Hell Hounds MC : Bienvenue à Serenity

Chapitre Six

Eleanor a soupiré et elle s'est étirée, elle se sentait rafraîchie et heureuse. Cela faisait une semaine qu'elle était arrivée à Serenity. Elle n'avait pas l'intention de rester aussi longtemps et chaque jour, elle promettait de se trouver une voiture et de partir, mais chaque jour, elle trouvait une excuse pour retarder son départ. Après avoir saisi une serviette, elle s'est dirigée vers la salle de bain pour une douche rapide avant le petit-déjeuner.

Après sa douche, elle s'est tenue enveloppée dans une serviette devant le miroir pleine longueur au dos de la porte. Après un moment d'hésitation, elle a essuyé la surface couverte de vapeur pour enfin contempler son reflet. Ses contusions semblaient beaucoup moins vives. Certaines commençaient même à jaunir. Ses côtes étaient encore sensibles, mais autrement, elles ne lui causaient pas beaucoup d'inconfort.

Eleanor était également surprise de noter qu'elle avait pris du poids et qu'elle remplissait lentement sa silhouette. Elle avait encore un long chemin à parcourir, mais elle se sentait déjà beaucoup mieux. Donna était une personne si douce et sa cuisine était délicieuse. Elle servait constamment des portions supplémentaires, car elle s'inquiétait qu'Eleanor ne mange pas assez. C'était un changement radical par rapport aux repas qu'Eleanor avait eus dans le passé où elle subissait des dévalorisations constantes.

Donna avait emmené Eleanor faire du shopping et elle avait insisté pour qu'elle ajoute immédiatement son numéro sur son nouveau téléphone. Bien qu'il y ait plus de dix ans de différence entre elles, Eleanor était heureuse de l'appeler une amie, une vraie amie pour, peut-être, la première fois de sa vie. Elle n'avait pas vu Rubble depuis le jour où il l'avait présentée à Donna, mais Eleanor pensait souvent à lui.

Chaque fois qu'elle voyait ou entendait une moto, ses pensées dérivaient vers son ange gardien, le dur à cuire. Un jour, elle trouverait un moyen de le remercier comme il se doit. Elle avait toujours la carte de visite qu'il lui avait remise et elle avait même enregistré son numéro dans son téléphone, bien qu'elle ait hésité à l'appeler.

De retour dans sa chambre, elle s'est habillée et elle est descendue dans la salle à manger. Là, elle a trouvé Donna déjà occupée dans la cuisine à préparer le petit-déjeuner. Peu importe à quelle heure Eleanor se levait, Donna était toujours éveillée. Elle a souri alors qu'elle posait les couverts.

"Eleanor, tu as l'air reposée", a dit Donna. "Bien dormi ? Pas de mauvais rêves ?".

Eleanor a secoué la tête. Depuis qu'elle avait fait son évasion, ses nuits avaient été hantées par des cauchemars d'Arthur la retrouvant. Pourtant, après s'être installée au B&B, ses nuits étaient devenues plus paisibles. Bien qu'elle ait parfois été agitée au début de la nuit, elle entendait le bruit d'une moto qui passait et elle se sentait beaucoup mieux. C'était presque comme si son ange gardien était là, lui rappelant qu'elle était en sécurité et dans un endroit sûr.

"Puis-je aider ?".

Donna a ri. "Bien sûr, pourquoi ne pas prendre les couverts ?".

Eleanor a récupéré assez de couverts pour trois places avant de suivre Donna autour de la table pendant qu'elle posait les assiettes. Ensuite, elle a pris des verres pendant que Donna organisait le buffet du petit-déjeuner. Après avoir rempli leurs assiettes, elles se sont juste assises lorsque l'autre locataire de Donna les a rejointes.

Donna a souri doucement, à cela, il n'a fait qu'un grognement avant de remplir son assiette et de s'asseoir. Bien qu'Eleanor soit là depuis une semaine, elle ne savait vraiment pas grand-chose sur lui. Il devait avoir presque quarante ans. Selon Donna, il était écrivain. Les quelques fois où Eleanor était passée près de sa chambre, elle avait entendu le bruit d'une machine à écrire, donc peut-être que Donna avait raison. Il ne semblait pas particulièrement amical, alors elle n'a pas tenté d'engager la conversation.

"Alors Eleanor, des projets pour aujourd'hui ?", a demandé Donna.

Chaque jour, elle lui posait la même question et chaque jour, Eleanor lui donnait la même réponse : aucun projet. Donna l'a invitée alors à l'aider dans le jardin ou à l'accompagner pendant qu'elle faisait des courses. Bien qu'Eleanor n'ait rien contre les tâches ménagères, elles n'étaient pas vraiment gratifiantes non plus. Cependant, elles lui permettaient de se détendre et de réfléchir, et peut-être que c'était exactement ce dont elle avait besoin. Maintenant, elle se sentait prête à affronter sa nouvelle vie.

"En fait, je pensais me mettre à chercher un emploi", a dit Eleanor après un moment.

"Vraiment ?".

"Je ne peux pas vivre éternellement de mes économies", a dit Eleanor en haussant les épaules.

"C'est vrai", a dit en souriant Donna. "Alors cela signifie que tu vas rester à Serenity ?".

"Euh, ouais, pour un certain temps au moins".

"Bien. Je suis ravie. Tu me manquerais si tu disparaissais du jour au lendemain", a dit en riant Donna.

