien long, vers La Ferté, je m’interroge sur la meilleure manière d’aborder le sujet de la lettre. Je ne parviens pas à m’ôter de l’esprit que si ce qui est écrit sur cette feuille pliée en quatre pouvait finalement être vrai, Nany aurait bien floué son monde. Mais pourquoi, bon Dieu ? Pourquoi ? Personne dans le village ne m’a directement révélé quoi que ce soit ; pourtant, dans des petites communes comme la nôtre, tout se sait à vingt kilomètres à la ronde. Bien sûr, des mauvaises langues, toujours les mêmes, ont, lors de disputes, fait allusion à des histoires incompréhensibles auxquelles je devais, je vous l’ai dit, ne pas prêter attention. Je laisse s’écouler une journée. De toute façon, Nany n’aurait pas eu la force de me répondre. Et moi, je me t*****e les méninges inutilement, passant une nuit blanche, ressassant, en vain, les événements du passé pour y trouver le moindre indice. Je lui parlerai cet après-midi. Je ne peux plus attendre, les silences forment entre elle et moi un fossé qui pourrait devenir infranchissable. Entre nous, il y a toujours eu une connivence que je n’ai pas du tout envie de voir s’écrouler. Mais vivre le reste de sa vie en faisant « comme si », hors de question ! Il faut crever l’abcès ; pour moi égoïstement, et sûrement pour elle, sa conscience n’en serait que plus légère. Quoi qu’elle me dise, je ne l’aimerai pas moins, ça, j’en suis persuadée ! J’entends des quintes de toux entrecoupées de sifflements et de sons caverneux. Pauvre Nany ! Je pousse la porte de la chambre qui s’ouvre dans un long miaulement plaintif. J’indique à ma grand-mère que c’est l’heure des potions, elle acquiesce en baissant doucement les paupières. Elle semble épuisée. Vu son état, je ne peux tout de même pas la questionner. Je sors en tentant de faire le moins de bruit possible, mais les gonds de la vieille porte en décident autrement. Alors que la bonne vieille cloche sonne la demie de quatre heures, je prends une grande bouffée d’air, m’arme de courage, et entre dans la chambre. — Comment te sens-tu, Nany ? — Mieux, ma belle, mieux. Si tu pouvais entrouvrir les tentures, que la lumière puisse entrer. — Nany ? — Oui, ma chérie ? — Nany, il faut que je te demande quelque chose… de grave. — Mais je t’écoute. C’est sentimental ? — Non, enfin, il ne s’agit pas de moi… — Ah bon ! dis-moi ce qui te tracasse. — Ça ! Je sors de mon corsage l’objet de mes tourments. Elle encaisse le coup, détourne les yeux vers la fenêtre. Les larmes coulent en suivant les rides du visage. Les jointures de ses doigts blanchissent, tant elle serre le bord de la courtepointe. — Pardon, ma Nany, pardon ! Je ne voulais absolument pas te faire de mal, pardonne-moi ! J’entoure de mes bras le cou de ma grand-mère. Je laisse ma bouche sur son front plissé. Mes larmes se mêlent aux siennes. Je n’ai pas le droit, c’est sûr, je n’ai pas le droit ! — Ne dis rien, Nany, ça ne me regarde pas, pardonne-moi ! — Laisse, je dois tout te raconter, mais assieds-toi ici, près de moi, et donne-moi la main. Il y a longtemps que j’aurais dû te parler. Je ne savais pas comment aborder ce douloureux sujet. Puisque tu as découvert cette lettre, je te dois des explications. Après une rafale de toux, elle se mouche bruyamment. Elle reste silencieuse durant de longues minutes. Son regard fixe le ciel qui se découpe dans la fenêtre. Je ne bouge pas. J’attends. Sa main, dans la mienne, tremble un peu. Elle renifle et du revers de sa manche efface les traces de larmes. — Tu ne sais rien de moi. Si tu ne sais rien, c’est parce que je n’avais guère envie de revivre les moments douloureux de ma triste existence. Je suis née en 1889 à Angecourt, pas loin d’ici, dans le département voisin. Je n’ai jamais connu mon père, et ma mère m’a confiée, enfant, à une de ses vieilles tantes. Elle n’a plus jamais donné signe de vie. Tant bien que mal, et plutôt contre son gré, cette