Eleanor a souri maladroitement. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à sa famille et elle se demandait si cela leur faisait quelque chose qu'elle soit partie. Ils devaient probablement être encore plus en colère que son engagement avec Arthur soit terminé.

"Alors, quel type de travail cherches-tu ?".

"J'étais comptable avant, alors peut-être quelque chose dans ce style ?", a dit avec hésitation Eleanor. "Ce serait peut-être bien d'essayer quelque chose de nouveau, donc je ne suis pas sûre".

"C'est bien de garder l'esprit ouvert", a dit Donna.

"Je pensais me balader en ville et voir un peu la zone avant de prendre des décisions".

"Ça a l'air d'une aventure", a dit en riant Donna. "Eh bien, amuse-toi et reste vigilante".

"D'accord".

* * *

Après le petit-déjeuner, Eleanor est sortie sans savoir vraiment où elle allait, mais pleine d'anticipation néanmoins. Elle portait un legging simple et un tee-shirt sous une courte veste de style blazer. Son téléphone était glissé dans sa poche, ainsi que son portefeuille et la clé de sa chambre. Comme le bleu qu'elle avait sur le visage n'était pas encore complètement guéri, elle a utilisé un peu de son nouveau correcteur pour le camoufler. Elle ne voulait pas attirer la pitié des gens, et elle préférait ne pas attirer l'attention sur elle. Si elle allait se construire une vie ici, elle ne voulait pas commencer sur une mauvaise note.

Serenity était une ville plus grande qu'elle ne l'avait d'abord réalisée, mais presque tout ce dont elle avait besoin était encore à distance de marche. Bien qu'Eleanor ait commencé avec les meilleures intentions, après trente minutes, elle commençait à regretter sa décision précipitée. Pendant des années, elle avait arpenté les rues de New York sans se soucier des dangers, pourtant ici à Serenity, elle ne pouvait s'empêcher de constamment regarder par-dessus son épaule. Avait-elle peur du public ou s'attendait-elle vraiment à ce qu'Arthur apparaisse soudainement ?

D'après ses estimations, il aurait dû revenir de son voyage d'affaires depuis plusieurs jours. Il s'attendait à ce qu'elle l'accueille à la porte, qu'elle prenne son manteau et qu'elle l'écoute parler des difficultés qu'il avait rencontrées. Ensuite, elle était censée lui donner son corps pour qu'il puisse faire ce qu'il voulait, peu importe à quel point c'était dégradant, comme s'il n'avait pas cédé à ses pulsions pendant tout le temps qu'il était parti. C'était le même scénario qu'ils avaient joué tant de fois. Il n'était pas satisfait si ce n'était pas fait entièrement à sa satisfaction.

Puis il y avait aussi le désordre qui avait été laissé derrière. Il avait refusé d'employer des femmes de ménage ou des cuisinières depuis qu'elle avait emménagé, car c'était son devoir en tant que future épouse de s'occuper de la maison et de la cuisine elle-même. Bien sûr, il rentrait rarement pour les repas de toute manière et Eleanor finissait généralement par commander quelque chose.

Elle pouvait seulement imaginer sa rage en découvrant tout encore brisé une semaine plus tard. Sans aucun doute, il irait d'abord chez ses parents, s'attendant à la trouver cachée là, mais il ne la trouverait pas. Une petite partie d'elle craignait qu'il ne décharge sa colère sur ses parents, bien qu'elle ne leur doive vraiment aucune considération.

Lorsque cette piste ne donnerait rien, il se tournerait vers ses achats par carte de crédit et la localisation de son téléphone portable. Espérons que les enfants qui l'avaient aidée s'en soient déjà débarrassés. Après cela, il ferait appel à la police et, quand ils ne pourraient pas la trouver, à un détective privé. Ce qu'il ferait ensuite, elle n'en était pas sûre. Si un détective privé échouait, il en engagerait probablement un autre.

Elle avait fait de son mieux pour couvrir ses traces, pourtant elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter que quelqu'un la trouve d'une manière ou d'une autre. Alors, la voilà donc, craignant le spectre de son ex. Sa première pensée était de continuer à fuir, mais où irait-elle ? Et jusqu'où était suffisamment loin ? Plus important encore, elle se rendait compte qu'elle ne voulait pas quitter Serenity. C'était un endroit agréable. Que faudrait-il pour que cela puisse ressembler à un chez-soi ?

Perdue dans ses pensées, elle n'a pas réalisé quelle distance, elle avait parcouru jusqu'à ce qu'un chœur d'aboiements la sorte de ses pensées circulaires. Eleanor s'est arrêtée pour voir qu’elle se tenait devant une petite vitrine : Healing Hearts Animal Rescue. Dans la fenêtre se trouvait une petite aire de jeu, permettant aux passants de voir certains des animaux disponibles pour l'adoption, dans ce cas-ci une poignée de chiots.

Eleanor a secoué la tête. Son avenir, surtout son avenir à Serenity, était encore incertain. Ce n'était définitivement pas le moment de prendre un animal de compagnie. Et pourtant, elle ne pouvait pas simplement s'en aller. Elle avait toujours voulu un chien. À chaque anniversaire et chaque fête, son souhait secret était d'avoir un chiot, quelque chose qui l'aimerait inconditionnellement. Mais ces souhaits ne se sont jamais réalisés.

Peut-être maintenant ?

Mais ce n'était pas le bon moment.

Quand sera-t-il le bon moment ?

Alors qu'elle continuait son débat intérieur, elle s'est avancée vers la porte et elle est entrée.