tante m’a prise en charge. Elle travaillait au presbytère comme bonne. Petit à petit, c’est elle qui me l’a avoué, elle s’est attachée à moi ; et moi, en quête perpétuelle d’amour, je le lui ai rendu comme j’ai pu. Je suis allée à l’école, les maîtres me trouvaient douée pour les études. J’arrive au certificat d’études, et ma tante, embarrassée, m’a confié : — Ma fille, même si tu as un don pour les études, je n’aurai vraiment pas les moyens de t’y envoyer. Crois-moi, je le regrette profondément. J’ai encaissé en fille aimante qui ne discute pas les décisions des adultes. J’en ai donc déduit que ma voie était de travailler à la filature comme tout le monde ou de devenir domestique au château, car il y avait un château à Angecourt. On prétendait aussi qu’à Paris, les gens de maison de notre région étaient très appréciés et que les gages étaient, ma foi, assez importants. En plus, le fait d’être une « robuste Ardennaise » constituait un avantage. Contre mauvaise fortune je fis bon cœur. Tu penses bien que travailler comme femme de chambre au service de bourgeois exigeants n’avait rien de réjouissant pour une gamine de onze ou douze ans. C’est au cours du mois de juillet que Monsieur le curé m’a appelée au presbytère. — Anne, j’ai appris que tu ne pouvais pas poursuivre tes études pour de sordides questions d’argent. Je prendrai donc en charge les frais. Tu iras à l’école à Sedan. Tu seras logée chez ma sœur. Tu verras, elle est très gentille et vit seule. Ainsi, je serai rassuré, la solitude n’est jamais bonne compagne quand elle n’est pas choisie. Non, je t’en prie, il n’y a vraiment aucune raison pour que tu verses la moindre larme ! Tiens, prends mon mouchoir. À ce moment-là, je n’étais pas loin de penser que si on a vraiment envie de quelque chose, il suffit d’y croire très fort, et ça se réalise. Plus tard, j’ai compris que toutes ces croyances ne sont que niaiseries et sornettes. Ma tante faisait semblant de se réjouir de cette décision ; en réalité, elle craignait de se trouver à son tour bien seule. Quoique nous n’ayons que peu de discussions et pas l’habitude de se confier, nous nous étions accoutumées l’une à l’autre. Finalement, la sœur du curé lui volait ma compagnie. Sedan n’était pas très loin d’Angecourt, mais les moyens de transport et les routes n’étaient rien par rapport à ce qui existe aujourd’hui. La vie à l’école des filles de Torcy n’était pas bien gaie, surtout pour une pauvre villageoise comme moi. J’ai eu mon content de moqueries, tu sais ! Mon habillement et mes sabots ont suscité des quolibets difficiles à supporter, mais j’ai tenu bon ! J’ai dû subir les insultes des petites Sedannaises… pas toutes, mais tout de même ! Je venais de mon village, ignorante de tout. À douze ans, on reçoit toutes ces méchancetés en pleine figure. Ce sont des blessures qui font très mal, mais fièrement, je n’en montrais rien ! Un long silence s’ensuivit, comme si Nany voyait et entendait à nouveau les petites pestes pouffant et la montrant du doigt, la traitant de vilaine paysanne. — Les dimanches, j’aidais la sœur de notre curé. Je reprisais, je ravaudais les salopettes des ouvriers du textile. Gentiment, elle me payait ma quotepart malgré mes protestations. Chaque sou finissait dans une boîte à biscuits que je cachais sous mon lit. Souvent, je comptais ma fortune en faisant des châteaux en Espagne ; je n’avais pas du tout conscience du coût de la vie. Mes études se passaient bien, j’avais de beaux résultats, mais cela ne modérait en rien les propos de mes charmantes compagnes de classe ; je recevais ma part d’injures, mais qu’importe ! Je me demande si je n’ai pas puisé dans ces humiliations une sorte de calme qui m’a permis plus tard d’aborder les vicissitudes de la vie ; en tout cas, j’en ai tiré la force qui me faisait plutôt défaut dans ma prime jeunesse.

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